L’année 2025 marquera le vingtième anniversaire de la mobilisation de plusieurs chercheur·ses et acteur·trices de mouvements associatifs qui participent à la visibilisation de l’héritage artistique, culturel et littéraire des femmes et contribuent à la réhabilitation et à la diffusion du terme matrimoine dans l’espace public. Malgré le chemin parcouru, cette reconnaissance des trajectoires biographiques et des productions des autrices ou des femmes artistes se heurte à deux limites. Premièrement, un “effet palimpseste” (Lasserre, 2009) qui se caractérise par un processus de sélection : au gré des relectures de l’histoire antérieure, seules quelques figures emblématiques parviennent véritablement à la postérité, qu’il s’agisse d’autrices de siècles anciens ou de l'époque contemporaine. Deuxièmement, si certains matrimoines sont désormais bien connus, à l’instar du legs des autrices de contes et de littérature jeunesse, d’autres sont encore largement invisibilisés, a fortiori dans des domaines où les femmes sont le moins attendues, tels que la scénarisation de jeux vidéo et de séries télévisées, la composition musicale ou bien encore les littératures numériques, la science-fiction et la bande dessinée. Ce programme de recherche pluridisciplinaire s’intéresse au rôle central et complexe que joue le numérique dans le processus d’(in)visibilisation du matrimoine. Il s’agit à la fois à circonscrire et à valoriser les initiatives qui concourent à mettre en lumière l’héritage culturel des femmes et à étudier inversement les facteurs et les mécanismes qui contribuent aux phénomènes d'exclusion, d'invisibilisation ou d'effacement des trajectoires biographiques et des productions des femmes artistes et écrivaines. Si le numérique peut participer à la (re)découverte, à la découvrabilité et à la légitimation des créations artistiques, littéraires et culturelles des femmes pour faire entendre leurs voix et leur octroyer la place qui leur revient ; il peut reproduire les biais genrés qui invisibilisent les écritures du matrimoine. Le programme de recherche s’articule autour de trois axes principaux :
1. Où sont les autrices ? ou la [re]découverte du matrimoine 2. Les enjeux de la découvrabilité matrimoniale 3. Les lieux de reconnaissance et de partage du matrimoine