1 - Le pâtre et le lion
2 - Le lion et le chasseur
Un Pâtre, à ses Brebis trouvant quelque mécompte,
Voulut à toute force attraper le Larron.
Il s'en va près d'un antre, et tend à l'environ
Des lacs à prendre loups, soupçonnant cette engeance.
Avant que partir de ces lieux,
Si tu fais, disait-il, Ô Monarque des Dieux,
Que le drôle à ces lacs se prenne en ma présence,
Et que je goûte ce plaisir,
Parmi vingt Veaux je veux choisir
Le plus gras, et t'en faire offrande. "
À ces mots, sort de l'antre un Lion grand et fort.
Le Pâtre se tapit, et dit à demi mort :
Que l'homme ne sait guère, hélas, ce qu'il demande !
Pour trouver le Larron qui détruit mon troupeau,
Et le voir en ces lacs pris avant que je parte,
Ô monarque des Dieux, je t'ai promis un veau :
Je te promets un Bœuf si tu fais qu'il s'écarte.
C'est ainsi que l'a dit le principal auteur ;
Passons à son imitateur.
Un Fanfaron amateur de la chasse,
Venant de perdre un Chien de bonne race,
Qu'il soupçonnait dans le corps d'un Lion,
Vit un Berger. Enseigne-moi, de grâce,
De mon Voleur, lui dit-il, la maison ;
Que de ce pas je me fasse raison.
Le Berger dit : C'est vers cette montagne.
En lui payant de tribut un mouton
Par chaque mois, j'erre dans la campagne
Comme il me plaît, et je suis en repos.
Dans le moment qu'ils tenaient ces propos,
Le Lion sort, et vient d'un pas agile.
Le Fanfaron aussitôt d'esquiver ;
Ô Jupiter, montre-moi quelque asile,
S'écria-t-il, qui me puisse sauver.
La vraie épreuve de courage
N'est que dans le danger que l'on touche du doigt,
Tel le cherchait, dit-il, qui changeant de langage,
S'enfuit aussitôt qu'il le voit.
Poltronnerie
Le courage se mesure face au danger.
Poltronnerie
Le pâtre et le lion
lacs : pièges faits de noeuds coulants
Le principal auteur c'est Esope, son imitateur c'est La Fontaine...
Le lion et le chasseur