Chimay

Alexandre LAINEZ (Chimay 1653 - Paris 1710), poète, géographe, érudit — Il fait ses études au collège de Reims puis s’installe à Paris. Esprit curieux, il connaît le latin, le grec, l’espagnol et l’italien, et parcourt tout le sud de l’Europe, la Turquie, l’Asie mineure et la Terre sainte.

Ayant épuisé son pécule, il rentre à Chimay pour y mener une vie recluse consacrée à l’étude et à l’écriture.

En 1685, l’intendant du Hainaut, Faultrier, reçoit du ministre Louvois un avis lui enjoignant de se rendre à Chimay et d’y saisir les écrits de notre homme, dénoncé comme auteur de libelles contre Louis XIV. En effet, les gens de l’endroit, qu'il ne fréquentait guère, affirmaient qu'il restait enfermé chez lui et qu'il écrivait sans cesse. Devant des accusations d'une telle gravité, Faultrier se rend aussitôt à Chimay, prend soin de faire cerner la maison de Lainez par un détachement de troupes. On fait main basse sur tous les papiers; notre homme restait tranquille, tandis que l’intendant dépouillait les notes : il y avait des récits de voyage, des traductions d'auteurs anciens, des vers badins et charmants. Le poète y célébrait le bon vin de France et le fromage du Hainaut.

Faultrier, intellectuel averti, était aux anges. Il venait punir un rebelle, et découvrait un jeune poète, plein de talent. Il l’invita à Maubeuge où il résidait. Mieux, une solide amitié se noua entre les deux hommes et l’intendant l’envoya avec des recommandations à Paris où Lainez se fit apprécier par La Fontaine et Boileau et y mena une vie brillante, digne de l’épicurien qu’il était. Il mourut en 1710 et fut enterré dans l’église Saint-Roch.

A.L. — Jean MOSSAY Les Intendants du Hainaut à Maubeuge 1678-1720, Sté Arch. et Historique d’Avesnes, 1971 et C. CONSTANT & Pierre MOREAU Chimay et sa principauté, revue En Fagne et Thiérache n° 72, 1985.

*******************************************************************

Joseph de RIQUET de CARAMAN-CHIMAY, dit le Grand Prince (Paris 1808 - Londres 1886) — Il est le fils aîné de François-Joseph et de Theresia Cabarrus, ex-Madame Tallien. Ce 17e prince de Chimay — à partir de 1843, au décès de son père — est un diplomate et industriel belge. Il épouse Émilie de Pellapra, une fille de Napoléon… († à Ménars, France, en 1871).

Il fut surnommé « le Grand Prince » non seulement par sa taille mais surtout par les éminents services qu’il a rendus à la Belgique mais également à la Principauté.

En 1828, il est nommé attaché à l’ambassade de Hollande à Londres; en 1830, il perd son poste et vit en France où il fréquente la famille d’Orléans. En 1836, il offre ses services à Léopold Ier qui le nomme trois ans plus tard comme son représentant à la cour de … Hollande.

Nommé en 1841 gouverneur de la province de Luxembourg (qui comprend encore le futur Grand-Duché).

Député (catholique) de l’arrondissement de Thuin de 1843 à 1856.

En 1848, il est chargé de négocier la restitution des biens de la famille d’Orléans confisqués après la chute de Louis-Philippe.

Dans la Botte du Hainaut et l'Entre-Sambre-et-Meuse, le Prince de Chimay, multiplie les initiatives heureuses et encourage les œuvres du progrès. Il porte sur les fonds baptismaux en 1856, avec l'appui d'actionnaires, la future « Compagnie de Chemin de Fer de Chimay » et obtient, une concession de 90 ans pour la construction et l'exploitation d'une ligne reliant Mariembourg à la frontière française via Chimay (le 30 juillet).

En 1843, il crée l’Hospice et offre à la ville la statue de Froissart, due à Jacquet. Il fait, e.a. ériger la fontaine de la Grand’Place, fait construire un théâtre dans son château et invite les trappistes à s’installer à Scourmont sur un terrain qu’il leur offre.

Sur le plan communal, il est élu conseiller en 1843, bourgmestre en 1848 jusqu’en 1886 (il avait cependant démissionné en 1866, suite, semble-t-il, au procès des bois par lequel il réclamait à la ville de Chimay et aux villages la propriété de certains bois).

Il repose sous un tumulus à l’entrée de la Trappe.

A.L. — Source : Paul MICHEL, Deux princes de Chimay, Publications de la Sté d’Histoire Régionale de Rance, 1963-1965.

*******************************************************************

Jehan FROISSART (né à Valenciennes vers 1337, mort (peut-être) à Chimay en 1419) — un des plus importants chroniqueurs de l’époque médiévale. Clerc cultivé, le jeune homme préfère la vie et les plaisirs. Aussi, vers l'âge de 24 ans, il devient poète et ses activités le désignent comme historien officiel à la cour de Philippa de Hainaut, qui épouse Édouard III d’Angleterre, qui, adolescent, avait trouvé refuge à Beaumont.

(Leur fils aîné Édouard de Woodstock, aussi appelé le Prince noir, est célèbre par ses combats durant la guerre de Cent ans.)

Il parcourt l’Angleterre, l'Écosse, le Pays de Galles, la France, la Flandre et l'Espagne, recueillant la matière première de sa Chronique. Il assiste également à Milan au mariage de Lionel d’Anvers, le fils de Philippa, avec la fille de Galéas Visconti. A ce mariage étaient aussi présents deux autres auteurs qui marquèrent cette époque, Chaucer et Pétrarque.

Après la mort de Philippa, il bénéficie de la protection du duc de Brabant puis du comte de Blois, seigneur de Chimay, ou encore du comte de Hainaut, ce qui lui permet de poursuivre le travail touchant aux Chroniques. Il reçoit en récompense le bénéfice ecclésiastique d’Estinnes au Mont, près de Binche, et devient ensuite chanoine de Chimay, ce qui le libère des soucis financiers.

Pour lui, l’histoire est le récit sincère et détaillé d’une succession, souvent confuse, de faits d’armes où la bravoure individuelle intéresse seule le narrateur.

Ainsi pour la fatale défaite infligée au roi de France et à sa chevalerie à Crécy en 1346, il nous apprend que c’est grâce aux Anglais et à Jean de Hainaut qui « fut toutdit dalés le roy de France » qu’il en sut quelque chose.

La tradition rapporte qu’il fut inhumé dans la collégiale où un texte latin dithyrambique conserve son souvenir. La pierre actuelle remplace la pierre tombale brisée à la Révolution française.

Traduction : Froissart, gloire et renommée des Gaules, tu es gisant ici, du moins si l’on peut dire qu’il gît, celui qui vivant, rendit au passé la vie dans l’histoire et auquel l’histoire rend la vie.

Tant que la France, si proche, brillera par ses écrits, que la Fagne déploiera ses rameaux et que l’Eau Blanche fera couler ses eaux limpides, tu seras l’honneur de cette ville, l’illustration de son temple; la Gaule t’honorera comme le premier de ses historiens, et la Belgique, tant que l’Escaut baignera les campagnes de ses flots rapides, aimera et célébrera ton nom, d’accord avec la vallée de Chimay.

Jean Froissart, chanoine et trésorier de l’église Sainte-Monégonde de Chimay, une des plus anciennes villes peut-être de toute la Belgique, décéda l’an 1419.

A.L. — Source : Maurice WILMOTTE, Froissart, 1948 —

J. BUCHIN, L. FASSIAUX La collégiale de Chimay, Carnets du Patrimoine, n° 38, 2005.

*******************************************************************

Célestin Alfred COGNIAUX, botaniste — Né à Robechies (Chimay) le 7 avril 1841 et décédé à Genappe le 15 avril 1916. Sa tombe se trouve au cimetière de Loupoigne.

En 1861, il obtient le diplôme d’instituteur à l’École Normale de Nivelles et en 1862, celui de régent. La même année, il est nommé professeur à l’École Moyenne de Visé; en 1864 à Gosselies; en 1865 à Philippeville; en 1867 à Braine-le-Comte et en 1870, à Maaseik.

Lié avec le botaniste Barthélemy Dumortier, il participe à la fondation de la Société Royale de Botanique de Belgique. En 1872, il est aide-naturaliste et conservateur au Jardin Botanique jusqu’en 1880.

Il est nommé membre d’honneur de la Société Impériale de Zoologie et de Botanique de Vienne en 1880, du Botanical Club de New-York en 1894 et enfin, Docteur honoris causa de l’Université de Heidelberg en 1903.

Son herbier — comprenant 5.251 spécimens — est acquis en 1916 par le Jardin botanique.

Rudolf Schlechter (Berlin 1872-1925) lui a dédié le genre d’orchidées Neocogniauxia.

A.L. — Ghislaine VANDERICK, Généalogie Cognieau, tome III, Charleroi 2006.

Abrégé de la petite flore de Belgique (destiné aux élèves des écoles primaires et moyennes), 164 pages, 1883. (avec de nombreuses rééditions)