Joseph naît sur l'Île Ste-Marguerite. Sa future épouse nait 35 km plus haut sur le fleuve, dans la paroisse de St-Joachim de Pointe-Claire. La famille de cette dernière déménage éventuellement à Longue-Pointe, en face de l'Île Ste-Marguerite. Le jeune couple s'installera à Verchères où il aura 12 enfants.
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Contexte : Louis XIV sera roi de France de 1643 à 1715, suivi de Louis XV de 1715 à 1774. Anne Stuart sera reine d’Angleterre de 1702 à 1714, suivie de George I de 1714 à 1727 et de George II de 1727 à 1760.
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De l'année 1704 le 7 octobre j'ai soussigné missionnaire récolet du couvent de Ville Marie ai baptisé dans l'église paroissiale de la Ste Famille de Boucherville Joseph Bachan née le même jour dudit mois de Nicolas Bachan et de Anne Lamoureux sa légitime épouse habitants de Boucherville. Son parrain a été Daniel Poiriers et sa marraine Marie Garau tous deux habitants de Boucherville lesquelles ont déclaré ne savoir signer suivant l'ordonnance de ce enquis.
Frère Michel Bruslé récollet missionnaire
Le 26 février 1709, Nicolas, le père de Joseph, meurt à l'âge de 43 ans. Pour sa part, Joseph n'a que 4½ ans.
Historique de St-Joachim-de-Pointe-Claire : La première église, érigée en 1713, est rapidement remplacée par une deuxième, en 1746. Lorsque le besoin d’un bâtiment mieux construit se fait sentir, la paroisse fait appel à l’architecte Victor Bourgeau, en 1858, qui en dresse les plans. Les travaux commencent en 1868 et sont presque terminés en avril 1881 lorsque, malchance, un incendie se déclare dans la deuxième église et vient détruire la nouvelle. La construction de la quatrième église (une réplique de la troisième) débute en 1881 et prend fin en 1885.
La famille Cirier : Les parents de Louise-Angélique sont Martin Cirier dit Argenteuil (1678 - 16 mars 1751), menuisier et sculpteur, et Marie-Anne Baune dite Lafranchise (25 novembre 1678 - 24 février 1764). Le frère de Louise-Angélique, Antoine (10 août 1718 à Montréal - 2 septembre 1798 à Pointe-aux-Trembles), épousa Marie-Josephe Lenoir (31 décembre 1720 - 4 janvier 1765), petite-fille du menuisier Vincent Lenoir, le 10 octobre 1740 à Longue-Pointe et, en secondes noces, Marguerite Desroches (née le 3 décembre 1730), le 19 mai 1774 à Pointe-aux-Trembles. Antoine change régulièrement de lieu de résidence. Il vit à Montréal jusqu'en 1740, puis emménage à Longue-Pointe avec sa nouvelle épouse. En 1748, il s'établit à Pointe-aux-Trembles et y demeure jusqu'en 1755, année où il acquiert une résidence sur la rue Notre-Dame à Montréal. Il réalisa dans ces trois villes de très nombreuses transactions immobilières, et il fut capitaine de milice, ce qui montre bien sa réussite professionnelle et sociale. Son métier l’amenant à voyager, Antoine séjourna dans plusieurs localités des environs de Montréal : Lachenaie, L’Assomption, Longueuil, Saint-Joseph-de-la-Rivière-des-Prairies, Saint-Denis-sur-Richelieu, Saint-François-de-Sales (Laval), Saint-Sulpice, Varennes et Verchères.
Martin, arrivé de France en 1706, n'aura que trois enfants : Louise-Angélique, Marthe (11 mars 1711 - 17 mars 1790) et Antoine. À son tour, Antoine n'aura que des filles (Josephte le 6 avril 1742, Marie-Françoise le 7 mai 1745, Marie-Judith le 24 mars 1752 et Marguerite le 27 janvier 1754), ce qui explique que le patronyme Cirier ne se rendra pas jusqu'à nous. Les Cirier sont exceptionnels car, à la différence de 90% de leurs contemporains, ils savent au moins signer leur nom et très probablement lire et écrire.
Nous en avons l'indication dans le cas de Martin, Antoine et Louise-Angélique. Depuis 1950, il existe une rue Cirier dans l'Est de Montréal, près de la station de métro Honoré-Beaugrand, en l'honneur de Martin et d'Antoine.
Bien qu'il ait joué un rôle de premier plan dans la région de Montréal, Cirier reste étrangement dans l'ombre de son cousin par alliance, Philippe Liébert qu'il a largement influencé et auquel on a attribué, par méconnaissance, certains de ses ouvrages.
Antoine Cirier fit sans doute son apprentissage avec son père. En 1738, ce dernier se désista de son marché avec les fabriciens de la paroisse Saint-François-d’Assise, à Longue-Pointe, en faveur de son fils, lequel mena à bonne fin la décoration du retable de l’église vers 1743. Il devait y travailler de nouveau de 1767 à 1770. Parlant de ses ouvrages à l’église de Longue-Pointe, Mgr Henri-Marie du Breil de Pontbriand, le dernier évêque du Régime français, recommandait aux paroissiens, en 1742, de prendre toutes les précautions nécessaires « pour rendre stable le retable qui orne avec tant de grâce leurs autels et sanctuaire [et de ne pas] rendre inutiles tant de travaux faits avec tant de courage et de succès pour la maison du Seigneur ».
Entre 1737 et 1758, il exécuta une grande partie du décor intérieur de l’église Notre-Dame-de-l'Assomption-de-Repentigny (aujourd'hui appelée église de la Purification-de-la-Bienheureuse-Vierge-Marie à Repentigny). Oeuvrant à ce projet durant vingt ans, il eut d’ailleurs à faire face à des poursuites et fut ultimement écarté du chantier pour avoir dépassé les délais prévus. Cette église, érigée de 1723 à 1725, est actuellement la plus ancienne du diocèse de Montréal et l'une des plus anciennes du Québec.
En 1747, Antoine Cirier sculpte les deux retables et les tabernacles des chapelles latérales, ornés à fleur de bois de légers motifs floraux qui s'entrecroisent avec une charmante naïveté. Il entreprend aussi le retable principal, mais il abandonne ce projet au profit de Philippe Liébert (1733-1804), qui réalisera l'ouvrage en 1761 avec l'aide de son beau-père, Vincent Lenoir. Liébert, que connaît Cirier depuis au moins dix ans, est démobilisé en 1760 dans la région de Montréal et épouse l’année suivante Marie-Françoise Lenoir, devenant ainsi le cousin par alliance d’Antoine Cirier. Ce dernier guide le jeune Liébert et influencera son style, l’amenant tout au long de sa carrière à créer des décors et des meubles liturgiques dans le même style rocaille, remarquables par leurs formes sinueuses et asymétriques. Ces pièces sont encore en place à l'église.
Avec l'aide de quelques apprentis, la menuiserie et la sculpture de l’église L’Enfant-Jésus de Pointe-aux-Trembles l’occupèrent pendant plusieurs années à partir de 1741 et ce fut peut-être là son principal chantier. Les tabernacles latéraux auraient été façonnés par Antoine Cirier dans les environs de 1743. Il est toujours possible de les admirer grâce à des photographies prises par Ramsay Traquair et son équipe en 1929. Cirier est en effet payé 400 livres par la fabrique de cette paroisse, en 1741, «pour la chapelle des Morts, pour y avoir fait le Rétable et l'autel ». Puis en 1743, il signe un marché pour remonter le retable principal et de nouvelles colonnes et de nouveaux chapiteaux. Sur les tabernacles, le sculpteur innove en décorant les ailes de panneaux aux contours sinueux typiquement rocaille agrémentés de tiges de roses entrecroisées. Ces ornements seront plus tard fréquemment repris par Liébert et ses successeurs devenant même, avec les ailerons exubérants à souhait, les ornements décoratifs les plus reproduits sur des tabernacles par les sculpteurs du Québec durant la première moitié du 19e siècle.
Le 21 février 1937 un terrible incendie détruisit complètement cette église paroissiale, la plus vieille de l’île de Montréal, ayant été construite en 1705.
Entre 1744 et 1757, Cirier eut au moins sept apprentis, dont Pierre Lupien dit Baron ainsi que le fils aîné de sa soeur Louise-Angélique, Joseph Bachand dit Vertefeuille (1733-1812).
En 1744, les Hospitalières de Saint-Joseph de l'Hôtel-Dieu de Montréal procèdent à la bénédiction de leur nouvelle chapelle reconstruite après qu'un incendie eut ravagé, pour la troisième fois depuis la fondation de leur mission, l'hôpital et le monastère. Le tabernacle conservé au Musée des Hospitalières remonte à cette époque, ou peu après.
Ce tabernacle du maître-autel de la chapelle de l'Hôtel-Dieu de Montréal a jadis été accordé à Philippe Liébert par Gérard Morisset (Grand spécialiste de l'histoire de l'art au Québec, portant une attention particulière au patrimoine religieux. En 1951, Morisset devient le premier secrétaire de la Commission des monuments historiques du Québec, puis en 1953, directeur du Musée du Québec). Or, l'analyse a subséquemment démontré que l'ouvrage est en fait une création d'Antoine Cirier. Fait à noter, le meuble conserve deux bougeoirs en laiton finement forgés pivotant sur un axe fixé aux flancs des gradins. Ces accessoires rarissimes qui, avec des bougies, permettaient au célébrant de mieux voir les textes sacrés, ont presque tous disparu depuis l'avènement de l'éclairage électrique. Cette pièce est exposée au Musée des Hospitalières au 201 avenue des Pins à Montréal. Dans la collection de l'Hôtel-Dieu de Montréal pourrait aussi exister un chandelier pascal en bois peint en blanc et orné de filets de dorure (vers 1778).
À l'église St-Joseph de Rivière-des-Prairies, il resterait possiblement l'ancien crucifix mutilé du maître-autel, en bois sculpté et doré (vers 1750).
L'église de Saint-Laurent est bénite le 10 août 1735, fête de Saint-Laurent. Construite en pierres, elle a coûté 2,000 livres. L'assemblée paroissiale du 26 septembre 1756, présidée par le curé Pierre Sartelon, convient avec le sculpteur Antoine Cirier, de l'exécution d'un retable et d'une corniche, lesquels figurent aussi parmi ses réalisations d’envergure.
Bien que diminué de son gradin et décapé, ce retable demeure, avec celui de l'Hôtel-Dieu de Montréal, un précieux témoignage de la grande maîtrise d'un sculpteur bien au fait des tendances de l'art européen, même s'il est né en Nouvelle-France et qu'il n'a jamais voyagé sur le Vieux-Continent. L'église de 1735 sera démolie en 1837 et ce retable sera entreposé à compter de 1962 dans les collections du Musée des Maîtres et artisans, 615 avenue Sainte-Croix à Saint-Laurent.
En 1752, il sculpte un reliquaire pour l'église de St-François-de-Sales en l'Île Jésus, là où repose Louis Lamoureux depuis le 17 février 1715, grand-père de Joseph Bachand.
Le château De Ramezay, propriété de la Compagnie des Indes, est l'un des rares témoins de l'architecture domestique du Régime français au Québec. Érigé en 1705 et 1706 par le maître maçon et architecte Pierre Couturier dit Le Bourguignon (vers 1665-1715), il est détruit par un incendie en 1754. Sa reconstruction, qui intègre possiblement des vestiges du bâtiment original, est réalisée en 1756 par l'entrepreneur et maître maçon Paul Tessier dit Lavigne (1701-1773) et les menuisiers Antoine Cirier et Charles Regnaud, lesquels travailleront sur ses boiseries.
De 1767 à 1770, l'artisan travaille à nouveau sur la décoration de l'église de Saint-François-d'Assise de Longue-Pointe.
En 1771, il fut chargé, avec le sculpteur Jean-Louis Foureur dit Champagne, d’examiner les trois retables exécutés par Liébert à l’église Saint-Louis-de-Terrebonne.
Il est possible, en outre, que Cirier, Liébert et le sculpteur François Guernon dit Belleville, aient travaillé en collaboration à l’église de Pointe-aux-Trembles en 1773-74 et que Cirier et Guernon aient maintenu cette collaboration l’année suivante à la mission du Lac-des-Deux-Montagnes.
Ce chandelier pascal, encore utilisé à la basilique de Varennes, provient de l'église précédente (1780-1884). Il a été sculpté en 1788 et doré une première fois en 1789 par les dames de l'Hôpital général de Québec.
De l’œuvre abondante et diversifiée d'Antoine Cirier, il reste donc peu de choses, les démolitions et les incendies s’étant acharnés sur ses ouvrages de sculpture et de menuiserie (et de son père Martin, il ne reste rien du tout). La chose est d’autant plus regrettable que, de toute évidence, Antoine Cirier a non seulement joué à son époque un rôle de premier plan dans la région de Montréal, mais il a aussi réalisé des œuvres de grande qualité.
Sources :Morisset, Gérard, " Martin et Antoine Cirier ", La Patrie, journal du dimanche, 12 novembre 1950, p. 26-27 et 50.Dictionnaire biographique du Canada, John R. Porter, Bibliothèque et Archives Canada. http://www.biographi.ca/Les tabernacles du Québec des XVIIe et XVIIIe siècles, Claude Payer et Daniel Drouin, Les publications du Québec, 2016, 271 p.Le 25 mai 1732, pardevant le notaire Antoine Loiseau, Joseph achète deux terres situées en la censive de la seigneurie (ou fief) de Monsieur de Saint-Blain (aussi: St-Blin et Simblin), laquelle est située entre la seigneurie de Varennes et celle de Verchères. Cette seigneurie a 2 arpents de front sur le fleuve par deux lieux de profondeur.
Ce fief est une partie démembrée de la Seigneurie de Verchères, comme il parait d'un acte de Foi et Homage rendu devant Mr. Begon, alors Intendant, le 13me. Février, 1723, fondé sur un acte de partage du 15me. Septembre, 1686, suivant lequel le front de ce fief commence à la ligne de séparation entre les Seigneuries de Verchères et de St. Michel, et contient vingt-trois arpents de front (4,412 pieds / 4 milles / 1.346 km) sur deux lieues de profondeur (21,325 pieds / 6.5 km), sur le rumb de vent ordinaire des concessions de la Seigneurie de Verchere.
Elle a été donnée en dot le 15 septembre 1686 par François Jarret de Verchères et son épouse, Marie Perrault, à Marie-Jeanne Jarret de Verchères et son futur époux, Jean de Bouchet de la Rivière de l'Étang. Voici un petit plan des seigneuries au milieu du 18e siècle:
Le vendeur de la terre qu'achète Joseph est Jean-Baptiste Dion-Guyon-Dutilly (1696 - 1771 marié en 1723 à Marie-Catherine Tétreau 1704-1788).
Un arpent et demy de front sur trente arpents de profondeur et une autre concession de trois arpents de terre de front sur trente de profondeur, tenant sur le devant ledit arpent et demy de front, à la première souche qui sépare la commune, et la profondeur audit trois arpents, joyniant d’un côté à Sansfaçon, et d’autre côté à Pol Desmarais. Sur ledit arpent et demy, il y a du dezaire (déserter = défricher) fait pour semer vingt minots de tous grains, avec une maison de colombage pierrotée, cheminée de pierre couverte de planches, planché laute et Bar, une grange de trente quatre pieds couverte de paille, et ledit trois arpents de front sur trente de profondeur tenant sur le devant audit arpent et demy, et le restant à Pol Desmarais, joyniant d’un côté audit Pol Desmarais, et d’autre côté à Seigneurie de St-Blain. Sur lesdits trois arpents il y a aucun dezaire de fait, et tous ainsy com le tous est sur lesdites terres le poursuit et comporta, de quel les acquéreurs s’est contenté disant le tout le bien seaucire et connaître laïant vut et visité de toute part sans aucune chose en exepter, retient et rescrier par lesdits vendeurs promettant et s’obligeant solidairement comme dit est et ledit arpent et demy appartenant audit vendeur par contrat de vente que lui a fait Gabriel-Louis Ledoux (1686-1767 et a marié Marie Marguerite Monin) et audit Ledoux à lui appartenant par contrat de concession que lui en a fait madame de Verchères les jour et an y contenus que lesdits vendeurs promettent maitre la main les susdits contrats audit acquéreur le premier jour avec le contrat de concession desdits trois arpents tenant et ...ment en cession de la seigneurie de Monsieur de St-Blain, et en ver elle chargée de cens et rentes seigneurialles suivant le contrat de concession, quitte néanmoins desdits cens et rentes seigneurialles du passé jusqu’à le jour de la Saint-Martin (11 novembre) prochain de ladite année, pour d’un arpent et demy de front et ledit trois arpents de front, circonstance et dépendance d’icelles pour faire et disposer dès à présent et pour toujours en toute propriété pleinement et paisiblement ...
Joseph est donc le quatrième propriétaire de cette terre après Madame de Verchères, Gabriel-Louis Ledoux et Jean-Baptise Dion-Guyon-Dutilly. Il la paye 1,900 livres. À 27 ans, Joseph est plein d'énergie car sa terre comporte 135 arpents, soit deux fois et demi la superficie de celle de ses parents. De plus, seulement le tiers en est défriché.
Le dimanche 13 juillet 1732, pardevant le notaire Antoine Loiseau tenant feu à Boucherville, sont réunis Joseph et Louise-Angélique pour la rédaction de leur contrat de mariage. L’occasion est festive car Joseph est accompagné de sa mère Anne, de ses oncles Adrien, Jean-Baptiste l’aîné et Jean-Baptiste le jeune ainsi que de ses cousins Pierre Huet et Joseph Lamoureux. Pour sa part, Louise-Angélique est accompagnée de ses père et mère ainsi que de 9 autres parents et amis! Les époux choisissent le régime de la communauté de biens, prévoient la dévolution de leurs meubles et immeubles en cas de décès et Joseph promet à Louise-Angélique une donation entre vifs de 500 livres en cours de mariage. Ce contrat est relativement complet et élaboré pour l’époque et témoigne d’une sophistication qui se comparera avantageusement à ce qui se rédigera encore 200 ans plus tard. Martin Cirier, semblant relativement à l’aise, en profite pour donner à sa fille un mobilier tout neuf en pin (armoire, buffet, huche, table pliante, coffre, couchette, lit de plume), six assiettes, cuillères et fourchettes en étain, une marmite, un chandelier et un écumoire en cuivre ainsi qu’une passoire en fer blanc.
Le quatorzième jour du mois de juillet de l'année mil sept cent trente et deux, après trois publications de bancs de mariage faites à trois grandes messes de paroisse, scavoir la 1ère le 29 du mois de juin precédent, la 2e le 6e du present mois de juillet et la 3e hier entre Joseph Bachan agé de vingt et huit ans fils de deffunt nicolas bachan dit vertefeuille et d'Anne Lamoureux ses peres et meres de la paroisse de boucherville d'une part et entre Louis angelique Cirier agée de dix huit ans fille de Martin Cirier et de Marie Anne Beaune ses peres et meres residents en cette paroisse de St-François de La Longue pointe ne s'etant trouvé aucun empêchement au dit futur mariage et ayant aussi vû le certificat de Mr Le Tessier curé de boucherville, comme il a publié trois fois les dits bancs en sa paroisse sans qu'il se soit aussy trouvé aucun empêchement, je prestre soussigné ay recu leur mutuel consentement de mariage par paroles de presetn et leur ay donné la benediction nuptiale selon les ceremonies de notre mere La Ste Eglis en presence des temoins après nommés scavoir: du costé du garçon, d' adrien lamoureux son oncle maternel, pierre dupui son cousin, j. baptiste et j. baptiste ses frères paul christain son beau-frère, anne lamoureux sa mere, magdeleine bachan sa soeur et du costé de la fille de Martin Cirier son pere+, m. marthe sa fem antoine cirier son frere jacques denis son beau-frere, marien Le Beaux, susanne Lory, Gabriel, Joseph Garau beau-frères, Pierre Desautels amy Louis et Joseph Desautels les seuls pierre dulude, martin cirier, angelique et marthe cirier, gabriel Godboux ont scus signer les autres ont declares ne scavoir signer.
p huet Martin Cirier angelique ciriée marthe cirié antoine Scirié gabrielle Boisdoué Jullien pretre
Le 14 juillet 1732, Joseph épouse donc Louise-Angélique Cirier, 18 ans, laquelle sait lire et écrire.
L'église Saint-François-d’Assise de la Longue-Pointe : L’histoire débute avec la création d’une petite chapelle construite face au fleuve Saint-Laurent en 1719. Saint-François-d’Assise est choisi comme patron protecteur. Dès 1722, il est permis aux habitants de la Côte de la Longue-Pointe « de construire une église paroissiale et un presbytère dans le lieu le plus commode de ladite Côte » par un Règlement de l’évêque de Québec, confirmé ensuite par un Arrêt du roi de France. « Rappelons-nous que nous sommes alors à l’époque de la Nouvelle-France », explique Jean-Yves Bronze, historien. « Le roi de France, Louis XV, n’a que 14 ans et règne depuis à peine un an. La construction de l’église débuta le 4 juin 1724 pour se terminer en 1730. » Cette première paroisse (l’une des plus vieilles de l’île de Montréal) compte alors 32 familles. Malheureusement, le 10 juin 1893, l’église originelle est la proie des flammes. Le travail qui y avaient effectué Martin et Antoine Cirier (notamment : boiseries du choeur, voûte, retable, chaire, fonds baptismaux) fut détruit. Toutefois, les murs survécurent et l’intérieur fut refait après l’incendie.
Peu de temps après leur mariage, Joseph et Louise-Angélique s'installent donc à Verchères où Joseph s'est acheté deux terres contigües le 25 mai, un mois avant la distribution entre vifs des biens de Anne Lamoureux à ses enfants (30 juin 1732) à laquelle occasion, Joseph avait reçu 1,000 livres pour ce projet. Notre lignée demeurera à Verchères pendant près d'un siècle.
L'église St-François-Xavier de Verchères : La seigneuresse de Verchères, dame Marie Perrot, prend l’initiative d’assurer la construction d'une chapelle dès 1710. En juillet 1724, une assemblée de gens décide de la construction d’une église en remplacement de la chapelle. Mme de Verchères donne, encore une fois, un terrain pour réaliser ce projet. La construction se termine en avril 1730. C'est dans celle-ci que les grands événements de la vie du couple seront commémorés. Aucune représentation n'est parvenue jusqu'à nous, mais nous savons qu'on prit modèle sur l'église de La-Purification-de-la-Bienheureuse-Vierge-Marie (Repentigny) construite entre 1723 et 1725. Elle aura environ 40 pieds par 80 pieds et sera construite sur l'emplacement du presbytère actuel. L'église contiendra une soixantaine de bancs dans la nef et dans le jubé ou tribune.
L'église de Repentigny aujourd'hui. Originalement, elle avait un clocher unique et a servi de modèle pour l'église de Verchères. Sa façade actuelle et l'élargissement de sa nef datent de 1850-52.
(22 avril 1733 à l'église Ste-Famille de Boucherville - 19 août 1812 à St-François-Xavier de Verchères)
Parrain : Jean-Baptiste Bachand (oncle) / marraine : Angélique Lamoureux (tante) / curé : Philippe D'Ailleboust des Musseaux.
C'est le seul enfant qui sera baptisé à Boucherville car, suite à l'achat d'une terre à Verchères le 25 mai 1732, la famille y déménagea peu après. Pour sa part, Joseph-fils fut un des apprentis-menuisier-sculpteur de son oncle Antoine Cirier (demeurant alors à Pointe-aux-Trembles) à compter du 28 août 1751, et ce, pour les quatre années et demi suivantes. Il se mariera à Verchères le 24 novembre 1764 avec Marguerite Ledoux, fille de la veuve de François Banlier dit LaPerle et ensuite à Marie-Reine Sylvain le 11 août 1788 à Verchères.
(16 juin 1734 à l'église St-François-Xavier de Verchères - _)
Parrain : Charles Ménard dit Bellerose / marraine : Marie Joseph Lamoureux / curé : Charles Dufrost-de-la-Jemmerais (Il était le frère de Monsieur De La Vérendrye, le découvreur du Manitoba, et de Sainte Marguerite d'Youville, fondatrice des Soeurs Grises de Montréal.).
Elle se mariera à Verchères le 7 janvier 1754 (contrat de mariage le 5 janvier 1754 par Me Duvernay, notaire) avec Jean Choquet, fils de Nicolas Choquet et Marguerite Hébert.
(8 janvier 1736 à l'église St-François-Xavier de Verchères - 1 juin 1816 à l'église St-François-Xavier de Verchères)
Parrain : Pierre Charles Leduc / marraine : Marie Thérèse Marais / curé : Charles Dufrost-de-la-Jemmerais.
Elle se mariera à Verchères le 31 janvier 1754 (contrat le 24 janvier 1754) avec Toussaint Patenote, fils du veuf de Marie-Anne Choquet.
(21 juillet 1737 à l'église St-François-Xavier de Verchères - _)
Parrain : Martin Cirier (grand-père) / marraine : Anne Lamoureux (grand-mère) / curé : Charles Dufrost-de-la-Jemmerais.
Jacques : (14 février 1739 à l'église St-François-Xavier de Verchères - 9 juillet 1799 à Notre-Dame-du-Rosaire de St-Hyacinthe)
Parrain : Jacques Charpentier dit Sansfaçon / marraine : Marguerite Meunier dit Lapierre / curé : Charles Dufrost-de-la-Jemmerais.
Jacques se mariera à Verchères le 19 janvier 1761 avec Marie-Marguerite Gipoulou fille de Alexis Gipoulou et Catherine Lussier.
Jean-Baptiste : (14 février 1739 à l'église St-François-Xavier de Verchères - 17 septembre 1792 à St-Mathias-sur-Richelieu (alors connu comme Pointe-Olivier))
Parrain : Jean Baptiste Leduc / marraine : Marie ... Benoist dit Livernois / curé : Charles Dufrost-de-la-Jemmerais.
Jean-Baptiste se mariera à Verchères le 14 octobre 1765 avec Marie-Angélique Charpentier, fille de Jacques Charpentier dit Sansfaçon et de Marie-Jeanne Favreau, lesquels demeuraient sur la terre immédiatement à l'Est de celle de Joseph Bachand. Jean-Baptiste et Marie-Angélique ont vécu à Verchères, Belœil et Saint-Mathias-sur-Richelieu. À Belœil en 1773. Concessionnaire original d'une terre sur la seigneurie de Ramezay reçue su seigneur de St-Ours en 1780.
Enfants: Jean-Baptiste (1767), Marie-Angélique (1771), Jean-Baptiste (1773), Madeleine (1775), Marie-Marguerite (1777), Catherine (1779), Augustin (1781), Angélique (1781), Marie-Josephe (1783), Marie-Ursule (1785), Marie-Geneviève (1787), Michel-Marie (1789) et André (1791).
(13 septembre 1740 à l'église St-François-Xavier de Verchères - _)
Parrain : Antoine Leduc / marraine : Magdeleine Marais / curé : Charles Dufrost-de-la-Jemmerais.
Elle se mariera à Verchères le 19 novembre 1759 (contrat le 18 novembre 1759) avec Joseph Charpentier dit Sansfaçon, fils de Jacques Charpentier et d'Élisabeth Mongeau
(22 février 1742 à Verchères – 9 septembre 1785)
Voir la section 3
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Contexte : À la suite de plusieurs mauvaises récoltes, la Nouvelle-France souffre de famine en 1743.
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(20 juillet 1743 à l'église St-François-Xavier de Verchères - 25 janvier 1744 à l'église St-François-Xavier de Verchères)
Parrain : Jacques Levasseur / marraine : Marie Magdeleine Viel / curé : Charles Dufrost-de-la-Jemmerais.
(21 avril 1745 à l'église St-François-Xavier de Verchères - _)
Parrain : Charles Ménard dit Bellerose / marraine : Marie Anne Leduc / curé : Charles Dufrost-de-la-Jemmerais.
(9 mai 1746 à l'église St-François-Xavier de Verchères - _)
Parrain : Pierre Marais dit Desmarais / marraine : Magdeleine Lamoureux / curé : Charles Dufrost-de-la-Jemmerais.
Le curé est distrait au point de ne nommer l'enfant que dans la marge.
Elle se mariera à Verchères le 17 février 1772 (contrat le 3 février 1772 par Me Duvernay, notaire) avec Joseph Pétrin, fils de François Pétrin et de Marguerite Parenteau.
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Contexte : Johann Sebastian Bach (1685–1750) et George Frederic Handel (1685–1759) sont au sommet de leurs carrières.
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Le 28 mars 1747, environ 8 mois avant sa mort, pardevant le notaire Antoine Foucher, Joseph consent verser à François-Augustin Bailly une rente annuelle et perpétuelle. Ce dernier sera l’un des hommes les plus riches de la colonie. F-A Bailly est essentiellement un « banquier du peuple ». Les rentes constituées sont une forme de crédit qui s'est développée en France aux 17e et 18e siècles pour pallier l'absence de système de crédit bancaire et contourner la religion catholique qui interdisait de toucher des intérêts. Le prêteur (F-A Bailly) ne peut exiger de remboursement. Seul l'emprunteur (Joseph Bachand) peut en décider. Ce système permet à la rente de contourner la législation qui prohibe l’usure : la rente est dite « perpétuelle ». Par ailleurs, le droit du prêteur est assuré par une garantie sur un immeuble ou un terrain. En cas de non-paiement de la rente, le prêteur pourra procéder en vertu de son droit réel à des mesures exécutoires sur le bien immobilier. C’est donc la forme que prenait l’hypothèque au temps du régime français. À son décès, F-A Bailly possédait encore 69 rentes constituées (sur les 180 consenties en carrière) garanties par 6 à 7,000 arpents de terre. Donc, ayant emprunté une somme de 236 £, Joseph s’engage à verser à F-A Bailly 11 £ 16 sols par année, équivalant à 5% par an. La terre de Joseph, achetée en 1732, est ici décrite avec un peu plus de précision:
«… un arpent et demi de front (288 pieds / 88 m) jusqu’à trente de profondeur (5,756 pieds / 1.755 km) et, au bout, sur trois de front (576 pieds / 176 m) sur trente deux autres de profondeur (6,139 pieds / 1.872 km), sise et située ladite terre en la Seigneurie dudit Simblin, paroisse de ladite Verchères, tenant d’un bout, sur la devanture, au Fleuve Saint-Laurent, allant en profondeur des soixante-deux arpents (11,895 pieds / 2¼ milles / 3,627 km) à (…) terres non-concédées, joignant d’un côté, au Nord Est (à droite), à Jacques Sansfaçon et du côté du Sud Ouest (à gauche) à la (…) veuve de Paul (Des)Marais, sur lequel arpent et demi de front il y a une maison, grange et étable de construits dessus ainsi que le tout se poursuit et comporte que ledit constituant ont dit et déclaré à lui appartenant par acquisition de (Jean-Baptiste Dion-Guyon-) Dutilly…»
1 arpent = 191.85 pieds / 58.5 m
L'emplacement de cette terre correspond aujourd'hui au 158, boulevard Marie-Victorin à Verchères. Elle est située à 3½ kilomètres au sud-ouest de l'église Saint-François-Xavier. Le propriétaire actuel mentionne que la maison du dernier fermier était située de l'autre côté de la route, sur la petite portion du lot 222 qui donne sur le fleuve. Il est donc raisonnable d'imaginer que la maison ancestrale de Joseph et Marie-Angélique était située à 45°45'13"Nord / 73°23'15"Ouest. Le lot 240 est entrecoupé par le chemin des Terres Noires à la hauteur du numéro civique 158 qui correspond à la ferme Lussier.
Lan mil sept cent quarante sept le dixième du mois de decembre je soussigney charles Dufron de Lajemerais missionaire de la paroisse de St françois xavier de Verchères, ai inhumé dans le cimetière de cette paroisse avec les ceremonies ordinaires de leglise le corps de joseph bachant dit vertefeuïl decedée le jour precedent dans la foy catholique apostolique et romaine apres avoir reçu les sacrements de viatiques (Sacrement de l'eucharistie administré à un mourant.) et extremonction agé d'environ quarante-trois ans habitant de cette paroisse ont assistey a cette sepulture charles menard dit belle rose et jacques charpantier dit Sanfaçon lesquels ont declarey ne scavoir signer de ce interpelley suivant lordonnance.
Lajemmerais ptre
Comme son père Nicolas, Joseph meurt à 43 ans. Le fait que son voisin Jacques Charpentier dit Sanfaçon soit mentionné à l'acte de sépulture nous laisse imaginer que c'est probablement lui qui s'est chargé d'amener le corps de Joseph à l'église. À cette époque, le cimetière était directement sur les côtés et derrière l'église. Le cimetière actuel situé à 500 mètres à l'ouest de l'église n'a été inauguré qu'au début du 20e siècle. La Fabrique rapporte que les os des ancêtres y ont peut-être été transportés mais il n'existe aucun monument (ni même information) pour indiquer où ils pourraient effectivement se trouver aujourd'hui. Comme on sait (voir à la fin de la section 1-A), plusieurs cimetières ne sont pas éternels. Entre 1850 et 1900, le Québec connut une vague de fermeture de cimetières ancestraux se trouvant au milieu des villes et surtout autour des églises. La pratique de l'époque a été de permettre à ceux qui le voulaient d’exhumer et de transporter les membres de leur famille vers de nouveaux cimetières inaugurés plus loin que le centre des villages. Toutefois, on peut imaginer que seule une minorité des centaines de pionniers et modestes paysans se trouvant autour de ces église du Régime français ont dû être ainsi méticuleusement recouvrés et transportés avec affection et grands frais vers les nouveaux cimetières. De plus, il est permis de croire que les fabriques n’ont jamais eu les moyens financiers de transférer plusieurs centaines de sépultures «abandonnées» vers les nouveaux cimetières. Donc, à moins que les descendants ou qu'une construction requéraient leur exhumation, les fabriques ont donc dû tout simplement retirer les pierres tombales et laissé la majorité des défunts sur place.
Joseph laisse donc onze enfants, le plus vieux étant âgé de 14 ans. Son fils Pierre a 5¾ ans. Un mois après son décès, la famille Cirier voit immédiatement à faire prononcer une tutelle à toute cette marmaille: Tutelle des enfants mineurs de feu Joseph Vertefeuille Bachand et d'Angélique Cirier. 9 janvier 1748. (cliquer sur la touche «Voir les images»). Louise-Angélique est nommée tutrice de ses enfants mineurs et y sont notamment nommés subrogé-tuteurs Jean-Baptiste (l’aîné) Bachand et Jean-Baptiste Amiot.
Le 10 janvier 1748, dans l’inventaire des biens de la communauté dressé par le notaire Antoine Loiseau dit Châlons, on peut apprendre que, le jour des funérailles de Joseph, son frère Jean-Baptiste (difficile à déterminer s'il s'agit de l’aîné ou du jeune - toutefois ce dernier demeurant à L'Assomption, de l'autre côté du fleuve, est géographiquement plus près) prit l’initiative de se «rendre maître des animaux et de la grange» de Joseph et «mit un fermier sur ladite terre». De plus, on constate que la succession doit à «Mr Denoit chirurgien la somme de vingt livres pour dernière maladie» et à «Mr Lespagnioliny chirurgien pour la dernière maladie vingt deux livres». Toutes ces mentions, combinées au fait que le curé a eu le temps de lui administrer les sacrements de viatiques et d’extrême-onction nous font comprendre que la fin n’est pas arrivée aussi soudainement pour Joseph que pour son père Nicolas. On confirme que Joseph est décédé dans sa maison.
On y apprend aussi que Joseph avait acheté une autre terre en copropriété avec Charles Ménard Bellerose, de 2½ arpents de front dans la seigneurie de Verchères. Contrairement à la terre où il demeurait, elle ne se trouve pas dans la seigneurie de Saint-Blain. Aucune autre précision n’est donnée sur celle-ci.
Suit une méticuleuse et exhaustive énumération et évaluation de tous les meubles de la communauté (749 livres), ainsi que de ses dettes (512 livres). S’ajoutent évidemment la terre originale de 1732 ainsi que celle détenue avec Charles Ménard Bellerose, sans pour autant leur assigner une valeur. De même, l’inventaire de blé et d’avoine se trouvant entreposé dans la grange ne sera évalué qu’après «battage et dime payée».
Parmi les biens meubles, on y reconnait certains des cadeaux de mariage reçus quinze ans auparavant de Martin Cirier. Leur description ainsi que leur degré d’usure nous font comprendre qu’ils ont beaucoup servi et que ces beaux objets de leur jeunesse sont devenus de vieux outils dont le lustre s’est envolé: «une méchante écumoire de cuivre jaune», «un vieux chandelier de cuivre»... D’autres objets ont été acquis en cours de mariage mais ont déjà beaucoup souffert: «une méchante poivier de fer blanc», «le saloir fort mauvais», «un petit lit contenant une vieille couverte de laine blanche plus a demy usée», «deux toille (matelas) de pailliace fort mauvaise», «trois méchante cheze toute dépaillée et une vieille bergere», «un vieux soque avec le coutre et couterau», «une chaine de charrue avec une autre chaine de proux», «une paire de grande roue avec la charette», «trois mauvaise feausille», etc.
Il y a aussi deux jeunes boeufs (les indispensables tracteurs de l’époque), deux vaches, un petit taureau, une génisse, un cheval, une jument, un poulain, onze moutons, dix-huit poules et deux «dit ot» (sic).
Cet inventaire dressé au coeur de l’hiver, un mois après la mort de Joseph, devant une Louise-Angélique dans «l’affliction» (dixit) et enceinte de six mois, entourée de dix enfants et de quelques vieux meubles marque vraisemblablement le moment le plus désespérant de cette génération. Une existence exigeante, déjà à la limite de la misère, venait clairement de s’empirer.
15 mars 1748 : Clôture d'inventaire des biens de la succession et de la communauté de Louise-Angélique Cirier et de défunt Joseph Bachand. (cliquer sur la touche «Voir les images»)
(12 avril 1748 à l'église St-François-Xavier de Verchères - 7 novembre 1748 à l'église St-François-Xavier de Verchères) Parrain : Charles Ménard dit Bellerose / marraine : Marie Anne Chevrier / curé : Charles Dufrost-de-la-Jemmerais.
Doublement malchanceux, François est né quelques mois après la mort de son père et est lui-même décédé 7 mois plus tard.
Le 23 novembre 1750, deux ans après le début de son veuvage, Louise-Angélique se remarie avec François Ango dit Durivage, veuf de Marie-Marguerite Morneau. François vient alors avec un fils (Antoine) et le nouveau couple aura trois enfants ensemble. François décédera le 26 décembre 1755.
Le 15 juillet 1757, Anne Lamoureux, la mère de Joseph, décède. Pour sa part, Joseph est déjà mort depuis près de 10 ans.
7 mars 1758 : Tutelle des enfants mineurs de feu Joseph Vertefeuille Bachand et d'Angélique Cirier - Administration tutélaire. (cliquer sur la touche «Voir les images»)
En 1763, Louise-Angélique réside à Maska (un autre nom pour St-Hyacinthe ?) d'après certains actes notariés à l'occasion desquels elle se départit de terres probablement léguées par son second époux.
On sait que son fils Jean-Baptiste demeure à St-Mathias à cette époque et y décédera onze mois après sa mère. Il est donc probable que c'est chez lui que Louise-Angélique a fini ses jours. Son fils Pierre est déjà décédé depuis 6 ans.
C'est dans cette église complétée en 1788 qu'ont lieu les funérailles de Louise-Angélique en 1791. En 1818, le clocher et la façade sont reconstruits et on entoure le cimetière d'un mur. Aujourd'hui, c'est la seule église du Québec à avoir conservé un tel enclos. On peut présumer que Louise-Angélique s'y trouve toujours, bien que l'emplacement exact soit inconnu, des «locataires» subséquents ayant probablement aménagé au-dessus d'elle au cours des 225 ans qui ont suivi...
De cette branche de Verchères descendent la plupart des familles Bachand de la région des Bois-Francs et des cantons de l’est, dont Pierre Bachand né à Verchères, élève au Séminaire de Saint-Hyacinthe, avocat, échevin de Saint-Hyacinthe en 1862 élu député de Saint-Hyacinthe à l'Assemblée Législative en 1867, réélu en 1871, et en 1875, trésorier dans le cabinet Joly, le 8 mars 1878, décédé le 3 nov. 1878.