Allocution Prof. Phidas

DISCOURS A L’OCCASION DE L’OUVERTURE DE LA NOUVELLE ANNEE ACADEMIQUE (DIES ACADEMICUS 2017-2018)

Prof. V. J. Phidas

La modeste cérémonie d’ouverture de l’année académique 2017- 2018 est très importante, comme vient de le remarquer SE le métropolite de Suisse Jérémie, pour le bilan de la riche contribution de 20 ans du programme commun d’études supérieures de l’Institut d’études supérieures en Théologie orthodoxe et des facultés de Théologie des Universités de Fribourg et de Genève. En effet, l’importance exceptionnelle de cette cérémonie est liée non seulement au 20ème anniversaire de collaboration harmonieuse et constructive de trois traditions, mais surtout à la confirmation officielle de ce programme pionnier d’études supérieures.

Cette confirmation est réalisée d’une part dans les relations interorthodoxes, et surtout dans le contexte de la préparation du Saint et Grand Synode, qui a eu lieu en Crète l’année passée (2016) et, d’autre part, dans les relations interecclésiales, et surtout dans le cadre des Dialogues théologiques bilatéraux et multilatéraux du mouvement œcuménique de notre époque.

Cependant, c’est un constat fréquent que le zèle enthousiaste pour le soutien des Dialogues théologiques s’est affaibli lors des deux dernières décennies pour deux raisons :

Premièrement, à cause de la fatigue inévitable, suscitée par le retard dans le processus et par la modicité des résultats de ces Dialogues.

Deuxièmement, à cause de l’introduction de nouvelles différends théologiques, qui sont devenus plus profonds, ont rendu problématique même la poursuite de Dialogues théologiques ratifiés au niveau officiel.

Donc, il est évident que le retard du processus et la modicité des résultats étaient des conséquences inévitables d’un mauvais choix de méthodologie et de thématique. Or, c’était une question secondaire qui était mise en avant, à savoir Qu'est-ce qui nous unit ?, au lieu de s’attaquer à la question cruciale Qu'est-ce qui nous sépare ? Ainsi, le choix de la première (Qu'est-ce qui nous unit ?) a multiplié les différends théologiques, même sur des thèmes où on n’en avait pas constaté dans le passé.

Si, au contraire, on avait choisi la vraie question Qu'est-ce qui nous sépare?, ayant ainsi comme base les différends théologiques déjà constatés, le processus serait plus rapide et les résultats positifs seraient visibles, comme c’est dans le cas des Dialogues théologiques bilatéraux de l’Eglise orthodoxe avec les Anciennes Eglises Orientales précalcédoniennes et les Vieux Catholiques.

Certes, ce constat présuppose nécessairement d’une part une nouvelle méthode pour surmonter ces différends, ayant comme critère les approches théologiques du passé et d’autre part un vrai soutien ecclésial au moins pour les Dialogues bilatéraux. Donc, le besoin d’un soutien commun du Dialogue théologique constructif de l’Eglise orthodoxe avec les autres Eglises ou Confessions chrétiennes pour faire en face aux problèmes de l’homme et du monde de nos jours est plus que jamais impératif.

D’ailleurs, que la chute subite des régimes socialistes qu’ont vécue les peuples chrétiens de l’Europe d’Est, après la dissolution officielle de l’Union soviétique (25 dec. 1991), a ouvert de nouveaux horizons pour le soutien des Dialogues théologiques nécessaires, en dépit d’exacerbations marquantes surtout lors de la première décennie des conflits confessionnels. Cependant, c’est lors de cette décennie qu’on constate parmi tous ces peuples orthodoxes une vague massive d’émigration vers les pays d’Europe Occidentale, d’Amérique du Nord et du Sud et vers l’Australie.

Il est évident, dans ces régions il y avait déjà des communautés orthodoxes (Diaspora), organisées selon leurs origines nationales (Grecs, Arabes,Russes, Serbes, Roumains, Bulgares etc.), en augmentant ainsi non seulement le nombre des membres des communautés existantes, mais aussi les besoins impératifs des évêchés, anciens ou récemment établis, de chaque Diaspora nationale pour leur encadrement approprié dans leurs activités liturgiques, pastorales, nationales et éducatives dans des milieux hétérodoxes.

En ce sens, la hausse impressionnante du nombre des membres et des métropoles des Eglises orthodoxes (Constantinople, Alexandrie, Antioche, Russie, Serbie, Roumanie, Bulgarie, Pologne, etc.) a établi une nouvelle structure aussi bien dans l’organisation administrative, qu’au fonctionnement synodal de la Diaspora orthodoxe, car les métropolites de chaque Diaspora nationale ont le droit canonique de participer au Synode de la hiérarchie de leur Eglise autocéphale. Il est donc évident que les métropoles fleurissantes de Diasporas nationales exercent une grande influence sur le fonctionnement ou même la prise de décision du Synode de la hiérarchie de leur propre Eglise autocéphale.

Ces nouvelles perspectives élargissent aussi la mission du programme d’études supérieures, car nombreux sont ses licenciés, qui occupent déjà des postes de cadres dans l’organisation administrative et le fonctionnement de nombreuses métropoles de la Diaspora orthodoxe. Ces perspectives nous invitent en permanence à mettre en valeur les nouveaux diplômés de notre programme d’études supérieures. Dans ce cadre, ils vont rejoindre les anciens licenciés, qui travaillent déjà aux métropoles de la Diaspora, et vont renforcer l’esprit de la collaboration harmonieuse et constructive non seulement dans les relations interorthodoxes, mais aussi dans les relations interecclésiales.

Pour conclure, ces nouvelles perspectives doivent être adaptées aux critères ecclésiaux et académiques pour formuler des propositions solides afin d’enrichir le programme d’études supérieures. Cet enrichissement est possible soit avec l’insertion des Séminaires relatifs dans le programme d’études de l’Institut, soit avec l’organisation commune de Colloques théologiques, spécialisés pour mettre en avant la collaboration sur de questions pratiques d’intérêt commun de la diaconie pastorale.

Dans cet esprit, nous souhaitons aux nouveaux diplômés une diaconie fructueuse de la Théologie et de l’Eglise et aux nouveaux étudiants de profiter pleinement de ce programme d’études supérieures qui offre de grandes possibilités.

Bon succès !