Allocution du Professeur Askani

DIES ACADEMICUS 2016

Allocution du Professeur Dr Hans-Christoph ASKANI, Vice-Doyen,

Représentant de la Faculté de Théologie de l'Univesrité de Genève

Votre Eminence le métropolite Athanase ! Votre Eminence le métropolite Jérémie ! Votre Excellence Monseigneur Macaire ! Votre Excellence Monseigneur Job !

Magnificences, Mesdames, Messieurs, chers collègues, chers étudiants !

Pour ce début de l’année académique, qui commence avec le grand jour du Dies academicus la Faculté de théologie protestante de l’Université de Genève souhaite à l’Institut d’études supérieures en théologie orthodoxe de Chambésy, à ses professeurs et à ses étudiants la bénédiction de Dieu.

Que cette année soit notamment pour vous, les étudiants (mais un bon professeur n’est-il pas aussi un étudiant ?), un temps de découvertes et d’approfondissements de vos connaissances ! Nous tous – toutes les confessions chrétiennes – essayons dans la théologie de mieux comprendre le mystère de Dieu et de sa relation avec le monde – en particulier avec l’être humain.

On entreprend souvent d’expliquer en quoi la théologie est comparable ou similaire aux autres sciences, pour démontrer ainsi son caractère scientifique. Ne serait-il pas aussi important, voir plus important d’indiquer ou de penser en quoi la théologie se distingue des autres sciences ? On pourrait donner beaucoup de réponses à cette question, je veux en donner seulement une :

Elle se distingue par un type, par une forme spécifique de la patience.

Qui étudie veut comprendre et il veut comprendre tout de suite ou le plus vite possible. Dans aucune science ce n’est possible. Et dans la théologie non plus.

Le théologien se plonge avec curiosité, avec zèle, avec vénération, avec effroi peut-être aussi, dans ce dont il sait, dont il devine qu’il le dépasse infiniment : Le mystère de Dieu qui vient au monde.

Ainsi la patience est une vertu particulière du théologien : il continue à chercher sans fin, malgré le fait qu’il ne va jamais arriver ; mais en même temps il est déjà là, il est déjà arrivé ; il est au milieu du mystère.

Le mystère qui le dépasse infiniment est aussi le sien.

Aussi – à cause de ce rapport au mystère, de cette situation de la théologie au sein du mystère qui la dépasse infiniment – voudrais-je parler pour le théologien non seulement de la patience, mais (l’expression va vous surprendre) de la passion de la patience. Non pas : je suis (un) passionné de la patience, comme d’autres sont des passionnés du foot ou de toutes sortes d’autres ‘choses’. Cette forme de passion est ‘par nature’ impatiente. A juste titre. Mais ici, c’est autre chose : ma patience elle-même est passionnée. Elle ne peut pas être patiente autrement. Elle participe sous cette double forme – apparemment contradictoire – à ce à quoi elle ‘s’intéresse’. Concernant le mystère de Dieu, elle ne peut pas être patiente autrement : sans passion. Patience et passion tiennent donc ensemble ; l’une n’est pas sans l’autre et l’une caractérise l’autre :

Une patience qui est en même temps passion (comment ne pourrait-elle pas l’être ?) ;

et une passion qui est – en tant que passion ! – patiente.

Cette double caractéristique est la réponse de la théologie au mystère divin.