Allocution du Professeur Phidas

DIES ACADEMICUS 2016

Allocution du Professeur Dr Vlassios PHIDAS, Recteur de l'Institut

Le discours introductif du directeur du Centre orthodoxe, Son Éminence le Métropolite Jérémie de Suisse, a couvert d’une manière excellente l’importance tout à fait spéciale de cette cérémonie établie pour l’inauguration de la nouvelle année académique (2016-2017). Son importance spéciale est en lien avec le cinquantième anniversaire (1966-2016) du Centre orthodoxe aussi bien pour sa contribution polyvalente à la promotion d’un esprit constructif de dialogue dans les relations inter-orthodoxes, inter-ecclésiales et inter-religieuses, que pour la contribution de son Institut d’études supérieures en théologie orthodoxe ces vingt dernières années (1996-2016) à la préparation de cadres compétents de théologiens choisis de toutes les Églises orthodoxes, autocéphales ou autonomes.

Cette double perspective a été rendue possible, comme il est bien connu, grâce à la convention académique officielle du Centre avec les Facultés de théologie des Universités de Fribourg et de Genève (1996 et 2012). La collaboration harmonieuse des trois institutions académiques a éclairé non seulement les confrontations divergentes de la théologie antirrhétique ou polémique du passé historique mais aussi les tendances convergentes pour un dialogue théologique constructif des trois traditions ecclésiales pendant la période contemporaine. Ces tendances sont très bien exprimées par les décisions très importantes du concile Vatican II (1962-1965) sur l’Église (Lumen gentium) et sur l’œcuménisme (Unitatis redintegratio).

L’éminent théologien dominicain Yves Congar dans un discours hebdomadaire à la Faculté de théologie de Strasbourg (1962) exprimait aussi bien son admiration appropriée pour l’harmonie interne de la tradition patristique, sacramentelle et ascétique de l’Église d’Orient, que son regret justifié pour l’incuriosité absolue de l’Église orthodoxe de ce qui se passe dans les autres Églises et confessions chrétiennes. Ces réflexions de l’éminent théologien sont présentées dans un article spécial, sous le titre : « J’aime l’Orthodoxie » (1972), malgré que le fameux « Dialogue de charité » entre les sièges de l’ancienne et la nouvelle Rome avait déjà donné de très riches fruits avec les décisions communes et audacieuses non seulement pour la levée réciproque des anathèmes de 1054, mais aussi pour la préparation du dialogue théologique officiel entre les deux Églises.

L’institut d’études supérieures de Chambésy est l’un des fruits mûrs de ce Dialogue de charité et il a comme mission, d’après le Sigillion patriarcal relatif, « de former au degré d’études supérieures des cadres en provenance des Églises orthodoxes, de leur donner les compétences pour faire face aux besoins de leurs Églises, spécialisés dans la conduite de dialogues inter-orthodoxes et inter-confessionnels, impliquant une rencontre théologique entre l’Orient et l’Occident ».

L’engagement responsable dans cette mission très difficile est devenu possible par la disponibilité et le support immédiat et continuel des Facultés de théologie des Universités de Fribourg et de Genève dans un programme d’études supérieures tripartite. Ce programme commun et pionnier était nécessaire pour envisager comment faire face non seulement à l’incuriosité de l’Église orthodoxe pour ce qui se passe en dehors de son corps ecclésial, mais aussi aux préjudices de quelques cercles zélotes, qui réagissent négativement à toute proposition de dialogue, pour servir leurs propres intérêts personnels, qui sont étrangers à la mission de l’Église.

La reconnaissance commune de toutes les Églises orthodoxes, autocéphales ou autonomes, de la nécessité de ce programme d’études supérieures tripartite est manifestée de manière impressionnante par le fait que tous les lauréats de ce programme ont immédiatement été choisis pour pourvoir à des postes de la hiérarchie, des commissions synodales compétentes et du corps enseignant dans leurs facultés de théologie. Dès lors, ces lauréats leur sont nécessaires avant même qu’ils ne soient bien préparés pour couvrir toutes les dimensions de la mission, qui leur a été confiée. Or, ils y arrivent, car ils sont des personnes responsables, ayant appris comment combler toutes leurs faiblesses, sans compromettre les intérêts de leur Église.

Nous, les responsables de cette formation pionnière, savons mieux que quiconque nos faiblesses et nos difficultés dans un programme nouveau, multi- dimensionnel et trop exigeant pour des étudiants, qui doivent s’instruire des principes fondamentaux de trois traditions ecclésiales. Cependant, nous mettons à disposition toutes nos forces disponibles et travaillons beaucoup pour soutenir nos étudiants et les encourager de toutes les manières possibles dans leur devoir de surmonter leurs difficultés bien compréhensibles. Dans cet esprit, nous accueillons avec beaucoup d’espoir les nouveaux étudiants, et nous souhaitons aux nouveaux lauréats de ce programme de tirer profit de l’enseignement théologique qu’ils ont reçu ici, pour que le Dieu trinitaire soit glorifié de même que sont Église.