Les Lyssoisses célèbres

Angèle DERREUMAUX (né RUYSSCHALRT)

(1918-1998)

C’est le 31 janvier 1918 que naquit à Lys, dans le quartier du Fresnoy, celle qui allait devenir, pour tout son quartier “Madame Angèle”

Fille unique d’un musicien Omer Ruysschaert, et d’une couturière Clémence Blomme, elle a grandi dans une ambiance familiale qui a influencé son avenir.

C’est tout naturellement que, suivant les traces de su mère, elle apprend le métier de couturière d’abord à Leers auprès de Madame Malfait, puis avec Madame Gossart, dans son quartier du Fresnoy à Lys.

Chaque soir, ainsi que les week-end, mère et fille se mettent au travail sur leurs machines à coudre, pour terminer en temps voulu les vêtements qui leur étaient commandés, et cela toujours dans une ambiance musicale et bien souvent quelques pas de valse inter. rompaient le rythme enragé des machines.

Dotée d’une jolie voix et d’un bon sens musical, elle entre tout naturellement à la chorale paroissiale de Lys où elle restera de nombreuses années. Les récits qu’elle faisait des messes d’enterrement célébrées sous les bombardements au cours de la seconde guerre mondiale, laissaient ses petits enfants en admiration devant leur “super mamie”.

Pendant cette période agitée, un groupe de jeunes Lyssois décide de créer une troupe de théâtre dont le but est de donner des spectacles dont les bénéfices seraient destinés au profit des prisonniers. Angèle fait partie de cette troupe et c’est là qu’elle rencontre Edmond Derreumaux avec qui elle va partager sa vie durant 53 ans et dont elle aura trois enfants Paul, Thérèse et Cécile.

Très présente auprès de ses enfants car, pour des raisons professionnelles son mari était souvent absent, elle l’était aussi auprès de ses parents qu’elle n’avait jamais quitté.

C’est avec son mari qu’elle participe à la création de “La fleur de lys” association qui regroupe toutes les activités sportives et culturelles de la paroisse. Elle met également tout son talent dans l’organisation des kermesses et foires au plaisir des années 50. Elle est également adhérente de l’association locale des familles nombreuses.

Avec son mari, elle adhère au “Comité du Fresnoy” association dont le but est d’offrir aux personnes âgées du quartier les produits qui manquaient le plus en cette période d’après-guerre (charbon, sucre, café ...)

Le Comite féminin c’était elle. Son dynamisme, sa disponibilité, son optimisme, sa foi, sa volonté, son intégrité sont autant de qualités qu’elle a su transmettre aux nouvelles générations qui perpétueront son souvenir.

Une équipe plus jeune ayant grossi les rangs du comité, le projet d’une fête est mis en place. Un tour-

noi de jeunes footballeurs est organisé dans le but de recueillir des fonds afin de gâter “les anciens” pour Noèl.

En 1974, à la veille de la fête annuelle du quartier du Fresnoy, sa plus jeune fille et son gendre ont l’idée de traverser le quartier, sur un tandem, costumés en cyclistes 1900, aussitôt dit, Angèle se met au travail et, le soir même les tenues sont réalisées. Le couple obtient un énorme succès.

L’idée d’un défilé a germé dans l’esprit d’Angèle et, dès l’année suivante, tous les enfants du quartier se sont

déguisés pour former un cortège, rejoints les années suivantes par les adultes, pour en arriver à la fête telle qu’elle est aujourd’hui, avec groupes folkloriques et musicaux, chars, géants, confettis et ambiance super qui attire de très nombreux Lyssois et habitants des communes voisines.

Madame Derreumaux a encore l’envie d’offrir un bouquet aux “Aînés” ; pour collecter les fonds nécessaires, les costumes créés pour la fête servent à monter un spectacle animé par tous les membres du Comité. Sous la baguette

de Madame Angèle, ceux-ci se transforment pour un spectacle en danseurs et chanteurs amateurs.

Aussi longtemps que sa santé le lui permet, elle s’occupe de ce quartier qu’elle aimait tant, puis une équipe a repris le flambeau, mais elle était toujours là pour les aider de ses conseils.

Jusqu’à la fin, les membres du Comité petits et grands, aimaient aller chercher auprès d’elle des leçons d’humilité et d’altruisme.

C’est en avril 1998 qu’elle quitte pour toujours cette maison du 98, rue du Fresnoy, où elle est née, a grandi, mis au monde et élevé ses enfants et où la porte était toujours ouverte à tous.

Elle n’est plus là, mais pas une fête ni un banquet ne se passe sans entendre “si Angèle était là..

Après le décès de son mari en Juin 2001, le Cercle d’Etudes Historiques de Lys et le Comité de quartier du Fresnoy, ont demandé à la Municipalité que la “maison de quartier” soit dédiée à Angèle et Edmond Derreumaux et ils ont bon espoir que leur souhait soit réalisé afin que leur mémoire demeure dans cette ville et ce quartier qu’ils ont tant aimé.

(texte : Bernard Moreau)

DERYCKE Dinah

(1946 - 2002)

“Dinah Derycke, Sénatrice du Nord est décédée hier après-midi, à la Clinique du Bois, d’un cancer. (19 janvier 2002)

Née le 1er avril 1946 à Armentières, entrée à la SFIO, en 1964, inspecteur du Trésor, militante CGT, elle siégea à la commission exécutive du syndicat de 1978 à 1982.

Candidate malheureuse aux élections municipales de Croix, conseillère municipale de Lys-les-Lannoy depuis 1995, Sénatrice du Nord depuis 1997, fonction à laquelle elle a été réélue en septembre 2001, elle fut aussi conseillère régionale et, durant cinq ans, déléguée régionale aux droits de la femme.

Nommée conseiller référendaire à la Cour des Comptes en 1996, elle restait la militante infatigable des droits des femmes et travaillait sans relâche pour combattre l’exclusion.

Cette femme qui avait découvert à l’occasion des événements de mai 1968 “qu’on peut ne pas être raisonnable” s’est toujours battue, y compris pour se faire un nom, puisqu’elle fut

l’épouse de Gérard Caudron, autre “troublion” du Parti Socialiste.

Au lendemain des élections municipales de mars 2001, ou elle était tête de liste de l’union de la gauche à Lyslez-Lannoy, elle avait tenu à faire elle-même état de sa maladie souffrant d’un cancer, elle a aussi lutte Jusqu’au bout contre un mal qui se généralisait.

Parmi les nombreuses réactions que nous avons reçues hie r soir, Pierre Mauroy, président de Lille-Métropole et Sénateur du Nord, a déploré la perte d’une amie et salue “le combat qu’elle a mené avec courage et lucidité, à l’image de tous les combats de sa vie”. Pour les députés socialistes du versant nord-est, Dominique Baert et André Lebrun, c’est une amie de longue date, sincère et fidèle qui s’en va. Une femme qui a beaucoup fait pour la parité, pour les droits des femmes dans tous les domaines, une femme de convictions”.

(texte : La voix du Nord)

SAUMONT (Jeanne)

(Née en 1917)

Une frêle silhouette qui trottine dans une rue de Lys... ‘C’est Mademoiselle” comme l’appellent respectueusement et avec tendresse des générations de Lyssoises qui se sont assises sur les bancs de I’Ecole du Saint Coeur de Marie — 6, rue Jean Bart.

Jeanne Saumont est née le 13 novembre 1907 à Steenwerk. Après avoir obtenu le brevet élémentaire, puis le brevet supérieur, elle débute dans l’enseignement en 1926 à l’Externat Sainte-Thérèse à Armentières.

De 1930 à 1933, elle enseigne à l’Ecole St. Chartes, rue Chanzy à Roubaix, puis de 1933 à 1936, à l’Ecole de l’Enfant Jésus à Comines.

C’est à la rentrée scolaire de 1936 qu’elle est nommée à Lys. pour prendre la direction de l’Ecole des Filles du Saint Coeur de Marie. Elle occupera ce poste jusqu’en 1972.

Que de souvenirs elle a laissés dans les murs de cette école, aux élèves qu’elle a accueillis au cours de ces 36 années qu’elle y a passées.

Les plus anciennes se souviennent encore des descentes précipitées dans ta cave où elle les emmenait pour les mettre à l’abri des bombardements durant la guerre.

Les générations suivantes ont gardé en mémoire les cours de natation que les élèves prenaient chaque semaine à la Piscine de Roubaix, après avoir emprunté le bus.

Chaque année, à l’approche des ‘grandes vacances”, elle organisait un voyage pour les anciennes élèves (Reims —Le Touquet — Bouvines...) Le départ avait lieu à l’école et quelle joie pour ces anciennes de retrouver leurs classes où flottait l’odeur des tables soigneusement cirées par les élèves, celle de la craie du tableau noir. Elles revoyaient, avec émotion, le nid des hirondelles qui, fidèle ment revenaient chaque année se reproduire dans le couloir entre les deux salles de cours.

A la rentrée scolaire de 1972, Mademoiselle Saumont a laissé la direction de l’Ecole à une enseignante plus jeune et, deux ans plus tard, la vieille école a fermé et s’est installée dans de nouveaux bâtiments, rue Echevin.

Jeanne Saumont assure alors un remplacement à l’Ecole Saint-Michel à Roubaix, où elle prend en charge une classe de 38 garçons, sa longue expérience lui permet d’y faire face. Les Ecoles Sainte-Marie et Saint-Charles à Lannoy eurent aussi besoin d’elle pour remplacer des enseignants absents.

Une retraite bien remplie commence alors. Elle fait le catéchisme aux jeunes enfants de Lys, participe à l’association des retraités de “La vie montante” et prend part aux réunions diocésaines des retraités.

Au milieu de toutes ces activités, elle trouve encore le temps de tricoter pour les enfants du Togo.

C’est toujours avec gentillesse qu’elle accueille les anciennes élèves qui viennent la saluer et replonger dans leurs souvenirs d’enfance, car elle se souvient encore de chacune d’elles.

“Merci Mademoiselle”

(texte : Bernard Moreau)

Tiré du livre "Dictionnaire des femmes du Nord" par Bernard SCHAEFFER

Consultable au local de l'association lors des permanence.