Le quatrier du Fresnoy : Insécurité d'aujourd'hui, insécurité d'hier.

De nos jours un sujet revient frequemment dans les conversations et dans la chronique des medias c'est celui de la securite.

Nos concitoyens ont l’impression que dans ce domaine, ils courent aujourd’hui des risques que leurs parents ou grands parents ne connaissaient pas.

Qu’en est-il exactement? Nos maisons, nos biens, notre tranquillité sont-ils plus en danger aujourd’hui qu’ils ne l’étaient il y a cent ans?

Pour en juger, plutôt que de se fier aux souvenirs des anciens qui n’ont retenu que ce qui les a marqués, la meilleure source est de consulter la presse locale de la fin du siècle dernier. A cette époque déjà le “Journal de Roubaix” devenu depuis 1944 “Nord Eclair” relatait fidèlement les événements petits et grands qui ponctuaient la vie de nos grands parents.

Dans la masse des informations qui peuvent être recueillies dans ces archives il est nécessaire de classer par grandes séries les faits relatés, séries qui peuvent être comparées à celles qui prédominent aujourd’hui la sécurité sur les routes, la protection des biens et des personnes. Ces critères concernent toute la région et la lecture des journaux nous démontre que le quartier du Fresnoy connaît son lot de problèmes. Si les routes ne sont pas parcourues au siècle dernier par des automobiles roulant rapidement comme il en est aujourd’hui, elles sont cependant largement fréquentées par des véhicules hippomobiles chariots de ferme, transporteurs, fiacres, cochers de grande makon, cavaliers ; le maréchal ferrant joue un rôle important et son atelier s’active auprès des chevaux qui attendent

ses soins.

Or ces moyens de transports ne sont pas exempts d’accidents qui mettent souvent en cause des piétons chevaux emballés, essieux brisés, accrochage entre véhicules mal dirigés, sans parler des accidents provoqués par les imprudents (enfants ou adultes) qui traversent la chaussée quand arrive un cheval au galop ou qui sont heurtés par un chariot mal conduit.

Si l’on ajoute que les rues du quartier comme beaucoup d’autres sont alors bordées de fossés, parfois profonds et remplis de vase et qu’elles ne sont pas éclairées la nuit, ce qui entraîne des chutes qui peuvent être graves si l’accidenté n’est pas secouru rapidement, le risque est aggravé lorsque le piéton a trop consommé de bière dans les cabarets très nombreux à cette époque.

Quant à la sécurité des biens et des personnes, elle est soumise aux mêmes problèmes que ceux que nous connaissons aujourd’hui, c’est à dire que le comportement des individus n’a guère évolué même si à notre époque tes malandrins utilisent des techniques modernes telles que téléphones, automobiles, radio, etc,.. Les cambriolages sont aussi nombreux mais ils se traduisent par des vols de numéraire et de bijoux alors qu’aujourd’hui le malandrin s’intéresse aussi aux cartes bancaires, aux chéquiers ou au téléphone portable quand ce n’est pas au téléviseur et au magnétoscope. Le Fresnoy compte ainsi dans les années passées des épisodes malheureux que les journaux décrivent en détails parfois rocambolesques. La sécurité des personnes met surtout en cause des personnages opposés au cours de rixes dans les cabarets ou durant les “ducasses” mais on constate aussi plus fréquemment qu’aujourd’hui des coups et blessures ou même des crimes qui font la Une de la presse.

Que conclure de ces réflexions ? Que les sceptiques qui disent “on n’aurait jamais vu ça de mon temps” changeraient d’avis s’ils consultaient les journaux du siècle dernier ce, que l’on peut faire dans les grandes bibliothèques et les dépôts d’archives, Ils pourront constater que notre époque n’est pas plus mauvaise que la précédente, elle est différente parce que les moyens dont elle dispose ne sont plus les mêmes mais elle reste conf rontée aux mêmes problèmes...

Edmond DERREUMAUX

septembre 1999