Août 1945 : Un aérodrome à Lys...

Le 20 août 1945, le Conseil Municipal de Lys se réunissait sous la présidence de M. Emile DILLIES, Maire. Ce dernier informait son Conseil qu’un avant-projet d’aérodrome de Roubaix lui avait été communiqué, et qu’à l’avenir, aucune construction ne pourra être autorisée sans l’autorisation du Ministère de l’Air.

Ce projet se situait sur les communes de Lys et de Leers, là où se trouvent aujourd’hui le Centre Commercial AUCHAN et les commerces qui l’entourent.

Deux des trouées d’envol conduisaient à la destruction presque complète d’une partie de la commune. Le Maire indique que, dès qu’il a en eu connaissance, il a écrit au Ministère de l’Air pour protester contre ce projet.

Le service des Ponts et Chaussées faisait connaître le point de vue suivant :

“L’aérodrome de Roubaix n’en est qu’au stade des études, la décision de sa création n ‘est pas encore prise : le plan

de masse qui peut en être dressé ne viserait qu’à empêcher les constructions nouvelles. Il n’est donc pas question de

raser les immeubles existants : d’ailleurs cet aérodrome ne serait consacré qu’à des avions légers, civils, principalement

de tourisme. Les bandes d’envol n’en seraient que de 800 mètres et la construction de l’aérodrome n’entraînerait pas

l’arasement de multiples immeubles existants”.

A cela le Maire fait remarquer:

- que le projet tel qu’il lui avait été présenté n’avait aucune caractéristique d’un terrain civil pour avions légers et detourisme,

- que des mesures seraient prises pour empêcher le développement de la commune,

- que les dommages directs ou indirects causés aux habitants de la commune pourraient être évalués à plus de 100 millions de francs, que le projet serait un obstacle à l’aménagement et l’embellissement de la commune,

- que l’existence d’un aérodrome à proximité d’une agglomération constitue un danger permanent pour la population,

- que le terrain dit de Roubaix ne servira qu’à quelques privilégiés de la fortune pour le tourisme, et qu’il semble anormal de créer de nouveaux terrains d’aviation dans la région, alors qu’il existe de vastes installations à Marcq et à Lesquin.

- Que ces considérants sont suffisants pour que “vu l’exposé du Maire, le Conseil confirme la position qu’il a prise en ce qui concerne le projet d’aérodrome de Roubaix et lui donne mandat pour s’opposer par tous les moyens légaux à cette réalisation”.

Malgré cette opposition, il semble que l’Administration ne désarme pas, puisque au cours du Conseil Municipal du 12 avril 1946, le Maire annonce " qu'un ingénieur de la Direction du Génie de l’Air se rendrait prochainement sur place pour s’y livrer à une étude approfondie sur l’opportunité de la création de cet aérodrome".

Par ailleurs, un propriétaire ayant demandé de surélever son habitation s’en est vu refuser l’autorisation. Plusieurs cas identiques sont signalés. Il semble anormal qu’un service puisse à son pré entraver la construction dans notre région alors qu’aucune enquête n’a été faite.

Ce projet d’aérodrome lèse considérablement notre région et en particulier la commune de Lys-lez-Lannoy, et en

conséquence "le Conseil, vu l’exposé du Maire, maintient sa protestation du 20 août 1945".

Encore quelques velléités de la part de l’Administration qui veut absolument imposer "son" aérodrome, mais une résistance non moins vigoureuse de la Municipalité Lyssoise, dont il faut dire au passage que le coût de cette implantation aurait été à la charge des villes de Lys et de Roubaix, des réunions avec le Préfet, les Ponts et Chaussées, et un délégué des agriculteurs qui, eux aussi, protestaient énergiquement contre ce projet dont les villes de Lille et de Tourcoing ne voulaient pas non plus.

Finalement, heureusement, ce projet, il faut le dire, bien farfelu, fut enterré.

Cercle historique de Lys-lez-Lannoy

(source : registres des délibérations du Conseil Municipal).