Archives du Théâtre de la Commune d'Aubervilliers

Les archives du Théâtre de la Commune d'Aubervilliers

1966 - L'instruction - Oratorio en onze chants de Peter Weiss

Mise en scène de Gabriel Garran

Au théâtre de la Commune du 24 mars au 29 mai 1966

Chronologie :

19 août 1965, après 182 journées d’audience sont prononcés les jugements du procès de Francfort sur le camp d’Auschwitz.

Vingt ans ont passé depuis la libération.

Sans attendre la fin du procès, Peter Weiss met en chantier l’instruction qui sera présentée le 19octobre 1965 dans quatorze théâtres des deux Allemagnes.

Tout comme les auteurs du ‘ Vicaire” ou du “Dossier Oppenheimer “, Peter Weiss porte à la scène des problèmes contemporains en se fondant sur des documents historiques.

L’instruction est une œuvre composée exclusivement à partir des documents du procès de Francfort, mais c’est à la fois un procès verbal et une œuvre poétique, un oratorio.

Peter Weiss utilise une technique dramaturgique audacieuse inspirée de la “Divine Comédie” de Dante.

Dix-huit accusés: ils portent tous leur nom réel, ils sont confrontés avec neuf témoins anonymes. Les débats sont dirigés par trois magistrats sous le regard du public, à la fois juge et spectateur de ce théâtre réalité.

A travers onze chants, l’instruction va permettre d’évoquer tous les aspects du camp d’Auschwitz.

Le Chant de la Rampe décrit la sélection à l’arrivée des convois.

Le Chant du Camp présente l’organisation de la vie quotidienne.

Le Chant de la Balançoire relate des supplices individuels.

Le Chant de la Possibilité de Survivre présente l’adaptation et la résistance à la machiner

ie de la mort et donne à l’œuvre son sens profond.

Le Chant de la Fin de Liii Tofler évoque le destin d’un détenu.

Le Chant de L’Unterscharfuhrer décrit le destin d’un bourreau.

Le Chant du Mur Noir

Le Chant du Phénol

Le Chant des Cachots

Le Chant du Zyklon B

font apparaître les modes grandissants de l’extermination.

Le Chant des Crématoires termine ce trajet à travers le camp.

Cette instruction judiciaire vient d’être présentée en Angleterre et en Hollande.

Le Théâtre Cameri de Tel-Aviv, le Piccolo Teatro de Milan l’inscrivent à leur répertoire ainsi que les théâtres de Broadway, Stockholm où lngmar Bergman assurera la mise en scène.

1965 - Andorra de Max Frisch

Créé le 25 janvier 1965 au Théâtre de la Commune, reprise le 27 mars 1965 au Théâtre Antoine

Mise en scène : Gabriel Garran

Texte français : Armand Jacob - Décors : André Acquart - Musique : Joseph Kosma

Distribution : Jacques Alric - Marie-Christine Barrault - Françoise Bertin - Pierre Decazes - Gérard Desarthe - Jean-Pierre Dougnac - Jacques Ebner - André Lacombe - Denis Manuel - Pierre Meyrand - Claude Mercutio - Nathalie Nerval - Gaston Vacchia - Pierre Vielhescaze

En janvier 1965, Gabriel Garran présente dans son théâtre la création française d’ « Andorra », de Max Frisch, qui reçoit 11.000 spectateurs en 43 représentations, puis est reprise à Paris, au Théâtre Antoine, où 15.000 nouveaux spectateurs assistent à 45 autres représentations. C’est la première fois qu’un spectacle de banlieue est représenté autant de fois, et est repris dans un théâtre parisien. « Andorra » reçoit le Prix Inter-Spectacle.

Jacques Alric, Marie-Christine Barrault, Gabriel Garran, Denis Manuel, Françoise Bertin photo(c)Jacques Citles






« Qu’il s’agisse de l’image que l’Aryen se fait du Juif, le Blanc du noir, le Français de l’Algérien, le Suisse de l’ouvrier Italien…Toute image du prochain prive l’autre de sa liberté, en fait une victime : à la limite elle le tue.» Max Frisch

Gabriel Garran et Max Frisch photo (c)Jacques Citles

Revue de presse


LE NOUVEL OBSERVATEUR : «... Gabriel Garran et sa jeune équipe sont non seulement en train d’élaborer une nouvelle « pratique du théâtre, de constituer un nouveau public, mais encore de chercher un nouveau mode de représentation, de créer en France les conditions favorables à l’apparition d’une nouvelle dramaturgie. » Françoise Kourilski


COMBAT : « ... C’est une pièce intelligente, courageuse, vibrante. C’est une grande pièce. Je le répète, elle trouve en Gabriel Garran un metteur en scène lucide, accordé, précis. » Jean Paget


LE MONDE : « ... Comme les précédents, ce spectacle d’inauguration répond au souci, hérité du T.N.P. et de Planchon de « véhiculer des idées ». A cet égard, l’auteur suisse-allemand Max Frisch passe à juste titre pour un des dramaturges les plus proches de Brecht. » Bertrand Poirot-Delpech


L’HUMANITÉ : «... L’atmosphère y est, grâce aux interventions musicales de Joseph Kosma aussi bien qu’aux éléments visuels de André Acquart. Enfin, l’interprétation est en tous points adéquate à la volonté de démontrer… Jacques Alric (l’instituteur anticonformiste) la domine de toute son autorité. » Guy Leclerc


FIGARO LITTÉRAIRE : «... Une vraie pièce de théâtre, et qui signifie quelque chose... La distribution est d’une justesse de ton et d’un équilibre excellent. » Jacques Lemarchand


L’EXPRESS : « ... « Le Vicaire », « Le Dossier Oppenheimer », « Andorra, un théâtre de l’homme d’aujourd’hui dans le monde d’aujourd’hui et réfléchissant sur son temps. C’est le sens d’un avenir : «ANDORRA est dans le vent, au meilleur sens du terme. » Robert Kanters


FRANCE-SOIR : «... C’est une pièce importante. Sur le plan purement théâtral, elle montre ce que sait faire Gabriel Garran, animateur dont les qualités sont la précision et le flair des bons comédiens.» Jacqueline Cartier


PARISIEN LIBÉRÉ : «... Une troupe, un théâtre, une oeuvre. Le public suivra. Il suit déjà. » Georges Lerminier


L’Avant-Scène théâtre n°333

1965 - Mort d'un commis voyageur d’Arthur Miller

Créé le 3 mai 1965 au théâtre de la Commune

Adaptation : Éric Kahane - Décors : André Acquart - Musique : Jacques Loussier

Distribution : Claude Dauphin: Willy Loman - Héléna Bossis: Linda Loman - Gérard Blain: Biff Loman - Pierre Santini: Happy Loman - Pierre Vielhescaze: Bernard - Juliette Brac: La Femme - Marc Dudicourt: Charlie - Pierre Meyrand: Ben Loman - Francis Lax: Howard - Charlotte Muller: Jenny - Marcel Champel: Stanley - Florence Michel: Forsythe - Claudine Boris: Lotta

Résumé : « Mort d’un commis voyageur » est l’histoire d’un homme qui rêve sa vie au lieu de la vivre. Au soir de son existence, cet homme ouvre les yeux et ne se comprend plus. Tout le système de valeurs auquel il tenait, auquel il s’accrochait, s’écroule. Le drame naît du décalage entre ce rêve éveillé et la réalité sociale. C’est ce décalage, cette distance entre les illusions et le réel qui nous ont guidés dans le choix de cette œuvre.

Mise en scène : Gabriel Garran

Arthur Miller

Arthur Miller est né le 17 octobre 1915 à New-York, dans le quartier de Harlem, fils de petits commerçants israélites. Après des études sans gloire et un passage à l’Université du Michigan, il gagne sa vie tour à tour en écrivant des jeux radiophoniques, en travaillant comme commis et pendant la guerre comme monteur de chaudière au chantier naval de Brooklyn. Plus tard, il devient documentaliste dans les studios d’Hollywood. Parallèlement, il écrit articles de journaux et tentatives dramatiques : une demi-douzaine de pièces dont une seule, « L’Homme qui avait toutes les veines », est jouée à Broadway où elle ne reste que huit jours à l’affiche. Après la seconde guerre mondiale, à 1’exception d’un roman sur l’antisémitisme, « Focus » (1945), Miller se consacre tout entier au théâtre. « Ils étaient tous mes fils » (1947) obtient le prix du Cercle des Critiques.

En 1949, c’est la « Mort d’un commis voyageur », prix Pulitzer, jugée diversement quant à son orientation politique et sociale, mais considérée unanimement comme sa pièce la plus importante (elle est mise en scène par Elia Kazan). En 1950, adaptation de « L ‘Ennemi du peuple » d’Ibsen. A l’époque du maccarthysme dont il sera l’une des victimes et après avoir refusé de répondre à la « Commission d’enquête sur les activités anti-américaines », Miller écrit « Les Sorcières de Salem » (1953). Deux ans plus tard, « Vu du pont » et « Je me souviens de deux lundis » sont créés simultanément à New-York en 1961, Miller signe le scénario des « Misfits », tourné par John Huston avec Clark Gable et Marilyn Monroe qu’il a épousée en 1956. Enfin, après un long silence, il revient au théâtre en 1964 avec, successivement, « Après la chute » et « Incident a Vichy » (cette dernière pièce, inédite en France est inspirée par le procès d’Auschwitz auquel Miller, concerné depuis toujours par le racisme, a assisté comme observateur). Arthur Miller habite une ancienne ferme du Connecticut avec sa troisième femme, la photographe Inge Morath, et leur fille Rebecca.

Chronologie :

1940 : Arthur Miller se maria pour la première fois. Il écrivit pour la radio des scénarios dramatiques : « Le chat et l’expert-plombier », « Grand-père et la statue », « La confession de William Irlande ».

1944 : Il commença à être connu et composa un scénario de cinéma intitulé : « L’histoire du G.I. Joe », puis coup sur coup il présenta deux œuvres théâtrales « Situation normale » et « L’homme qui avait toutes les veines ». Cette dernière pièce, jouée à Broadway, ne connut que quatre représentations : un échec retentissant.

1945 : A la fin de la guerre, son roman « Focus » qui traite de l’antisémitisme, remporta un certain succès et fut édité à 90.000 exemplaires.

1947 : « Ils étaient tous mes fils » remporta le Prix des Critiques devant un autre écrivain... Eugène O’Neill : 328 représentations.

1949 : Arthur Miller reçut le Prix Pulitzer pour « Mort d’un Commis Voyageur ». Cette œuvre fut mise en scène par Elia Kazan : 752 représentations.

1950 : Il publia une adaptation de « L’ennemi du peuple » d’lbsen.

1953 : Il publia « Les sorcières de Salem », et quelques années plus tard, à I ‘apogée du maccarthysme, il refusa de se prés enter à la Commission d’enquêtes sur les activités anti-américaines.

1955 : Deux pièces : « Je me souviens de deux lundis » et « Vue du pont »

1956 : Il se maria avec Marilyn Monroe pour laquelle il écrivit le scénario des « Misfits ». Il divorça quatre années plus tard, pour épouser en 1962 la photographe Inge Morath.

1964 : Il revint au théâtre avec « Après la chute », puis « Incident à Vichy ».

J.Brac, H.Bossis, G.Garran photo(c)Jacques Citles

Réflexions pour une mise en scène

Mort d’un commis voyageur est l’histoire d’un homme qui rêve sa vie au lieu de la vivre. Au soir de son existence, cet homme ouvre les yeux et ne se comprend plus. Tout le système de valeurs auquel il tenait, auquel il s’accrochait, s’écroule. Le drame naît du décalage entre ce rêve éveillé et la réalité sociale. C’est ce décalage, cette distance entre les illusions et le réel qui nous ont guidés dans le choix de cette œuvre. Nous n’avons pas à avoir de sympathie particulière pour le personnage principal. Ce n’est pas un héros, il n’a pas d’idéal, d’objectifs. Il ne lutte pas pour une vérité, une éthique. C’est l’anti-héros, l’homme quotidien, c’est en cela qu’il nous intéresse, nous touche, nous passionne. Dans la mesure où l’homme est le résultat des autres hommes, le fruit d’une certaine société, d’un environnement, Willy Loman (commis voyageur), est le reflet de son milieu, de son époque, il devient typique. Pour cela, nous avons voulu d’abord qu’il soit question de l’homme et non du « cas Willy Loman ».

Nous ne saurons jamais ce que contient sa valise, mais ce que nous ne pouvons ignorer, c’est le constat brutal de l’impasse où il se trouve : Willy Loman est un salarié. Ce qu’il gagne est directement lié à sa productivité. Il a soixante ans. Il n’est plus dans la course. Il gagne peu. Ne répondant plus aux normes exigées par son employeur, il est renvoyé. il cesse d’être salarié, il est acculé à une situation matérielle sans issue... La mort du commis voyageur est le sujet de chaque montent de l’action. Cette action se déroule, suivant la règle classique de l’unité de temps, dans les vingt-quatre dernières heures d’un homme qui va mourir. Willy Loman ne le sait pas encore. Mais nous, le public, savons que nous allons assister à sine mise à mort. Ce conflit, poussé jusqu’à l’exacerbation, de Willy et des siens, l’auteur avait voulu lui donner un autre titre : « L’intérieur de sa tête ». Ces vingt-quatre heures durent en fait quinze à vingt ans.

Willy Loman ou le « Candide américain ». Comment faire naître chez le spectateur un regard objectif sur les réactions subjectives des personnages? Refusant les pièges du naturalisme à thèse et du pathétique, c’est à l’étude des contrastes que nous nous sommes attachés. Dans une forme de civilisation dominée par la loi du profit et où seul le succès vous justifie, nous avons voulu montrer le commis voyageur comme un crédule, incorrigible optimiste, naïf et confiant, un optimiste militant, dont le credo de l’Américain moyen revient constamment. En fait nous assistons à la tragédie d’un optimiste! D’où le parti pris d’une mise en Scène euphorique en rose et noir. Un des tout premiers dans l’histoire su théâtre, Arthur Miller fait exploser la notion du temps. Réalité interprétée ou fantasme interpénétration du réel et du rêve — il ne s’agit pas de retour en arrière, mais de suppression de la frontière mentale entre le passé et le présent, de la coexistence de chronologies qui s’entrechoquent dans l’esprit de Willy Loman, de parallèles mouvantes qui se rencontrent parfois. S’il fallait définir le style de la réalisation, je ne trouve valable qu’une définition « réalisme onirique ».

Nous avons voulu donner à la représentation une fluidité toute cinématographique. La pièce est découpée en séquences, le temps coule, les panneaux pivotent, les meubles glissent. Dans la mesure où Miller nous apparaît ici comme un tragique de la réalité moderne, il nous a semblé que la Mort d’un commis voyageur s’inscrivait parfaitement dans notre désir de présenter des thèmes profondément enracinés dans notre univers contemporain. La nouvelle forme d’asservissement que représente le crédit, la mise en condition des foules par la publicité, la soumission aux mythes du confort, autant d’idées qui ne peuvent que rencontrer une large résonance devant ce public neuf, pour l’essentiel populaire, du « Théâtre de la Commune d’Aubervilliers ».

Gabriel Garran

C. Dauphin, H. Bossis - photos(c)Jacques Citles

P. Santini, C. Dauphin, G. Blain - photo(c)Nicolas Treatt

Chronique d’une réalisation théâtrale

Cette histoire a commencé voici déjà longtemps... 3 ans, je pense - époque à laquelle Gabriel Garran lut la pièce d’Arthur Miller, « MORT D’UN COMMIS VOYAGEUR », et eut envie de la monter. Mais, comme c’est le cas bien souvent pour les réalisateurs, un désir met plusieurs années avant de se voir concrétisé Il a fallu l’achèvement du théâtre, la subvention municipale, et puis il fallu mettre en branle cette énorme entreprise qu’est la réalisation d’un spectacle. Nous en sommes arrivés à l’instant où tous les éléments du spectacle convergent vers ce même point, brillant dangereusement dans l’avenir: LA PREMIÈRE.

C’est l’heure où la technique entre en jeu : régie des décors et des accessoires, lumières et son, doivent se mêler intimement à la mise en scène et aux jeux des acteurs. C’est la « mise en pratique » ... la « création théâtrale » est faite de beaucoup d’idées, mais elle est surtout la rencontre de matières multiples - la difficulté étant d’effectuer harmonieusement cette rencontre.

MORT D’UN COMMIS VOYAGEUR... Aujourd’hui 21 avril 1965, il m’est impossible de dire quelle apparence exacte aura cette pièce. Ce qu’elle signifiait pour nous voici plusieurs années ou mois, a disparu peu à peu sous le travail quotidien, qui te son visage initial et idéal à un texte, pour le lui rendre projeté, interprété et « représenté » le jour de la première.

Claudine Boris

«Une journée de travail au théâtre de la commune d’Aubervilliers»

Source : Revue du 5ème Festival d’Aubervilliers

Revue de presse

LE NOUVEL OBSERVATEUR

« Allez à Aubervilliers ! » - « L’œuvre n’est pas inférieure à l’ambition qui l’a fait naître. Willy Loman mérite une place aux côtés des héros de notre temps, et on l’oubliera d’autant moins qu’on l’associera au visage de Claude Dauphin. Rome n’est plus dans Rome, cela commence à se savoir.» Robert Abirached


LE FIGARO

« Gabriel Garran et les comédiens du Théâtre de la Commune nous donnent là une des soirées les lus marquantes de la saison. Et la marque est au cœur. » Pierre Marcabru


COMBAT

« Un nouveau coup de maître de Gabriel Garran » Jean Page


LE MONDE

« Encore une grande réussite de la banlieue ! 1965 aura été une année charnière. » Gilles Sandier


LA CROIX

« Encore La pièce est donc neuve, d’hier, d’aujourd’hui, de demain... » Henri Rabine


PARIS-MATCH

« Claude Dauphin, admirable de vérité et d’émotion. Cette pièce vient de remporter le prix des Associations de spectateurs. »


LE FIGARO

« Jamais représentation de Mort d’un commis-voyageur, d’Arthur Miller, ne m’a parue plus réussie, plus dense, plus prenante et plus émouvante. » Jean-Jacques Gautier


INFORMATIONS & DOCUMENTS

« Tandis que la clientèle des boulevards boudait les confidences de (…), le même public populaire faisait un véritable triomphe à Mort d’un commis voyageur, d’Arthur Miller. Claude dauphin et la troupe d’Aubervilliers, animée par G. Garran, ont puissamment aidé à faire apprécier ce théâtre où se mêlent étroitement, comme dans la vie, la psychanalyse intimiste et la réalité sociale. Le théâtre français de 1965 ne pouvait mieux faire, en effet, que de découvrir l’Amérique. »