Gary-Jouvet

GARY - JOUVET 45-51

D’après la correspondance Jouvet-Gary et Tulipe ou la Protestation de Romain Gary

Conception et mise en scène Gabriel Garran

Collaboration artistique Myriam Lothammer

Avec Audrey Bonnet, Guillaume Durieux, Jean-Paul Farré, Jean-Pierre Léonardini, Sava Lolov et Pierre Vial Sociétaire honoraire de la Comédie-Française


Le jour se lève à l’ouest dans un grenier sordide mué en radeau. Un personnage au nom fleuri et maquisard y est hébergé par un noir improbable : Oncle Nat, et sa fille Léni. Cet émigré porte en lui les stigmates de Bergen-Belsen.

Nous sommes à Harlem au sortir de la Seconde Guerre mondiale, matrice de notre époque contemporaine avec les deux sommets barbares, Auschwitz et Hiroshima, qui conditionnent encore nos réflexes. Tapi dans son trou, Tulipe, paladin dérisoire, lance au monde son défi:

« Ce sont toujours les vaincus qui sont libérés, pas les vainqueurs ». Imprécateur burlesque, idéaliste charlatan, apatride dépressif et insoumis croisant le fer avec les signes avant-coureurs de la macroéconomie. Tulipe apparaît comme un personnage fondateur de l’univers de Gary. L’auteur et sa singularité corrosive, souvent en recherche de son clone-clown lyrique, intériorise l’état du monde, il a mal à l’homme et envoie son manuscrit - par ailleurs dédié à Kafka - à l’autorité la plus reconnue, la plus experte du théâtre français.

Ce que l’histoire ne sait pas, c’est le rôle qu’aura ainsi joué Louis Jouvet dans la tentative du jeune Romain Gary d’accéder au statut d’auteur dramatique reconnu. Dans ce désir naît une correspondance de six années, rendue publique par les Cahiers de L’Herne et Gisèle Sarfati.

Soixante ans après, je remets en comparution cette chronique culturelle méconnue de deux soifs d’absolu, la relation ambiguè auteur/metteur en scène, et sa mise en miroir avec le kaléidoscope d’une œuvre qui n’aura jamais vu le jour.

C’est un pan de notre Histoire sous la plume de l’anar mondialiste qu’était déjà le jeune Romain Gary et son double, Tulipe, baladé entre Bergen-Belsen et Harlem.

Et le bonheur de se retrouver au Théâtre de la Commune d’Aubervilliers.

Gabriel Garran


Extraits :

- Gary à Jouvet, le 12 mai 1950 : Je viens de relire ma pièce avant de vous l'envoyer. Je peux vous dire que cette fois, ça y est. Je ne sais si vous la jouerez, mais je sais maintenant que mon nom demeurera. […]Bref, à bientôt et que la patience me vienne en secours d’ici là.


- Jouvet à Gary, le 5 juin 1950, télégramme : Merci STOP Pièce admirable mais à mon sens inachevée STOP Besoin de vous parler et de vous voir STOP


Scénographie Marc Lainé assisté de Stéphan Zimmerli • lumières André Diot • costumes Emmanuel Peduzzi • son et musique originale Romain Kronenberg • costumes Emmanuel Peduzzi • créations vocales David Colosio - Les Cris de Paris • enregistrement et mixage Pierre Brien • effets visuels Alpha • maquillage/coiffure Véronique Nguyen • assistante à la réalisation Mahaut Rabattu

La version scénique de Gabriel Garran de Tulipe ou la Protestation a été publiée aux éditions Gallimard, 2007 - Production Le Parloir Contemporain, Théâtre Vidy-Lausanne (Suisse), Théâtre de la Commune- Centre dramatique national d’Aubervilliers producteur délégué de la reprise - remerciements particuliers à Gisèle Sarfati pour la découverte et la publication de la correspondance de Jouvet-Gary dans les Cahiers de L'Herne consacrés à Romain Gary - avec le soutien de la Fondation Pierre Bergé - Yves Saint Laurent et la Fondation La Poste - remerciements à Philippe Delettrez pour sa précieuse aide et à Didier Jos Hôtel Beaumarchais. Le spectacle a été créé au Théâtre Vidy-Lausanne, Suisse en février 2007

Théâtre Vidy-Lausanne - Suisse - février 2007 - Jennifer Dekker et Pierre Vial - photos Mario Del Curto