La Pologne face à la Russie

Comprendre la position polonaise dans le Conflit Ukraine- Russie

 



 

Les relations entre la Pologne et la Russie n'ont jamais été simples malgré une appartenance commune au monde culturel slave.

 

La haine entre ces deux pays est une constante. Ceci explique la position actuelle de la Pologne dans le conflit actuel entre l'Ukraine et la Russie.

 

Petit rappel historique :

 

Guerre polono-russe (1605-1618)

 

Lors de la guerre polono-russe, les forces polonaises s'emparent de Moscou. 

 

Guerre russo-polonaise (1654-1667)

 

 La Russie Tsariste prend l'ascendant sur la république des deux Nations ( Pologne - Lituanie), s'empare des territoires disputés antérieurement et, à la suite de la Guerre russo-polonaise (1654-1667), étend son territoire vers l'Ouest.  Au début du 18e siècle, l'anarchie croissante au sein de la république des deux Nations ( Pologne-Lituanie)  permet à Moscou de renforcer son influence dans les affaires intérieures polonaises. Au milieu du 18e siècle, la république des deux Nations est perçue par les Russes comme un protectorat de la Russie.

Partages de la Pologne

Le premier partage de la Pologne entre la Prusse, la Russie et l’Empire Autrichien intervient en 1772. Trois partages successifs de la Pologne mènent de facto à la disparition du pays en 1795.

 

La Pologne est présentée par la Russie comme un pays dangereux, en proie à l'anarchie : ses idées catholiques et démocratiques sont perçues comme vectrices d'instabilité. La Pologne doit donc être mise sous tutelle de ses voisins, jugés plus stables. La classe dirigeante polonaise émigre à l'étranger, en majorité en France.

 

Pendant les 123 années suivantes, une grande partie des anciens territoires polonais est occupée par la Russie et  leurs habitants deviennent sujets de l'Empire russe. Plusieurs soulèvements ont lieu, dont l'insurrection de Novembre (1830) – insurrection qui nous arrange bien car elle détourne l'attention des grandes Puissances de notre révolution belge et paralyse toute intervention contre le jeune Royaume belge qui se cherche un Roi.

 

L'insurrection de Janvier 1863 (1861-1864), tente de reconquérir l'indépendance polonaise et de contrer la russification du pays.par Moscou qui cherche à effacer toute trace de langue et culture polonaises. Le dépeçage de la Pologne entre la Prusse, la Russie et l'Autriche amène le peuple polonais à être soumis à ces 3 États. Les Polonais se souviennent des Russes comme des occupants particulièrement  brutaux.

 

La Pologne ne recouvre son indépendance qu'après la Première Guerre mondiale.

La deuxième république de Pologne et l'Union soviétique

Dès le recouvrement de son indépendance en 1918, la seconde république de Pologne doit faire face à la nouvelle Russie bolchevique.

 

La guerre soviéto-polonaise, ou guerre russo-polonaise, a eu lieu de février 1919 à mars 1921 et est l'une des conséquences de la Première Guerre mondiale. Les frontières entre les deux États naissants, la Russie soviétique et la Deuxième République polonaise n'ont pas été clairement définies par le traité de Versailles. Cette lutte armée avait un double enjeu politique et territorial. En effet, la Russie soviétique voulait instaurer une Pologne communiste et ainsi faire sa jonction avec la Hongrie soviétique et les révolutionnaires allemands. Par ailleurs, il y avait un désir des Polonais de récupérer des territoires perdus lors des partages de la Pologne à la fin du 18e siècle, et du côté des Soviétiques, une volonté de récupérer ceux que possédait l'Empire tsariste russe.

 

La guerre soviéto-polonaise se conclut par une victoire de la Pologne mais les deux États revendiquent la victoire dans ce conflit.  Le traité de 1921 se traduit néanmoins pour la Pologne par des concessions territoriales au regard de la situation frontalière en avril 1920.

 

Entre les deux guerres mondiales, la Pologne est perçue par l'Union soviétique comme une ennemie.

 

 

Invasion soviétique de la Pologne

 

En 1939, le pacte germano-soviétique permet aux Nazis et à l'Union soviétique d'envahir la Pologne et la diviser en faisant disparaître la frontière entre la Pologne et l'URSS. Les années qui suivent sont marquées par une répression brutale et sanglante de l'URSS envers les citoyens polonais.  Les Polonais, déportés dans les années 1940-1941 des terres polonaises occupées par les Soviétiques au Kazakhstan et en Sibérie, intègrent une armée qui s'y forme à partir de 1941, après l’invasion allemande contre l’URSS. On estime à 240 000 soldats polonais capturés par l'URSS. Inutile de revenir sur les conditions désastreuses de ces prisonniers de guerre, réduits aux mêmes conditions que celles de leurs camarades en Allemagne. 

 

 

 

 

Le 2e corps polonais (également baptisée l’armée Anders ou Armée polonaise de l'Ouest) est unité militaire polonaise de la Seconde Guerre mondiale formée par le général Władysław Anders pour appuyer les Alliés dans leur lutte contre le nazisme. À l'été 1941, à la suite du changement d'alliance de l'Union soviétique qui vient d'être attaquée par son allié allemand, le corps polonais est initialement constitué en 1941-1942 en URSS à partir des prisonniers de guerre polonais faits par les Soviétiques (lors de leur attaque conjointe avec les nazis sur la Pologne en septembre 1939). Il est normalement prévu que l'armée Anders combatte les nazis aux côtés des Soviétiques, mais devant les résistances chez ses hommes qui ont été mal traités par les russes pendant leur internement  et le peu de coopération soviétique, Anders perd sa confiance en Staline et demande l'évacuation de son corps polonais pour rejoindre l'armée britannique. Il obtient difficilement cette autorisation et parvient à transférer son armée en prenant la direction de l'Iran puis du Moyen-Orient. Il fait alors la jonction avec la 8e armée britannique

   

Massacre de Katyń

 

Ce massacre est bien connu. D'autres massacres ont eu lieu ! On en parle pourtant jamais.

En Ukraine, 3 435 détenus (connus nominativement depuis la publication d'archives en 1994) de diverses prisons de Pologne occupée, dont des ex-militaires, sont pour l'essentiel transférés et exécutés à Kiev et ensevelis dans les fosses communes de Bykovnia. Plus de trois mille corps d'officiers polonais seront exhumés dans cet immense charnier soviétique (ouvert en 1937 pour faire disparaître les dizaines de milliers de victimes des Grandes Purges staliniennes en Ukraine).

 Comme à Katyń, les Soviétiques attribueront à l'Allemagne ces fosses découvertes lors de l'offensive allemande Barbarossa. Tous les cadavres portent la marque d'une ou plusieurs balles dans la tête. Les agendas et autres documents retrouvés permettent de confirmer la seule responsabilité soviétique dans le massacre.

D'autres détenus de ce groupe sont exécutés à Kherson. Le massacre des officiers et de l'intelligentsia polonaise perpétré par le NKVD à la suite de l'Invasion soviétique de la Pologne (1939) se déroule en partie à Kherson. Leur lieu d'ensevelissement demeure inconnu. Il est possible que certains détenus de ce groupe aient été tués à Katyń.

Insurrection de Varsovie

En 1944, l'Armia Krajowa organise une insurrection dans la capitale, Varsovie, pour se coordonner avec l'Armée rouge, qui se rapproche. Sur ordre de Staline, l’Armée rouge s'arrête aux limites de la ville et n'intervient pas dans les combats, ceci dans le but de laisser écraser le mouvement de résistance nationale polonaise et placer ses propres hommes. En outre, l'URSS n'autorise pas les Alliés à utiliser les aéroports environnants pour larguer du matériel. Cela permit aux forces allemandes de briser la résistance et d'anéantir la ville, causant la mort de nombreux civils, avec une estimation allant de 150 000 à 200 000 civils. Les circonstances tragiques entourant la libération de Varsovie renforceront les tensions entre Russes et Polonais.

À la conférence de Yalta en 1945, Staline présente aux Alliés l'occupation de la Pologne par l’Union Soviétique comme un fait accompli. Les Alliés abandonnent la Pologne.

Les forces militaires soviétiques occupent le pays, l'administration est sous contrôle des agents soviétiques. L'URSS absorbe les territoires occupés entre 1939 et 1941. Staline est déterminé à faire de la Pologne un État fantoche contrôlé par les soviétiques. Les liens avec le gouvernement polonais en exil ont été rompus en 1943, mais pour donner des garanties à Roosevelt et Churchill, le chef de l'URSS accepte qu'un gouvernement de coalition soit formé.

De nombreux Polonais de la Résistance sont tués ou déportés en Union soviétique. En 1946, Staline refuse la tenue d'élections libres. Notons que l'Occident reconnaît le gouvernement communiste mis en place par les Soviétiques en lieu et place du gouvernement légal établi à Londres en 1940.

 

Le gouvernement polonais en exil, officiellement nommé « gouvernement de la république de Pologne en exil », est une  instance politique légale polonaise qui, avec le président de la république de Pologne, après la campagne de 1939, sest établi d'abord à Angers en France, puis, après la défaite de la France en juin 1940, à Londres au Royaume-Uni, pour continuer, au nom du peuple polonais, la lutte contre l'agresseur. En vertu de la Constitution polonaise d'avril 1935, les autorités polonaises en exil se sont légalement perpétuées jusqu'au 22 décembre 1990, date à laquelle le dernier président de la République en exil, Ryszard Kaczorowski, prononce leur dissolution et transmet ses pouvoirs en même temps que les insignes présidentiels de la Deuxième République de Pologne à Lech Wałęsa, premier dirigeant issu d'élections libres et démocratiques depuis la guerre.

Les relations entre la Pologne et la fédération de Russie débutent en 1989 avec le mouvement syndical Solidarité et l'accord de la table ronde. Les élections de 1989 amènent  la formation d'un nouveau gouvernement. La Pologne retrouve la totalité de sa souveraineté quand l'URSS se divise en quinze entités indépendantes, dont la fédération de Russie.

Les adhésions de la Pologne à l'OTAN en 1999, et à l'Union européenne en 2004 sont perçues comme des manœuvres pour s'extraire de la sphère d'influence russe.

 

Crash de l'avion présidentiel polonais (2010)

Le crash de l'avion présidentiel polonais se rendant à Katyn en 2010 et la mort de ses passagers, ont été une mise à l'épreuve des relations polono-russes.

 

Et aujourd'hui ?

Le gouvernement polonais soutenu par une grande majorité de la population est anti russe.

Invasion de l'Ukraine par la Russie (2022)

Placée en première ligne dès les premiers jours de l'invasion de l'Ukraine par la Russie en 2022, la Pologne se met en État d'alerte le 24 février 2022, date de l'invasion par les forces russes du territoire ukrainien. Le président polonais, Andrzej Duda déclare alors : «Il s’agit d’un acte d’agression sans précédent, une autre violation du droit international par la Russie.» indiquant : «Je tiens à vous assurer que nous sommes aux côtés de l’Ukraine en tant que ses voisins, au nom de l’Otan, et en tant que membre de l’UE. Nous espérons que l’agression russe sera stoppée, que les autorités russes réfléchiront au fait qu’elle n’est pas dans l’intérêt de la Russie». Il déclare enfin : «J’appelle les citoyens russes à ne pas soutenir leurs autorités dans cette action. J’appelle à arrêter les hostilités, à laisser l’Ukraine tranquille, et je vous assure qu’en tant que membre de la communauté internationale, je ferai de mon mieux pour arrêter ce qui se passe en Ukraine dès que possible»

 

Conclusion

La position polonaise dans le conflit actuel est compréhensible et logique.

Pierre Uhlig

mars 2023   

affiche invitant les Polonais à rejoindre les armées occidentales en 1914 pour combattre l'axe Germano autrichien

Non aux agresseurs fascistes