Historique de la 1 Dywizja Pancerna

Dès 1940, le gouvernement polonais en exil dirigé par Sikorski veut mettre en place des unités nationales qui combattront à l'Ouest sous commandement opérationnel britannique. C'est le cas de la 1re division polonaise, formée de Polonais de Pologne mais aussi d'autres venus de la diaspora des États-Unis, du Canada, d'Argentine, du Brésil, d'Australie, de Belgique et bien sûr de France.

Le 1er Corps d'armée polonais fut organisé et entraîné en Écosse à partir de juillet 1940. Ses effectifs provenaient des soldats rescapés échappés de France et de Pologne, de volontaires polonais venus d'Amérique et même quelques soldats polonais provenant de Belgique – ils portaient un écusson spécifique avec un drapeau belge - et de forces regroupés au Moyen Orient par le général Anders. L'objectif était de défendre les côtes écossaises dans l'éventualité d'une invasion allemande déclenchée à partir de la Norvège. En 1944, l'ordre de bataille des Forces polonaises de l'Ouest était la 1re Division blindée, la 4ème Division d'infanterie, la 1re Brigade parachutiste et la 16ème Brigade blindée ; soit quelque 50.000 hommes.

Maczek scinde alors sa division en trois groupes de combat :

    1. Le groupement Stefanewicz (1er RB, 9e et 10e chasseurs) qui doit se porter sur le mont Ormel (nom de code « Maczuga » ce qui signifie massue), point culminant de la région permettant de tenir les colonnes allemandes sous le feu.

    2. Le groupement Koszutski (8e chasseurs, 2e RB) pour le secteur de Coudehard.

    3. Le groupement Zgorzelski (10e dragons, 10e chasseurs à cheval et 24e lanciers) en direction de Chambois.

Le 4 août 1944, la 1re Division blindée du général S. Maczek, intégrée dans la 1ere Armée canadienne, débarque en Normandie dans le secteur de Juno Beach pour participer à la Campagne de France. Cette unité était forte de 16.000 hommes, 480 chars, 473 canons et 4.000 véhicules.

Le 8 août, la division traverse Caen et se trouve arrêtée sur la Dives, subissant des pertes sévères.

Le 15 août, appuyés par de puissantes attaques aériennes, les dragons de la division prennent position sur la Dives, élargissent la percée, disloquant la défense nazie, Ils prennent Morteaux-Couliboeuf. La bataille fait rage autour de Falaise. Très en pointe, la division fonce sur Chambois où le commandant Zgorzelski réalise la jonction avec des éléments de la 2eme D.B. française venue d'Alençon. Une bataille de trois jours débute car les Allemands de la 7eme Armée s'acharnent à faire sauter le verrou du couloir dans lequel ils s'entassent. Ce verrou baptisé ''Maczuga'' (La massue), est tenu par la division du général Maczek. Des combats acharnés sont livrés à la cote 262 où les Polonais sont assiégés par les assauts se succédant de tous les côtés. Héroïques et pugnaces, ils écrasent les troupes nazies, défont un corps d'armée dont ils capturent le général.

Les 20 et 21, des unités blindées de S.S. les attaquent à outrance; les Polonais se battent avec l'énergie du désespoir et sont sauvés par l'assistance des Canadiens de la 4ème D.B. Dans cette bataille, la 1re D.B polonaise a perdu 2.500 hommes tués ou blessés. Elle a fait 5.700 prisonniers, détruit 70 chars et 600 véhicules.

Ensuite la division entame sa poursuite vers Criqueboeuf et traverse la Seine le 31 août sur un pont jeté par ses sapeurs du Génie. Le 3 septembre la division libère Abbeville et puis Saint Omer. En neuf jours, au prix de 494 morts, l'unité a parcouru 400 km, capturant encore 5.000 soldats allemands. Elle reçoit les semaines suivantes des renforts issus de 10.000 volontaires polonais des bassins miniers du Nord de la France.

La division poursuit son avancée victorieuse en Belgique, participant à la libération de Gand. Elle progresse jusqu'en Hollande en libérant Breda, et est mise au repos durant l'hiver en tenant la rivière Maas.

Durant l'hiver 1944-1945, elle est faiblement engagée face à la contre-offensive allemande des Ardennes. C'est lors d'un accrochage que meurt le prince Marie-André Poniatowski, descendant du maréchal de Napoléon.

Elle obtient en 1945 la reddition de Wilhelmshaven sur la frontière allemande.

Les scandaleux accords de Potsdam ont stipulé que la Pologne serait placée dans la zone soviétique avec un gouvernement d'unité nationale. Mais rapidement les communistes -fidèles à leur tradition - prennent le pouvoir. Les Polonais ayant combattu à l'Ouest sont déchus de leur nationalité.

Scandale des scandales ou une couardise de plus des occidentaux : la division blindée polonaise n'est pas invitée à participer au défilé allié de la Victoire le 8 juin 1946 à Londres. Churchill, qui dans ses mémoires parle avec mépris des polonais, a pris la décision de capituler devant Staline, le frère de sang d'Adolf Hitler. La France ne montrera aucune reconnaissance à la Pologne abandonnée aux griffes soviétiques.

On sait maintenant qu'un nombre important de soldats de la 1re division blindée ont pu retourner en Pologne. Le reste, la grande majorité, choisit l'exil dans plusieurs pays d'Occident. Beaucoup ont connu une difficile réinsertion, à l'image du général Stanislaw Maczek qui, mis prématurément à la retraite, termina sa vie active comme vendeur de journaux et comme barman à Édimbourg. Il est à noter que les autorités britanniques lui avaient offert un poste à la mesure de ses compétences.

Les soldats de la division tombés au combat reposent désormais dans le cimetière de Grainville-Langannerie, dans le Calvados entre Caen et Falaise et au cimetière polonais de Breda.

Aujourd'hui, la 1re division blindée est devenue une unité de référence aux sein des nouvelles forces armées polonaises. La 11 Dywizja Kawalerii Pancernej a repris la tradition .... béret, insigne ....

Organisation et équipement de la Division :

Détail :

    • Commandant : général Stanislaw Maczek

        • 10e régiment de chasseurs à cheval ; reconnaissance blindée (lieutenant-colonel Maciejewski)

    • 10e brigade de cavalerie (colonel Majewski)

        • 1er régiment blindé (lieutenant-colonel A. Stefanewicz)

        • 2e régiment blindé

        • 24e régiment de lanciers

        • 10e régiment de dragons (major W. Zgorzelski)

    • 3e brigade d'infanterie (colonel Wladyslawec)

        • 8e bataillon de chasseurs à pied « chemises sanglantes »

        • 9e bataillon de chasseurs à pied « chasseurs des Flandres »

        • 1er bataillon de chasseurs de Podhale (bataillon vétéran de Narvik)

        • Escadron Indépendant de Mitrailleuses lourdes (CKM szwadron Ciężkich Karabinów Maszynowych)

    • artillerie divisionnaire (colonel Noël)

        • 1er régiment d'artillerie

        • 2e régiment d'artillerie

        • 1er régiment d'artillerie antichar

        • 1er régiment d'artillerie antiaérien

La division reçoit du matériel et de l'équipement britannique (armes individuelles, artillerie et mortiers, Bren Carriers, Scout Cars, chars Cromwell attribués au régiment de reconnaissance, Sherman Firefly) et américains (chars Sherman M4, Half-tracks). Les tenues sont d'origine britannique comme les battle-dress et casque. Les soldats reçoivent des décorations polonaises de leur gouvernement légitime mais aussi des décorations anglaises, françaises et belges.

Témoignage :

témoignage de M. Bardzinski

Je suis né en 1918, à Jaksice, un petit village près de Bydgoszcz (dans la région de Poznan). J'ai 5 frères et sœurs : Bruno, Stacia, Klemens, Teresa et Marisz.

Juste avant la guerre, j'ai commencé des études polytechniques à Inowroclaw. En 1938, j'ai rejoint l'armée polonaises conscient que la politique d'Hitler nous mènerait à la guerre (politique d'annexion des Sudètes et de la Tchécoslovaquie). En 1939, la Pologne est envahie en quelques semaines, et je décide de fuir vers le sud du pays, j'atteins ainsi la Roumanie. Aux alentours de Braszow, je suis fait prisonnier et je tente de m'évader. Par deux fois je suis repris, la troisième tentative est la bonne ! Je traverse la Yougoslavie, l'Italie et j'arrive en France le 10 mai 1940, date funeste puisque c'est le jour où les Allemands lance leur offensive vers l'Ouest. Je rejoins néanmoins l'armée polonaise libre en France mais à son tour, la France est envahie. Je réussis à prendre place dans le bateau "Batory" pour l'Angleterre.

Je rejoins les forces polonaises libres cette fois-ci sur le sol britannique, dans les forces blindées. J'intègre le 1er Régiment Blindé dans la 1ère DB polonaise, sous le commandement du général Maczek.

Après quatre longues années de formation et d'entraînement intensifs, je débarque avec mon régiment le 30 juillet 1944 à Arromanches.

La première action a commencé quand nous avons quitté Caen. Pour l'opération, nous étions passés sous la commandement du 2ème Régiment Blindé. Environ 25 chars (la moitié du régiment) ont été détruits.

Le 9 août, le 1er Régiment Blindé s’est mis en action. Je faisais alors partie du 1er Régiment Blindé, 1ère compagnie, 2ème peloton.

Nous avons très bien avancé, pendant toute la journée, mais le soir nous sommes entrés en contact avec l’ennemi.

L’ennemi se terrait, on ne pouvait voir personne.

Mon char a pris alors un tir au but, à 20 cm de la tête du chauffeur. L'obus est entré par le flanc, a traversé le char et est ressorti ! Il a détruit le périscope, et du coup je ne pouvais plus rien voir, et j'ai dû ouvrir la porte en haut pour conduire. A ce moment-là, une balle m'a blessé à la tête. Le radio-opérateur, qui était à mes côtés, à son tour était blessé au bras. La balle restait fixée au canon !

Le radio-opérateur m'a aussitôt dit de me diriger vers un bois tout proche, pour s'y mettre à couvert, mais il ne voyait rien et disait de pas attendre le troisième impact sur notre équipage. Nous cinq avons sauté dehors. C’était un super saut ! Quand on est debout dans le char, juste la tête est dehors. Il fallait vite s'extraire. Nous sommes tous directement tombés sur la terre.

Le char, normalement conduit par moi-même, se retrouve sans chauffeur et s'arrête quelques mètres plus loin.

C’était au mois d’août donc le blé et l’herbe étaient très grands. Les soldats savaient que l’ennemi était caché partout, et qu’ils pouvaient nous voir très bien. Les balles venaient de tous les coins. Nous avons pris nos revolvers et avons rampé pour nous mettre à l'abri.

Pendant ce combat, 8 chars ont été totalement brûlés, et 15 soldats sont morts. Entre-temps, l’ennemi avait décroché et on a arrêté le combat. Je suis retourné vers les autres. Mon chef de char, blessé également, devait être remplacé. On a alors vu arriver un autre commandant : le prince Poniatowski. Tout cela se passait à la côte 111, du côté de Soignolles.

Les jours suivants, nous nous sommes dirigés vers Jort. Là, on a forcé la rivière La Dives, où il n’y avait pourtant pas de pont. Quelques chars pouvaient traverser la rivière, mais la plupart des suivants devaient être tirés et aidés par les autres. C’était la nuit du 15-16 août, et les Allemands nous éclairaient, mais ils ne nous ont pas bombardés.

Puis nous avons fait mouvement vers Mont Ormel.

Le 16 août, soigné, je prends place dans un nouveau char avec un nouveau commandant de char : le lieutenant Marie-André Poniatowski. Dès le début, nous apprécions cet officier, que nous appelons "Mon Prince" ce qu'il ne voulait pas. Il ne voulait pas de régime de faveur, voulait toujours être traité de la même manière que les simples soldats, dormir dans les mêmes conditions, manger les mêmes rations.

A ce moment, aucun soldat ne savait ce qu'était la mission. Pour nous, c’était conduire par des routes épaisses, sans lumières et sans radio. On a conduit plus de 10 km dans les lignes allemandes. La mission était d'atteindre la cote 262 (Mont Ormel). Depuis ce mont, on avait une vue sur toutes les sorties par lesquelles l’ennemi pouvait s’enfuir. S’enfuir du fameux "sac", de la fameuse "Poche" comme on l’a nommée après.

Jusqu’au 21 août, les soldats polonais du 1er Régiment Blindé (52 chars) étaient sur ce mont, entourés de l’ennemi, sans provision, sans contact avec les autres divisions.

Nous espérions rejoindre les soldats américains, qui devaient venir de l’autre coté pour nous aider.

La division polonaise combattait avec la 4e division canadienne. Le général Maczek obtenait d'ailleurs ses ordres du général canadien.

Ces Canadiens ont eu tant de résistance de la part des Allemands, qu’ils pouvaient seulement atteindre le Mont Ormel quand le combat était déjà fini. C’était pareil pour les camions de provisions. Aucun camion n’atteignait les lignes de combats. Les allemands les détruisaient tous. Tous ces jours, les polonais combattaient en fournissant de grands efforts. Quant la tourelle de notre char était tournée vers la droite, les Allemands nous attaquaient par la gauche, et inversement. Les Allemands s’enfuyaient, mouraient ou étaient faits prisonniers.

Pendant trois jours et trois nuits, les Polonais ont livré un grand combat. C’était le 21 août que les Américains pouvaient enfin atteindre le mont. Je me rappelle aussi d'un Canadien qui nous a dit : « How have you done this, you fucking polish !! » Car tous les petits chemins qui donnaient accès sur ce mont étaient couverts de corps humains, de corps de chevaux, de chars détruits. C’était la catastrophe. Personne ne pouvait y marcher ou rouler normalement.

En savoir plus :

https://sites.google.com/site/armeepolonaisesuite/photos-diverses-1ere-db-de-maczek

http://www.opusmedia.fr/kazimierzduda/

http://www.generals.dk/general/Maczek/Stanis%C5%82aw/Poland.html

https://sites.google.com/site/armeepolonaise/

site de la 11eme Division blindée polonaise

http://pl.wikipedia.org/wiki/11_Dywizja_Kawalerii_Pancernej