"POTERIE SIGILLEE"

Sigillée marbrée

TERRA SIGILLATA

secrets - research

Recherche sur les poteries sigillées


Sigillées marbrées.

Il y a quelques années, Alain Vernhet (prononcer "Vergnet !) m'avait montré à Millau des Sigillées marbrées sur fond rose, et l'on pensait à l'époque que ces marbrées roses étaient des premiers essais ratés de Marbrées jaunes. J'en ai reparlé au Musée, et l'on ne sait plus de quoi il s'agit. Ces poteries marbrées sur fond rose sont inconnues. A présent que je sais faire ce jaune marbré, je pense qu'il ne s'agissait que de ratés de cuisson. En effet le jaune ne se développe qu'à plus de 1050°. Si l'on reste bien en dessous de ces 1050°, le fond de ces marbrées reste rose.

Il serait intéressant de prendre un fragment de ces marbrées roses et de le recuire à 1070°, pour voir s'il ne ressort pas (enfin) jaune...


Les sigillées marbrées

cuisson à 1070°:

crue cuite




Enfournement des sigillées :

C'est vraisemblablement à l'enfournement que servait la petite quantité de sable

découverte dans les ateliers de potiers de Pompéi, (ou pour "sabler" les surfaces des gobelets ?)

et non comme dégraissant.


Sigillées marbrées

cuisson à 1060°

Cette fois-ci c'est tout-à-fait ça :



Quand une poterie sigillée vient d'être engobée,

les reliefs sont empâtés et presque illisibles sous l'épaisseur de l'engobe frais :

après une heure de séchage, les reliefs redeviennent tout-à-fait visibles :

On comprend que si l'engobe des sigillées à reliefs étaient lissée, ou lustrée le résultat serait un écrasement des reliefs.

L'astuce trouvée par certains qui n'obtenaient un peu de brillance que grâce à un lissage,

a été de décorer avec des reliefs en creux...

l'autre solution est d'enrichir l'engobe avec de la soude, ce qui en fait plus ou moins un émail, une fritte.

Bien sûr, il n'y a pas lieu de lustrer l'engobe avant la cuisson pour la faire briller

ni d'en passer plusieurs couches !

la température de cuisson suffit à la vitrification: plus de 1050°.

Pour donner une idée du rétrécissement :

Une lagène fraîchement engobée et une lagène après cuisson :

Plus le corps de la poterie rétrécit, mieux l'engobe adhère à la surface, ce qui exclut la plupart des argiles qui sont vendues aujourd'hui dans le commerce (retrait de 5% seulement) pour réaliser la poterie elle-même, sous peine de voir l'engobe s'écailler.

Il faut trouver des argiles dont le retrait avoisine les 10%.



Les sigillées marbrées

(En haut de l'image, 3 tessons de sigillées marbrées du Ier siècle)

détail du marbré :

Selon la terre employée pour la poterie elle même,

le même engobe à la même température de cuisson (1060°) est nettement plus brillant :



Les sigillées marbrées :


Comme témoins, au bas de l'image, des fragments de sigillées marbrées du premier siècle : le but à atteindre

la rangée supérieure sur la terre de la Graufesenque, la seconde sur une terre d'Avignon.

Les médaillons les plus à droite se rapprochent un peu du résultat (un vague aspect légèrement jaune, cuisson à 1020°)


les mêmes médaillons (les 4 de droite seulement) recuit à 1060° au lieu de 1020° :

Cette fois, la nuance de jaune est tout à fait sensible !


Voir aussi à la page : Poteries sigillées pour la fabrication des objets)

Voir aussi : Le Vernis Attique The attic black glaze


Les défauts des sigillées :

Dès que l'engobe est trop épais, son retrait lors de la cuisson (1)

le fait se déchirer et se relever, se décoller du tesson sur le bord des déchirures.

(1) Il s'agit bien d'un retrait, d'une contraction de l'engobe

lors de la cuisson et non d'un "faïençage" lors du refroidissement

comme dans le cas des émaux)

Comparaisons :

(Comparer les couleurs !)

Les antiques : Les nôtres :

En particulier, dans les zones plus creuses,

l'engobe a tendance à se décoller et à faire "le pont" :

Les sigillées "jaspées" : le jaspé n'était réalisé qu'en très fines goutelettes :


Sigillées rouges (sud gauloises) et claires (africaines), avant cuisson :

après cuisson :

(Evidemment, à la cuisson, l'oxyde de fer jaune de l'argile naturelle

est passé au rouge dans les lampes africaines)

Remarques :

dès que "l'engobe sigillé" est trop épais, tendance au craquelage :

(Les sigillées antiques avaient le même défaut.)

Mais voilà : il ne brille bien que si il est suffisamment épais !!!

That is the problème...

Le même engobe sort plus ou moins rouge

selon la nature de l'argile qui compose le corps de la poterie.

Ici, même cuisson (même température : 1060°), même engobe,

et pourtant le bol de droite est légèrement plus rouge que celui de gauche.

Dessous, pour comparaison, un tesson de sigillée du premier siècle,

pratiquement situé entre les deux pour la couleur.

**

Au village voisin, à 6 km de La Roque, j'ai même trouvé une argile sur laquelle,

le même engobe sort carrément marron foncé

au point qu'on pourrait croire qu'on y a rajouté du manganèse...

Une argile qui cuit ocre au four électrique.

(Peut-être contient-elle du manganèse elle-même?)

Engoble sigillé blanc pour un lécyte: Rose marbré de rouge :

Et... un événement quasi historique :

la première (?) sigillée... BLEUE !

Et une bleu ciel !...

Lampe à huile "à la tortue" de l'expo César en Arles (reproduction):