Qui suis-je ?

Quelques éléments biographiques

Mon souhait n’est pas de faire étalage de ma vie mais de donner quelques repères sur mon parcours. Quel a été le cheminement de ma pensée ? Comment suis-je devenu « amoureux de la sagesse » (philosophe) ?

Je conçois cela plus pour mes proches, mes enfants, pour leur permettre de comprendre mon cheminement. Cela intéressera peut-être aussi le lecteur de passage.

Je m'appelle Bernard Guévorts. je suis né à Braine l'Alleud le 2/12/1959

C’est au début des années 80 (j’avais 20 ans) que j’ai commencé à me questionner plus en profondeur sur moi-même. J’avais commencé une espèce de petit journal en janvier 1982, « Reflets », dans lequel j’écrivais mes pensées et quelques poèmes. J’y inscrivais en épigraphe : « c’est dans le miroir de la vie que je vois l’image de mon âme, le reflet de ma pensée » (il semble que ce soit là qu’a commencé ma démarche philosophique…).

En 83, j’ai commencé un autre journal qui allait un peu plus loin et qui reprenait des réflexions, l’expression de mes émotions et réactions face à diverses situations et à mes lectures, … J’y faisais aussi une rétrospective sur quelques événements de ma vie encore courte. J’avais appelé ce deuxième journal : « A la recherche de moi ». Là aussi, quelques citations reprises en épigraphes : « Connais-toi toi-même » ; « Se voir soi-même, c’est être clairvoyant » Lao Tseu ; « Celui qui se connaît est seul maître de soi » Ronsard ; « Apprends à te connaître et descends en toi-même » Corneille.

La recherche de moi-même… la quête de la liberté !

Mon enfance n’a rien d’extraordinaire. Comme beaucoup d’enfants, j’ai été louveteau, j’ai pratiqué quelques sports : athlétisme, judo, et surtout le basketball que j’ai continué pendant 20 ans. J’ai été bien entouré par mes parents. Mon père m’accompagnait au sport et pratiquait lui aussi le basketball.

Très tôt, j’ai aimé la lecture malgré le fait que mes parents ne lisaient pas vraiment. Mes premières lectures un peu sérieuses (je consigne tous les livres que j’ai lus depuis 1974) sont « Ravages » de Barjavel, « Les animaux dénaturés » de Vercors (que j’ai beaucoup aimé et relu dernièrement), « Le meilleur des mondes » (Huxley), « Le Vieil homme et la mer » (Hemingway), « Le zéro et l’infini » (Koestler). J’ai commencé à lire Soljenitsyne en 1976-77 (« L’Archipel du goulag », « Le pavillon des cancéreux », et d’autres de ses ouvrages).

J’ai commencé à m’intéresser beaucoup à la nature et j’ai lu des livres sur le comportement animal (Konrad Lorenz, Tinbergen, Ruwet), sur les oiseaux, les mammifères, les insectes (Karl von Frisch, JH Fabre), sur l’écologie (Jean Dorst), sur les questions d’éthique et de différences (Albert Jacquard).

Le rôle de la science n’est pas de fournir infailliblement des réponses claires à toutes les interrogations. A certaines questions, il faut ne pas répondre, donner une réponse même partielle ou imprécise à une question absurde c’est participer à une mystification, cautionner un abus de confiance.

Albert Jacquard, Éloge de la différence.

En 1977, j’ai commencé des études de biologiste. Je voulais faire l’éducation physique mais je n’étais pas très bon en natation. Mon intérêt pour la nature a pris le dessus.

J’ai poursuivi mes lectures dans le domaine de l’évolution, de la génétique évolutive, et de l’écologie (Desmond Morris, R. Dawkins, J. Rostand, R. Dumont, F. Ramade, etc.).

Mon intérêt pour l’écologie allait croissant. L’écologie scientifique que j’abordais par l’étude de terrain et aussi l’écologie dans le sens de prise de conscience de la destruction du milieu.

En juin 80, un petit poème, reflet de mes préoccupations :

Le marchand de sable est passé,

Mais son sable c’est du pétrole.

Le bon nounours est menacé,

Il finira ses jours en tôle

Bonomet n’a plus de lapin,

Il a eu la myxomatose.

Quant à Popeye, le bon marin

Ses épinards sont pleins de choses,

DDT et pesticides, le monde va droit au suicide.

En octobre 1980 :

Un marchand de canons

A gagné des millions

Pendant qu’au Vietnam

Un enfant s’enflamme

Un bébé phoque tout blanc

Dans le rouge de son sang

Couché sur la banquise

Lentement agonise

Une bombe éclate

Un nazi s’en flatte

La liberté s’envole

« Un juif n’est pas un homme »

Et moi je suis là

Que dois-je faire ?

Parler ne sert à rien

Agir ? Comment ?

C’est le temps des questions, les réponses viendront bientôt.

J’ai été très impacté, en avril 1981, par un livre de Paul Émile Victor : « Jusqu’au cou et comment s’en sortir ». Cela m’a incité à bouger ! Merci.

Si vous n’êtes ni parmi les « aquoibonistes », ni parmi les « jemenfoutistes », vous devez agir.Sans plus attendre.

Ne vous contentez pas de hocher la tête en signe d’approbation. Rappelez-vous : la seule chose dont on soit sûr à l’avance de l’échec est celle qu’on ne tente pas.

Alors ? Lève-toi et marche !

Paul Émile Victor, jusqu’au cou et comment s’en sortir.

Je voulais déjà créer un club de naturalistes depuis quelques années et là je me sentais l’énergie pour commencer. Mon objectif était de faire de l’éduction car pour aimer et respecter la nature, il faut la connaître.

Le « hasard » me fait lire dans le journal communal (toujours en avril) une annonce du groupe « Hain-Ecolo », structure locale du mouvement Ecolo qui en est à ses débuts. Je rencontre Rodric Norman, un idéaliste déjà âgé mais actif et qui publie un petit journal à ses frais : « Le Libre Citoyen » dans lequel j’aurai l’occasion d’écrire quelques articles par la suite. Me voilà donc « embarqué » dans la préparation des élections communales de 1982. J’ai rencontré les ténors du mouvement Ecolo de l’époque Paul Lannoye, Jean Luc Roland. J’ai très vite participé aux campagnes pour les élections législatives d’octobre 1981 et suivi diverses réunions au niveau local et surtout régional et national. J’étais candidat aux élections communales du 10 octobre 1983, 3ème de liste et élu 1er suppléant.

Entretemps (en 1982), j’avais mis sur pied le C.R.E.E, Cercle de Réflexion et d’Etude Ecologique, qui avait pour finalité l’organisation de conférences et débats, rédaction d’articles et de dossiers pour sensibiliser à la nature et à l’écologie, participation à des émissions de radio locale, etc.

J’ai organisé des conférences telles que :

« Les effets des retombées radioactives sur le monde animal », par J. Beghin, docteur en médecine, ex-président Adesa Braine-le-Château (26-4-82).

« La gestion des déchets nucléaires », par J. Planquart, chef du départ, technologie et énergie du Centre de Mol, conseiller à la direction, chargé de cours à l’ULB, (21-5-82)

« Pesticides, écologie et alimentation » (en collaboration avec ADESA, à Waterloo), par A. Rappe, docteur en sciences pharmaceutiques, auteur du livre « Le défi écologique» (2-6-82).

« Les énergies douces », par P. Lannoye, physicien, chercheur au FNDP Namur, membre des Amis de la terre. ECOLO (9-6-82).

Et d’autres ont suivi les années suivantes.

J’ai aussi réalisé un dossier sur les effets des herbicides sur la flore et la faune pour la société Aves.

J'étais donc bien engagé dans l’écologie tant politique que scientifique.

Mes études finies (en 1981), j’ai fait mon service militaire à la fin de 82, dans le service médical à Blankenheim en Allemagne (10 mois).

J’en ai profité pour continuer à lire, me promener dans les bois des alentours, j’ai appris à taper à la machine à écrire, …

Il faut bien dire qu’à cette époque je n’ai plus écrit grand-chose dans mon « journal ». De temps à autre, je faisais le point. Je continuais ma démarche écologique et collaborais à l’époque avec Brabant Ecologie de Christian Jacques, pour l’organisation de conférences et j’écrivais de temps en temps dans TAM-TAM, sa publication mensuelle d’informations écologiques.

Notamment en février 83 : « Un peu d’amour pour un monde meilleur ».

« En ce siècle où les automates sont les grands rivaux des primates » (chante Guy Béart)... « on s'aime pas » (dit Alain Souchon)…

L'amour, l'amitié, le respect, la tolérance... toutes ces choses existent-elles encore ?

Il y a parfois lieu d'en douter :

Que sont devenus le respect et l'amour du prochain dans nos villes tentaculaires et nos cités-dortoirs où la violence règne à toute heure ?

Que deviennent les rapports familiaux lorsque la société les remplace par des services marchands ? (crèches, homes, garderies…).

Combien d'amis véritables avons-nous qui nous connaissent et que nous connaissons autant que nous-mêmes ?

Et notre vie ? Quel en est le sens dans la course égoïste vers le profit, la réussite, le confort ?

Et pourtant, pourtant, le bonheur de vivre ne réside-t-il pas dans nos multiples rapports avec les autres, dans l'échange mutuel de nos différences ?

« Quand on n'a que l’amour à s'offrir en partage... quand on n’a que l'amour pour parler aux canons et rien qu'une chanson pour convaincre un tambour, alors, sans avoir rien que la force d'aimer, nous aurons dans nos mains, Amis, le monde entier »

Merci pour cette leçon d'amour Monsieur Jacques Brel.

Alors ? Tous ensemble, pour un monde basé sur l’amour et le respect de l'autre ?

Oserons-nous un monde plus « Écologique » ?

(Bernard Guévorts, responsable du CREE), fév. 1983.

Un livre lu pendant mon service qui m’a aussi beaucoup touché : Jacques Ruffié, « De la biologie à la culture ». Il y traite d’évolution de ses mécanismes, des différentes théories. Il parle de l’évolution biologique de l’homme mais surtout ensuite de l’évolution culturelle qui supplante l’évolution biologique. Il discute des différents problèmes de la société : racisme, éducation, religions, …

Il en arrive à la politique et à la crise écologique et démographique. Son projet pour sauver l’humanité : par la culture, l’homme devrait pouvoir faire un nouveau bond et arriver à un nouveau niveau d’intégration. Après l’évolution biologique (cellule, pluricellulaires, société), l’homme doit arriver au stade de surhumanité. Il ne dit pas trop de choses si ce n’est que l’homme doit se transformer pour y arriver.

Nous sommes à la croisée des chemins ; nous pouvons retourner à l’animalité, ou brisant nos dernières entraves, nous engager dans la voie qui pourrait nous mener non vers quelque surhomme impossible mais vers une surhumanité, accueillante et fraternelle. Nous marchons dans la lumière incertaine d’un jour hésitant.

A nous d’aller vers les feux du crépuscule ou les promesses de l’aube.

Jacques Ruffié, De la biologie à la culture, p. 570, fin du livre.

Le 28/6/1983, je suis démob ! Le service militaire est fini. Le bilan que j’en ai tiré n’était pas trop négatif. Bien sûr, cela m’a empêché de trouver un travail après mes études mais il m’a permis de rencontrer des gens de diverses catégories, de faire face à des situations particulières, de me rendre compte que j’étais capable d’initiative et de courage dans des circonstances de danger,… en gros un souvenir plutôt agréable.

S’en est suivi un voyage au Québec où j’ai rencontré la nature sauvage (descente d’une rivière en canoë pendant 3 jours avec logement en tente en bord de rivière). J’accompagnais une amie qui avait des connaissances là-bas. J’en garde un souvenir extraordinaire. C’était ma première grande aventure !

J’ai poursuivi mes activités politiques et culturelles. J’ai fais ma première conférence le 23/11/83 (Écologie, vous avez dit écologie ?), participé régulièrement à des émissions de radio locale sur des thèmes de réflexion, écrit des articles dans le journal communal : les points verts du CREE, etc.(voir article Le Peuple 11/1983)

Je continuais à lire des ouvrages de zoologie, d’autres sur l’évolution, sur la politique, sur l’alimentation naturelle, sur le nucléaire, etc.

Mes discussions dans le cercle familial et avec les amis de mes parents tournaient souvent court. Je défendais mes arguments de manière sans doute un peu rigide et agressive à l’époque. Conflit des générations… je me sentais assez souvent incompris…

Mon engagement était clairement écologiste plutôt de gauche. J’avais suivi de près les élections françaises et l’arrivée de Mitterrand au pouvoir en mai 1981.

Début 1984, j’ai commencé ma vie professionnelle, j’ai été engagé comme délégué médical dans une société pharmaceutique où je resterai 22 ans en occupant diverses fonctions.

Ces années ont été marquées par la maladie de mon père (tumeur au cerveau) et son décès en mars 85. J’ai été assez secoué car touché de près par la mort que je découvrais vraiment.

En 1985, j’ai rencontré aussi celle qui deviendra mon épouse (pendant 7 ans) et la mère de mes deux enfants. J’étais très heureux car jusque-là ma vie amoureuse n’avait pas été très joyeuse.

Elle m’a aussi fait rencontrer une école de philosophie (Nouvelle Acropole) où elle avait déjà suivi quelques cours. Au début, j’étais un peu sceptique et je me méfiais de ce groupe un peu bizarre, hors des sentiers battus.

Très vite j’ai été rassuré. J’y ai rencontré des gens ouverts, et surtout j’y ai trouvé des réponses à des questions restées jusque-là sans réponse, notamment dans le domaine de l’évolution, de la connaissance de soi et des autres.

J’ai commencé à suivre les cours et petit à petit à m’intégrer dans cette école de philosophie.

Pendant ce temps, j’ai continué ma démarche écologique mais j’ai laissé tomber la politique petit à petit, n’y croyant plus trop. La montée au pouvoir des écologistes avait créé quelques tensions et en particulier à Braine-l’Alleud, le petit groupe que nous étions, était partagé. J’ai donc abandonné mes responsabilités et j’en ai pris d’autres dans le domaine du sport (entraînement de jeunes au basket, membre du comité du Castor de Braine, …)

Au sein de NA j’ai continué mon parcours. Là aussi, j’ai pris quelques responsabilités et j’ai aussi donné des cours, des conférences, écrit des articles, … J’ai surtout mis en pratique les enseignements de la philosophie pratique telle que l’ont pratiquée les philosophes antiques et ceux qui les ont suivis siècles après siècles.

Mes lectures se sont poursuivies dans des domaines très vastes : biologie, alimentation naturelle, plantes sauvages, sciences, évolution, ésotérisme, symbolisme, anthropologie, psychologie, philosophie, management, communication, histoire, politique, …

Je reviendrai sur certaines lectures, plus récentes, sur ce site.

Si je regarde en arrière, je peux voir le sentier que j’ai suivi comme dans un paysage. De temps à autre, le sentier disparaît derrière une montagne, dans un bois, mais le chemin parcouru est visible.

En 2011 (moment de la création du site ), j'étais encore membre de NA (même si j’ai quitté le mouvement pendant plusieurs années).

J'ai été un des responsables en Belgique (Relations Publiques et responsable du centre de Bruxelles). J'y ai donné régulièrement des cours et des conférences. Je ne suis actuellement plus membre de NA (2013).

Je sais que j’ai cheminé, avancé, et que je suis plus Humain aujourd’hui qu’il y a 30 ans. Je suis plus ouvert, plus tolérant, plus affirmé, meilleur sans doute que je ne l’étais…

Le chemin n’est pas fini, il y a tant de choses encore à conquérir sur soi-même… Et j'apprends chaque jour...

Je poursuis un cheminement de travail intérieur que j'exprime dans ma vie professionnelle et privée.

Mon aventure personnelle se poursuit depuis 2012 au Cameroun où ma vie professionnelle s'est développée. (à raconter par la suite...)