En Voyant les photos de la dernière scéance, Olivier m’a confirmé que c’était bien la perte recherchée.
Arrivé sur le parking du Col à dix heures, ciel découvert mais la température est de + 4°C. Un magnifique panneau indique qu’il ne faut rien laisser dans les voitures à cause des dégâts et des vols. C’est donc chargé comme un âne que j’embarque le tout : pelle, pioche, sceau, corde, marteau , burin, mon matos spéléo, l’appareil- photo et enfin la bouffe, le tout en un seul voyage jusqu’à la perte. Il n’y a plus un pète de neige dans les dolines.
A la perte, il y a peu d’eau par rapport à la dernière fois, environ 2l/s. On peut voir le fond du ressaut d’entrée. Après avoir mis la tenue adéquate du spéléo, je me mets au chantier après avoir pris une photo. J’élague, je coupe toutes les branches gênantes. Ensuite, avec la pelle, j’essaye d’enlever la boue collante au sol. Là premier problème : mes bottes restent collées dans la boue; le second est que dans la boue il y a plein de racines qui empêchent de soulever la pelle. Aussi, après déracinement avec le sécateur, c’est à la main et parfois à la pelle que je déplace la boue. C’est tellement épuisant que j’arrête quand j’estime pouvoir descendre sans trop me mouiller.
Finalement je suis bien trempé au fond de ce ressaut de deux mètres. Je commence à balancer des cailloux de toutes tailles à l’extérieur pour faire un dallage dans la boue. Je viens pour passer sous un gros bloc, quand ce dernier décide de basculer lentement mais sûrement en bouchant les trois quart du passage. J’ai eu le temps de me mettre de côté. Je ressors et redescends aussi sec avec marteau, pointrole, burin et pied de biche. Il me faudra deux heures d’effort pour casser ce bloc en petits morceaux et l’évacuer à l’extérieur. Je ne sens plus mes bras !
Ayant une combinaison pour trou sec, je suis complètement trempé. Mais le bloc n’existe plus. Je m’enfile non pas dans un méandre comme j’avais cru voir , mais dans une petite galerie d’un mètre vingt de large sur quatre-vingt-dix centimètres de haut, creusée entre deux strates. Au sol, de la caillasse, plus ou moins facile à enlever, à cause d’une boue qui fait mortier. Il y a un faible courant d’air aspirant que l’on sent sur le visage. Est-ce la circulation de l’eau ou un vrai mouvement d’air?. L’eau circule un peu partout, et les parois sont bien humides ; aussi de trempé je passe au stade d’éponge. Je sors l‘appareil photo de ma poche et … il ruisselle. Vite une photo et je remonte en surface pour nettoyer l’appareil. En remontant le ressaut d’entrée, un bloc de plus de cent kilos commence à bouger vers la galerie. Celui-là nécessitera bien une ou deux pailles et non un simple marteau. De plus j’ai ma dose d’eau et de froid. Je range les caillasses en dallage pour éviter que l’eau en tombant remplisse le fond en marécage. Je me change complet et enfin je mange sous un ciel complètement gris, température + 10°C. Le retour à la voiture, avec tout le barda mouillé est vraiment essoufflant, pourtant le cheminement est très court.
TPST = 2h30
Intérêt de cette perte par rapport à son environnement. Le scialet de Fontfroide n°2 qui se situe au nord, a toujours eu un fort courant d’air à travers une trémie d’énormes blocs, (qu’a désobstrué mon fils, et parfois moi, pendant un an environ, arrêt sur menace sérieuse que la trémie s’effondre). Le scialet de Fontfroide n°3 qui lui est au sud de la perte, a une circulation d’eau pérenne dans une diaclase qui devient très étroite. Dans son livre Maurice Chiron indique le peu d’intérêt du scialet n°2 estimant qu’il doit alimenter le scialet du Trisou situé bien plus au nord. N’oublions pas que nous sommes au sommet du Col d’Herbouilly ; il y a donc deux autres hypothèses : La première est que la circulation de l’eau va vers le nord, sans tenir compte du relief , mais parallèle et indépendante au tracé du Trisou, c’est l’hypothèse de Maurice Chiron pour le scialet n°3. La seconde c’est que cette circulation va vers le sud dans le karst de la plaine d’Herbouilly. Dans les deux cas nous devrions retrouver la circulation du scialet de Fontfroide n°3 dans la perte du ruisseau de Font-Froide. Personnellement je penche pour l’hypothèse de M. Chiron.