Participants : Robin Couton et Frédéric Pétrot (Rédacteur)
L'état de l'équipement du shunt remontant du Puits de la Gnôle, utilisé par exemple pour faire une bougle "Annette - Chevalier" est plus que préoccupant. Les trois virées que j'ai faites dans le secteur, dont la dernière avec Maëm, Maélys et Eric, m'ont convaincu que nous ne pouvions laisser l'équipement en l'état. J'en avais touché un mot à Robin lorsqu'il est venu chercher un peu de matos avant les vacances, et il était partant pour participer à la remise en état. L'idée est donc de mettre de nouveaux amarrages (une partie de ceux en place sont d'une technologie que du haut de mes 59 ans et 35 ans de spéléo je n'ai jamais vue) et une nouvelle corde, et de virer le faisceau de cordes en place (il y a eu des ajouts successifs à différents âges).
Nous nous retrouvons donc à Saint-Nazaire ce samedi 30 août à 8h15, pour prendre la direction du col du Coq. Question matos, nous avons le petit perfo d'équipement, une corde de 45m pas toute neuve mais en très bon état (et conservée comme le bon vin), des spits 8mm Raumer, des goujons 8mmx78mm (à double expansion), mais sans maillons rapides inox. J'étais un peu à l'arrache et j'ai omis de les acheter, ... Et pire, j'ai dû faire un aller-retour au club car je n'arrivais plus à remettre la main sur les maillons rapides que j'avais pris chez moi, no comment! Il fait très couvert, et nous avons une petite pensée émue pour nos collègues qui participent au camp sur la Dent, la nuit a dû être humide, ... La montée se fait néanmoins presque à sec, dans les nuages qui s'éclaircissent au fur et à mesure. Il faut trois gros quarts d'heure pour atteindre la grotte Annette. J'ai oublié ma flotte, Robin en a un litre, ça devrait le faire. Nous laissons la bouffe dehors, il est un peu plus de 10h lorsque nous rentrons dans le trou.
Nous parcourons les galeries d'Annette pour atteindre le puits de la Gnôle, que nous remontons sur les amarrages que nous savons bien entamés en serrant les fesses et sans mouvements brusques. Nous sommes en haut à 11h, et préparons les kits pour faire les choses dans l'ordre. La répartition des rôles est la suivante : Robin va équiper et je vais faire le ménage. Le rééquipement est grandement facilité par la présence des amarrages et des cordes en place, ce qui nous permet d'aller vite, à condition que je ne coupe pas une corde sur laquelle Robin est en tension ! Il nous faut tout de même une petite heure et demi pour faire le job. Nous en profitons pour mettre une petite déviation sur spit sur la dernière partie de la descente qui frottait velue. Nous passons 7 goujons, 7 plaquettes, 9 maillons rapides, 1 spit et un mousqueton dans l'affaire. Il y a deux amarrages récents (genre longlife inviolables) que nous avons réutilisés. J'ai tenté de dévisser un spit, mais la vis m'est restée dans la clef, sans avoir forcé outrageusement. C'est finalement une bonne chose, car cela me permet de récupérer trois maillons et une plaquette que nous pourrons peut être faire tester par les personnes compétentes.
Il est 13h lorsque nous finissons de remplir les kits, qui sont ras la gueule et pèsent comme des ânes morts ! En tout cas de mon point de vue. Nous entendons des voix (pas version Jeanne d'Arc) en haut du puits de la Gnôle peu de temps avant de décaniller. Je mets mon sac sur le dos et j'ai un coup de chaud, misère, c'est lourd, et je n'ai plus 20 ans. J'en bave des ronds de chapeau, et je suis obligé de m'arrêter trois fois sur le chemin pour reprendre mon souffle alors qu'on avance lentement, ... Robin n'a pas l'air d'en chier tant que ça, c'est beau d'être jeune. Nous sommes dehors à 14h, le retour n'a même pas été plus long que l'aller sur la montre, mais ça en a été autrement pour moi.
Nous commençons à nous désaper alors que la source des bruits arrive : il s'agit de trois spéléos du club d'Aix-Les-Bains qui étaient partis pour faire Vouay-Glaz mais qui ont renoncé vu la météo, et se sont rabattus sur la classique des classiques. Incroyablement, Robin demande à un gonze, après avoir froncé le nez, si par hasard il ne s'appellerait pas "Jacques" ! Et de fait, ils étaient dans la même classe en seconde dans les tréfonds de la Hiaute. On n'est plus chez soi. J'en profite tout de même pour gratter quelques gorgées de flottes à nos collègues d'outre Guiers-Vif, la gourde de Robin étant à sec.
La descente aux bagnoles est un calvaire avec le kit sur le dos, mais j'avais pensé à prendre les bâtons ce qui limite la casse.
Arrivés à Saint-Naz nous vidons deux litres d'eau et pesons les kits, en se faisant bouffer par les moustiques par l'odeur alléchés. Verdict : 15,6 kg pour l'un, 15,7 kg pour l'autre (y compris nos matos). Manifestement, c'est déjà au delà de mes limites.