Ce samedi nous voulons retourner dans la galerie de la Réconciliation pour faire la jonction avec le bas des puits qui historiquement ont permis la découverte de la galerie et du réseau des François, du moins d'après ce que nous avons compris. Rendez-vous à 7h malgré le décalage du couvre feu à 21h. Benoît passe me prendre et nous passons par le col du Coq cette fois-ci. Perquelin est plus proche à vol d’oiseau, mais question temps, c’est équivalent au passage par le col de Porte. Nous arrivons sur place et pour une fois nous ne sommes pas les premiers, nous voyons une randonneuse partir en galopant à notre arrivée. Bonne nouvelle, j’ai bien deux bottes « compatibles » cette fois, j’ai seulement oublié mes bâtons. Benoît dans sa grande bonté m’en prête un des siens.
La montée se fait sans gentiment, avec encore cette fois beaucoup d’eau dans les différents torrents, peut-être plus que la dernière fois. Fontaine noire vomit un flot puissant, la cascade qui suit nous fait regretter qu’elle ne soit pas turbinée (nous parlerons Pelton, Francis, Kaplan au retour). Nous nous changeons sur la petite plateforme en face du porche, et entrons dans la grotte un peu avant 9h.
Nous attaquons le Sanguin vers 9h10, le courant d’air est très léger, et aspirant, étrange ! Nous sommes une heure et demi après dans la galerie de la Réconciliation. Nous cherchons pendant une autre heure et demi la jonction convoitée, mais peau de balle, impossible de trouver la suite ! En regardant la topo, nous voyons qu’il faut rester à gauche après le deuxième accès à la galerie qui mène au puits Chazalet. Nous nous enquillons à quatre pattes et plat ventre dans des diverticules tous plus foireux les uns que les autres sans succès. Nous allons ensuite au plus évident, le rétrécissement sablonneux qui nous avait arrêté la dernière fois. Benoît s’y colle, mais c’est complètement obstrué, bien qu’un bruit d’eau soit audible. Il faudrait venir avec sa pelle et son seau, mais clairement, ce n’est pas le passage. Serait-ce plus en hauteur ? Nous montons au dessus de ce passage, et je traverse vers un début de méandre pénétrable sur lequel un scotch rouge est posé (il y est encore). Ça tourne de suite à gauche, petit élargissement qui queute, puis ça repart à droite dans un ramping foireux, perpendiculaire (rien à voir avec la topo) et bien rectiligne. J’avance sur max 10 mètres mais j’en bave des ronds de chapeau, des plaques obstruent le passage, bref, ça ne sent pas bon, vu qu’il m’a fallu 10 minutes pour faire 10 mètres. Il y a un léger courant d’air, mais ce n’est visiblement pas un passage classique. C’est vraiment très étroit, ça ne peut être là. Impossible de faire demi-tour, je reviens à reculons. Et en hauteur de l’autre coté, ça ne donne rien non plus. Je m’enquille de nouveau à plat-ventre en suivant un tout petit méandre dans ce qui me semble être le dernier départ que nous n’avons pas tenté, car il y a du fil topo. Mais rapidement le plafond rejoint le sol et ça pince, un bruit d’eau est néanmoins encore audible, mais j’ai déjà dépassé la fin du fil topo depuis 5 ou 6 mètres. Nous revenons vers l’arrivée d’eau en plafond face à l’accès que j’ai évoqué, peut-être est-ce en plafond à ce niveau là ? Je grimpe, mais aller vers la gauche devient vite risqué, et je ne vois rien d’évident, d’autant que ça vase sérieusement. Benoît essaye de regarder vers le bas qui est une possibilité aussi, mais il a oublié son pébroque, donc il n’insiste pas. Je reste en hauteur à droite, c’est plus facile, mais ça pince sans suite possible, et je redescends sur un tas de sable qui rejoint rapidement la galerie. Il est 12h10 lorsque nous jetons l’éponge, décidément cette partie du réseau nous aura bien occupé ! Nous cassons la croûte rapidement (toujours à base de sardines et de maquereaux, que nos amis ichtyologues nous excusent), car en 20 minutes nous commençons à grelotter. Bon, à part ce passage où l’eau coule et encore, on ne voit pas bien où cette jonction pourrait se faire, et là il va falloir attendre le moment propice, car on ne va pas venir en ciré breton. Le courant d’air semble s’être amorcé, car nous prenons une petite caillante en même temps que le chemin vers le puits Ébouleux. Après l’avoir remonté (il y pleut d’ailleurs bien) nous passons par la partie haute du Métro vers le puits Chevalier pour prendre la première photo de la sortie, vue que j’avais regretté de ne pas l’avoir fait la fois précédente. Nous décidons d’aller visiter le reste du Métro que nous n’avions que partiellement parcouru lors de notre pénultième sortie, vu que nous avons un peu de temps devant nous. La vire du puits Chevalier est vite parcourue pour éviter les nombreuses éclaboussures qui la ponctuent. Nous prenons ensuite le petit boyau juste au départ du Faciès Souriant pour rejoindre le Métro. Ce petit boyau, quelque part totalement incongru, est le point clef de l’accès, les premiers explorateurs l’ayant franchi dans l’autre sens, à la descente. La remontée de quelques mètres qui lui fait suite (corde en place) effectuée, nous traversons le méandre pour retourner vers le puits Chevalier, histoire de voir. Le trajet nécessite la traversée d’un puits fourbi de lames qui semble borgne, avec fort heureusement une main courante en place. Nous arrivons alors à mi-hauteur dans le puits Chevalier, et l’on voit jaillir une petite cascade de la paroi. Juste avant le puits se présente un méandre, dans lequel nous nous enquillons. Il faut le parcourir à mi-hauteur, Benoît devant et moi qui peine à le suivre, car il est gras à souhait (le méandre, pas Benoît). Ce méandre forme le lit de l’eau qui sourd dans le puits. Après disons une cinquantaine de mètres un puits s’ouvre (impossible de déterminer ce que c’est sur la topo, la figure 102 page 84 du bouquin montre une sorte de zigouigoui qui semble rejoindre le grand collecteur). Vu l’adhérence, il n’est pas raisonnable d’aller plus loin sans équipement idoine. Nous reprenons le Métro dans l’autre sens. Nous franchissons un premier élargissement (main courante en place) qui commande un large méandre, passons au dessus du puits Dotto, et franchissons le puits Jacques, bien arrosé en dessous, sec dessus, grâce à une main courante en place un peu olé-olé au démarrage, mais finalement assez confortable. Tout ce trajet se fait dans des galeries de grandes dimensions. Un changement complet de morphologie (remplissage de graviers recalcifiés) dans un élargissement notable nous mène au bas de la varappe de l’Ours, équipée en fixe. Nous arrivons peu de temps après au puits du Cerf, dont l’équipement ne nous ravît guère. La corde est sous une pluie assez forte, et si les sangles et les amarrages semblent raisonnables, la corde elle-même, extrêmement propre vu qu’elle est sous l’eau, ne paraît pas de première jeunesse. En plus, nous avons vu du bas du puits qu’elle semble arriver au milieu de nul part et qu’un pendule improbable seul permettrait de reprendre pied à terre. Bref, nous décidons de revenir sur nos pas et de rentrer par le Faciès Souriant. C’est certes plus long, mais plus sûr. Arrivés au bas du puits du Cerf, nous voyons pendouiller cette pauvre corde, et nous en voyons une autre qui pourrait servir de rappel guidé. Est-ce utile de revenir équiper ? A voir, par d’autres et un jour sec, pour sur. Le retour vers l’extérieur se fait à bon rythme, et le Sanguin souffle tout ce qu’il peut, rien à voir avec ce matin. Comme nous sommes sortis bien avant le couvre-feu (il est autour de 16h15), nous allons faire un tour du coté du siphon pour prendre quelques photos, vu qu’il y a de l’eau en ce moment. De retour au porche du Guiers nous entendons des cris de bêtes, mais ce ne sont que de jeunes touristes qui prennent le frais (pas suffisamment manifestement). Il est alors un peu moins de 17h.
Le temps de se dessaper et une autre fournée de touristes arrive, on se croirait à Disneyland (toutes proportions gardées).
Nous les laissons à leurs vagissements, et retournons à la voiture et dans le Grésivaudan pour un repos bien mérité !
Photos : https://photos.app.goo.gl/f2nhhXBV9FE6LtXU9
TPST : 8h