Une étape historique s’est déroulée le 21 juin dernier pour l’Église burundaise: l’ouverture de la phase diocésaine du procès de canonisation de 44 martyrs, tués entre 1972 et 1997. Il s’agit de la première cause de canonisation ouverte dans le pays. Les évêques du Burundi ont reconnu en ces témoins des «modèles de fraternité».
Adélaïde Patrignani (avec Fides et dacb.org) – Cité du Vatican
Avec cette première ouverture de la phase diocésaine d’un procès de canonisation au Burundi, l’Église locale a voulu «célébrer un groupe de personnes qui, au nom de Jésus, ont offert leurs vies pour montrer que notre fraternité dans le Christ est plus importante que l’appartenance à un groupe ethnique». «C’est un grand témoignage, un message que nous considérons vraiment nécessaire pour tous les chrétiens. Nous souhaitons célébrer la fraternité chrétienne», ont également déclaré les évêques du pays à cette occasion.
Ce procès concerne deux missionnaires xavériens et une bénévole, tous de nationalité italienne, tués à Buyngero en 1995, un prêtre burundais tué à Gitega en 1972 et 40 jeunes séminaristes du séminaire catholique de Buta tués en 1997. Des «héros», aux yeux de l’épiscopat actuel, présentés «comme un modèle unique qui inspire l’amour de la fraternité». «Gardez en vous leurs images, lisez leurs vies pour essayer de les imiter», ont demandé les évêques aux fidèles burundais, en espérant «qu’ils soient déclarés officiellement martyrs et qu’ils soient présentés devant nous tous comme modèles de fraternité dans la vie chrétienne et même dans toute notre société burundaise».
L’évènement est déjà source de communion et d’espérance pour l’Église du Burundi. Les évêques ont invité les catholiques du pays à «suivre les différentes étapes du procès dans la prière et dans la joie. Nous connaissons d’autres frères et sœurs du Burundi qui ont offert leurs vies au nom d’une fraternité interethnique et nous sommes sûrs qu’il y aura d’autres procès de canonisation après le procès diocésain que nous allons commencer dans les prochains jours», ont-ils ajouté.
Le Burundi, pays isolé et montagneux, a été le siège de violences ethniques acharnées dans les années 1990, parmi les pires de toute l’Afrique. Ces violences étaient un débordement du génocide qui avait lieu au Rwanda voisin. Le 30 avril 1997 à l’aube, des envahisseurs armés vraisemblablement membres du groupe rebelle Hutu du CNDD (le Conseil National pour la Défense de la Démocratie) attaquent le séminaire catholique de Buta, tuant quarante jeunes séminaristes, âgés de quinze et vingt ans.
Depuis le début de la guerre civile en octobre 1993, le séminaire, situé au sud du pays, avait été un refuge tranquille pour les membres des deux groupes ethniques en guerre, Hutu et Tutsi. Les séminaristes vivaient concrètement la fraternité chrétienne, afin de témoigner que l’amour du Christ était plus importante que les origines ethniques. Juste avant leur massacre, les étudiants venaient de finir une retraite de discernement avec les membres du Foyer de Charité de Giheta. Le prêtre burundais Nicolas Niyungeko témoigne:
«À la fin de la retraite, cette classe était animée d’une sorte d’esprit nouveau, qui semblait être une préparation pour la mort sainte de ces innocents. Pleins de joie et de réjouissance, ils disaient sans cesse : “Dieu est bon, et nous l’avons rencontré.” […] Le jour suivant, quand les meurtriers les ont surpris, encore au lit, ils ont ordonné aux séminaristes de se séparer en deux groupes, les Hutus d’un côté, et les Tutsis de l’autre. Ils voulaient en tuer seulement une partie du groupe mais les séminaristes ont refusé, préférant mourir ensemble. Face à l’échec de leur projet néfaste, les meurtriers se sont rués sur les enfants et les ont massacrés avec des fusils et des grenades. Au cours du massacre, on entendit certains séminaristes chanter des psaumes de louange, et d’autres dire “Pardonne-leur Seigneur, car ils ne savent ce qu’ils font.” D’autres encore, au lieu de se battre ou de s’enfuir, ont choisi de venir en aide à leurs frères en détresse, sachant très bien la fin qui leur était réservée».
Quarante jours après le massacre, l’évêque du diocèse de Bururi consacre une église dédiée à la mémoire des jeunes martyrs, portant le vocable de “Marie, Reine de la Paix”. Selon le père Niyungeko, le sanctuaire est «un lieu de pèlerinage où les Burundais viennent prier pour la réconciliation de leur peuple, pour la paix, la conversion et l’espérance pour tous».
Le Père Michel Kayoya, 38 ans, est tué à Gitega – au centre du Burundi - le 17 mai 1972. Prêtre, poète et philosophe, il a toujours souligné dans ses textes que les différences ethniques, plus qu’une menace, constituent une richesse, un don réciproque. Figure charismatique, amoureux de la vérité, il prêchait l’amour sans jamais le séparer de la justice. Il fut arrêté par une bande armée et emprisonné en compagnie d’une cinquantaine de prêtres et de laïcs. Il est allé à la mort en chantant les psaumes et le Magnificat.
Les pères Ottorino Maule et Aldo Marchiol et la bénévole laïque Catina Gubert sont quant à eux tués dans leur paroisse de mission, à Buyengero (sud-ouest), le 30 septembre 1995. Ce soir-là, les religieuses vivant à proximité de la paroisse entendent des coups de feu, mais n’y accordent pas une importance excessive. Le dimanche matin, comme les prêtres se font attendre pour la messe, elles se rendent à la mission et trouvent les trois corps dans le salon de la maison, à terre, tués à coups d’armes à feu. Les missionnaires avaient été forcés à s’agenouiller pour être tués d’une balle dans la tête. Catina avait également reçu une balle dans la poitrine. Rien dans l’habitation n’avait été touché ou volé.
Le Père Ottorino Maule avait 53 ans, il était originaire de la province de Vicence en Italie. Prêtre xavérien, il avait été envoyé au Burundi en 1970, avant d’être rappelé en Italie en 1979, et de devenir supérieur général des Xavériens d’Italie de 1984 à 1990. Après une brève période passée à Paris pour se préparer de nouveau à la mission, il était reparti au Burundi en septembre 1991, devenant alors curé de la paroisse de Buyengero.
Le Père Aldo Marchiol avait 65 ans, il était originaire de la province d’Udine en Italie. Lui aussi prêtre missionnaire xavérien, il était parti pour le Burundi en 1978, y demeurant jusqu’à sa mort, à l’exception d’une brève période passée en Italie.
Catina Gubert avait quant à elle 74 ans, elle était originaire de la province italienne de Trente. Elle s’était rendue au Burundi de 1976 à 1979, jusqu’aux premières expulsions des missionnaires. Elle était alors partie pour la Tanzanie, poursuivant son travail d’assistance et de promotion en tant que bénévole laïque. Elle était toujours restée liée aux missionnaires xavériens du Burundi, où elle était revenue en 1993. Au sein de la mission de Buyengero, elle œuvrait en faveur de la promotion de la femme.
Alors que le pape est arrivé, mardi 4 septembre au Mozambique pour sa visite apostolique qui le mènera également à l’île Maurice et à Madagascar, la Croix Africa propose l’histoire méconnue des martyrs de Guiúa, dans le sud du Mozambique.
Le 23 mars 2019, a été clôturée la phase diocésaine du procès en béatification d’un groupe de catéchistes laïcs mozambicains et de leurs familles tués le 22 mars 1992.
La clôture de ce procès en béatification – qui avait débuté deux ans plus tôt – a réuni des milliers de personnes au sanctuaire Marie-Reine-des-Martyrs de Guiúa, dans le diocèse de d’Inhambane, où s’est déroulée leur martyre il y a 27 ans.
Le 22 mars 1992, en pleine guerre civile mozambicaine, le centre diocésain de Guiúa recevait 23 catéchistes venus participer à une formation d’un an avec leurs familles. Cette formation qui devait se tenir le lendemain n’eut jamais lieu puisque au cours de la nuit, des guérilleros de la Résistance nationale du Mozambique (Renamo) – mouvement anti-marxiste opposé au pouvoir du Front de libération du Mozambique (Frelimo) – attaquèrent le centre diocésain et capturèrent les 23 catéchistes et leurs familles.
Après les avoir torturés pour obtenir des informations sur le Frelimo dont ils les soupçonnaient d’être membres, ils commencèrent à les tuer. Les 23 catéchistes ont demandé à prier avant de mourir.
Ils furent ensevelis sur une double rangée le long d’un chemin portant au sanctuaire de la Reine-des-Martyrs. Chaque année, à l’occasion de cet anniversaire sanglant, des milliers catholiques mozambicains effectuent le pèlerinage sur la tombe des martyrs.
Le martyre des catéchistes et des familles de catéchumènes est intervenu dans un contexte global de persécution de l’Église. Après l’accession à l’indépendance du pays en 1975, le Front de libération du Mozambique (Frelimo), parti unique d’inspiration marxiste s’en prit à l’Église et à ses biens. Des visas furent refusés aux missionnaires, l’Église fut expropriée de ses biens et de nombreuses restrictions lui furent imposées concernant le gouvernement pastoral.
Pendant cette période, de nombreuses missions furent vidées de leurs prêtres et l’Église dut se réorganiser en petites communautés dirigées par des catéchistes laïcs. Certains d’entre eux, formés au centre catéchétique d’Anchilo dans le diocèse Nampula, dans le nord ont été tués alors qu’ils exerçaient leur activité missionnaire.
Aujourd’hui le nombre de catholiques au Mozambique est estimé à un peu moins de 10 millions, soit 29 % de la population totale. L’Église mozambicaine compte 12 évêchés et 3 archevêchés.
Lucie Sarr
Mombasa Martyrs
d. August 1631
Catholic Church
Kenya
The Mombasa Martyrs were 288 men, women and children who gave their lives for the Christian faith during a rebellion against the Portuguese in the seventeenth century. For centuries, Arabs had been sailing and trading up and down the coast of eastern Africa. There they had established settlements, such as Malindi, Mombasa and the islands of Zanzibar and Pemba. The local Bantu population accepted the Islamic faith and each settlement became a small city state ruled by a sultan. These Islamized Bantu became known as the Swahili peoples. In the early 1500s Portuguese ships appeared in the Indian ocean and visited the coastal settlements. The Portuguese were also primarily traders, and they created a maritime, commercial empire centred on Goa, a town on the coast of western India.
There was considerable rivalry between Malindi and Mombasa, both situated on the coast of what is modern Kenya. When the line of Mombasa sultans died out, the Sultan of Malindi took over Mombasa and invited the Portuguese in Goa to share power with him. The Portuguese settled in Mombasa and built their stronghold of Fort Jesus, which still stands today. At the same time, they invited missionaries of the Order of Saint Augustine to come to Mombasa in 1598, to act as their chaplains and also to evangelize the local Bantu. The Augustinians set up mission stations along the coast, and near Fort Jesus in Mombasa established a "house of mercy" to care for the sick, disabled and orphans. Some of these were baptized.
The work of the Augustinians was severely compromised by the immorality and brutality of the Portuguese in the Fort. One dispute led to the murder of the Sultan, who left a seven year old son called Yusuf al-Hassan. The Augustinians took this orphan to Goa, where he received an education and was baptized with the name Jeronimo. He joined the Portuguese navy and married a Portuguese noblewoman called Isabel Varella. In 1626, the Portuguese made Jeronimo their client sultan of Mombasa, where there were already some 2,000 Christians. Jeronimo found himself subject to the Captain of Fort Jesus and incurred the odium of the Muslims for having become a Christian. It was probably inevitable that he renounced his Christian allegiance in 1631 and decided to lead a revolt against the Portuguese.
On 16 August, the sultan gathered supporters from the mainland and entered the Fort as if to attend Christian worship. He then personally murdered the sick Portuguese Captain with a dagger, while his supporters set fire to the town, and townsfolk sought refuge with the Augustinian missionaries. At this point, the rebellion ceased to be aimed at merely removing the Portuguese administration, and became a direct attack on Christianity itself. The Sultan offered the missionaries their lives if they would become Muslims. He also made the same offer to Don Antony of Malindi, another Christian convert and a relative of his. All refused to give up their faith. The sultan's men attacked the church on August 20th killing all who took refuge there, except for one man who agreed to apostatize. Other women and children, Africans and Portuguese gathered on August 21 and went through the town singing Christian hymns. They were forced on to a boat in which they were massacred with knives and spears. Of the Portuguese, 47 men died with 39 women and 59 children. Of the Africans, 72 men died together with their wives and children. Isabel Varella refused to give up her faith, but she was enslaved instead of being killed. The Captain's wife and daughter also died for their faith. Sultan Yusuf (Geronimo) abandoned Mombasa in 1632 to become a Red Sea pirate and the Portuguese administration returned.
A commission was set up by the Archbishop of Goa to establish whether these people had died for the faith and what opinion their friends and neighbours had of them. The commission collected evidence from eyewitnesses from 17 August 1632 to 22 January 1633 and the results were impressive. The authorities in Rome accepted the Mombasa Martyrs as candidates for beatification and the process was referred back to Goa in 1636, after which it was dropped. We do not know the reason. Were there political reasons ? Was it because of lack of funds ? No one knows. At any rate, interest in these martyrs has now revived and their cause has been taken up again.
Aylward Shorter M.Afr.
Bibliography:
G.S.P. Freeman-Grenville, The Mombasa Rising against the Portuguese 1631. From Sworn Evidence. (London: Oxford University Press, 1980).
Malachy Cullen, The Martyrs of Mombasa (Nairobi: Paulines Publications Africa, 1997).
This article, submitted in 2003, was researched and written by Dr. Aylward Shorter M.Afr., Emeritus Principal of Tangaza College Nairobi, Catholic University of Eastern Africa.
L’Église catholique s’est installée en Côte d’Ivoire il y a 125 ans, mais les premiers chrétiens n’ont pas toujours été bien reçus. La Croix Africa revient sur l’histoire d’Albert N’Dri et d’autres chrétiens anonymes assassinés en raison de leur foi catholique dans le nord de la Côte d’Ivoire, dans la première moitié du XXe siècle.
Albert N’dri, ce nom n’évoque rien à la plupart des catholiques ivoiriens. Et pourtant, tout comme d’autres anonymes qui se sont convertis assez tôt au christianisme, ce catéchiste originaire de Fronan, dans les environs de Katiola, est mort pour sa foi catholique.
En 1923, Niakaramandougou, un village de Katiola a son premier contact avec les missionnaires. Quatorze ans plus tard, le village fonde sa première paroisse, et ses premiers catéchistes – Albert N’dri, Joseph Nadjolo et Pascal Nakatala – sont formés.
Ces catéchistes sont d’une aide précieuse aux missionnaires dont ils traduisent les paroles en langue locale. Les missionnaires de l’époque à Katiola sont les pères Émile Durrehimer et Jules Meyer.
On ne retrouve aucun écrit sur la vie des catéchistes qui les aidaient. Cependant, de génération en génération, l’histoire d’Albert N’dri, mort empoisonné par certains habitants hostiles au christianisme, est contée aux catholiques de Katiola. Sa mort remonterait à la fin des années 1930.
« Dans une zone fortement marquée par les religions traditionnelles et qui a quand même opposé une résistance au christianisme et à ses dogmes, la meilleure manière de faire taire l’évangélisation était de tuer le catéchiste traducteur puisque les missionnaires ne parlaient pas les langues locales », fait observer le père Félix Gninnantchinni Coulibaly, curé de la cathédrale Sainte-Jeanne d’Arc de Katiola et vicaire général du diocèse.
Si Albert N’Dri a pu être identifié, d’autres chrétiens anonymes sont morts brûlés vifs alors qu’ils portaient de la paille pour la construction de leur chapelle. « Il y a malheureusement très peu d’écrits sur ces premiers chrétiens, explique encore le père Coulibaly. Si aujourd’hui, on en parle comme de martyrs, à l’époque aucune démarche n’a pu être introduite en vue de leur béatification ».
Pour rendre hommage à Albert N’dri et aux martyrs de l’évangélisation en Côte d’Ivoire, le diocèse de Katiola a donné le nom du catéchiste à son centre diocésain d’accueil et de ressourcement où sont notamment formés les catéchistes avant leur envoi en mission.
Lucie Sarr
Robert Deffo naît en 1947 dans le village de Bangouo au Cameroun, d’une famille de dix enfants. Son père est polygame.
Dans son village, Robert part à l’école avec son petit frère sur le dos, alors qu’il a à peine 7 ans.
Il aimait jouer au football mais comme il est pauvre, il construit son propre ballon grâce à la résine d’un arbre du pays Bamilékè.
Grâce à ses copains qui vont au catéchisme et qui lui parlent de Dieu, Robert à 7 ans s’inscrit au cours de préparation au baptême à la mission de Bangouo à plus de 4km de la case familiale de ses parents. L’instituteur-catéchiste voyant qu’il est très motivé l’accueille gratuitement moyennant quelques services.
Il reçoit le baptême à 10 ans, son père animiste le laissant libre.
Elève brillant, il passe son certificat d’études à Bafoussam en 1965. Ses professeurs l’encouragent à poursuivre ses études. Il projette d’entrer au séminaire mais devant le refus catégorique de son grand frère, il est envoyé au lycée de Manengouba à Nkongsamba. Il se rajeunit de 4 ans pour repasser son certificat d’études et prend alors le nom de Naoussi. Il loge chez un tuteur et travaille chez lui pendant les vacances pour compléter les 5000 francs CFA soit environ 15 euros donnés par l’école. Robert est très pauvre et pourtant , il partage le peu qu’il a avec les plus pauvres que lui. Il donne souvent son maigre repas avec le fils de son tuteur et part le ventre vide à l’école. Même si son tuteur ne pratique pas, Robert a un grand désir de servir la messe à la cathédrale. Il entraîne ses copains et les regroupe pour la prière. Il ne cesse de rendre service à tous ceux qu’il rencontre. Il aime aussi amuser les autres par son talent de comédien. Robert est joyeux. C’est un jeune normal qui aime vivre , et répandre la joie autour de lui. Ses résultats sont tellement bons que le directeur de l’école remplit un dossier pour que Robert obtienne une bourse pour poursuivre ses études.
Fin de l’année 1968, son directeur l’envoie à l’infirmerie car il maigrit beaucoup et ne peut plus pratiquer autant le football qu’il chérit particulièrement. Au printemps 1969, son corps se couvre de boutons qui suppurent et son état de santé se dégrade.
La maladie est diagnostiquée : la lèpre lépromateuse, inguérissable.
Il est envoyé à la léproserie de la Dibamba le 16 mai 1969 où l’accueille le Père Raymond Jaccard, prêtre français aumônier de la léproserie depuis deux ans.
En arrivant à la léproserie, il lui demande « Qu’est ce que je viens faire ici ? »
Le Père lui répond : « Petit Robert, je ne sais pas . Il y a que JESUS qui peut te répondre »
Accompagné par la prière et l’amitié du père Raymond, Robert va répondre encore plus généreusement à l’appel de JESUS et découvre le sens profond de sa maladie. Il offre ses souffrances pour que ses frères et sœurs connaissent eux aussi JESUS, ainsi que tous les jeunes de sa génération.
Pendant cette année marquée par de grandes souffrances physiques, Robert ne cessera de prier pour les autres, de rayonner la joie à tous ceux qui viennent le voir .
Fin 1969, Le père Raymond lui raconte l’histoire de la petite Thérèse de l’Enfant JESUS. Il découvre alors sa véritable mission. Il veut être missionnaire avec sa lèpre et conduire tous les autres au ciel.
Tous ceux qui le rencontrent sont touchés par sa joie, sa prière, son sourire, son regard et sa foi.
Il accueille avec une très grande générosité les terribles souffrances physiques et les soins douloureux qui lui sont prodigués deux fois par semaines deux à trois heures. Il demande à Dieu d’en rajouter encore plus pour être plusproche de JESUS sur la Croix.
De jour en jour, accompagné par son ami le Père Raymond Jaccard, Robert grandit dans l’union à JESUS, par MARIE dans l’offrande totale de sa vie au Seigneur.
Robert est un vrai pauvre. Il s’intéresse aux autres et à tous ceux qui viennent le voir. Il ne rate jamais une occasion de remercier. L’autre est plus important que lui et que sa souffrance.
Tous ceux qui ont rencontré ce petit lépreux si malade ressortent de sa chambre toujours remplis de joie et enrichis.
Quand il recevra sa bourse, le père lui proposera d’en garder une petite partie.. Mais lui veut tout donner à son frère qui est cheminot à Douala alors que son frère ne viendra jamais le voir. Robert ne voulait rien garder pour lui. Il voulait tout donner.
Il a suivi JESUS sur la Croix dans l’absolu de l’Amour.
Robert vit sans cesse avec Maman Marie et ne quitte pas son chapelet. Il lui confie tous ceux qu’il rencontre, ceux qui le soignent, les intentions qu’on lui confie,
C’est dans la prière qu’il trouve la force d’affronter les souffrances qui le traversent , souffrances de plus en plus grandes. Papa Louis, son infirmier en pleurant devait couper des lambeaux de chair nécrosés dans le dos et les jambes alors que les anesthésiants n’avaient aucun effet.
Dans l’évangile, Robert aimait écouter la Passion de JESUS et il s’y unissait de plus en plus profondément dans le don total de JESUS à son Père.
A l’école de la petite Thérèse, Robert découvre la fécondité de la souffrance offerte par amour à JESUS. Il progresse généreusement et très rapidement dans cette voie de sanctification et d’amour. Disciple de Marie co-rédemptrice à la Croix, Robert fait de sa souffrance un instrument de travail pour ouvrir la route du ciel à ceux qui ne connaissent pas Dieu. Il disait : « Ma souffrance, c’est comme une machette pour débroussailler la route du Ciel à ceux qui ont pris un mauvais chemin . Et en arrivant, ils demanderont au Seigneur « Mais qui nous a ouvert la route…. » Et le Père leur dira « C’est ce petit lépreux devant qui l’on se voilait la face »
Avec les corticoïdes, Robert a une période d’accalmie qui ne dure que 15 jours. Les boutons disparaissent au point qu’il fait à nouveau des projets d’être instituteur ou catéchiste….
En juillet 1970, le seul médecin qui accepte de le recevoir en consultation à Douala fait comprendre à Robert qu’il n’y a plus rien à faire. En rentrant de la visite, il s’exclame: « Maintenant, ma vocation c’est d’aimer et d’offrir ma souffrance par amour. Mon chemin de croix s’achève. Il me reste encore une dernière station à vivre avant d’aller voir notre Père. J’ai hâte de vivre pour toujours avec lui. »
Le 15 août au matin, en parlant avec le Père Raymond, il veut offrir un cadeau à Marie pour sa fête mais il n’a plus que ses yeux d’intacts et lui offre ses yeux.
Le soir, il est aveugle. Marie l’a exaucé dans le désir de donner sa vie totalement et librement à JESUS pour tous les hommes.
Cette offrande a pour lui un sens : sauver tous ses copains qui ne connaissent pas Dieu.
Le père doit quitter la léproserie pour un stage à Paris qui durera trois mois.
Le dimanche 27 septembre, Robert est très faible. Il reçoit le sacrement des malades vers 16h et répond aux prières
remuant avec conviction la tête de gauche à droite en disant au moment du viatique : « Mon Dieu, je ne suis pas digne de vous recevoir. »
Peu de temps après, il parle avec sœur Albert : « Je prie le Seigneur toujours et toujours d’alléger le fardeau. La mort vient, elle commence à être là. »
-Tu as dit que tu voulais la volonté du Seigneur ?
-« Oui, même si sa volonté c’est ma mort. »
-Tu sais bien que mourir, c’est voir Dieu ?
– « Oui, c’est le bonheur. »
Le mardi soir, il peut encore communier et partager à ceux qui le soignent comment faire leur action de grâce. La journée du mercredi est très pénible, visiblement, il est uni aux prières sans pouvoir articuler une parole.
Le 1er octobre, à minuit et quart, jour où l’Eglise remet la fête de la petite Thérèse à cette date, la petite thérèse vient le chercher après un passage très doux et calme.
Quelques minutes avant de mourir, il balbutie un : « Je vous salue Marie, pleine de grâce, le Seigneur est avec vous. Vous êtes bénie entre toutes les femmes et Jésus, votre enfant, est béni. Sainte Marie, Mère de Dieu, priez pour nous, pauvre pécheur, maintenant et à l’heure de notre mort. Amen. »
Il a prié jusqu’à son dernier soupir. La sœur Albert l’a veillé en lui tenant la main pour l’aider à passer des ténèbres à la lumière. Ses derniers mots sont : « Dites au frère Raymond que je ne l’oublierai jamais. »
Apprenant sa mort, les malades, surpris, se lèvent, prient avec ardeur et chantent dans un grand recueillement. A la Dibamba, ils continuent de prier toute la nuit et toute la journée du lendemain, jusqu’à 16h, avant de le conduire vers sa dernière demeure.
Depuis le 1 octobre 1970, le souvenir de Robert est resté très vivant à la Dibamba, au Cameroun et même dans l’Eglise universelle. Assez vite, les jeunes sont venus prier sur sa tombe et lui confier leur vocation ou des soucis de famille, de travail, de santé.
Ils ont élevé un mausolées où sont repris des phrases de Robert.
Quelques semaines après son départ, le Père Daniel Ange apôtre des jeunes visitera la Dibamba et restera marqué à vie par la présence et le témoignage de Robert qui deviendra un des parrains spirituels de son école jeunesse lumière.
Le Père Jean Pierre Batoum en priant sur la tombe de Robert sera inspiré de créer une école d’évangélisation Robert Naoussi.
Quant à la vie missionnaire du Père Raymond Jaccard, elle restera profondément marquée chaque jour par la présence spirituelle de Robert et par cette phrase : « Dites au Père Raymond que je ne l’oublierai jamais ». Il sait que c’est à la prière de Robert que son frère Pierre l’a rejoint et qu’ils ont pu commencer leur vie de service des plus souffrants : les lépreux, les petites filles de la rue, els grands amputés des camps de réfugiés, les enfants polios..
Ils ont pu opérer et appareiller et remettre des milliers de gens debout dans l’espérance grâce à la prière de Robert qu’ils invoquent chaque jour.
Après avoir prié pendant 50 ans, et gardé vivant le souvenir de Robert avec les chrétiens du Cameroun, Mgr Kleda Archevêque de Douala désire présenter le petit Robert Naoussi à la cause des Saints à Rome. Cette décision s’est prise le jour anniversaire de la mort de Robert le 1 octobre 2020.
Gloire à Dieu et à Marie