Les anti-OGM Québécois ont réalisé 40 tests de présence du glyphosate dans l'urine. Que disent-ils lors de la remise de leur résultats le 17 juin 2020 ? Ici

Méthode d'analyse : "Nous avons choisi d’utiliser la chromatographie en phase liquide couplée à la spectrométrie de masse haute résolution (LC-MS-MS). Laboratoire LABOCEA (Brest) accrédité pour détecter les pesticides."

A propos des seuils de comparaison : "En Europe, lors des campagnes de surveillance sur la présence de glyphosate dans les urines, on a souvent comparé les concentrations retrouvées avec la norme de qualité de l’eau dans l’eau potable, qui est de 0,1 μg/L". Le site ne cache pas que "le seuil de qualité (eau potable) est 2 100 X supérieur au Québec : 210 μg/L. Pire, il est même de 280 μg/L au Canada. "

Focus sur les informations du site militant en bas de page.

Commentaires : Les Québécois ont surtout évité ELISA et ont choisi une méthode incontestée qui ne produit pas de "faux - positifs".

"Seuil 2100 fois supérieur" : Tous l'argumentaire angoissant des anti-glyphosate français basé sur le 0,1 µg/l s'effondre !

Sébastien Sauvé. Vice-doyen et professeur de chimie environnementale à l’Université de Montréal.

Peut-on se fier à la méthodologie utilisée ? Extraits article "La Presse" du 17/06/2020 Ici (déroulez la page)

La campagne de Vigilance OGM s’inspire d’un exercice similaire mené en 2018 en France auprès de vedettes et d’agriculteurs. Les « pisseurs de glyphosate » ont fait la manchette, mais pas toujours pour les bonnes raisons. Le laboratoire et la méthode utilisés pour ces tests ont été vertement critiqués. C’est la technique d’analyse ELISA qui a été employée dans le cadre de cette campagne. « L’enjeu, c’est que l’ELISA est très susceptible de faire des faux positifs, surtout à très faibles concentrations », explique Sébastien Sauvé. Les tests pour la campagne de Vigilance OGM ont été menés en France par le laboratoire public LABOCEA. La technique utilisée est celle de la chromatographie liquide couplée à la spectrométrie de masse. « je ferais confiance à ces données-là parce que c’est fait avec la bonne méthode pour éviter les faux positifs », dit-il. Le professeur Sauvé indique que c’est la méthode qu’il aurait lui-même employée.

"La Presse" (Québec) n'est pas dupe.

Pour attirer le lecteur elle titre

1/ : Un pesticide jusque dans votre urine ICI mais rassure dans l'article.


et écrit également 2/ : « Glyphotests » : « On joue sur l’anxiété des gens » ICI

Extrait article : Faut-il s’inquiéter des résultats ?

Sur les 26 échantillons positifs (sur 40), les concentrations détectées s’échelonnaient de 0,091 à 3,423 microgrammes par litre (ug/l). Que peut-on conclure de ces résultats ? Nous avons posé la question à un expert indépendant, Onil Samuel qui, avant sa retraite, il y a quelques mois, était responsable de l’équipe scientifique sur les pesticides à l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ). « C’est une indication qu’on est exposés, mais ce n’est pas nécessairement une indication qu’il y a un risque, dit-il. D’avoir 40 échantillons, ça permet de dire que oui, on peut être exposés à de très faibles doses de glyphosate, mais pas plus. Je trouve intéressant, par contre, que chez les gens qui consomment principalement bio, on en ait trouvé moins. »

Il souligne que les résultats sont largement en deçà des doses de référence chroniques, c’est-à-dire le niveau que des organismes réglementaires ont fixé pour une consommation journalière sécuritaire du produit durant toute la vie. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) fixe cette dose à 1 mg par tranche de 1 kg de poids corporel par jour et l’EPA américaine, à 1,75 mg par kilogramme par jour.

Commentaires : En France des consommateurs exclusivement bio on fait le test ELISA et se retrouvent avec des résultats positifs et s'inquiétaient. Le collectif "notrefuturdansleschamps" avaient l'intuition que cela s'expliquait par les "faux positifs". Les tests Québécois confirment que c'est très probablement cas. Ils peuvent donc être rassurés.

Ce qu'écrit le site Viligance OGM des militants

Ces concentrations (NDLR : celles mesurées) sont-elles inférieures aux seuils fixés par les agences de réglementations ?

RÉPONSE COURTE :

Il n’existe pas de limite dite « acceptable » de pesticides dans nos urines

RÉPONSE PLUS LONGUE :

Même s’il n’existe pas de limite dite « acceptable » de pesticides dans nos urines, il existe trois seuils qui ont été établis par des instances de réglementation avec lesquels on peut référer nos résultats pour se donner un « ordre d’idée » du niveau de contamination de notre corps.

Pour retrouver l'information déroulez la page et allez jusqu'à "Quelles limites ?"

1/ Limite maximale de résidus (LMR)

Santé Canada fixe des limites maximales de résidus (LMR) de pesticides sur les aliments consommés par les humains (1). Cependant les LMR sont malheureusement flexibles : en effet, on a vu la LMR américaine du glyphosate dans le soya passer de 5 mg/kg à 20 mg/kg en 1997 au moment de la commercialisation du soya GM. En 1999, l’Europe fait passer sa LMR pour le soya de 0,1 à 20 mg/kg suite aux premières importations de soya GM provenant d’Amérique.

Ces normes légales ne sont pas des standards de santé, mais plutôt des valeurs de production agricole. Ces valeurs sont établies à partir des tests dans les champs nécessaires à l’homologation d’un produit (2,3). Ce sont donc les fabricants qui fixent les LMR à partir de leurs rapports en champ et offrent aux producteurs agricoles la garantie qu’elles ne seront pas dépassées s’ils suivent les directives inscrites sur l’étiquette collée sur le contenant de pesticides. Il n’est donc pas surprenant de voir que les normes ainsi fixées sont rarement dépassées.

Pour le glyphosate, il existe 56 denrées alimentaires qui contiennent une LMR, allant de 0,08 à 40 mg de glyphosate/kg (4).

D’autres risques demeurent car l’impact sur la santé d’un ensemble de pesticides présent dans un même aliment est peu connu (5).

2/ La dose aiguë de référence (DARf)

La dose aiguë de référence (DARf) est la quantité estimée d'une substance chimique présente dans les aliments, exprimée sur la base du poids corporel, qui peut être ingérée sur une courte période de temps (généralement au cours d'un repas ou d'une journée) sans présenter de risque pour la santé. En Europe, la DARf autorisée pour le glyphosate est de 0,5 mg/jour/kilo (300 avant 2016) et de 1,75 mg/jour/kg aux États-Unis (6).

Ici, Santé Canada, qui pour la première fois en 2015-2016 (7) a testé la présence de résidus de glyphosate sur des aliments, conclut : … « les risques associés à l’exposition aiguë ou chronique par voie alimentaire ne sont pas préoccupants » (8).

3/ Seuils autorisés dans l’eau potable

En Europe, lors des campagnes de surveillance sur la présence de glyphosate dans les urines, on a souvent comparé les concentrations retrouvées avec la norme de qualité de l’eau dans l’eau potable, qui est de 0,1 μg/L.

Le seuil de qualité est 2 100 X supérieur au Québec : 210 μg/L.

Pire, il est même de 280 μg/L au Canada.

Ainsi, un.e Européen.ne de 70kg ne pourrait boire que 170 mL d’eau québécoise pour respecter la DARf de sa région, tandis qu’un.e États-Unien.ne du même poids pourrait en boire 600 mL. Ces seuils à ce point variables ne semblent pas assez restrictifs.

Il faut cependant comprendre que le seuil en France est une norme par « défaut », tandis qu’au Québec, elle est basée sur « une évaluation de risque ». Ceci dit, plus une norme est basse, mieux la population est protégée - en autant qu’on puisse les respecter.

Rappelons aussi que ce n’est pas du glyphosate qu’on épand sur nos champs, mais des pesticides à base de glyphosate, comme le fameux Roundup de Monsanto. Les co-formulants chimiques de ces pesticides, qui représentent 60 % du produit environ, sont souvent inconnus et leurs impacts ne sont pas analysés. Au-delà des pesticides à base de glyphosate, on peut retrouver dans notre environnement, en moyenne, plus de 7 600 pesticides commerciaux homologués (9) par Santé Canada. Ces pesticides peuvent interagir entre eux et augmenter les impacts négatifs individuels, c’est ce que l’on appelle l’effet « cocktail ». Or, il n’existe pas de seuils qui tiennent compte de ces effets.

Au-delà du niveau variable de ces seuils, ce qui est important de retenir, c’est que ce sont souvent des seuils plus politiques que scientifiques. Il est en effet pratiquement impossible d’estimer des seuils pour chaque type de pesticides qui garantissent l’absence d’impacts sur notre environnement et notre santé. La seule issue pour diminuer notre exposition à ces substances reste donc de diminuer, à la source, leur usage et ainsi diminuer leur présence dans notre environnement.