Question et réponse sur la pré-histoire dans mes romans

Question et réponse sur la pré-histoire dans mes romans !

Situer mes aventures à une période de la Préhistoire est-ce une envie de " recréer " une ambiance de ce temps-là ?

Oui quelque part, dans tout sujet ciblé de roman, j'ai voulu " recréer " l'atmosphère de ce temps reculé à une époque donnée, le Magdalénien. Mes livres contiennent beaucoup d'interprétations personnelles. Ce qui signifie qu'ils n'ont aucune visée ni prétention historique. De fait, dans " Le trou du diable " et " Les témoins d'Ufuviaxarou " ne se trouve que pure part d'imaginaire sur fond de vérité qui se conte ! Ce sont là les seules clés qui ouvrent la porte d'un récit uchronique entremêlant des faits non avérés à des possibilités de "choses de la vie" s'étant produites à cette époque très loin en arrière.

Ainsi, dans la rédaction de mes deux livres, j'ai employé de simples outils de ma boîte de bricolage littéraire. Jamais, je n'ai cherché à me faufiler dans le chas d'une aiguille en os de renne pour dépeindre un cadre de vie purement magdalénien même si quelques éléments ont des accents de vérité. Dans le domaine historique, ma rigueur est donc bien perfectible. Seule avec ma plume, j'ai remonté le temps, très loin, sans autre objectif que celui de faire voyager à rebours des personnages de notre XXI ème siècle : des ados capables et solidaires accompagnés par leur professeur de S.V.T., savant sur les bords, un brin copain avec eux, mais qui sait les tenir, et cette idée saugrenue ou originale de faire se rencontrer sur papier et dans les esprits, deux mondes que tout sépare !

Ainsi, pour les éléments d'une trame historique, je n'ai pas été guidée ni adoubée par un spécialiste de l'époque magdalénienne. Loin de moi dans ce thème choisi par hasard, à moins que ce ne soit ce dernier qui m'ait choisie, une certaine nostalgie du passé, de l'autrefois qui serait un temps plus enviable que notre maussade présent. Il va sans dire que si l'occasion se présentait, je serais ravie de m'entretenir avec un passionné de ces temps préhistoriques pour en apprendre plus sur ces étapes notre humanité. Alors, sur le fond et la forme, j'ai procédé :

- en " martelant " le Temps qui au XXI ème siècle ne revêt pas la même notion et avec lequel les Hommes préhistoriques avaient un rapport différent. Il est vraisemblable qu'ils ne le percevaient pas en train de " s'écouler ", ou si c'était le cas, pas à la même vitesse. Ils ne le mesuraient pas comme nous : vivre environ 18 000 ans avant J.C. demandait des aptitudes à répondre à des impératifs dans un contexte aux antipodes du nôtre. Cela exigeait d'être observateur, vigilant car les faux-pas étaient plus risqués voire funestes face à nos erreurs ou impairs commis dans un monde protégé dans sa grande majorité, sans avoir l'idée ou la conscience de (la) durée. Bien sûr, à l'égal du monde animalier alentour, il revenait aux individus les plus rusés, les plus résistants, à ceux aux intellects les mieux aboutis de guider les groupes. Lesquels, au fil des générations, se sont inscrits dans la genèse de l'Humanité ... Là encore, combien de temps cela a-t-il pris ? Longtemps est la seule façon de chiffrer ce Temps si ... long ! ...

- en " ciselant " à l'imagination dans une variante de ce temps, le rythme de vie, de la vie à l'époque magdalénienne ! Il était tout aussi différent du nôtre, comme les préoccupations journalières de ces peuplades à l'échelle de la tribu que j'ai appelée " mémo vivaré lasco "(les hommes qui vivent à Lasco). Cette relation au quotidien devait se percevoir dans l'atmosphère du récit par la cadence de l'écriture et non la rentabilité de l'action tous les chapitres ...

- en " réglant " la molette de ma clé sur ce temps magdalénien, l'omniprésence de la Nature ne pouvait que faire partie de l'univers de mes personnages. Et pour cause, puisqu'elle était l'unique cadre de vie. Une nature que l'Homme a dû apprivoiser : bienveillance ou hostile, protectrice ou dangereuse à l'image des terres fertiles aux abords d'un volcan qui pouvaient être détruites par une irruption, et celle d'un fleuve généreux en poissons qui pouvait avoir le caprice de sortir de son lit et dévaster des campements installés à proximité ! ...

- en " consolidant " le fait qu'à cette époque reculée, la nuit (l'hiver surtout) pouvait être longue une fois la torche éteinte. Il est probable que plongés dans le noir complet, les hommes aient nourri quelques angoisses. Sans compter que la nuit les bruits s'amplifient. Ces repos nocturnes étaient un réel danger à cause des prédateurs en maraude susceptibles de leur pousser une visite attirés par des odeurs de repas potentiels. Ce phénomène d'inconfort et de mal-être devait s'accroître lorsque certains individus vivaient avec peu, étaient mal outillés ou mal habiles, voire étaient rejetés par leur clan. Tous ces facteurs étaient annonciateurs de tragédie, de fin de vie prématurée. Ainsi, un bon emplacement de résidence ou lieu de bivouac mettait moins l'Homme dans cet état de vulnérabilité. Tributaire en toutes circonstances de son environnement, comme chaque être vivant, il était donc à la merci des intempéries, des éléments célestes qui, lors de sécheresse ou d'inondation, pouvaient générer famine et maladies. Lesquelles, à leur tour, pouvaient décimer les individus les plus faibles et jouer sur le devenir des groupes. Vivre dans de bonnes conditions était aussi lié à la quête de l'eau, de cette eau limpide, potable qui permet d'être bien portant ...

Au prix d'enseignements multiples, de nombreuses adaptations, tous ces changements ont dopé l'évolution de ce petit mammifère, cet ancien animal, sans crocs ni griffes qui s'est redressé sur ses jambes et s'est mis à dominer les autres espèces plus robustes et imposantes que lui du règne faunique. J'admire toutes ses capacités, ses grands pas, ses grandes avancées.

- je n'ai pas " raboté " le rapport ténu entre respect-crainte-admiration-vénération mêlés aux sentiments de croyances et de superstitions qui sont peu à peu apparus dans la tête de ces " petits " hommes ... Comme vivre au jour le jour puis " voir " qu'après cette lune, demain était envisageable, puis un autre ... Le temps de comprendre, celui de faire comprendre, d'apprendre à compter sur les autres, avec eux, puis à compter dans le sens de calculer, d'avant en arrière, avec de simples plus et de simples moins !

- j'ai " remis sur mon établi " le fait que les gestes courants étaient répétitifs, qu'il fallait souvent de longues heures pour réaliser, fabriquer un objet telle la taille d'un bon silex. Au fil de la Préhistoire, l'Homme a acquis qu'une bonne préparation avait une part d'anticipation et de réussite pour que les choses se déroulent mieux : par exemple, cela revêtait un enjeu crucial pour la chasse que de disposer d'outils fiables ...

- j'ai " biseauté " l'angle des loisirs ainsi nommés encore impensables, même si un peu de distraction pouvait avoir lieu. L'oisiveté, l'état de procrastination comme nous l'entendons au XXI ème siècle, n'étaient pas à l'ordre du quotidien ou du moins habituel. Certes, la contemplation d'un magnifique ciel étoilé était une manière autre d'aborder, d'interpréter ce temps en ne faisant rien. En dehors du geste, en des moments favorables, vint le temps de s'exprimer par la parole. D'où le langage, une sacrée énigme tout de même, qui devint un support dans plusieurs domaines : le dialogue, la communication, l'explication, l'apprentissage de techniques, la transmission .... Et ce fameux temps des contes et les légendes, il en était sûrement à ses balbutiements ! Mais qu'il est bien difficile d'en dater l'apparition ! En ne classant cette remarque que lors du déroulement d'une journée, il est permis de penser qu'après un bon vrai repas pour tous les membres d'un groupe, ces derniers s'autorisaient si ce n'étaient quelques songes éveillés, à enjoliver des scènes de chasse dont ils étaient les héros, à s'abandonner à des moments de relaxation ! Lesquels favorisèrent peut-être bien la naissance puis la perpétuité de ces contes et légendes ? Et le rêve, le cauchemar racontés aux autres étaient-ils provoqués par des esprits ?

- j'ai " brossé " le tableau d'une peuplade intelligente, hiérarchisée, organisée qui savait se nourrir bien, aussi régulièrement que possible, sans consommer d'aliments toxiques. Dans des cas extrêmes de survie, sans aborder celui du cannibalisme qui a dû exister, il pouvait lui arriver de devenir charognarde afin de disposer d'apports carnés nécessaires. Et par conséquent, certains membres pouvaient tomber malades : mais ne rien se mettre sous la dent était aussi se condamner, alors ... !

Oui, dans la trame de mon récit, j'ai vraiment eu plaisir à extrapoler par ce face à face bien improbable, en faisant plonger le regard du lecteur dans celui d'êtres altruistes vivant à une époque dure. Là, un de mes personnages dirait : " Tu as réalisé un biface ! "... Pendant les balbutiements de cette âme humaine en construction, je ne peux que croire qu'il devait exister de belles personnes et personnalités !

- J'ai " soudé " à cette formidable adaptation de l'Homme l'aptitude de certains comme Piensas, mon chaman-guérisseur-sorcier, à posséder de précieux et efficaces pouvoirs : il savait réparer un corps, une fracture, parfois de graves blessures. Je suppose que quelqu'un comme lui pouvait pratiquer la trépanation ... réussie quand le malade devait être une force de la nature ! Mais aussi grâce au concours de la pharmacopée maîtrisée, qui a sans doute joué un rôle important. Piensas en être complet, attentif et réceptif incarne quelqu'un qui pensait aux autres, prenait leur peine, soignait sûrement aussi bien l'âme, le moral que le corps.

Si à des esprits " aiguisés ", mon " bricolage " délibéré semblait plutôt mal " affûté ", qu'ils ne me serrent pas trop la " vis " ! Et que celui qui connaît un Homme ou une Femme préhistorique fâché(e), blessé(e) par mes interprétations pas assez " limées ", me jette le silex ! A cet endroit, une fois encore, un de mes ados dirait : " je ne trouve pas ... sagaie ! ... D'accord, mon jeu de mots ultra facile n'arrange pas ton cas ! " ... J'ai pris bien des libertés, y compris pour des raisons de fiction, celle de faire figurer quelques dinosaures ...

Il est clair qu'à mon niveau de " bidouillage ", je n'ai pas " percé " à jour les aspects du tempérament de l'Homme préhistorique ni de son monde. Je sais qu'heureusement les connaissances sur cette époque ne sont pas figées, même si nous n'aurons jamais tous les éléments sur ces hommes, ces femmes, jeunes et vieux, ces enfants d'un temps très très reculé. Au fil de mes aventures, je me suis surprise à m'attacher à mes personnages de " là-bas ", à ce que leur existence pouvait être avec pour seul horizon cette Nature, le tic-tac des saisons et leur lot de bonheurs et de misères, en essayant de les approcher avec toutes mes maladresses et mes impatiences propres à mon XXI ème siècle.

Comme il paraît que l'être humain ne comprend son présent qu'à travers l'explication de son passé, cela signifie que je n'ai pas fini d'étudier ! Merci aux collecteurs de preuves, à ces paléontologues et historiens qui mettent les mains dans la terre, s'usent les yeux, s'éreintent, pointent le doigt sur des objets parfois bizarres, mangent de la poussière, à qui il arrive de rencontrer scorpions et serpents, qui se triturent les méninges et qui nous réservent encore de belles trouvailles pour nous faire mieux connaître nos origines ! ...

N.B. : Au terme de cette explication, je ne peux qu'écrire " à suivre ", même si je ne me considère pas enfermée dans ce temps-là. Ma plume vagabonde par thèmes et sujets autres !

Laurence F. Daigneau Septembre 2011

Comme son frère aîné, mon conte à rebours, « Les témoins d'Ufuviaxarou », est exempt de descriptions sanguinolentes, de créatures baveuses se délectant de corps charcutés, hurlant et saccageant tout sur leur passage d'un bout à l'autre de ma narration. Le ton de mes romans au passé recomposé ne franchit pas cette limite de la violence qui, à mon sens, la lecture achevée, ne laisse pas grand chose au lecteur. D’ailleurs, ce « procédé » se justifierait-il par la crainte de certains auteurs d'être engloutis par le maquis bibliographique ? Mais cela est une autre question. Il s'agit donc pour moi d'une ligne de conduite puisqu’évoquer du sordide ou broder sur du glauque ne nécessite pas l'emploi systématique de vocabulaire nourrissant des images choc …

A chacun de mes écrits, je garde à l'esprit l'intention de servir un texte qui ne freine pas l'imagination du lecteur, partenaire indispensable sans qui mes mots resteraient endormis.

Depuis « l'accident » de rédaction de « Le trou du diable » que je ne trouvais, au départ, pas « recevable », et qui effectue son petit bonhomme de chemin, j'ai pris goût à ce thème uchronique et surfe volontiers sur ses vagues. Prise au jeu de ce genre littéraire qui sera peut-être ma marque de fabrique, j’ai aimé inclure des chemins de traverse aux déclinaisons heuristiques pour des disjecta membra, des pensées ou des clins d’œil en allusion à de grands écrivains et, bien sûr, de ces je-ne-sais-quoi qui retiendront peut-être l'attention du lecteur et trouveront un écho en lui ! …