Pédagogue

Indiquez un concept souvent mal compris dans votre discipline. Pouvez-vous penser à une analogie qui pourrait aider à faire comprendre le concept aux étudiants et aux étudiantes? 

Dans le cadre de mes cours de FLS au niveau débutant pour des étudiants qui ne se spécialisent pas en français mais qui prennent ces cours pour répondre aux exigences de bilinguisme du campus, les apprenants ont généralement du mal à comprendre l’importance de la pratique indépendante régulière et de l’exposition à la langue, entre les cours. Ils se contentent souvent de faire le minimum requis (les tâches et devoirs clairement assignés dans le cours) mais ne prennent que rarement le temps (ou le risque) de pratiquer le français en dehors des cours ou de réellement se confronter à la langue en suivant les recommandations données (lire, écouter et regarder du contenu en français, trouver des occasions de pratiquer l’oral dans la vie de tous les jours, prendre des risques etc…).  J’utilise souvent l’analogie suivante pour leur permettre de comprendre l’importance de cette exposition  à la langue entre les cours : apprendre une nouvelle langue c’est comme apprendre un instrument de musique ou un nouveau sport qu’on souhaite pratiquer de façon compétitive. Les séances d’entrainement ou de pratique officielles ne suffisent pas pour développer son plein potentiel. L’entrainement et la pratique entre les séances sont nécessaires. Les étudiants comprennent en général mieux , grâce à cette analogie, l’importance de pratiquer le français en dehors des cours.

Ce plan de cours réalisé à partir de Gitmind comprend la trame générale du cours, ses thèmes principaux et son système d'évaluation.

Cette activité nécessitait la création d'un plan de cours sous forme de carte conceptuelle. 

L'objectif de cette activité était de prendre des notes en suivant la méthode Cornell pour résumer les points essentiels d'une vidéo TED talk. 

Activité 4 - prise de notes méthode Cornell

Activité 4 : Motivation

L'objectif de cette activité était d'effectuer un remue-méninges d’une liste de « QQJG (Qu’est-ce que j’y gagne?) » du point de vue de l’apprenant.e. 


Activité 4 (module pédagogue) QQJG

Quel concept, dans votre discipline, s’apparente à la conduite d’une voiture?

L’analogie est intéressante, car il y a en effet de nombreux parallèles qui peuvent être faits entre la maîtrise d’une langue additionnelle et la conduite d’une voiture.

Pour maîtriser la communication orale en FLS (pour choisir un exemple spécifique) les apprenants ont dû passer par plusieurs étapes pour comprendre le fonctionnement de la langue (apprentissage de l’alphabet,  des règles de prononciation, acquisition du vocabulaire, apprentissage de la grammaire  et de la syntaxe de base, découvertes des conventions pour un échange oral en fonction du contexte…) Tous ces éléments sont essentiels à la maîtrise de la communication orale et sont connectés. Ils s’acquièrent sous forme d’étayage mais une fois qu’ils sont maîtrisés, leur utilisation dans le cadre d’une conversation orale devient quasi-automatique. Bien entendu il faut pratiquer à répétition avant d’atteindre ce niveau d’autonomie, tout comme pour la conduite d’une voiture.


L'objectif de cette activité était d'explorer The Faculty Patchbook, une collection d’expériences vécues par des membres du corps enseignant et mettant en lumière des compétences pédagogiques spécifiques. Il fallait ensuite sélectionner une pépite qui nous touchait particulièrement, selectionner un passage précis qui nous interpellait et commenter le passage en lui donnant du sens. 


« There are many different experiences that would cause someone to guard themselves against being perceived as ignorant or admitting an error in thinking. However, as a teacher, by nurturing a sense of curiosity and one’s own ongoing learning, I believe I can begin chipping away at the calcified fear that’s prevented honest and open-minded discussion. It may be uncomfortable but admitting one’s own mistakes and struggles is a great way to set the tone in a classroom where debates will happen. Hopefully, as a result, being wrong may seem a little less terrifying and disagreement may be an opportunity for learning rather than humiliation. After all, when does one learn more: when they get the right answer or the wrong answer? »

Cet extrait, tiré de la pépite  de Matthew Ryan intitulée « Promoting disagreement, how to debate and not die » m’a  particulièrement inspirée.

Le débat et l’art d’exprimer son désaccord…

Ai-je été attirée par ce texte parce que je suis Française et que la contestation fait partie de l’ADN de mon peuple? C’est fort possible.

Plus sérieusement, l’art d’exprimer son désaccord est selon moi l’un des piliers du développement de la pensée critique et l’une des compétences les plus délicates à développer chez nos apprenants.

Plus les années passent, plus il est difficile d’avoir des débats ouverts et approfondis en salle de classe. Les étudiants me semblent de plus en plus frileux à l’idée d’exprimer leur opinion en public, surtout lorsque la discussion tourne autour de sujets « sensibles ».

Deux années de pandémie, durant lesquelles les étudiants ont été coincés derrière leurs écrans et ont perdu tout sens de communauté de classe, n’ont pas arrangé les choses.

Mes cours de FLS abordent souvent les cultures francophones dans une perspective décoloniale, antiraciste et inclusive. S’inscrire dans cette perspective est impossible sans aborder des sujets douloureux afin de mieux les comprendre et les déconstruire.  Certaines discussions restent intimidantes pour les étudiants. Parfois parce qu’elles font trop écho à leurs expériences personnelles ou familiales. Souvent parce qu’ils ont peur de s’exprimer et d’avoir tort ou d’être jugés pour leurs opinions.  Souvent parce qu’ils ont simplement peur d’être confrontés au désaccord.

Mais il ne faut pas confondre inclusion, respect et complaisance.

Comme l’affirme Ryan, « Diversity is good as a motive for completely and unconditionally accepting other persons, but not as a motive for agreeing with their perspective. In other words, kindness is universal but not correctness. This is especially important in a democracy: we should acknowledge that ideological difference defines the processes of government. It’s pretty much all that happens in our House of Commons. Thus, it is vital that students develop a rational basis for their ideas, beliefs, and values. »

Instaurer un climat de confiance dans lequel les étudiants se sentent plus à l’aise de s’exprimer nécessite beaucoup de tact, de bienveillance et de vulnérabilité. Pour favoriser ce climat, j’emploie souvent des exemples personnels en leur dévoilant mes faiblesses, mes doutes et mes erreurs pour les encourager à s’ouvrir, à débattre et à accepter le désaccord. Je me positionne toujours comme une facilitatrice et non pas comme une autorité qui détient LE savoir. Je leur propose des pistes de reflexion. Ma rétroaction sur leurs travaux est toujours présentée comme une série de suggestions qu’ils sont encouragés à discuter, questionner et éventuellement à contester avec un argumentaire solidement développé.

Valoriser différentes façons de voir, de savoir et de penser le monde, c’est une manière de promouvoir la diversité et l’inclusion.

Mieux comprendre l’autre passe par la capacité à débattre et donc à respecter le désaccord.



L’enseignement – apprentissage pour moi, c’est comme un voyage collectif.

En tant qu’enseignante, je suis l’accompagnatrice – guide touristique. J’accompagne les apprenants tout au long de leur voyage, je les guide, je leur fais découvrir des éléments nouveaux, je remets en question leurs perceptions en les confrontant à d'autres façons de penser le monde et à diverses cultures. Je les aide à les comprendre tout en développant leur esprit critique.

Je prépare le voyage en proposant un itinéraire qui correspond à leurs attentes et des conditions de voyage propices à son bon déroulement et adaptées à leurs besoins. Pendant le voyage, j’accompagne, je fournis des éléments clés pour comprendre la découverte de nouveaux sites et le contexte et j’observe en retrait pour respecter leur intimité, leur indépendance et leur expérience.

Dans le cadre d’un voyage, chacun vient avec ses bagages, comme dans la classe. Les bagages sont parfois trop lourds, ou ne contiennent pas toujours tous les éléments dont on a réellement besoin, mais on s’adapte à ce qu’ils contiennent, on y ajoute des éléments nouveaux acquis pendant le voyage et on se sépare peut-être progressivement des éléments qui ne nous servent plus, pour les voyages suivants.

En tant qu’enseignante je fais partie du voyage et  j’apprends aussi, grâce au partage, à l’échange, à l’enrichissement lié au contact des cultures et des points de vue, comme dans un voyage à la rencontre des communautés locales.