Johnson.J. (2020). Collage et photographie d’une tablette numérique affichant une tablette cunéiforme d’une image du Musée du Vatican. Repéré à http://www.museivaticani.va/content/museivaticani/fr/collezioni/musei/museo-gregoriano-egizio/sala-viii--antichita-del-vicino-oriente-antico/tavoletta-cuneiforme.html#&gid=1&pid=1

L'archivage du Web

Produire du contenu nécessite d'archiver ce contenu, sinon, tout est éphémère, instantanéité et disparition de toutes traces de ce contenu, donc de la culture.


L'archivage du web amène de nouveaux défis encore plus que la culture traditionnelle ne le faisait, car, les producteurs de contenus sont toujours plus nombreux, le contenu produit est toujours en expansion, et la technologie en changement constant, ce qui amène l'archiviste du Web à sauvegarder et transférer sans fin sur de nouveaux supports évolutifs le contenu à conserver. Ce qui amène des choix: qu'est-ce qui mérite d'être sauvegardé?


La culture de participation sur le web est une culture et, de ce fait, mérite d'être conservée, donc archivée, malgré les défis que cela comporte.


De la tablette cunéiforme à la tablette électronique, l’information continue de s’inscrire et de se conserver. Tout comme avant, la mémoire et les archives constituent le patrimoine du passé. Les archives permettent au juge de trancher, à l’historien de raconter le passé et au bibliothécaire de conserver et diffuser le patrimoine.


« …la mère des Muses est Mnémosyne : donnant à comprendre par cet emblème, que rien n'est plus capable que la mémoire de féconder et nourrir l'esprit … car le souvenir des choses passées devient un exemple, lorsqu'il s'agit de prendre des décisions sages en vue de l'avenir»


Cette réflexion de Plutarque [1] nous illustre l’importance de la mémoire tant dans les processus cognitifs que créatifs aussi bien que dans la qualité du jugement de l’individu qui se souvient.


Que sommes-nous sans mémoire ?


Churchill nous a affirmé qu’ «un peuple qui oublie son passé se condamne à le revivre» ce qui s’applique tout aussi bien à un individu ou une institution. Si on est dans une boucle sans fin, il n’y a pas d’évolution possible.


Le but de la mémoire et de l’archivage est donc primordial, tant au niveau individuel que collectif, il s’agit d’emmagasiner le passé et de le préserver. Le web rend cet exercice extrêmement plus complexe.


Les objectifs sont demeurés similaires, cependant, les supports, les médiums de ces archives, qui ont tout d’abord connu une lente évolution au cours des millénaires, se sont transformés radicalement avec l’avènement des médiums technologiques. Ceux-ci ont créés un tout nouveau rapport à la mémoire, aux archives et au patrimoine de l’humanité toute entière.


Le changement le plus évident entre l’Antiquité et notre époque est le lien inversement proportionnel entre la quantité d’information enregistrée sur un médium et la durée de vie du support de cette information.


Entre les documents qui ont traversé les millénaires avec une infime quantité d’information et ceux désormais dont la durée de vie est en moyenne de cinq ans mais avec une quantité phénoménale d’information dans le monde numérique, une révolution a eu lieu.


Plusieurs approches existent pour permettre d’archiver et de sauvegarder à l’ère numérique, malheureusement aucune n’est totalement satisfaisante actuellement.


Cependant, si la technologie continue de se développer à la vitesse exponentielle des dernières décennies, il n’est pas impossible que sous peu, des solutions pertinentes fassent leur apparition.


Entretemps, ce n’est pas parce qu’on peut conserver tout, qu’on doit le faire.


Les médiums technologiques ont transformé l’accès aux archives en créant un accès beaucoup plus facile et rapide à l’information numérique, mais également, une infobésité presque mortelle pour la survie du document.


La solution consiste à exercer la mémoire et à accéder physiquement, intellectuellement et culturellement à ce qu’on veut préserver pour s’assurer de la mise-à-jour du contenu qu’on veut préserver.


On doit s’assurer de maintenir l’équilibre entre les utilisateurs et les contenus, car, plus que jamais, si on veut qu’ils survivent, ils doivent être diffusés et utilisés. Pas de contenu sans lecteur.


Cependant, il ne faut pas céder à la dictature de la popularité et du nombre de clics générés pour évaluer l’importance d’un document. Il est donc d’autant plus important de développer une approche critique face à l’information qui devra traverser le temps et surtout de faire la diffusion des œuvres et documents majeurs qui méritent d’être connus, même s’ils ne font pas l’unanimité de la culture populaire.


"Car l'esprit n'est pas comme un vase qu'il ne faille que remplir. À la façon du bois, il a plutôt besoin d'un aliment qui l'échauffe, qui fait naître en lui une impulsion inventive et l'entraîne avidement en direction de la vérité." [1]


De la même façons les archives ne sont pas que des espaces à remplir, mais plutôt des organismes vivants qui, grâce à l’impulsion des archivistes et bibliothécaires, entraînent l’utilisateur vers toujours plus de découvertes.


Notes:

[1]BÉTOLAUD, V (1870). Œuvres complètes de Plutarque - Œuvres morales, t. I, Paris, Hachette. Récupéré de: http://remacle.org/bloodwolf/historiens/Plutarque/enfants.htm

Référence:

BACHIMONT, B. (2007). Ingénierie des connaissances et des contenus : le numérique entre ontologies et documents. Hermès, Paris.