B400c - Introduction


Destination binoscope


Genèse du projet :

Me voici bien équipé depuis quelques temps avec mon T400 Serrurier puis mon T400c qui répondent parfaitement au cahier des charges que je m'étais fixé.

Le temps passant, ma gamme d'oculaires s'est étoffée en m'offrant un champ de vision toujours plus large jusqu'au fameux 100° qui me laissèrent sans voix devant le spectacle qu'ils m'offraient.

Cependant, avec l'accoutumance, le champ de vision avait l'air de se réduire et il commença à germer dans mon esprit que s'il m'était possible de voir avec mes deux yeux, je pourrais peut-être encore élargir ce champ, ou du moins en avoir la sensation, tout en me rapprochant de la vision binoculaire qui est si naturelle !

La première solution palliative a été la découverte des têtes binoculaires, déjà utilisées depuis longtemps sur des microscopes, et que certains utilisent aussi sur des mono télescopes pour, par exemple, le dessin des détails planétaires et lunaires. Elles divisent le faisceau entrant en deux pour assurer une vision binoculaire. Intrigué et excité, je décidais de faire l'acquisition d'un modèle d'entrée de gamme pour faire un essai. Ce fût ma première révélation binoculaire : quelle surprise lors de mes observations de la lune et des planètes ! Cela procure un incontestable confort et un effet de 3D que je ne sais expliquer. Le champ, comme dans une paire de jumelle, semblait alors s'élargir.

Emballé par ce nouvel accessoire, je me suis procuré une nouvelle tête binoculaire de Marque Leica, de bien meilleure qualité que le première. J'ai tenté de l’utiliser pour l'observation du ciel profond sur le site de Ouatom, site dont le ciel est bien préservé des lumières parasites. Malheureusement, elle ne m'a jamais permis d’accéder en ciel profond au champ, aux détails et à la finesse que m'offrait le monoculaire.


La solution pour remédier à cette limitation m'a été révélé par la lecture de l'article de Jacques Civetta sur la construction de son binoscope, instrument composé de deux télescopes montés en parallèles et qui pointent la même zone du ciel. Depuis, je n'ai eu de cesse de songer à cette solution et de chercher à étudier et comprendre ce qui avait déjà été créé dans ce domaine pour ensuite me lancer.

Têtes binoculaires
Ci-dessus, tête binoculaire.
Cheminement lumineux dans un binoscope.


Avantages du binoscope


  • Le principal avantage est intrinsèque : voir avec ses deux yeux sans fatigue et avec un champ et une qualité qui ne sont pas limités comme au travers de têtes binoculaires. Si l'engin fonctionne bien, "exit" la réduction du champ et la perte de qualité issue du vignettage et de la séparation du faisceau entrant dans les têtes binoculaires!

  • On est immédiatement gratifié d'un effet d'immersion 3D.

  • D'autre part, il semblerai que d'après certaines études, la vision binoculaire serait bénéfique pour la détection des contrastes (voir l'étude fournie sur le site ArieOtte).

  • On peut annoncer sans trop se tromper qu'un télescope binoculaire de 400 mm est similaire à l'usage à un mono télescope de 565 mm équipé d'une tête binoculaire. Apparaît ici le dernier argument qui m'a fait basculé dans le monde du binoscope : la question du coût voire du poids. Après avoir à un certain moment envisagé la construction d'un Dobson de 560 mm, il m'apparut clairement que l'achat d'un miroir et son acheminement aller me coûter bien plus cher que l'achat d'un deuxième miroir GSO de 400 mm. Plus encore, la perspective de devoir transporter dans une caisse un miroir d'environ 25 kg (30 kg avec la caisse) m'a vite redirigé vers l'option binoscope. Il est bien plus commode de manipuler 2 colis de 12 kg qu'un seul de 25 kg, d'autant plus quand il s'agit de pièce sensible comme un miroir!

La décision était donc prise, le projet Binoscope était bel et bien lancé ! Le défit technique me motivant on ne peut plus!



Inconvénients ... et il y en a!


On peut sans trop s'avancer prôner que réaliser un instrument qui tient la route est un premier obstacle. Un binoscope est une belle "usine à gaz"!

  • La fusion, opération qui consiste à aligner les deux télescopes pour qu'ils pointent exactement la même zone du ciel, doit être parfaite et se maintenir durant l'utilisation et surtout l'inclinaison de l'instrument. Ainsi, notre cerveau perçoit une image unique. Pour comprendre comment ce traduit une fusion incorrecte, il n'y a qu'à tester une paire de jumelles avec un défaut de parallaxe : on a une sensation de forcer au niveau des yeux, le mal de tête ne tarde pas ainsi que le "Doliprane"!

  • Il faut prévoir un système réglable qui prend en compte le fait que tous les observateurs ont une distance interpupillaire (D.I.P) différente.

  • L'observation se fait par dessus mais ce n'est pas réellement un problème, sauf au zénith, voir onglet "à l'usage".

  • Chaque télescope unitaire nécessite un miroir tertiaire pour renvoyer l'image vers le haut de façon à avoir les deux faisceaux de sortie parallèles.

  • Tous les accessoires doivent être produit et acheté en double!

  • les 2 miroirs primaires doivent avoir des distances focales très proches. La différence maximale admise est de 0.5%.

  • Les oculaires de 100° ne sont plus utilisables à cause de leur diamètre dépassant régulièrement les 63 mm, donc la D.I.P la plus courante, ce qui est mon cas. Je ne parle pas non plus des personnes possédant un "appendice nasal" plutôt proéminent, ce qui est encore mon cas! Mais j'y crois. La compensation en champ vient du fait que finalement, des oculaires d'un champ de 82° maximum suffisent largement de part l'impression d'immersion que donne la vision binoculaire.

  • En comparaison avec un mono télescope de 565 mm équipé d'une tête binoculaire qui est limitée par la perte de qualité lors de la division du faisceau, le binoscope offre un pouvoir séparateur moindre, car là, c'est le diamètre qui prime. Cependant, en Nouvelle-Calédonie où l'alizé de 20kt est presque quotidien, c'est plus la turbulence de la couche limite qui limite le pouvoir séparateur que l'instrument lui-même.

  • Enfin, il faut anticiper qu'il est nécessaire d'avoir plus de place de stockage et de transport que dans le cas d'un mono télescope.





© Xavier Aubail 2020