Dans les contreforts de l’Est, le barranco de Guayadeque

J6 : Jeudi 9 septembre 2021


Aujourd’hui nous visons l’un des barrancos les plus prisés de l’île, classé à la fois monument naturel et bien d’intérêt culturel, le barranco de Guayadeque, s’étendant depuis les contreforts du centre de l’île jusqu’aux portes de la petite ville d’Aguïmes que nous connaissons déjà.

Pour apprécier le fameux canyon, j’ai noté un parcours de 17 kilomètres avec 800 mètres de dénivelé d’une durée de 7 heures, référencé dans le guide Rother sous le numéro 70 et classé dans le top 14 des meilleures randonnées de l’île. Très excitant sur le papier, le circuit risque néanmoins d’être trop exigeant pour nous. Alors, quand j’ai lu dans le guide Sunflower que l’aller-retour entre Montaña de las Tierras (le point de départ) et le lieu-dit Los Bucios permettait déjà d’avoir un bel aperçu du barranco, je me suis dit… Banco ! L'itinéraire est ainsi moitié moins long en distance et en temps.

C’est par conséquent l’objectif de cette matinée !

Comme nous voulions éviter autant que possible la foule et la chaleur, nous avons réglé le chant du coq sur 6 heures afin de quitter la villa à 7 heures pour un trajet d’une cinquantaine de kilomètres, en grande partie sur l’autoroute, jusqu’à Aguïmes. A partir de là, la route GC103 serpente sur sept kilomètres de plus à travers une ravine étroite dont les parois sont truffées d’habitations troglodytes encore habitées pour certaines.

Des maisons creusées dans la roche qu’on retrouve aussi à l’extrémité de cette route en cul-de-sac, à Montaña de las Tierras, où elles ont été transformées en bars et restaurants. C’est devant l’un de ces établissements troglodytes, Restaurante Vega, que nous nous garons à 8 heures, pile pour le lever de soleil sur la mer de nuages en contrebas, magnifique !

Nous sommes un peu étonnés d’être les seuls ou presque. Personne à part un couple d’Espagnols accompagnés de leur chien qui nous précèdent de quelques centaines de mètres et que nous rattraperons plus tard !

A 980 mètres d’altitude, derrière le restaurant Vega, nous empruntons une large piste de terre qui serpente en montée et dont on peut couper les lacets à plusieurs reprises en suivant le sentier S-37.

Devant nous, les parois déchiquetées du barranco de Guayadeque, derrière nous la masse cubique de la « montagne des terres ».

Sur les pentes environnantes, d’anciennes terrasses autrefois cultivées, couvertes de fleurs au printemps mais où ne résistent à cette saison que des variétés robustes comme des Agaves, figuiers de Barbarie, Aeonium ou Verodes.

Agave

Aeonium

Verode

Guayadeque signifie, en langue canarienne, « esprit serein » ou encore « réserve de sérénité ». En tout cas, nous confirmons que la balade dans ce magnifique canyon est d’une tranquillité absolue.

Au bout d’une petite heure, nous quittons la piste pour un sentier plus étroit qui grimpe gentiment jusqu’au bien nommé carrefour « Cruz de Olivo » (croix de l’olivier). Cet arbre a échappé à notre attention. En revanche nous avons trouvé des figuiers dont nous nous sommes régalés des fruits et de nombreux amandiers couverts de quantité d’amandes dont Hervé n’a pas manqué de remplir ses poches.

Les figuiers de Barbarie eux aussi croulent sous les fruits mais les cueillir demande un peu plus d’expérience. 😉

Décidément ce barranco est une véritable vallée des merveilles où l’on ne risque apparemment pas de mourir de faim. 😉

Après avoir atteint les ruines d’une ancienne habitation, nous voyons le paysage changer devant nous, avec l’apparition de la forêt de pins et les prémices des pentes volcaniques de la Caldera de los Marteles.

Dans la pinède, la poussière noire volcanique dont est recouvert le sentier, maintenant plus raide, rend la marche momentanément plus difficile. Mais déjà, l’apparition des premières maisons de Los Bucios annonce que nous avons atteint notre destination. Nous sommes tout près de la Caldera de los Marteles, devant laquelle nous nous étions arrêtés en voiture il y a quelques jours, et que nous jugeons inutile de revoir. Nous essayons de trouver un moyen d’éviter cet écart mais en vain !

Car, à ce stade, Charlotte et moi aurions bien aimé poursuivre, voire faire le tour complet. Mais Hervé nous met en garde, nous risquerions de manquer de boisson et de nourriture. Car nous sommes partis légers et à ce stade n’avons parcouru qu’un quart du circuit total.

Nous nous rangeons alors sagement à son avis et reprenons tranquillement le chemin du retour par le même itinéraire, toujours étonnamment seuls (n’avons croisé qu’un randonneur avec sa fille).

En tout nous avons parcouru 8,7 kilomètres avec un dénivelé de 430 mètres dans un très bel environnement mais néanmoins pas aussi spectaculaire qu’attendu.

Nous restons un peu sur notre faim, surtout Charlotte qui a trouvé cette randonnée d’un intérêt limité. Il aurait peut-être fallu faire les 17 kilomètres pour être impressionnés davantage. Je pense également que cette randonnée a plus d’intérêt à la fin de l’hiver au moment de la floraison des amandiers et de manière générale au printemps quand les pentes du canyon sont recouvertes d’une grande variété de fleurs.

En revanche, notre fille a bien apprécié le cadre de Montaña de las Tierras où elle se serait bien vue déjeuner dans l’un des établissements troglodytes. Ce n’est pas exactement ce qui est prévu, puisque nous avons décidé de déjeuner à la villa. Mais, pour lui faire plaisir, nous prenons quand même un verre à la terrasse du bar-restaurant Tagoror avant de quitter les lieux.

Ensuite plus question de bouger de la villa ! Plus bouger du tout ? Ah, si si ! En fin de soirée, après le dîner, je propose d’aller manger une glace en assistant au coucher de soleil à Maspalomas. Charlotte décline, nous laissant sortir en amoureux.

La glace est délicieuse mais le coucher de soleil voilé se limite à un jeu de lumières dans la palmeraie, ce qui ne gâche nullement notre petite escapade à deux !

Distance parcourue dans la journée : 165 kilomètres.