Autour d’El Sao : Arco del Elefante, Morros Gurbia et El Pilón

J3 : Lundi 6 septembre 2021


Finalement le chant des coqs a du bon, nous assurant un réveil de bon matin. Or si nous voulons profiter d’une relative fraîcheur (ou plutôt d’une moindre chaleur), c’est le moment ou jamais, d’autant qu’aujourd’hui nous n’avons pas à prendre la voiture. En effet, la randonnée que nous avons prévue se déroule dans les hauteurs dominant la villa. Son point de départ est à deux pas de la maison.

Nous suivons un tracé publié sur Wikiloc par Baler. Distance : une dizaine de kilomètres. Dénivelé : plus de 750 mètres. Durée estimée : 4 à 6 heures.

Lien Wikiloc

Bien équipés en provisions et en eau, nous quittons tous les trois la villa vers 8 heures en direction de l’arrière des propriétés voisines, nous faufilant entre clôtures, abris de jardin, canalisations et réserves d’eau, en direction de deux imposants massifs rocheux, los Morros (collines) de Gurbia, sur le flanc Est du canyon.

Depuis le pied de ces tours rocheuses, il est possible de faire une extension un peu délicate vers une arche naturelle, Arco del Elefante. Nous ne voulons pas la rater après en avoir vu des images sur Internet. Afin de pouvoir l’appréhender dans les meilleures conditions, nous nous délestons de nos sacs à dos. Guidés par quelques cairns, il nous faut crapahuter tout droit, ou presque, jusqu’au sommet dans une pente caillouteuse glissante. Dénivelé : 160 mètres.

Au fil de la montée, nous découvrons qu’il s’agit en fait d’une arche double. Voici d'abord la plus grande, celle qui ressemble à une trompe d’éléphant, qu’on commence à apercevoir avant d’arriver sur la crête.

Une fois la crête atteinte, on en découvre une seconde, plus petite, qui ressemble davantage à une lucarne. C’est sans doute pour cette raison que sur certains documents l’arche est référencée sous « Ojo de Buye » ou œil-de-bœuf.

Au vu du précipice, nous n’avons pas osé nous approcher davantage de l’arche comme l’ont fait les deux randonneurs dont nous suivons la trace.

Photo @ Baler


Redescendre par la voie par laquelle nous sommes montés n’est déjà pas une mince affaire. Pour limiter les risques nous descendons en chasse-neige 😉 en assurant chacun de nos pas, ce qui n’a pas empêché quelques glissades.

Cet aller-retour a déjà bien entamé notre résistance, provoquant d’ailleurs l’abdication de Charlotte qui décide de rentrer à la villa afin de profiter de la piscine au lieu de mouiller son maillot en rando. 😉

Hervé et moi ne nous laissons pas abattre, curieux de découvrir la suite du circuit. Nous poursuivons notre montée sur le sentier d’origine, une ascension beaucoup plus modérée que la précédente, en direction d’une grande cavité rocheuse puis d’un petit col.

En nous retournant, nous distinguons la flaque bleue de notre piscine dans laquelle nous ne devrions plus tarder à apercevoir Charlotte. Sur le versant opposé, la formation rocheuse d’El Pilón que nous dominerons plus loin.

Cherchez notre piscine !

A l’issue du col, nous arrivons sur un vaste plateau inondé de soleil. Mais curieusement il y a même un peu d’air. Comme le chemin est maintenant large et relativement plat, la progression entre rochers et bouquets d’euphorbes est agréable. Nous en profitons pour accélérer le pas.

A l’intersection suivante, changement de cap : nous allons à présent longer le versant ouest du canyon. En cette fin d’été, la végétation a été complètement brûlée par le soleil. Seules les Euphorbes des Canaries apportent une touche de verdure à ces étendues roussies. Tels des candélabres elles illuminent les coteaux desséchés environnants.

Quand le sentier rejoint le bord du précipice, nous bénéficions d’une nouvelle vue sur le fond du canyon, encadré par les formations rocheuses Morros de Gurbia à l’est et El Pilón à l’ouest qui, telles des vigies, veillent sur la vallée.

A ce stade nous aurions pu accéder à une grotte (Cueva de Majada) mais par manque d’attention nous avons raté ce petit écart.

Nous visons à présent cet éperon rocheux dominant El Pilón.

Le sentier est moins marqué à partir de là mais reste facile à suivre. A 10 h 30 nous atteignons un amoncellement de cairns au sommet de l’éperon. A l’ombre du tas de cailloux nous nous accordons une petite collation.

Photo @ Baler

Par-delà le plateau abritant quelques fermes isolées entourées de cultures, la vue porte à présent jusqu’à l’océan. Le sentier suit d’ailleurs une limite de propriété matérialisée par un alignement de petites pierres dressées dont on a débarrassé le champ voisin.

A l’extrémité du flanc ouest de notre parcours commence une longue descente en direction du camping d’El Pinillo. Le sentier en s’engageant dans la pente se rétrécit nettement, longe d’abord la falaise puis plonge par d’interminables zigzags jusqu’à la route GC505.

Sous une rangée de roches feuilletées ressemblant à des millefeuilles chocolatés, les tiges des Euphorbes des Canaries tels des tuyaux d’orgue animent le paysage de leurs silhouettes graphiques.

Elles tiennent compagnie à quelque pin isolé sous lequel nous trouvons provisoirement un peu d’ombre bienfaisante alors que le soleil arrive au zénith à l’approche de midi.

La route n’est plus très loin.

Avant d’y arriver, la nature nous gratifie d’une autre plante endémique des Canaries, dont les extrémités éclairées par le soleil ont l’air de petites ampoules lumineuses. Il s’agit de Kleinia neriifolia. C’est un Séneçon (ou Verode) qui ressemble beaucoup à une euphorbe arbustive.

Une fois le camping atteint, nous ne sommes plus qu’à 1,3 kilomètre de « chez nous ». Au lieu de continuer à suivre la trace GPS (car il y avait un raccourci entre le camping et la villa), nous décidons de prendre la route, ce qui n’était pas la meilleure idée.

Malgré ce léger mauvais choix final, la randonnée a été à la hauteur de nos attentes : beaux panoramas, magnifiques formations rocheuses, beaux spécimens végétaux. En dehors de la montée ardue jusqu’à l’arche, le reste du circuit n’a pas présenté de difficultés. Par conséquent la mention « moyen » est bien indiquée pour cet itinéraire. En tout nous avons parcouru 10,5 kilomètres en 5 heures avec un dénivelé de l’ordre de 600 mètres. Pas mal !

De retour à la villa à 13 heures, notre premier réflexe consiste à plonger dans la piscine. Puis Charlotte se propose de nous servir le pique-nique sur un plateau au bord du bassin. Dans ces conditions on n’hésitera pas à l’emmener à nouveau en vacances avec nous, cette petite ! Nous la chargeons aussi de nous trouver un restaurant pour le dîner, car ce soir on sort… direction Maspalomas, la station balnéaire la plus réputée du sud de Grande Canarie.

En attendant, repos et lecture sous le parasol, entrecoupés d’autant de baignades. Accessoirement aussi, tout en contemplant les massifs rocheux dominant la piscine, nous refaisons mentalement le parcours de notre randonnée. Dire que nous étions là-haut et plus haut encore !

En scrutant les différents pics rocheux alentour, l'œil aiguisé d'Hervé tombe sur ce dragonnier en devenir, accroché par on ne sait quel miracle à la paroi rocheuse !

Pour le dîner, Charlotte a sélectionné le restaurant italien « Maximilians » face à l’océan et près du phare de Maspalomas. Si la station balnéaire est réputée avant tout pour ces hôtels et résidences de luxe, ses boutiques chics, son golf le plus grand de l’île et ses immenses plages de sable, elle est également connue pour sa spectaculaire bande de dunes classées parc national depuis 1994. Nous voulons nous faire une idée des deux facettes de la localité.

En route donc vers l’hôtel RIU de Maspalomas, porte d’entrée vers les dunes.

C’est le lieu de rendez-vous de tous les touristes au coucher de soleil.

L’endroit est un peu surfait mais nous sacrifions de bonne grâce au rituel avant de prendre la direction du restaurant au pied du phare. L’établissement sert de la nourriture internationale, de quoi contenter toute la famille : pizza pour Charlotte, viande pour Hervé et poisson pour moi.

Cette troisième belle journée se termine par une petite balade digestive le long du Paseo Maritimo entre bord de mer animé et centres commerciaux bondés avant de retourner nous réfugier au fin fond de notre canyon préféré.


Distance parcourue dans la journée : 50 kilomètres.