J2 : Dimanche 5 septembre 2021
Il y a d’abord eu quelques cocoricos ponctuels en pleine nuit ! Puis, au petit matin, tous les coqs de la propriété bientôt relayés par tous leurs congénères de la vallée ont donné de la voix de façon continue jusqu’au lever du soleil, réduisant d’autant notre compte de sommeil. Ah, les joies de la campagne !
Malgré cette nuit un peu agitée, nous sommes sur pied à 8 heures et prêts à sortir une heure plus tard. Notre première idée était d’explorer à pied les escarpements rocheux surplombant la propriété. Mais nous sommes un peu limite au niveau du ravitaillement (la faute aux courses express d’hier soir) pour une marche estimée à 4 à 6 heures.
Pas de problème pour intervertir les programmes. Nous remettons la randonnée au lendemain et décidons de rejoindre aujourd’hui la pointe ouest de l’île, à savoir Puerto de la Aldea, un petit port où nous pourrons aisément déjeuner. Oui, mais dans l’intervalle, il faut d’abord se dépenser un peu tant qu’il ne fait pas encore trop chaud. J’ai déjà tout prévu, ce sera la Montaña de Tauro, décrite par le guide Rother sous le numéro 47.
Pour rejoindre les lieux, à 15 kilomètres (30 minutes) de notre villa, nous prenons la GC505 vers le nord pour un trajet tout aussi spectaculaire que celui de la veille, traversant de charmants villages bordés de palmiers, d’eucalyptus et de roseaux, recroquevillés au fond de canyons reculés et au pied de crêtes rocheuses auxquelles s’agrippent quelques pins, de plus en en plus nombreux au fil de notre montée en altitude.
Le point de départ précis se situe au-dessus du village de Baranquillo Andrès, à proximité du lac-réservoir Salto del Pero à 900 mètres d’altitude. Nous l’atteignons à 9 h 30.
Nous nous engageons immédiatement sur une rampe grossièrement pavée typique de ces sentiers ancestraux dont l’île est pourvue. En effet, le mont Tauro est un site sacré où les anciens Canariens invoquaient jadis leurs dieux.
Etaient-ils également sensibles au fait de pouvoir apercevoir l’île de Tenerife à l’horizon, surmontée par le Teide ? En tout cas, pour nous, cette apparition est une belle surprise, source de très bons souvenirs.
Cherchez l'île de Tenerife !
La montagne de Tauro se présente sous la forme d’une pyramide tronquée qui, telle une forteresse, se détache du massif montagneux environnant. Nous ne sommes donc pas vraiment étonnés d’arriver, à 1225 mètres d’altitude, sur un vaste plateau.
Nous poussons vers l’extrémité Est du plateau, près d’anciennes ruines, où la vue plonge sur le village de Baranquillo Andrès à nos pieds puis, par-delà crêtes et canyons, s’attarde sur la silhouette du Roque Nublo à l’horizon, avant de dévoiler la surface bleutée de deux lacs réservoirs, Cueva de las Niñas et Salto del Pero. Quel panorama !
La randonnée se termine ici a priori, mais sur la carte du GPS nous voyons la possibilité de faire une petite boucle supplémentaire hors balisage. Ce rapide détour confirme nos constatations précédentes : le sommet est indiscutablement plat !
Quand la variante revient sur le sentier initial, c’est l’occasion de profiter d’un angle de vue différent sur les remparts rocheux alentour à travers un léger rideau de pins canariens.
« Ho, hé, Krikri, presse-toi, la journée n’est pas finie ! - Ok, j’arrive ! ».
Nous achevons le parcours de 4,8 kilomètres et 340 mètres de dénivelé au bout de 2 heures. Indiquée de difficulté moyenne dans le guide, j'ai trouvé cette randonnée plutôt facile et attrayante.
Il est 11 h 30 passées. Après cette marche matinale, nous méritons maintenant un bon déjeuner. Cap sur la pointe ouest de l’île distante d’une petite quarantaine de kilomètres mais réclamant près d’une heure et demie de trajet. La faute à l’absence de route rapide dans cette partie de l’île et à une pause incontournable au bord de la route pour admirer les Azulejos de Veneguara, ces filons rocheux colorés zébrant la montagne tel un arc-en-ciel.
Ce n’est donc que vers 13 heures que nous arrivons à Puerto de la Aldea où il y a beaucoup de monde en ce dimanche midi. Contre toute attente, nous n’avons pourtant pas de mal à trouver une table pour déjeuner, juste devant la plage, à l’ombre des palmiers. Sans doute parce que 13 heures c’est encore trop tôt pour les Espagnols ! Les pieds dans le sable (oups, plutôt dans les galets), installés sur une rustique table en bois, nous dégustons à la bonne franquette nos assiettes de calamars frits avant d’envisager une baignade. Mais pas dans les galets, déclare Hervé ! En effet, ici, c’est une plage de gros galets qu’il doit être particulièrement pénible de franchir pour gagner l’eau.
Pas de problème, j’ai ce qu’il nous faut, à savoir une plage de sable dans une jolie petite crique, Playa Chica. Hervé valide après avoir jeté un rapide coup d’œil sur la carte, la plage se trouvant à moins d’un kilomètre, déclare-t-il ! Oui, mais à vol d’oiseau ! Car pour l’atteindre, il faut d’abord grimper raide jusqu’au sommet de la colline dominant le port, sous un soleil de plomb et après avoir fait bombance. J’ai bien cru que notre homme allait faire demi-tour et nous attendre à la terrasse d’un café. Finalement, tout en maugréant, il arrive au sommet où la vue a immédiatement raison de sa mauvaise humeur.
Vue sur Puerto de la Aldea
Vue sur la fameuse Playa Chica
Ces panoramas nous donnent des ailes pour avaler le dénivelé qui nous sépare du bord de mer avant de nous jeter à l’eau avec masque et tuba. En dehors de la qualité de la baignade, de la douceur du sable et de l’environnement rocheux alentour, la crique offre un bonus supplémentaire inattendu : tout en enchaînant les brasses, on peut bénéficier de la vue sur le pic du Teide dominant les reliefs de l’île de Tenerife voisine. Tout cela mérite amplement les efforts consentis.
La petite plage se remplit peu à peu au fil de l’après-midi, la plupart (des locaux sans aucun doute) arrivant directement par les rochers du bord de mer avec chaises pliantes, glacière et parasol. Pour nous, c’est le moment de penser au retour, non seulement jusqu’à Puerto de la Aldea (aïe, il faut remonter sur la colline) mais aussi jusqu’à notre port d’attache dans le barranco d’Arguineguín.
Car depuis hier nous commençons à comprendre que les déplacements à Grande Canarie demandent beaucoup de temps. Celui-ci ne fait pas exception. Après un dernier verre au retour de la plage, pour lequel nous avons eu plus de mal à trouver une table à 16 heures qu’à 13 heures, les Espagnols mangeant décidément très tard, nous quittons la pointe ouest de l’île à 16 h 30. Après avoir fait des provisions cette fois plus conséquentes au supermarché Dino à Arguineguín, nous rentrons enfin au bercail à 19 heures.
Malgré l’heure, nous ne résistons pas à une baignade dans notre piscine. Sacrée journée encore !
Distance parcourue dans la journée : 110 kilomètres.