Fièvre Aphteuse

Version du 26/04/22

Qu’est-ce que c’est ?

DÉFINITION

La fièvre aphteuse (F.A.) est une maladie infectieuse virale, virulente, épizootique, d'une contagiosité à la fois très rapide et très subtile, nécessitant des mesures sanitaires draconiennes. Elle est due à un virus de la famille des Picornaviridae et du genre Aphtovirus.  Elle affecte toutes les espèces animales à doigts pairs (artiodactyles), domestiques et sauvages, en particulier les bovins, les ovins, les caprins et les porcins.

Médicalement bénigne, elle se caractérise cliniquement, après un état fébrile initial, par des éruptions vésiculeuses (aphtes), localisées principalement dans la bouche, dans les espaces interdigités et sur les trayons, qui évoluent rapidement en ulcères. La mortalité est faible chez les adultes, mais peut être fréquente chez les jeunes porcelets, veaux et agneaux. 

Exceptionnellement transmissible à l'Homme

ESPÈCES AFFECTÉES

Plus de 70 espèces animales sont reconnues comme réceptives au virus de la F.A.

Tous les artiodactyles sont spontanément réceptifs :

•      domestiques : bovins, ovins, caprins, porcins, buffles d'Afrique et d'Asie, camelins (controversé) ;

•    sauvages : cerf, chevreuil, chamois, mouflon, daim, sanglier et aussi alpaga, vigogne, girafe, gnou, antilopes, gazelles, élan, gaur, zébu, bison, éléphant, phacochère... éventuels réservoirs de virus. 

Sont également réceptifs, mais rarement touchés : le tapir et l'ours.

En revanche, les équidés, carnivores (autres que l'ours) et les oiseaux ne sont pas réceptifs.

L'Homme, très résistant  peut, exceptionnellement, exprimer cliniquement une infection bénigne.

FA_Caractéristiques

Etude clinique

Incubation de 2 à 7 jours en moyenne, avec des extrêmes de 36 heures à 20 jours

SYMPTÔMES

1. Chez les bovins

2. Chez les ovins et les caprins

3. Chez les porcins

FA_Age des lésions
Bovin, gencive. Il y a une érosion allongée (vésicule rompue) ventrale aux incisives. 
Chèvre, muqueuse buccale. Il existe une érosion importante (rupture de la vésicule) sur la muqueuse buccale mandibulaire rostrale. 
Chèvre, muqueuse buccale. Il existe une importante érosion (cicatrisation) partiellement réépithélialisée sur la muqueuse buccale mandibulaire rostrale. 
Cochon, pied. Il y a une vésicule rompue de la bande coronaire latérale, avec décollement du talon. 
Cochon, pied. Une vésicule rompue de la bande coronaire s'étend dans la peau inter digitée. 
Cochon, pied. Il existe une vésicule intacte sur la bande coronaire caudale de la griffe gauche et une fente (vésicule rompue) sur le bulbe du talon de la griffe droite. 
Bovin, museau. Dans la narine, la muqueuse contient une vésicule intacte. 
Bovin, lèvre. La muqueuse buccale contient une érosion (vésicule rompue) 
Langue. Il existe plusieurs érosions et ulcères importants dans la muqueuse. 
Langue. Il existe plusieurs érosions et ulcères importants dans la muqueuse.Bovin, langue. Une large zone d'épithélium miné (bulla) est érodée de manière centrale; cette lésion résulte probablement de la coalescence de plusieurs lésions plus petites.
Bovin, langue. Plusieurs vésicules de guérison ont des marges jaaune-beige. 
Cochon, pied. De grandes fissures au niveau des bandes coronaires précèdent la desquamation des griffes. 
Cochon, langue. De nombreuses vésicules ("sèches") sont rompues et manquent de liquide. 
Rumen : muqueuse, grossissement plus élevé. Il y a plusieurs érosions de forme irrégulière (vésicules rompues) sur le pilier. 
Rumen ;muqueuse, sac dorsal, faible grossissement. Il y a plusieurs érosions de forme irrégulière (vésicules rompues) sur les piliers. Les marges pâles sont affaiblies par l'épithélium (restes de vésicule) 
Rumen : muqueuse, grossissement plus élevé. Il y a plusieurs érosions de forme irrégulière (vésicules rompues) sur le pilier. 
Trayon. Il y a une vésicule rompue à l'extrémité du trayon. 
Mouton, coeur Une nécrose du myocarde pâle est visible depuis la surface épicardique. 

Photos de lésions – OIE : « Foot and Mouth Disease  Ageing of Lesions » Cliquez ici 

Epidémiologie

Les sources du virus sont multiples : animaux malades, viandes et sous-produits, porteurs de germes et véhicules

Animaux malades

Le principal élément contaminant est l'air expiré par les malades (aérosol infectieux).

Toutes les sécrétions sont virulentes  : aphtes (contaminant jusqu'à 4 jours), salive (6 à 13 jours), sang (< 8 jours mais virémie résiduelle jusqu'à 158 jours), lait (5 à 7 jours), urine, avortons/eaux/enveloppes fœtales, spermes/embryons congelés, laine

Viandes et sous-produits : réfrigérés et congelés dès abattage (virulence forte), produits de charcuterie, ...

Porteurs de germes et vecteurs passifs : porteurs précoces, véhicules passifs (espèces non réceptives et arthropodes), supports inanimés (véhicule, litière, ...), vent

L’excrétion du virus peut commencer 2 jours avant l'apparition des signes cliniques, cesse généralement 4-5 jours après l'apparition des vésicules. 

Voies de pénétration 

Modes de contagion

Les animaux domestiques jouent un « rôle épidémiologique » différent selon l'espèce, avec globalement :

Diagnostics différentiels

Diverses maladies peuvent prêter à confusion chez les espèces réceptives et selon les formes et les localisations de la maladie (Fiche technique – ci dessous)

De nombreuses stomatites banales, infectieuses, plus ou moins contagieuses, entraînant des lésions aphtoïdes, avec ou sans autres localisations, et contagieuses ou non à d'autres espèces, doivent être différenciées de la F.A., en particulier la nécrobacillose chez le porc.

Chez les ruminants, le panaris et le piétin, enzootiques, sont strictement localisés.

Chez le porc, la maladie vésiculeuse des suidés est indiscernable de la F.A. D'une manière plus générale, dans cette espèce, toute lésion podale ou cutanée (de type vésiculaire) doit faire penser à une suspicion de F.A.

Chez la vache, le cowpox (vaccine) et le pseudo cowpox (nodule des trayeurs) se manifestent par des vésico-pustules poxvirales, sans atteinte générale. La thélite ulcérative herpétique n'entraîne pas de lésion buccale ni podale.

Devant la gravité épidémiologique et la rapidité de diffusion de la F.A., apparaît la nécessité absolue, et, du reste, d'obligation réglementaire, d'une confirmation expérimentale précise et rapide de toute suspicion clinique.

·        FA_DGAL_ « Quand dois-t-on suspecter la FA ? » Cliquez ici

Diagnostic clinique / Critères de suspicions (pour INFO  - Soumis à la décision de la DDETSPP) 

Le diagnostic s’oriente, selon les espèces animales, à l'aide d'un faisceau d'arguments épidémio-cliniques et complété par un diagnostic différentiel.

Signes cliniques évocateurs de FA 

FA_Signes_Evocateurs

Eléments cliniques : Il est important d'avoir une approche systématique à l'examen des animaux suspects de FA. 

Il faut : 

La suspicion portera systématiquement :

Elle deviendra une quasi-certitude devant :

Tenir compte :

Il est ainsi important de recueillir les commémoratifs auprès de l'éleveur : quels signes cliniques a-t-il remarqué ? Quand les signes cliniques ont-ils commencé ? Quels sont les animaux affectés ?

Aucun élément épidémiologique ne peut être considéré comme critère.

Consignes / Biosécurités

Précautions à prendre en cas de suspicion en élevage : 

Elles visent à éviter la diffusion du virus aphteux hors du foyer et la détérioration ou destruction des lésions indispensables à l'élaboration du diagnostic tant clinique que de laboratoire.

Il convient  impérativement :

Consignes à l’éleveur

Prélèvements (pour INFO  - Soumis à la décision de la DDETSPP)

Il est primordial de collecter les échantillons appropriés et de les collecter de telle manière qu'ils soient utilisables pour le diagnostic.

Le type de prélèvements dépend de la présence ou non de signes cliniques (voir fiche ci-dessous).

Le conditionnement, l’emballage et acheminement des prélèvements doivent respecter les prescriptions de biosécurité et se fera avec les agents de la DDCSPP.

Pour aller plus loin / Documents utiles


Télécharger la FICHE FA (format PDF)