Figure 2 : schéma général précisant la direction et l'élévation d’un objet
Les témoins donnent très souvent des tailles, des distances, des altitudes, des vitesses absolues ainsi que des directions. Malheureusement, ces données n'ont pas de sens physique dans la plupart des cas. Les perceptions par nos cinq sens sont efficaces par rapport à des objets connus, dans un environnement familier et en journée. Or, les ovnis sont par définition non connus, vus sans que l'on s'y attende, souvent la nuit et sans être encadré par des repères connus. La reconstitution de terrain va nous permettre, entre autre, de déterminer des angles plutôt que des grandeurs absolues.
La reconstitution se réalise sur les lieux de l’observation et, si possible, dans les mêmes conditions (lumière, situation exacte, véhicule identique…). En général, pour des raisons pratiques, celle-ci s’opère immédiatement après l’interview. Elle devrait aussi être réalisée séparément pour chaque témoin. Elle permet de vérifier les contenus de l’entretien et de collecter des données sur les positions et tailles angulaires du, ou des phénomènes observés. Il s’agit simplement, en situation, d’inviter le témoin à expliquer à nouveau ce qu’il a vu. L'enregistrement de la reconstitution surtout en vidéo est bien utile.
Revenez ensuite sur chaque étape/phase importante :
demandez de positionner le phénomène dans l’espace et "traduisez", avec son aide, les données en angles : azimut, élévation, taille apparente (voir fiche technique sur les relevés);
déterminez au sol la position exacte et relative des différents témoins, ceci pourrait permettre dans certains cas de trianguler le phénomène observé (tracez un plan de situation relative des témoins au sol);
mesurez les distances et tailles quand le phénomène est bien "cadré" dans l’espace (par exemple: le phénomène est optiquement devant (donc masque) ou entre deux objets dont la position est connue; il est précisément posé sur le sol...);
faites des photos du témoin, du paysage et posez toutes les questions de clarification qui vous semblent pertinentes.
Il faut aussi relever l’attitude du témoin : doute-t-il ? Est-il certain ? Cherche-t-il son chemin ? Montrez-lui un avion s’il en passe, les planètes ou étoiles principales pour le tester sur ses connaissances du ciel.
Dans la majorité des observations, les mesures de terrain sont des angles (qui sont des rapports entre deux grandeurs). Il est impossible de déterminer la distance et donc la taille d’un objet sur fond de ciel sans repère. A différents moments de l'observation vous devez mesurer : l'azimut, l'élévation, la taille angulaire depuis la position précise du témoin (voir la fiche technique plus bas).
Les résultats de la reconstitution peuvent s’inscrire dans le tableau suivant qui accompagne la CARTE DES DÉPLACEMENTS. La carte des déplacements positionne chaque endroit où un relevé d'angle a été réalisé. Vous devez donc prévoir auparavant une carte imprimée à l'échelle adéquate. Si vous avez un GPS reprenez les coordonnées de chaque endroit. Identifiez par un code, un numéro: chaque témoin, chaque objet et chaque moment de l'observation. Soyez systématique dans la numérotation et la légende de votre carte et dans un TABLEAU DES RELEVÉS.
Vous pouvez utiliser par exemple librement Openstreetmap: avec un Printscreen ou en sauvegardant votre carte dans un fichier via l'option Share à droite de l'écran.
Veuillez prendre une copie de ce tableau vierge dans votre Drive.
L'application mobile gratuite Scout de Cerema peut être un outil particulièrement utile pour cette phase: https://www.cerema.fr/fr/centre-ressources/applications/appli-mobile-scout.
Une vidéo: https://cerema.app.box.com/s/tg7ue8d7s3ldas50p9r41hjvh6yy9dr1.
Une liste métier spécifique pour l'Ufologie pourrait être créée. Tout retour de votre part serait apprécié.
Si le témoin se déplaçait lors de son observation, il convient de tracer le chemin parcouru par le témoin sur la carte. En cas de circulation en voiture, il n’est pas toujours évident de déterminer une position exacte. Lorsque l’on ne peut s’arrêter, les bornes routières sont de bons repères. Une autre option est celle de l’utilisation d’un GPS dans lequel on place des repères tout en roulant. Mieux vaut disposer d’un copilote dans ce cas. De préférence demandez au témoin de conduire.
Si le phénomène présente une certaine dimension angulaire (plusieurs degrés - c'est énorme -), on peut soit relever deux azimuts désignant l’extension maximale soit la direction du centre du phénomène (demander l’information clairement). Ce choix dépend du contexte mais aussi de la précision de votre matériel. Cette remarque est identique en ce qui concerne la hauteur angulaire du phénomène. Le centre "visuel" est à préférer aussi pour l'élévation, sinon signaler s'il s'agit du bas du phénomène.
Pour les directions (azimuts), s’aider de la carte en fonction des repères ou d’une jumelle orientée. Pour ce qui est des hauteurs et tailles, sans disposer d’instrument, on peut utiliser les doigts, la main, les bras, ceux-ci sous-tendent des angles (voir la fiche technique relative aux relevés de terrain). L’utilisation de jumelles orientées sera d’une grande aide, ainsi qu’un niveau a bulle avec inclinomètre. Le témoin peut centrer sur l’objet et évaluer l’angle à l’aide de graduations visibles dans les jumelles. S’il a lui-même observé le phénomène aux jumelles, examinez l’instrument, relevez le modèle, le grossissement, l’ouverture et demandez au témoin la taille de l’objet dans le champ (cfr. figure 5).
UN CROQUIS est aussi une excellente solution (Figure 1).
À chaque phase, la prise de photos est utile. Il faut alors s’assurer de la faire dans la direction indiquée, de bien noter cette direction (azimut), et prendre sur la photo un ensemble de repères qui permettront de la situer et d’y placer le phénomène. Dans le cas d’un observateur statique ou quasi statique, le phénomène peut quant à lui se déplacer sur l’horizon. Il faut donc préférer des plans à grand angle aux zooms. Assurez-vous d’avoir la portion de ciel où l’ovni a été observé. Un panoramique à 360° peut être utile. Il servira à y reproduire la ou les trajectoires du phénomène au fil du temps. Les photos ont généralement plus d’intérêt quand elles sont prises de jour, car elles permettent de distinguer de nombreux repères que l’œil a pu capter de nuit mais qu’une photo de nuit ne rendra pas.
Si votre smartphone vous le permet ou votre tablette, il existe des applications utiles: Theodolite pour Iphone par exemple ou Dioptra pour Androïd (Figure 2). Vous pouvez prendre des photos avec toutes les données dessus. Il faudra rapidement annoter ces photos dès votre retour pour ne pas vous embrouiller dans l'ordre des séquences. Vérifiez aussi si les données vous semblent fiables.
Figure 1: croquis type relevé des angles
Figure 2: Theodolite pour Iphone
Parfois, il est possible de déterminer des distances minimales, maximales ou une fourchette plus ou moins précise. C'est le cas lorsque le phénomène est proche du sol ou au sol. Sa position exacte est alors déterminée s'il est situé optiquement entre deux objets connus. C'est-à-dire qu'il est masqué partiellement par l'objet situé en avant plan et qu'il masque l'objet en arrière plan. Ces objets sont des repères fixes. Soit les repères de distances sont proches et vous pouvez les mesurer directement:
à partir d'une position bien déterminée dans un azimut mesuré et en mesurant la distance par décamètre, par nombre de pas étalonnés,
par la position précise via un GPS
ou bien il faudra faire des mesures via Google Earth à partir de notes prises sur votre carte.
Dans le ciel, les rares repères qui existent sont les nuages. L'altitude des nuages peut-être connue avec une certaine certitude par l'analyse des Synop (bulletin météorologique horaire émis par toutes les stations - voir dans les ressources). Ceci peut vous aider à dimensionner les objets et distances.
Pour vous aider dans la détermination des angles et éventuellement des dimensions réelles nous avons mis au point un outil de calculs. Ces calculs sont basés sur la trigonométrie. Les fichiers suivants vous permettent de les réaliser facilement :
L’enquête de voisinage est une démarche complémentaire et utile à deux niveaux. Premier niveau: pour recueillir d’autres témoignages. Deuxième niveau: afin d’obtenir des renseignements sur le témoin et la façon dont il est perçu dans son quartier.
C’est une démarche délicate, car elle n’est pas sollicitée par les personnes que vous interrogerez et que vous ne disposez d’aucune autorité pour la réaliser. D’autre part, il faut trouver une bonne formulation de question pour ne pas induire des réponses et risquer de perdre la pertinence des informations. Elle demande également un certain cran et du temps.
Étant donné toutes ces difficultés, il faut la réserver aux cas les plus importants.
Demandez au témoin principal s’il voit une objection à ce que vous fassiez une enquête de voisinage.
Ne pas interroger les personnes du voisinage sur les deux niveaux. Choisir si vous désirez des informations sur l’observation ou sur le témoin (plus délicat).
Vous n’avez pas beaucoup de temps : échantillonnez, c’est-à-dire choisissez une, deux ou trois maisons situées de façon optimale et interrogez ses occupants en vous identifiant (à l’aide d’une carte de visite par exemple) et en précisant l’objet de votre recherche. Si une information pertinente est obtenue, demandez si la personne est disposée à vous recevoir à un autre moment et procédez à une enquête dans les formes comme pour le témoin principal.
Vous pouvez revenir : placez un toute-boîte dans les zones qui vous semblent intéressantes. Ne donnez aucun détail, ne mentionnez ni date, ni lieux précis.
Les documents originaux doivent être remis à l’enquêteur qui doit également examiner l’appareil de prise de vue. Notez le modèle exact et les accessoires. En cas d’enregistrement digital, il faut également examiner le support et si possible le prendre (carte SD ou autre format). Une copie digitale originale est le simple fait de prendre le fichier qui se trouve sur la carte et de le placer sur un autre support (votre disque dur, une clé USB…) sans faire une modification du fichier (recadrage, améliorations…). Pour écarter des défauts liés à l’appareil (pixels morts, poussières sur le capteur…), il peut être utile de prendre une ou plusieurs autres photos sur la carte, par exemple celle qui précède et celle qui suit la ou les photos du phénomène. Chaque fichier digital de photo ou de vidéo s’accompagne de métadonnées dites « exif » qui contiennent de nombreuses informations sur la prise de vue. Ces données sont indispensables et toute modification de celles-ci est suspecte. La copie originale les préserve. En cas d’enregistrement analogique, il faut emprunter le film ou la bande.
Dans le cas d’un document photographique ou vidéo et pour autant qu’il s’agisse d’autre chose qu’un simple point qui se déplace à l’écran, il est indispensable de faire appel aux compétences de l’équipe.
Azimut : angle (en degrés) formé entre le nord et la projection de l’OVNI sur le sol en tournant dans le sens des aiguilles d’une montre, soit vers l’Est. D’où la notation N45°E. On donnera la plupart du temps uniquement la valeur de l'angle ici 45°.
L’azimut peut être relevé à l’aide d’une carte et de points de repères, en utilisant une jumelle orientée, son GSM, une tablette équipée d’un GPS, un GPS, une boussole… Pour les bases avec une boussole ordinaire : http://fr.scoutwiki.org/Azimut
La précision est de l’ordre de 1 à 2° avec une boussole de visée ou des repères bien clairs, sinon plutôt une dizaine de degrés. Il y a normalement une correction à apporter, car le nord magnétique ne correspond pas au nord géographique. Cette correction varie selon les endroits et les époques. En Belgique, actuellement, la correction est de l’ordre d’un demi-degré qu’il faut ajouter à l’azimut obtenu avec une boussole magnétique, mais il ne faut pas appliquer cette correction si vous avez utilisé un GPS ou déterminé l'azimut avec une carte. Dans tous les cas, la différence en Belgique est actuellement négligeable au regard de l’erreur de mesure. Dans les ressource vous trouverez un utilitaire pour déterminer la déclinaison magnétique en tout endroit de la planète.
L'azimut se mesure a priori au centre de l'objet, si tel n'est pas le cas, signalez-le.
Figure 3 : élévation ou hauteur angulaire (image issue du questionnaire US air Force – USAF (1955) : USAF, Special Report n°14, Analysis of reports of unidentified objects, Battelle Institut, 1955
Élévation : angle (en degré) représentant la hauteur de l’objet par rapport à l’horizon. Sa grandeur varie entre 0°, à l'horizon et 90° au zénith. Notre système visuel est tel que c'est avec la fovéa que nous pointons un objet. Cette zone fait 2° d'amplitude et nous permet une vue très précise et en couleurs de jour. Il est possible de suivre confortablement un objet situé à environ 15° d'élévation, sans bouger la tête (ce sont nos yeux qui bougent). Ensuite, c'est la tête qui bouge. Elle peut s'incliner vers le haut sans problème de confort et cibler un objet, avec en plus le mouvement de l'oeil, jusqu'à un angle de 60°. Au-delà, il faut se coucher ou plier le dos vers l'arrière. Ces éléments peuvent être de bons indices pour déterminer l'élévation d'un objet, en observant le témoin sur le terrain. Souvent cette précision d'environ 15° est suffisante. Mais si le témoin connaît les étoiles, il peut aussi les utiliser comme repères et être beaucoup plus précis. On peut aussi photographier, filmer le témoin qui pointe en direction de l'objet en se tenant perpendiculairement au plan formé par le corps et le bras du témoin.
L'élévation se mesure a priori au centre de l'objet, si tel n'est pas le cas, signalez-le.
Figure 4 : une jumelle orientée, le moyen le plus précis pour un relevé des azimuts magnétiques
Taille angulaire : c’est l’angle occupé par l’objet dans le ciel dans son extension maximale. Ici l'objet fait 15°-16°, c'est énorme.
Azimut, hauteur angulaire et taille angulaire, nécessitent des mesures ou des estimations d’angles. Une méthode commode est l’emploi de ses mains et doigt à bras tendu, selon la figure 5.
Figure 5 : bras tendu les équivalences en termes d’angle (http://www.webastro.net – consulté le 08/10/2014
Cette méthode peut être utilisée par rapport à des repères dont l'azimut est connu, si vous n'avez pas de boussole. Par rapport à l'élévation, même chose, utilisez des repères comme: une planète, une grosse étoile, la hauteur d'une tour de distance connue ou par rapport à l'horizon tout simplement. Ceci est à croiser avec les mouvements de tête éventuels.
Pour les tailles angulaires, la comparaison est un bon moyen. Par exemple : la Lune qui est un excellent élément de comparaison, connu de tous, occupe 0,5°. Elle présente une certaine surface alors qu’une étoile ou même les planètes telles que Vénus apparaissent comme ponctuelles. Tout au plus peut-on distinguer de grosses et de petites étoiles essentiellement par leur brillance. L’angle apparent de Vénus est au maximum d’une minute d’arc soit 1/60e de degré. L’extension de la constellation de la Grande Ourse entre Talitha et Alkaïd est de 46°. Les repères célestes sont très précis mais requièrent des connaissances de l’observateur.
La règle portée à bout de bras (les bras du témoin) est aussi très efficace. Le rapport est de plus facile à retenir 1 cm à boût de bras c'est 1° d'amplitude environ.
Sinon utilisez des gabarits que vous emporterez avec vous, c'est plus concret que les autres techniques pour beaucoup de témoins:
Petite bille à bras tendus 1,8° (femme) 1,4° (homme)
Grosse bille 2,9° (femme) 2,3° (homme)
Balle de ping-pong 4,7° (femme) 3,7° (homme)
Balle de tennis 7,1° (femme) 5,7° (homme)
Lors de la reconstitution, le témoin pointe l'ovni avec ses mains et l'angle de son bras avec l'horizontal est l'élévation. Ceci peut se fixer sur une photo. Enfin, le témoin peut tracer sur une photo du paysage imprimée (ou sur tablette) le déplacement de l'objet. Ceci peut permettre la détermination des angles pzr calculs (azimut, élévation et taille angulaire si l'objet est à l'échelle). On peut pour se faire utiliser les tableurs Calc ou Excell cités plus haut.
Révisez vos notes et les comparer à celles des autres enquêteurs présents ;
notez vos impressions ;
notez des renseignements complémentaires tels que l’accueil qui vous a été réservé, l’impression que les témoins vous ont laissée, l’ordre, la propreté de la maison ;
notez les couleurs de l'objet à différentes phases en employant un testeur de couleur et notez le code couleur correspondant (magasin de peinture);
notez toute autre observation qui vous paraît utile.
Le terrain, c'est l'occasion de vous rappeler les cours de géographie de l'école secondaire !