C'est le moment le plus important de l'enquête !
Posture et organisation générale
Interview
Entretien cognitif : fiche technique
Conseils alternatifs à l'EC
Photos, films enregistrements divers
Questions à poser lorsqu'il y a présence d'animaux de compagnies
Au terme de l'interview
L'Interview doit se faire chez le témoin ou dans un lieu qu'il aura choisi. Acceptez l'accueil qui vous est fait (boisson, biscuits...), faites connaissance brièvement avec le ou les témoins. Présentez-vous, expliquez la procédure, garantissez la discrétion et conservez une posture "professionnelle et posée". N'entrez surtout pas dans une discussion autour du phénomène OVNI. Vous êtes d'abord là pour recueillir le plus efficacement possible son témoignage, signalez-le. Démarrez rapidement la phase concrète de l'interview. Au terme de l'interview et des questions-réponses sur son observation, vous pourrez avoir une parole un peu plus libre, mais surtout n'essayez pas de donner des conclusions hâtives sur son observation.
Un seul enquêteur pilote l'interview. Le/les autres enquêteurs observent et peuvent intervenir seulement à la huitième étape de l'entretien cognitif, au moment de questionner le témoin. En principe, mais ce n'est pas toujours possible, chaque témoin doit être interrogé séparément. S'il y a beaucoup de témoins, il faut un plus grand nombre d'enquêteurs pour mener des interviews simultanées (préparez cela avant votre arrivée - on a parfois des surprises à ce niveau). L'enregistrement audio ou vidéo est un plus considérable et permet de mieux se concentrer sur le témoignage.
Le COBEPS recommande d'utiliser en priorité la technique de l'entretien cognitif (EC). Si vous ne souhaitez pas employer cette méthode particulière, ou que le témoin ne vous semble pas réceptif, vous trouverez plus bas des consignes plus générales. L'EC ne peut être réalisé qu'avec un seul témoin à la fois et dans un endroit isolé des autres témoins.
L’entretien cognitif est une technique d’interview utilisée notamment dans le cadre d’enquêtes de police et qui vise à aider les témoins (de vol, d’agression...) à se remémorer un maximum de souvenirs d’un événement, sans produire davantage de fausses informations que d'autres techniques policières et en limitant au maximum l’influence de l’enquêteur sur le témoignage. Elle est très efficace et bien adaptée au contexte ufologique. Elle est utilisée par les enquêteurs du GEIPAN en France.
Cette technique est un « idéal » mais vous devez être capable de vous adapter à votre/vos témoins. Cela ne fonctionnera pas avec certaines personnes et par exemple avec les enfants. Elle peut aussi ne pas vous convenir à vous en tant qu’enquêteur. Dans ce cas, si vous ne vous sentez pas à l’aise avec cette méthode ou qu’elle ne vous a pas convaincu, elle ne sera pas efficace et il faut procéder autrement. L’idée est en tous les cas de laisser au début de la rencontre le témoin exposer son observation sans l’interrompre aussi longtemps que le témoin parle.
Lieu de l’entretien : un lieu calme, autour d’une table, dans un salon (éviter les distractions).
Témoin : un seul témoin à la fois. Successivement ou simultanément si le nombre d'enquêteur le permet.
Enquêteur : un seul enquêteur qui dirige l’entretien, un second peut être observateur.
Durée : variable mais prévoir environ une heure.
Matériel : le présent protocole, un ensemble de feuilles de prise de notes (ou le caneva de prise de note en trois colonnes), une caméra vidéo ou un enregistreur audio.
Protocole :
Extraits de : « L’ENTRETIEN COGNITIF : SON EFFICACITÉ, SON APPLICATION ET SES SPÉCIFICITÉS » Samuel Demarchi et Jacques Py (Université de Paris 8)
1re étape : phase d’introduction de l’entretien l’enquêteur parle doucement :
« Nous sommes ici pour recueillir le maximum d’informations concernant cette affaire. Moi, je n’étais pas là lors des faits. C’est donc vous qui allez pouvoir m’apporter les éléments dont j’ai besoin pour faire progresser cette enquête. Je ne vais pas commencer l’audition en vous posant des questions, mais je vais vous écouter raconter ce que vous avez vu. Ce n’est qu’après que je vous demanderai de préciser certains points, si cela est nécessaire.
Je vais vous aider dans cette recherche d’information en vous présentant différentes techniques qui vont faciliter la restitution de vos souvenirs.
On a pu constater que les témoins ont souvent tendance à s’autocensurer, et qu’ils omettent des informations qui leur semblent des détails, mais qui sont quelquefois importantes pour le déroulement de l’enquête.
La première technique que je vous propose consiste à tout me dire, même les détails qui ne vous paraissent pas importants, et même ceux dont vous n’êtes pas très sûr.
Essayez, en fait, de me dire tout ce qui vous vient à l’esprit, d’être le plus complet possible, de parler aussi bien des actions que des personnages ou des objets. Moi, en tant qu’enquêteur, tout m’intéresse, n’importe quel détail, quel qu’il soit.
Le témoin ne dit rien il écoute. Au besoin, signifiez-lui non verbalement qu’il n’est pas encore invité à parler.
2e étape : énonciation de la consigne de remise en contexte mental, l’enquêteur continue à parler doucement et fait des pauses prolongées
« Mais avant de me raconter ce que vous avez vu et ce que vous avez vécu au cours de cette scène, je vais vous demander d’effectuer un travail mental qui va vous aider à mieux vous souvenir.
Tout d’abord, repensez au lieu dans lequel vous étiez (marquer une pause de quelques instants afin de laisser au témoin le temps de repenser correctement à ce lieu), étiez-vous à l’intérieur ou à l’extérieur ?………… Quelle place occupiez-vous dans ce lieu ?………… Quelles étaient les personnes éventuellement présentes ? ………… Quel temps faisait-il ce jour-là ?………… Quelle était la luminosité ?………… Quels étaient les bruits, les odeurs ?…………
Repensez également à votre humeur au moment de la scène. Étiez-vous triste ?………… Gai ?………… Énervé ?………… Calme ?………… Pensez aussi à votre état physique. Étiez-vous en pleine forme ?………… Ou fatigué ?………… Aviez – vous faim ?………… Ou trop mangé ?………… Aviez – vous soif ?………… Froid ?………… Chaud ?………… Aviez-vous mal quelque part ?………… Étiez-vous stressé ?………… Pensez à vos émotions. Avez-vous été ému, choqué, stressé à un moment donné ?……… Pensez à vos réactions face à la scène ?…………
Prenez tout le temps qu’il vous faut pour effectuer ce travail. Lorsque vous vous sentirez prêt, vous pourrez commencer à me raconter ce que vous avez vu. »
L’enquêteur doit éviter de dire « allez-y » à la fin de la consigne de remise en contexte mental car cela incite le témoin à débuter son récit immédiatement sans prendre le temps de terminer le travail suggéré.
Insistons sur l’importance des pauses dans l’énonciation de la consigne. Celles-ci permettent au témoin d’avoir suffisamment de temps pour faire le travail qui lui est demandé. L’accès à l’information ne présente aucune difficulté, mais requiert quelques instants de travail mental. Si l’enquêteur ne laisse pas au témoin la possibilité de faire cet exercice mnésique, l’efficacité de la consigne de remise en contexte mental se trouvera considérablement affaiblie.
3e étape : premier récit spontané du témoin ; l’enquêteur écoute.
Lorsque le témoin raconte, l’enquêteur doit veiller à ne pas l’interrompre. Il doit adopter une attitude d’écoute, avec des renforcements non verbaux. Le témoin doit se sentir écouté pour ne pas être démotivé. L’enquêteur doit également le renforcer et encourager à la fin de son récit en le remerciant pour l’effort qu’il vient de faire et en insistant sur l’utilité de son récit pour la résolution de l’affaire. Face à un témoin peu prolixe, il faut éviter de formuler des remarques négatives qui l’inhiberaient encore plus !
L’enquêteur prend des notes et ne pose aucune question. Lorsque le témoin a terminé son premier récit, marquer une pause ……… pour s’assurer que plus rien ne suit. Introduire ensuite la 4eme étape.
4e étape : énonciation de la consigne de changement d’ordre narratif. L’enquêteur parle.
« Vraiment merci pour toutes ces informations qui seront très utiles.
Quand on raconte une histoire, on utilise l’ordre chronologique. Mais il a été montré que beaucoup de gens parviennent à fournir des informations auxquelles ils n’auraient pas pensé spontanément lorsqu’ils racontent la scène à laquelle ils ont assisté en remontant le temps, c’est-à-dire en partant de la fin et en remontant jusqu’au début.
Je vais donc vous demander de me raconter une nouvelle fois ce que vous avez vu, mais cette fois en partant de la fin et en allant jusqu’au début. Vous découpez votre récit en petites séquences et décrivez chacune d’elles en partant de la dernière et en allant jusqu’à la première. »
5e étape : deuxième récit spontané du témoin
Encore une fois l’enquêteur écoute sans interrompre et renforce et encourage le témoin.
6e étape : énonciation de la consigne de focalisation périphérique (Py et al., 2001)
« Je vais vous proposer une dernière consigne très efficace pour améliorer les souvenirs. Quand on raconte une histoire pour la première fois, on parle surtout des actions et on ne rapporte pas beaucoup de détails. On se laisse emporter par les actions et on n’a pas le temps de tout décrire.
Or, une affaire est souvent résolue à partir d’un détail. Je vais donc vous demander d’effectuer une dernière fois votre récit, dans un ordre chronologique, en vous centrant sur tous les détails qui entourent la scène principale. Surtout n’essayez pas de compléter vos récits précédents. Au contraire, n’ayez pas peur de vous répéter. Reprenez le fil des actions et approfondissez votre récit en effectuant des 'arrêts sur image, des zooms'».
7e étape : dernier récit spontané du témoin
Répétition de la 3e et de la 5e étape.
8e étape : reformulation synthétique et questions spécifiques
L’enquêteur procède, sur la base de ses notes et de sa mémoire de travail, à une reformulation des propos du témoin pour les organiser et vérifier qu’il a compris le témoignage. Au cours de la reformulation, il posera toutes les questions qui lui paraissent utiles et veillera à ce que le témoin demeure actif.
Conseils :
Une manière efficace de prendre des notes est de travailler sur une feuille A4 en mode paysage et en ayant placé 3 colonnes. Chaque colonne correspondant à une narration du témoin. L’enquêteur dispose alors la structure du récit dans la première colonne et ajoute les détails apparus dans les deux autres. Noter sur cette feuille : l’heure de début, le lieu, la durée, les personnes présentes et les circonstances de l’interview.
Un seul enquêteur pilote l’interview. Le/les autres enquêteurs observent et peuvent intervenir a la fin de la 8e étape de l’interview, au moment de questionner le témoin.
Si vous ne pouvez/voulez pas utiliser l'entretien cognitif, les conseils suivant permettront une interview efficace. S'il y a plusieurs témoins, il est préférable de les entendre successivement et dans un endroit isolé des autres témoins. Si vous ne pouvez, procéder de la sorte, faute de temps ou pour toute autre raison, laissez le témoin principal s'exprimer (étape 1 ci-dessous). Demandez aux autres témoins de l'écouter également. À la fin de son récit, invitez un par un les autres témoins à nuancer, compléter, modifier le témoignage. Il est important, et vous devez gérer cela, qu'ils n'entrent pas dans une discussion. Passez ensuite à l'étape 2.
Avant de commencer :
notez - ou énoncez, s'il s'agit d'un enregistrement - la date, l'heure de début, le lieu et les circonstances de l'interview.
Étape 1 :
laissez parler le témoin au maximum sans l'interrompre aussi longtemps qu'il s'exprime. La phrase introductive peut-être la suivante : « Pouvez-vous me raconter ce qui vous est arrivé et dans quelles circonstances ?» ;
prenez note des questions que vous souhaitez approfondir par la suite, notez les termes employés par le témoin et réutilisez-les pour vos questions. Par exemple, si le témoin parle de « lumières », demandez-lui : « Pouvez-vous décrire davantage ces lumières ? D'où venaient ces lumières ? » Sinon parlez du phénomène ;
le second enquêteur peut être plus exhaustif dans la prise de notes;
acquiescez, encouragez régulièrement l'expression du témoin, accrochez son regard pour montrer votre attention (à adapter selon l'âge, la culture du témoin) ;
faites dessiner les différentes phases de l'observation par le témoin avec un crayon ou feutre noir fin sur papier blanc sans carreaux ou lignes.
Étape 2 :
résumez ce que vous avez compris de l’entretien en passant les différentes phases de l’observation en revue de manière chronologique ; les faire confirmer par le témoin ;
posez des questions ouvertes: comment décrivez-vous ceci ou cela? Quels sont les caractéristiques de ...
posez d'abord les questions qui se réfèrent au contexte et aux conditions de l'observation dont la météo ;
utilisez le phasage pour structurer vos questions et solliciter des détails ;
faites confirmer le timing de chacune de ces phases ;
faites confirmer la fin de l'observation ;
demandez les suites de l'observation ;
demandez au témoin s'il souhaite rajouter quelque chose ;
permettez aux autres enquêteurs de poser leurs questions ; au besoin les solliciter si elles ne sont pas spontanées.
Étape 3 :
posez des questions sur l'expérience de vie du témoin (formation, profession, connaissances sur les OVNI...) ;
selon la nature de l'observation, demandez au témoin ce qui différencie ce qu'il a observé d'un phénomène connu s'en rapprochant (avion, lanternes, satellite...).
Étape 4 :
notez et répondez aux questions du témoin sans toutefois trop dévoiler vos conclusions.
Immédiatement après :
notez l'heure de la fin de l'interview.
Il faut compter une heure par personne en moyenne.
Attention ! en cas d'enregistrement l'autorisation des témoins est indispensable. Expliquez-en l'usage.
Lors de l'interview, le support d'une photo, d'un film réalisé par les témoins peut être utile. Au terme de l'interview, visionnez le document et demandez aux témoins de le commenter. Il faut situer le document dans le phasage préalablement établi.
Le document doit être remis à l'enquêteur qui doit également examiner l'appareil de prise de vue. En cas d'enregistrement digital, il faut également examiner le support et, si possible, le prendre (carte SD ou autre format). Si le témoin n'accepte pas de vous donner la carte, examinez la séquence des enregistrements, demandez de prendre celui qui précède, celui qui suit et réalisez sur place sur le support un scan avec le logiciel ''photorec''. Cet utilitaire permettra de récupérer tout fichier effacé s'il n'a pas été recouvert. En cas d'enregistrement analogique, il faut emprunter le film, la bande et si possible l'appareil qui a servi à l'enregistrement.
Faites remplir par le témoin une déclaration sur l'honneur (affidavit) qui donnera davantage de crédit au témoignage et un formulaire d'autorisation pour la publication éventuelle du rapport.
Il s'agit de questions à poser dans l'étape des questions réponses, après les narrations.
Pendant le phénomène :
A votre avis, comment votre animal a t-il vécu l’observation?
Votre animal a t-il réagit?
Si oui comment ? Pouvez-vous décrire son langage corporel?
Était-il stressé ?
Avez-vous réagit à son comportement? Si oui comment?
Depuis le phénomène :
Votre animal a-t-il adopté un comportement inhabituel? Si oui lequel?
Depuis a-t-il des problèmes de santé?
Êtes-vous retourné.e sur le lieu d’observation avec votre animal?
Pensez-vous que votre animal ressente un stress vis-à-vis de ce lieu?
Questions d’ordre général:
Votre animal est-il anxieux de façon générale?
Son âge? Sa race?
Ces questions ont été conçue par Karine Faucher, éthologue spécialisée dans le comportement du chien. Plus d'informations sur le comportement du chien ici.
L'interview est avant tout un contact humain avec tous les affects qui s'y rattachent, tant de votre côté que du côté du témoin. Vous êtes stressé ? C'est normal, surtout si c'est la première fois. Dites-vous que le témoin l'est probablement plus encore. Il a à la fois besoin et peur de parler. Il ne sait pas s'il peut faire confiance dans la personne qu'il va rencontrer.