Le rapport est la finalité de ce travail d'enquête. C'est la trace concrète qui restera. Ce ne sera pas seulement un résumé de l'observation, mais aussi le document qui explique ce que vous avez fait et comment, ainsi que la conclusion que vous tirez sur le cas après des vérifications. C'est le document qui va alimenter la recherche. C'est peut-être pénible mais c'est indispensable. Votre responsable des enquêtes devra vous secouer pour l'obtenir et il aura raison de le faire.
Vérifications
Rapport
Classement
Indices
Procédure de validation
Normalement, à cette étape, toutes les explications simples ont été envisagées et écartées lors du traitement des signalements par le responsable des enquêtes. Toutefois, certaines ont pu échapper au filtre et à la sagacité du responsable du réseau. L’enquête doit donc comprendre une phase d’évaluation du phénomène observé. C’est la vérification.
Globalement, il y a deux grands ensembles de situations possibles. Le premier, dans lequel les témoins sont de bonne foi et n’ont pas identifié un phénomène bien connu, vu dans des circonstances particulières, ou un phénomène plus rare et surprenant. Le second dans lequel les témoins cherchent délibérément à tromper les enquêteurs ou sont psychologiquement fragiles ou mythomanes. Ce second ensemble de situations reste heureusement rare.
Il faut envisager des confusions avec :
corps célestes lents (Stellarium) ou en déplacement rapide (AMS ou BOAM),
satellites, station spatiale, navettes, lanceurs de satellites (In the sky),
avions (procédure d’identification existante), hélicoptères, drones... (ADS-B),
oiseaux, insectes,
ballons, dirigeables, lanternes volantes,
feux d’artifice, flares,
manœuvres militaires…
De nombreux outils sont maintenant disponibles via Internet pour aider à cette identification (voir liens et feuille "Ressources"). En particulier ce site: http://meprises-du-ciel.fr/ est très instructif.
Dans certains cas, il peut être utile de prendre contact avec la police ou les pompiers afin de savoir s’il y a eu des événements particuliers durant l’observation. Dans le cas d’une observation importante (rapprochée, traces physiques), encourager le témoin à contacter la police et à faire rédiger un PV.
Pour diverses raisons, des personnes cherchent à tromper les enquêteurs ou à se tromper elles-mêmes dans le cadre de problèmes psychologiques. Il n’est pas simple de repérer ce type de problématiques. À défaut d’une expérience en psychologie, l’enquêteur dispose de son intuition, mais il peut aussi s’appuyer sur des éléments plus concrets.
En plus d’une appréhension des personnes au moment de l’interview (perception de la qualité de la relation avec les témoins, milieu dans lequel les témoins évoluent…), si le cas est important, il sera utile d’interroger des témoins de moralité (voisins, parents…). Il est important de croiser avec le second enquêteur vos impressions et perceptions. Il est aussi capital, pour les cas significatifs, d'interroger le témoin dans sa maison. Si vous avez des doutes, temporisez davantage vos conclusions, formulez de nouvelles demandes et voyez comment le témoin réagit alors. Un témoin honnête et solide vous répondra avec sincérité. Une recherche Internet via, entre autres, les réseaux sociaux, peut également apporter quelques éléments. Enfin, idéalement, il pourrait être utile de faire procéder à une évaluation de la personnalité du témoin par un psychologue. Il existe aussi un questionnaire en ligne qui permet de tester le caractère « fantasy prone » du témoin. Il ne donne pas un diagnostic mais une indication.
Voici encore quelques éléments concrets permettant, si pas de démontrer, en tous les cas de jeter un doute sur le témoignage :
incohérences du témoignage : vérification avec la météo du jour, heures de lever et coucher des astres, cohérence du chemin parcouru par le témoin… ;
répétitions d’observations extraordinaires, nombreux épisodes et mélange avec des événements d’ordre paranormal ou religieux ;
témoignage par ajouts successifs de nouveaux épisodes non mentionnés initialement ;
perte de documents devant servir de preuve ;
diffusion préalable et à grande échelle du témoignage et des éventuelles photos, vidéos ;
le témoin parle d’autres témoins mais non-identifiés ou inaccessibles pour diverses raisons…
Les témoins sont invités à signer un affidavit. Celui-ci est une garantie supplémentaire.
Pour les vérifications (par exemple une lanterne fait environ 1m) ou pour l'obtention de données sur le phénomène, il est parfois nécessaire ou utile de réaliser des calculs, essentiellement basés sur la trigonométrie à l'aide des angles mesurés sur le terrain et éventuellement une distance connue.
Il est possible, à partir de deux informations, de déterminer tous les autres paramètres avec les feuilles de calculs suivantes:
Attention à la fausse précision, il vaut mieux donner des fourchettes de valeurs. La distance de 1200 m est connue avec une précision de 100 m, alors faites les calculs en prenant 1100 m et 1300 m. La taille angulaire également s'inscrit dans une fourchette. Reprenez-la pour tout calcul ultérieur, par exemple pour déterminer sa distance (par exemple point 6 ci-dessus).
Si le travail de terrain doit être fait le plus tôt possible après l’observation, les vérifications et la réalisation du rapport peuvent demander davantage de temps. Il y a trois cas de figure.
Réalisez une fiche d’identification semblable à la figure suivante et qui reprend une carte de situation complétée de la notification et des conclusions.
Il peut s’agir de lumières nocturnes ou d’objets diurnes situés à grande distance mais pour lesquels le nombre et la qualification des témoins sont élevés et/ou des prises de vue significatives ont été faites. Il s’agit également de phénomènes qui sont proches du ou des témoins. Assez proches pour que des détails de forme, de couleur, et de « comportements » soient observés.
Un simple compte-rendu d’enquête (CRE) peut être suffisant. C’est à l’enquêteur de le déterminer.
Le formulaire de CRE est disponible auprès du responsable du réseau et dans les documents de base. Il reprend une structure en 10 points.
Introduction et données de base sur le lieu, la date, les témoins
Description des lieux de l’observation
Conditions de l’observation
Circonstances de l’observation
Récit de l’observation
Effets secondaires, photos, éléments de preuve
Informations complémentaires
Impression personnelle de l’enquêteur
Appréciation
Annexes (croquis, plans, cartes, photos des lieux, etc.)
Toute autre observation peut être qualifiée de complexe ou extraordinaire : observation confirmée par radar, rapprochée avec des effets physiques ou des occupants.
Un rapport d’enquête est dans ce cas indispensable. Mais il peut être utile même pour des observations finalement expliquées mais pour lesquelles les conditions étaient particulières.
Il est conseillé aux enquêteurs de suivre le canevas du rapport qui va naturellement les amener à se poser les bonnes questions et à effectuer des vérifications. Il est disponible en format Microsoft Word ou Libre-Office. Le canevas contient des remarques en marge qui font référence à des outils qui sont maintenant nombreux et facilement accessibles notamment via Internet. D’autre part, il est utile de disposer de personnes ressources dans différentes disciplines que vous pourrez solliciter: des spécialistes photos, aéronautique, astronome... qui pourront apporter leur éclairage sur l’enquête.
Le témoignage enregistré peut-être intégralement transcrit dans le rapport (verbatim). Ce travail est fastidieux mais permet de faire une analyse précise de ce qui a été dit, d’éviter les interprétations par l’enquêteur et de permettre l’amélioration des interviews ultérieures, notamment en limitant l’influence des enquêteurs sur les témoins. En relisant vous verrez rapidement vos erreurs. Il existe des systèmes qui facilitent la transcription: google doc ou youtube puis oTranscribe par exemple.
Durant la rédaction du rapport, des questions supplémentaires surgiront. Selon leur importance, il sera nécessaire de réinterroger les témoins par E-mail, téléphone ou de les rencontrer à nouveau. Plusieurs visites sur les lieux de l’observation seront peut-être également nécessaires. Toutes les démarches d’enquête doivent être consignées dans le rapport. Ce qui a porté ses fruit ou pas (pour éviter que d'autres après réessaient et échouent également).
Outre le canevas qui permet de structurer et de mettre en forme le rapport, le COBEPS dispose également d’un document qui reprend les normes typographiques à respecter.
Au terme d’une enquête plus ou moins approfondie, selon les cas, on classe les phénomènes aériens (PAN) en :
A : qui sont parfaitement identifiés ;
B : qui sont probablement identifiés ;
C : qui sont bien enquêtés, assez étranges, selon les témoignages, mais l’information disponible pour réaliser un contrôle ne permet pas de se prononcer de manière certaine sur le caractère non identifié du cas ;
D : qui restent non identifiés par des personnes compétentes qui disposent d’assez d’informations pour se prononcer suite à une enquête approfondie.
Le COBEPS a ajouté le code « X » à sa base de données dans la colonne consacrée au classement des PAN. Ce code a été appliqué aux données de l’ensemble de la base en février 2016. « X» signifie globalement « non investigué » : il n’y a pas eut réellement de recherche pour différentes raisons (cas peu étrange : lumière nocturne très éloignée, formulaire très incomplet, absence des coordonnées des témoins...) et donc les renseignements sont insuffisants pour un classement effectif. Dans notre base de données vous trouverez encore le code « EC » : évaluation ou enquête en cours.
Ce classement est inspiré de celui du GEIPAN. Les indices sont expliqué au point suivant, ci-dessous.
Globalement pour obtenir une concordance entre les deux classements, il faut considérer les PAN X du COBEPS comme des PAN C.
Les PAN D peuvent alors être classés selon la description de Hynek
Hynek, 1974 (Les ovni mythe ou réalité) est le scientifique, un astronome sollicité par l'air force dans le cadre du projet Blue Book, qui a le premier structuré les différents types d’observations rapportées sur base descriptive. Il propose le classement suivant des inconnus (classés PAN D ou OVNI réels):
1. Les observations distantes
DD Disques Diurnes
LN Lumières Nocturnes
2. Les observations rapprochées (moins de 150 m)
RR1 Rencontres Rapprochées du 1er type sans trace physique
RR2 Rencontres Rapprochées du 2e type avec traces
RR3 Rencontres Rapprochées du 3e type avec présence d’occupants dans ou autour de l’objet
3. Les Radars Optiques.
RO Observation visuelle confirmée par radar
Vallée, 1991 (Confrontation, J'ai Lu, pp. 291-295) propose quant à lui une classification à double entrée. En lignes, VALLEE reprend les 2 grands ensembles de HYNEK avec les observations distantes et rapprochées. Pour les objets éloignés, la distinction se fait suivant les déplacements de l’objet et non selon son caractère nocturne ou diurne. Il rajoute une classe pour les « anomalies ».
En lignes :
FB, objets présentant des trajectoires rectilignes.
MA, manœuvres telles les arrêts brusques, des virages très serrés, des chutes brutales…
CE, rencontres rapprochées
AN, anomalies (phénomènes inhabituels n’impliquant pas la présence d’objets structurés).
En colonne :
simple observation,
effets physiques,
présence d’occupants,
présence d’occupants et de « transformations de réalités »,
effets physiologiques importants voire mortels.
Classement GEIPAN
Texte fondateur de l'ufologie scientifique, Hynek
Système de classification J. Vallée 1991, révisé en 2007
Les indices ont été proposés par Hynek, 1974 (Les ovni mythe ou réalité) pour estimer l'intérêt d'un rapport. Il a proposé un indice de crédibilité (ou d'étrangeté) et de probabilité.
Indice d'étrangeté = mesure de singularité à l'intérieur d'une grande classe qui le renferme, c'est la mesure des bribes d'information inexplicable (p.44). Indice de probabilité = estimation de la crédibilité individuelle des témoins et la mesure dans laquelle ils ont pu se tromper (p45). Il propose pour ces deux indices des valeurs entre 1 et 10 qui montrent des intensités croissantes des estimations. Il n'y a cependant pas de règle d'attribution, ces indices sont des estimations d'experts.
Poher a établi lui une série de règles qui permettent d'uniformiser l'élaboration de ces indices entre 1 et 5. La crédibilité est dépendante des témoins, l'étrangeté n'est liée qu'aux faits observés. Le fichier lié permet de les établir. Nous les transformons en pourcentage. Il y ajoute un indice d'information et en multipliant ces trois indices, il obtient un indice de certitude unique. Le GEIPAN établi son classement sur base de ces indices.
Il existe encore un autre calculateur d'indices : Ballester-Guasp Evaluation of Completed Reports. L'intérêt de celui-ci réside dans la prise en compte aussi de l'enquête en elle-même. En effet, la crédibilité de l'enquêteur est également en jeu.
Une présentation détaillée de tous ces indices et méthodes pour les déterminer se trouve sur ce généralement excellent forum: https://www.forum-ovni-ufologie.com/t9559-mise-au-point-la-valeur-et-la-credibilite-d-un-temoignage
Je conseille d'envoyer un pré-rapport au témoin pour avis et accord. Ceci oblige à écrire ce document de la manière la plus respectueuse. Le témoin peut ne pas être d'accord avec vos conclusions, vous pouvez le signaler dans le rapport final. Mais il faut qu'il approuve le signalement et la partie descriptive.
Voici la procédure de validation des rapports en vigueur au COBEPS. Cette procédure fait elle-même partie des mesures qui permettent d’assurer la qualité des documents produits. En tous les cas, faites-vous relire et discutez en groupe de votre rapport. Bien entendu le rapport est publié uniquement si le témoin est d'accord.
GP = groupe de pilotage (conseil d'administration)
Ces documents doivent être remis au responsable des enquêtes qui les conserve et les lie aussi à la base de données de cas.