Blanckenfeld, Johann v. (corrigé orthographe)
Le maire de Berlin, Johann von Blanckenfeld, mécène des travaux d'ingénierie.
La chronique des greffiers de la ville de Berlin rapporte pour l'année 1579 : « Le 9 octobre, "Johann Blankenfeldt" l'Ancien, ancien maire de Berlin, ancien maître d'œuvre de la Grâce électorale (qui, de son vivant, s'est consacré à la construction d'ouvrages aussi étranges que variés sur des étangs, des canaux, des écluses, etc.), après avoir démissionné de sa charge de maire quelques années auparavant, s'est éteint paisiblement dans le Seigneur et a rejoint son fils. »
La nature de l'implication de Johann von Blanckenfeld dans les projets d'ingénierie de son époque, ainsi que les travaux précis qu'il a entrepris, ne sont divulgués ni dans cette chronique ni dans aucune autre, car les informations concernant cet homme sans aucun doute important et actif sont généralement assez rares. On peut toutefois trouver quelques indices dans les archives de diverses autorités, dont certaines ont été publiées, qui éclairent sa participation à des entreprises techniques.
Tout au long de son règne, Joachim II s'est efforcé d'améliorer le commerce et les transports en développant les voies navigables. Il avait conçu un vaste réseau de canaux entre l'Oder, la Spree et la Havel, mais n'en réalisa que des fragments. Pour faciliter la navigation, il était urgent de supprimer les anciens barrages imparfaits, dotés de simples passages pour les navires, qui entraînaient d'importantes pertes d'eau même avec quelques petites embarcations et étaient totalement inutilisables pour les plus grandes. Il prévoyait de les remplacer par des écluses à chambres, un type d'écluse connu depuis longtemps mais non encore documenté dans la Marche de Brandebourg. En 1548, Joachim chargea un maître d'œuvre hambourgeois de construire la première écluse à chambres près de Rathenow, achevée en 1559.
La construction d'une écluse similaire près de Brandenburg an der Havel fut également entreprise en 1548 par le même maître d'œuvre. Les négociations de l'Électeur avec les deux villes furent menées par Johann von Blanckenfeld.[1] À Spandau également, l'ancien barrage flottant fut probablement remplacé à cette époque par une écluse moderne de ce type[2], Blanckenfeld y ayant vraisemblablement joué un rôle.
Aucune information n'a été conservée concernant la transformation de l'ancien barrage flottant ou canal d'inondation de Berlin en écluse à chambre. Seul un document atteste que l'écluse de la presqu'île du Werder fut fermée à la navigation en 1578 en raison de travaux de construction[3]. L'électeur Johann Georg poursuivit l'œuvre de son père pour l'amélioration des voies navigables. Ainsi, en 1571, il fit améliorer le barrage avec passage pour navires construit près de Woltersdorf en 1550 afin de faciliter la navigation, tout en rendant navigable le canal de Kalkgraben. Ces travaux furent réalisés « à la demande du maire von Blanckenfeld à Berlin »[4].
Le nom de Johannes von Blanckenfeld est également lié à l'histoire des salines de Beelitz (Klöden, Beiträge III 38 et suiv.). De même que Joachim II encouragea le commerce, il s'efforça de promouvoir l'industrie au mieux de ses capacités, notamment en contribuant grandement à l'amélioration de l'industrie lainière dans le Brandebourg. La production de sel fut au cœur de ses préoccupations, et dès 1542, il entreprit d'améliorer les salines situées près de Trebbin et de Sarremund.
Après des tentatives apparemment infructueuses d'un maître de puits palatin, en 1548, sur la recommandation des fonctionnaires impériaux von Lobkowitz, Asmus von Blankenfeld et Franz Piebe, deux frères, Niklas et Hermann Hirsch, venus des mines impériales de Joachimstal en Bohême, furent employés aux salines de Beelitz. Leur mission consistait à construire quatre pompes hydrauliques pour extraire le sel. Cependant, ils ne parvinrent pas à mener à bien leur tâche, ce qui entraîna un long conflit juridique. En novembre 1549, une commission électorale fut envoyée à Beelitz pour inspecter les installations. Elle était dirigée par Johannes von Blanckenfeld et le maire de Berlin de l'époque, Georg Matthias.
En mars 1551, un tribunal électoral se réunit à la Hausvogtei (bailliage) de Berlin. Johannes von Blanckenfeld, parmi ses membres, s'opposa farouchement aux visiteurs, tandis que Georg Matthias joua le rôle de médiateur. Le rapport de la commission indiquait que l'œuvre, inachevée depuis plus de six mois et censée être terminée en quatre semaines, avait été commencée en fer mais était si fragile qu'elle ne résisterait pas à l'eau. Le différend fut porté devant la Cour impériale et ne fut réglé par accord qu'en 1569.
Entre-temps, les installations furent apparemment rendues utilisables, puisque l'électeur publia un édit en 1560 interdisant les importations de sel et autorisant l'exportation du sel de Beelitz. Blanckenfeld visita les salines à plusieurs reprises et accompagna même un expert de Weimar à Beelitz en 1570, chargé de proposer des améliorations. La Chronique des princes de Brandebourg de Treusing rapporte, faisant sans doute référence à cette visite, que l'électeur ne souhaitait pas reconstruire la source salée après que Joachim II, qui l'avait fait construire à grands frais près de cinquante ans auparavant, l'eut laissée à nouveau péricliter, le sel ayant coûté plus cher que sa valeur.
Le 4 mai 1579, Johann Georg se plaignit dans une lettre du manque d'ouvriers qualifiés pour les salines de Beelitz (Klöden, ibid.). Ce n'est qu'en 1580 que le comte Rochus von Blanckenfeld parvint enfin à recruter le personnel nécessaire. Lynar, lui-même ingénieur et constructeur, fit appel à des experts suisses et saxons pour rendre l'installation pleinement fonctionnelle, et elle semble avoir fonctionné jusqu'à la guerre de Trente Ans.
L'histoire de ce projet révèle que Blanckenfeld non seulement travaillait avec diligence à la construction de ces installations, mais qu'il nourrissait également de profondes inquiétudes à leur sujet.
À son époque, on assista aussi à la construction d'un autre projet auquel son nom, d'après les informations qui nous sont parvenues, n'est pas directement associé, mais auquel il participa vraisemblablement, tout comme à la construction des écluses et des salines de Beelitz. Berlin se dota alors de son premier système d'adduction d'eau. Fidicin en donne des détails assez précis dans le volume V, d'après le récit d'un chambellan datant de 1572. Des conduites en bois, semblables à celles que l'on trouve encore aujourd'hui en haute montagne et dans les pays moins développés, distribuaient l'eau aux membres de la « Guilde des Eaux », sur les propriétés desquels se dressaient des poteaux en bois munis de robinets de distribution, tous du même diamètre.
On ne trouve aucune trace écrite de la nature et de l'emplacement précis de l'installation hydraulique, ni de son constructeur, à moins de le considérer comme le maître d'œuvre des travaux hydrauliques et de canalisations en vigueur le 16 décembre 1572. Cependant, les descriptions des installations techniques des salines de Beelitz correspondent si bien à cette période que nous sommes justifiés de les consulter pour nous faire une idée de la nature de l'installation hydraulique de Berlin. On trouve de telles descriptions, certaines très détaillées et souvent accompagnées d'excellents dessins, notamment dans les ouvrages d'Hieronimus Cardanus (1501-1576), qui parcourut l'Allemagne vers le milieu du siècle et décrivit l'installation hydraulique d'Augsbourg, et dans le « De re metallica » de Georgius Agricola (1490-1555) [5].
Ce dernier ouvrage présente un intérêt particulier pour notre étude. Né à Glauchau en 1490 (son nom allemand était Georg Bauer), il étudia les langues, la médecine, la chimie et la philosophie en Allemagne et en Italie, puis s'installa à Joachimstal, en Bohême, où il exerça la médecine en 1527. C'est là qu'il acquit de vastes connaissances techniques dans les mines locales, connaissances qu'il publia dans un ouvrage paru un an seulement après sa mort, en 1556. Ses illustrations, inspirées des installations hydrauliques de Joachimstal, correspondent parfaitement aux informations fournies par Klöden concernant les salines de Beelitz, dont les constructeurs étaient également originaires de Joachimstal. Malheureusement, l'espace nous manque ici pour développer davantage ces détails.
Des œuvres auxquelles Johann von Blanckenfeld a consacré son énergie et ses efforts, il ne reste rien. Les ouvrages d'ingénierie sont plus éphémères que ceux des artistes plasticiens. Près de Beelitz, seul le nom de la colonie de Salzbrunn, fondée par Frédéric le Grand, rappelle la présence d'une saline. Près de Rathenow, selon Berghaus (Landbuch der Mark Brandenburg 1854, vol. I, p. 350), les vestiges de l'écluse de 1561 étaient encore visibles devant la porte du Moulin, mais elle fut comblée par la suite. Seule la porte de Brandenburg conservait, en 1908, l'ancienne écluse devant la porte de Pierre, dans ses dimensions d'origine.
On peut considérer Johann von Blanckenfeld comme le premier mécène d'ouvrages d'ingénierie du Mark Brandenburg dont le nom nous soit parvenu. Son nom n'est pas encore inscrit dans l'histoire récente de l'ingénierie ; ces lignes visent à le mettre en lumière comme le premier ingénieur berlinois de notre époque. Il est possible que les archives municipales et administratives recèlent encore des notes inédites, jusqu'alors négligées, qui permettraient de compléter les maigres informations disponibles sur sa vie et son œuvre.
1 Klehmet, Contributions à l'histoire des voies navigables du Brandebourg jusqu'en 1600, Journal hebdomadaire de l'Association des architectes de Berlin III, n° 35 et suiv.
2 Klehmet, Histoire de l'écluse de Spandau, Gazette du Havelland, 12 avril 1908.
3 K. Korn : Lettre du comte Rochus, maître d'œuvre des travaux de guerre, à Linar. - Archives secrètes d'État de Berlin R. 21. 138 c.
4 Contributions à l'hydrologie des voies navigables du Brandebourg, Berlin, 1905, Wilh. Ernst & Sohn, p. 147, d'après une communication de l'Inspection royale des mines de Kalkberge.
5 Cf. Beck, Contributions à l'histoire du génie mécanique, juillet 1899, Springer, Berlin.
F. Dopp.
Tiré de : "Mitteilungen" 38, 1921, pp. 29-30. Editeur : Gerhild HM Komander 12/2003