Au cours des années 1960, Karl Gerstner fut captivé par la philosophie universaliste d’Andreas Speiser : l’idée de s’immerger profondément dans un élément artistique et d’y demeurer pendant un certain laps de temps. Cela l’a poussé à s’intéresser aux motifs de la culture islamique et à la géométrie inhérente à ces pavages.
Cette attraction s’est concrétisée chez Gerstner, qui souhaitait associer sa pratique de l’art concret à la géométrie arabesque. Il a alors découvert qu’il était possible de réaliser ce mariage grâce aux couleurs. Chacune des œuvres de cette série, Color Lines, utilise cinq lignes parallèles à la bordure, dans un ordre établi selon le dégradé. Au fur et à mesure que l’on se rapproche du centre, les lignes perdent leur parallélisme, tout comme les couleurs, leur dégradé. La lumière joue également un rôle important : pour l’itération à gauche, nous avons l’impression que l’éclairage provient du haut, ce qui met en évidence les intersections.
Cette collection a inspiré Eva Knoll lorsqu’elle a réinterprété les courbes de Hilbert à la Gerstner, où les courbes prennent l’apparence de toits, tout comme les lignes parallèles de Gerstner dans Color Lines.