Vendredi 27/05/16
J’ai beau scruter la carte météo sous tous les angles, je ne vois guère d’espoir d’amélioration au niveau de la météo. J’avais plus ou moins envisagé d’aller dans la vallée de Thorsmork mais il nous semble idiot d’aller prendre des risques sur une piste réputée difficile pour ne rien voir avec ce temps bouché. Nous faisons contre mauvaise fortune bon cœur et comme la pluie n’est attendue qu’à partir de midi, nous décollons de bonne heure pour faire les « marronniers » que nous avions toujours évités lors de nos précédents voyages, craignant la foule.
Passage rapide pour voir la grotte de notre Hofdi...
Il est 6h du matin quand nous arrivons à Reynisdrangar et il y a déjà quelques personnes !
Nous grimpons ensuite sur la falaise (un sentier part de la petite église de Reynir) dans l’espoir d’y voir des macareux, mais de macareux…point, uniquement des pétrels, et encore, pas beaucoup.
La grimpette est tout de même récompensée par la vue,
sur les pics basaltiques (c’est amusant car depuis Reynisdrangar on n’en compte que 2 !)
et sur Dyrholaey à l’ouest, qui disparait peu à peu dans la soupe.
En redescendant nous inspectons l’endroit bruyamment défendu par un couple d’huitriers pie et découvrons deux petits oisillons, posés à même le sol. Ces oiseaux ne font pas de nid !
Nous reprenons le fourgon pour aller à Dyrholaey, temps de plus en plus bouché !
Allons faire un tour au Solheymajokull, langue glaciaire du Myrdallsjokull, accessible par une piste qui vient d’ouvrir. Il pleut, il y a foule sur le parking, pas envie…
On décide de revenir ce soir en clandestin car on est sûr de se faire regarder de travers par les guides touristiques si on va sur le glacier sans utiliser leurs services.
Nous reprenons la route N°1 vers Hvolsvöllur, histoire de faire un point météo. En effet il est plus difficile dans cette région sud hypertouristique de trouver de la 3 ou 4G que partout ailleurs en Islande ! Alors que nous passons le pont sur la Markafjlot, nous remarquons une éclaircie sur l’embouchure de la vallée de Thorsmork… Plein d’eau et d’essence à Hvolsvöllur, prévisions météo toujours aussi décourageantes, puis nous repartons vers Solheymajokull.
L’éclaircie sur la Markafjlot est toujours là, encore plus belle même !
On se regarde et hop c’est décidé, on tente Thorsmork. Il est 14h, nous ne reprenons l’avion qu’après-demain matin, on a le temps !
Nous voilà dans la vallée de la Markafjlot et il y a carrément du ciel bleu vers l’est et c’est là que nous allons, yes !
On croise quelques voitures impressionnantes, qui nous regardent bizarrement, ce qui n’est pas fait pour nous rassurer…
1er gué gentillet, annoncé à 30 cm d’après mon guide. Plutôt 20 aujourd’hui, hé, hé…
2ème gué débonnaire…
Pour le 3ème gué, il y a plus de courant alors on ne s’arrête pas pour la photo.
Nous avons le soleil dans le dos et les couleurs sont superbes sur la Markafjlot dont ce 4X4 s’amuse à explorer les méandres (le hors-piste est formellement interdit en Islande sauf apparemment dans le lit des rivières qui se remodèle à chaque crue)
Nous sommes en contrebas du célèbre Eyjafjallajokull dont le volcan a défrayé la chronique en 2010.
Les gués se succèdent alors que le ciel se couvre.
La prudence est de rigueur dans cette eau opaque qui dissimule d’éventuels obstacles.
Un tourbillon très localisé soulève d’énormes quantités de sable.
Nous reconnaissons l’Einhymingur, emblématique montagne de Thorsmork, que tous ceux qui ont fait le trek du Laugavegur reconnaitront aussi.
Le Gigjokull, langue glaciaire de l’Eyjafjallajokull apparait :
2 pistes y mènent. Nous choisissons au pif la 2ème , celle de l’est (sans doute le temps que l’idée d’y aller ne nous monte au cerveau),
mais un passage avec de grosses pierres nous oblige à faire demi-tour et à prendre la piste ouest.
Encore un ou deux gués avant d’arriver au pied du Gigjokull.
Avant l’éruption de 2010, le Gigjokull vêlait dans un lagon parsemé d’icebergs. Une énorme coulée de lave a fait disparaitre le lac ! Vous trouverez des photos sur Google Image.
La piste mène donc à présent presqu’au pied du glacier
dont le front est percé d’une grotte de glace.
Impossible toutefois sans se mouiller de traverser la rivière qui nous sépare de celle-ci : une autre fois car nous sommes pressés de finir la piste tant qu’il fait beau.
Remarquez tout en haut de la falaise la petite arche, mais surtout les traces laissées autrefois par le glacier, très haut sur la falaise polie par son avancée.
Impressionnant ! Quelle journée !
Le ciel est noir lorsque nous arrivons à la jonction de la Krossa et de la Markafjlot, au pied du Valahnukur. Il y a ici une passerelle pour ceux qui ne souhaitent pas tenter le très dangereux gué qui mène à Husadalur, le camp principal de la vallée de Thorsmork.
Nous continuons en rive G de la Krossa vers Basar, autre refuge dont l’accès est plus aisé en voiture.
Vers 19h (oui, nous prenons notre temps pour déguster cette piste et ces lumières incroyables !), nous nous arrêtons pour faire une petite rando vers la cascade de Stakkholtsgia. On remonte le ruisseau en rive gauche
dans une vallée encaissée parfaitement éclairée par le soleil du soir.
Nous gardons les pieds secs jusqu’aux derniers 50 m (c’est toujours comme ça) : nous déchaussons-rechaussons pour un premier gué, immédiatement suivi d’un deuxième beaucoup plus long puisqu’il faut carrément remonter la gorge dans la rivière.
Les crocs sont bien sûr restées dans le fourgon. Je sacrifie mes chaussures pour aller voir en amont comment ça se présente : il faut ensuite grimper sur un pont de neige en voie de fonte
et l’on découvre enfin la cascade qui n’est pas très photogénique car masquée par des replis rocheux.
Bref, je fais quelques photos
et les montre à Fred qui s’en contente et garde les pieds secs !
Demi-tour toujours sous le soleil et alors que nous arrivons au débouché du canyon,
nous apercevons un…renard arctique, qui ne nous a pas vus, occupé qu’il était à gagner la rivière pour s’y désaltérer !
Bien sûr je n’ai que le 24-105, trop court pour la circonstance mais j’ai tout de même le temps de déclencher quand il détecte enfin notre présence et détale à toute vitesse.
Quelle journée !
Allez c’est pas fini, on continue, encore un gué, et ce ciel ! Mais quelle journée !
On s’amuse comme des enfants à traverser et retraverser juste histoire de faire quelques photos, avec cette lumière d’apocalypse
Qui rend cette mousse fluorescente !
Et voilà, le dernier gué, le plus gros, avec un arc en ciel en prime ! C’est l’apothéose !
D’après mon guide, le gué le plus profond serait de 80 cm (comme celui sur la Krossa vers Husadalur mais avec beaucoup moins de courant et de grosses pierres)
Je ne pense pas que nous ayons eu plus de 60 cm, avec toujours un courant raisonnable.
Nous reconnaissons le camp de Langidalur où nous étions passés il y a 3 ans lors de notre trek vers Skogar, puis nous arrivons au camp de Basar vers 20h00, toujours accompagnés de notre arc-en-ciel !
Le gardien est là, nous nous acquittons des 3000 kr pour la nuit et allons nous poser dans le camping presque vide.
Nous nous endormons alors que l’arc en ciel est encore là : il a donc duré au moins 2 heures !
Ah ! Quelle journée magique, tellement inespérée alors qu’elle avait commencé de façon si ingrate…
Une petite vidéo de la piste :