POLYNÉSIE (18) LES TUAMOTU (12) À RARAKA (1)

« PAMOUNA et ROBERT »

Entre KATIU et RARAKA, la MER est DEVENUE sinon DANGEREUSE du moins ÉPEURANTE

On est TRIMBALLÉ comme FEUILLES MORTES aux VENTS d’AUTOMNE

COUCHÉS, notre TÊTE ne TIENT pas sur le GRABAT, les PIEDS NON PLUS

PAMOUNA peut BERCER ses deux PETITS se laissant ALLER au GRÉ des FLOTS

Les SACS ne TIENNENT plus ACCROCHÉS aux CLOUS du MUR

Dans le CAFOUILLIS on est PERDU; le petit RANDY pleure, sa maman VOMIT

********************

PEU après MIDI, on s’ANCRE à quelques KILOMÈTRES de RARAKA

PIERRO dit : « On PEUT PAS entrer dans le LAGON, la MER trop MAUVAISE »

On est donc MENACÉ de ne pas DESCENDRE sur l’ATOLL

Après KATIU, ce serait le DEUXIÈME gros DÉSAPPOINTEMENT

Là aussi on est ATTENDU, là aussi on doit CÉLÉBRER la MESSE, etc

Les RESPONSABLES du BATEAU ne SEMBLENT pas SAVOIR quoi FAIRE

Le SUSPENS dure des HEURES de ROULIS et TANGAGE à BRAILLER

********************

Une LUEUR d’ESPOIR : on MET une CHALOUPE à la MER

PIERRO va se RENDRE sur l’ÎLE et SERGE –un de nous trois- l’ACCOMPAGNE

Qu’est-ce qu’ils FABRIQUENT là-bas? Ils ne reviennent plus

Ils sont PARTIS depuis plus d’une HEURE…

À BORD, on se CROIT dans une BÉTONNIÈRE : on ROULE et TOURNE

Les GENS sont de plus en plus EFFONDRÉS et MALADES

S’ils n’étaient pas MORMONS, j’aurais OFFERT une CÉLÉBRATION de la PAROLE

« LUI » qui JADIS a « FAIT TAIRE le VENT et TRANQUILLISER les FLOTS »…

********************

Vers 17h : HOURRA! ATTABOY! On est FOUS comme des BALAIS

OUI! On va y ALLER sur l’ATOLL de RARAKA

À CONDITION d’être de RETOUR demain MATIN pour 5h

VITE! Le NÉCESSAIRE pour la MESSE, le LINGE, le MANGER

À PROPOS, on RÉALISE qu’on a RIEN BOUFFÉ depuis…LONGTEMPS

EMPOCHER ce « NÉCESSAIRE » dans notre FOUILLIS : une OPÉRATION dangereuse!

Une CHALOUPE va VENIR nous PRENDRE bientôt

SACS au dos et aux POINGS, on ATTEND de PIED vacillant mais décidé

********************

Une CHALOUPE à MOTEUR accoste notre GOÉLETTE

Le KATEKITA de RARAKA envoie son FILS nous CHERCHER

La VIOLENCE des VAGUES rend l’ABORDAGE très DIFFICILE

FAUT PAS que l’EMBARCATION se FRACASSE contre notre BATEAU

De PEINE et de MISÈRE on RÉUSSIT à nous EMBARQUER

FALLAIT surtout PAS qu’on DÉGRINGOLE dans l’OCÉAN

********************

Les quelques KILOMÈTRES à PARCOURIR sont très HOULEUX

On STOPPE le MOTEUR; faut ARPENTER le RESTANT dans la MER…à PIED

IMMERGÉS aux ÉPAULES, les BAGAGES à BOUT de BRAS dans les AIRS

Une CHANCE : l’EAU est TIÈDE, quasiment CHAUDE

On va toujours BIEN s’en RINCER un « BOUT »!...

********************

INDEMNES, on ATTERRIT, tentés de –comme le Pape- BAISER le SOL de RARAKA

On REÇOIT l’ACCOLADE du KATEKITA aussi NOIR que CHALEUREUX

Il nous CONDUIT au PRESBYTÈRE invitant et confortable

Le SOUPER est PLUTÔT FRUGAL; on a PERDU l’HABITUDE de MANGER (!)

À CÔTÉ, à l’ÉGLISE, tout un REMUE-MÉNAGE, le VILLAGE prépare la MESSE

Suivant