POLYNÉSIE (18) LES TUAMOTU (12) À RARAKA (1)
« PAMOUNA et ROBERT »
Entre KATIU et RARAKA, la MER est DEVENUE sinon DANGEREUSE du moins ÉPEURANTE
On est TRIMBALLÉ comme FEUILLES MORTES aux VENTS d’AUTOMNE
COUCHÉS, notre TÊTE ne TIENT pas sur le GRABAT, les PIEDS NON PLUS
PAMOUNA peut BERCER ses deux PETITS se laissant ALLER au GRÉ des FLOTS
Les SACS ne TIENNENT plus ACCROCHÉS aux CLOUS du MUR
Dans le CAFOUILLIS on est PERDU; le petit RANDY pleure, sa maman VOMIT
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PEU après MIDI, on s’ANCRE à quelques KILOMÈTRES de RARAKA
PIERRO dit : « On PEUT PAS entrer dans le LAGON, la MER trop MAUVAISE »
On est donc MENACÉ de ne pas DESCENDRE sur l’ATOLL
Après KATIU, ce serait le DEUXIÈME gros DÉSAPPOINTEMENT
Là aussi on est ATTENDU, là aussi on doit CÉLÉBRER la MESSE, etc
Les RESPONSABLES du BATEAU ne SEMBLENT pas SAVOIR quoi FAIRE
Le SUSPENS dure des HEURES de ROULIS et TANGAGE à BRAILLER
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Une LUEUR d’ESPOIR : on MET une CHALOUPE à la MER
PIERRO va se RENDRE sur l’ÎLE et SERGE –un de nous trois- l’ACCOMPAGNE
Qu’est-ce qu’ils FABRIQUENT là-bas? Ils ne reviennent plus
Ils sont PARTIS depuis plus d’une HEURE…
À BORD, on se CROIT dans une BÉTONNIÈRE : on ROULE et TOURNE
Les GENS sont de plus en plus EFFONDRÉS et MALADES
S’ils n’étaient pas MORMONS, j’aurais OFFERT une CÉLÉBRATION de la PAROLE
« LUI » qui JADIS a « FAIT TAIRE le VENT et TRANQUILLISER les FLOTS »…
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Vers 17h : HOURRA! ATTABOY! On est FOUS comme des BALAIS
OUI! On va y ALLER sur l’ATOLL de RARAKA
À CONDITION d’être de RETOUR demain MATIN pour 5h
VITE! Le NÉCESSAIRE pour la MESSE, le LINGE, le MANGER
À PROPOS, on RÉALISE qu’on a RIEN BOUFFÉ depuis…LONGTEMPS
EMPOCHER ce « NÉCESSAIRE » dans notre FOUILLIS : une OPÉRATION dangereuse!
Une CHALOUPE va VENIR nous PRENDRE bientôt
SACS au dos et aux POINGS, on ATTEND de PIED vacillant mais décidé
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Une CHALOUPE à MOTEUR accoste notre GOÉLETTE
Le KATEKITA de RARAKA envoie son FILS nous CHERCHER
La VIOLENCE des VAGUES rend l’ABORDAGE très DIFFICILE
FAUT PAS que l’EMBARCATION se FRACASSE contre notre BATEAU
De PEINE et de MISÈRE on RÉUSSIT à nous EMBARQUER
FALLAIT surtout PAS qu’on DÉGRINGOLE dans l’OCÉAN
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Les quelques KILOMÈTRES à PARCOURIR sont très HOULEUX
On STOPPE le MOTEUR; faut ARPENTER le RESTANT dans la MER…à PIED
IMMERGÉS aux ÉPAULES, les BAGAGES à BOUT de BRAS dans les AIRS
Une CHANCE : l’EAU est TIÈDE, quasiment CHAUDE
On va toujours BIEN s’en RINCER un « BOUT »!...
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INDEMNES, on ATTERRIT, tentés de –comme le Pape- BAISER le SOL de RARAKA
On REÇOIT l’ACCOLADE du KATEKITA aussi NOIR que CHALEUREUX
Il nous CONDUIT au PRESBYTÈRE invitant et confortable
Le SOUPER est PLUTÔT FRUGAL; on a PERDU l’HABITUDE de MANGER (!)
À CÔTÉ, à l’ÉGLISE, tout un REMUE-MÉNAGE, le VILLAGE prépare la MESSE