POLYNÉSIE (15) LES TUAMOTU (9) À MAKEMO (7) ON PART

ADIEU, MAKEMO

En CHALOUPE à MOTEUR, on s’ÉLOIGNE de MAKEMO vers le KAUA ROA NUI

Le ROULEMENT infernal et ENVOÛTANT des TAM-TAMS nous POURSUIT

Une LUNE presque PLEINE, l’exquise DOUCEUR de l’ALIZÉ (27*C)

On APPROCHE de la GOÉLETTE en SILHOUETTE sur une MER d’HUILE et d’ARGENT

ENCORE une SCÈNE d’OUTRE-MONDE, INRACONTABLE

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On ACCOSTE le BATEAU par l’ARRIÈRE, sans ÉCHELLE, faut le GRIMPER

Faut TROUVER et s’AGRIPPER à de rares POINTS d’APPUI

Si on PERD ou PIED ou MAIN c’est l’OCÉAN et les GROS méchants REQUINS

Après MAINTS « ÉJARREMENTS » acrobatiques dont je me SURPRENDS

Au MOMENT d’ATTERRIR, il me FAUT faire MACHINE ARRIÈRE

RÉSULTAT : le « GRAND ÉCART » sur le GARDE-FOU du PONT-DORTOIR ayoille!

À CHEVAL sur le BASTINGAGE – ayoille!

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Sans STOPPER, j’ARRIVAIS tout DROIT sur un gros BONHOMME allongé

À plein PONT à peine ÉCLAIRÉ, des GENS couchés plus ou moins ASSOUPIS

On ENJAMBE les « CORPS » pour ATTEINDRE notre CABINE, la CABINE

Une seule cabine à BORD. –Le « PÈRE » parce que « PÈRE » devait VOYAGER en CABINE

TOUTE la TRAVERSÉE, on sera MAL à l’AISE parce que PAS comme « LES AUTRES »

« LES AUTRES » : surtout des FAMILLES, gros BONSHOMMES, grosses BONNES FEMMES

BEAUCOUP de très JEUNES, une DIZAINE de GRANDS ADOS

Ces DERNIERS se TIENNENT sur un BALCON au 2e , l’ÉTAGE du PILOTE

Pour « LES AUTRES », pas de LIT, pas de BANC, pas de CHAISE,

COUCHÉS ou ASSIS sur un PLANCHER de MÉTAL tout NU

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Le KAUA ROA NUI n’est PAS un NAVIRE de CROISIÈRE pour riches RENTIERS

La CABINE : une GARDE-ROBE d’un peu PLUS que six pieds par six pieds

Deux LITS à deux ÉTAGES; CHANCEUX, reste un LIT pour nos BALUCHONS

Les PAILLASSES, guère INVITANTES, doivent DATER du CAPITAINE COOK (1769)

On COUCHERA évidemment TOUT HABILLÉ même si on MIJOTE dans notre SUEUR

Pour se LAVER faudrait PLONGER dans l’OCÉAN avec les…REQUINS

Ou s’ASPERGER avec la très précieuse EAU en BOUTEILLE

Pas d’EAU courante, tout au PLUS une TOILETTE à l’EAU de MER

Dans la SALLE de TOILETTE, un HANGAR, un POUCE d’EAU douteuse sur le PLANCHER

TEMPÉRATURE asphyxiante, PAS de PAPIER…ESSUIE-TOUT

Pour y ALLER, avant de DORMIR, on TRICOTE par-dessus et entre l’UN et l’AUTRE

Dans le NOIR, j’ai « PILÉ » sur un « BOUT » de QUELQU’UN qui s’est MIS à HURLER

NAVRÉ, j’avais PEUR d’être LYNCHÉ par la FOULE en COLÈRE

Ces GENS couchés à même le SOL viennent d’ATOLLS plus à l’EST

Comme NOUS, ils s’en VONT à la GRANDE ÎLE, TAHITI

CERTAINS ont QUITTÉ leur ÎLE depuis PLUSIEURS JOURS

Des bébés PLEURENT, les autres RONRONNENT, ROUCOULENT, RONFLENT

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On s’ATTEND à LEVER l’ANCRE d’un INSTANT à l’AUTRE

Par PRUDENCE et PRÉVENTION on AVALE une bonne DOSE de « GRAVOL »

Car, FRANCHI le RÉCIF de CORAIL, RENDU en HAUTE MER

On va GOÛTER aux « EAUX DANGEREUSES des TUAMOTU » (Bougainville, 1768)

Pour le MOMENT on est à l’ABRI des LAMES violentes du GRAND LARGE

Une HOULE faible BOUGE le BATEAU d’un ROULIS-TANGAGE tout DOUX

Comme la MAMAN qui BERCE son TOUT P’TIT pour l’ENDORMIR

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Le ROULEMENT des TAM-TAMS, le TAMURE échevelé s’ESTOMPENT dans la NUIT

Au LOIN, la MER s’ÉCLATE en COGNANT le BANC de CORAIL

Je TROQUERAIS donc mon GRABAT, ma CABINE pour un COIN sur le PONT

En PLEIN AIR pour VOIR le CIEL AUSTRAL, la LUNE, la CROIX du SUD…

Je m’ENDORS tout EUPHORIQUE de VIVRE une AVENTURE aussi FASCINANTE

Mes deux « CO-CHAMBREURS » VIBRENT au même DIAPASON

ENSEMBLE on REMERCIE le BON DIEU de pareil CADEAU

On lui ABANDONNE cette PORTION maritime de notre EXPÉDITION

CONSCIENTS de s’ENGAGER sur « La MER DANGEREUSE des TUAMOTU »

Dans des CONDITIONS pas VRAIMENT des plus FAVORABLES

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