Le prix du raid

Le raid est dans la vie scoute un sommet très important et il est désolant de voir trop souvent n'importe qui partir n'importe où, n'importe comment. Avant d'aborder les grands raids, il semble important que toi, qui es personnellement concerné, tu mettes au point ta préparation si tu ne veux pas gâcher cette chance rare pour un homme en 2011 : parcourir un raid. En effet, il faut trouver réunies avant le départ un certain nombre de conditions en dessous desquelles le raid s'assimile à la recherche dominicale du muguet ou au tapage nocturne. Car le raid est :

I/ Réservé aux volontaires

Lorsque tu es prêt, tu demandes à partir. Ce volontariat comporte l'acceptation lucide de certains risques et de certaines difficultés, il donne toute sa valeur à l'homme qui part et c'est ce qui fait la différence immense entre celui qui ose et celui qui subit.

II/ Réservé aux capables

Ceux qui sont parfaitement maîtres des techniques de vie en plein air (bivouac, cuisine trappeur, etc.) et d'orientation. C'est une vraie seconde classe qui constitue la base essentielle pour que le raid ne se transforme pas en casse-tête magnétique ou géographique ou en naufrage plus ou moins volontaire. Aies le sens de la sécurité : sache infléchir ta marche pour éviter une battue de chasse, etc.

Des raids préalables en patrouilles ou des randonnées de reconnaissance en petits équipages (deux ou trois) t'auront parfaitement préparé pour qu'un raid à deux ne pose aucune question sur ces points. Si tu ne te sens pas tout-à-fait à l'aise, personne ne t'empêche de t'entraîner avant d'aborder cette entreprise.

C'est un scout prêt qui doit se présenter le jour du départ : pour les amateurs, les approximatifs de tous poils, il existe des activités plus à leur portée (billes, marelle, jeux vidéos, etc.) mais de grâce, qu'ils laissent le raid à ceux qui savent.

III/ Réservé aux silencieux

L'homme de la forêt est souvent silencieux et s'il a su physiquement se taire, il a su faire silence en lui-même et ce n'est pas le plus facile. Si tu n'es pas sûr d'y arriver il vaut mieux attendre encore un peu avant de partir. Si tu dois transporter dans la forêt ta radio et le cirque que les bruits et les lumières de la ville ont planté dans ta tête, je ne vois pas l'intérêt du déplacement.

Longtemps avant de partir prends l'habitude de te taire, ça te permettra de mieux écouter les autres, de faire silence en toi. La parole de Dieu trouvera plus facilement sa place dans un terrain déblayé. C'est au prix de ce silence que tu découvriras la vie de la forêt, alors qu'elle restera toujours de la littérature pour le touriste ou le campeur du dimanche. Si tu devais passer à côté, il vaudrait mieux ne pas partir, tu trouveras à ta portée des distractions moins fatigantes.

IV/ Réservé aux hommes de prière

De nos jours, rares sont les hommes qui ont le courage de réserver une place importante de leur temps pour écouter la parole du Seigneur. Beaucoup de nos contemporains ne prient pas ou bien peu. Ils ne savent pas s'accorder le bienfait d'une retraite. Si tu as le courage de faire une coupure dans ta vie et si cette coupure n'est pas pour toi l'occasion d'une rencontre, c'est certainement du temps perdu. Là aussi, il n'y a pas d'improvisation possible. Une fréquentation de l'Evangile, la recherche de ce que Dieu te dit à toi personnellement, une préparation avec le Père sont les conditions préalables essentielles.

Un papier, un texte de méditation remis au moment du départ ne suffisent pas.

Un scout en raid est un garçon qui cherche, qui exploite quelques pistes. Encore faut-il les avoir découvertes et ça ne s'improvise pas en un quart d'heure. Ne perds pas de vue que si tu pars, c'est pour revenir plus fort, plus apte à servir tes frères. Ton raid vaudra surtout par le rayonnement qu'il aura en retour pour le service de tes frères.