Après une nuit où on a récupéré tant bien que mal, on se lève pour attaquer le plus mythique des cols pyrénéens : le Tourmalet. Ce sera aussi le plus haut avec ses 2115m. Le ciel est couvert et la météo annonce qu'il va le rester toute la journée. Espérons que ça soit surtout dégagé en haut du col. Ca sera plus agréable que de pédaler dans le brouillard. Enfin on ne se plaint pas trop car depuis le départ on n'a pas eu de pluie. Un orage a eu lieu hier soir vers 21h mais évidement, à cette heure là, ce n'est pas gênant. De cet orage, il ne reste que l'humidité ambiante très élevée. Sur la chaussée humide, les premiers pourcentages arrivent très vite. On a juste la longueur de Luz pour s'échauffer. Ca monte régulièrement et finalement la récupération a été bonne car les sensations ne sont pas mauvaises. On passe Barèges et je reconnais l'endroit où Andy Shleck a attaqué Contador. Je regarde notre vitesse, 8 km/h. Eux devaient bien être à 25 km/h, voire plus au moment de l'attaque. Enfin on n'est pas dans la même catégorie. Nous on continue notre montée à notre rythme. Beaucoup de voitures nous doublent. C'est la première fois qu'il y en a autant. On ne peut pas oublier qu'on est au Tourmalet... On arrive à la station de ski de Barèges. Les premiers lacets s'enchaînent ici. Le vent est de la partie. Il nous pousse puis après le lacet, nous freine et nous refroidit. On commence à deviner le haut et inconscienement, l'excitation de monter le Tourmalet s'amplifie. Du coup ça aide. Pour couronner le tout on aperçoit un petit peloton de coureurs d'une équipe en contre-bas. Même si la lutte est déséquilibrée, on se prend à l'envie de jouer, et on accélère. On tient bon mais on se fait rattraper 2 kilomètres plus loin avec quelques encouragements au passage. Mais bon, leur peloton s'est éclaté et donc d'autres arrivent en continu derrière. En plus un autre cycliste est en ligne de mire devant. L'avantage avec celui-là c'est qu'il est jaune, on ne peut pas le manquer, mais surtout il a l'air de peiner... Les derniers kilomètres se déroulent donc avec un moral boosté, ce qui aide énormément. Finalement on rattrape facilement l'homme en jaune devant qui est en fait en très grand difficulté. 2 kilomètres plus tard, le sommet! Et voilà, on a fait le Tourmalet! Un grand moment de plaisir nous submerge. C'est fou car on a empruntés des cols bien plus durs, mais voilà, c'est LE col des Pyrénées. En haut, beaucoup de cyclistes, dont un de 73 ans! Celui-ci nous explique que ça faisait longtemps qu'il ne l'avait pas fait et qu'il avait peur de ne pas y arriver. A 73 ans, je ne lui en aurait pas tenu rigueur. Mais bravo en tout cas! Petite remarque sympa qu'il faudra qu'un automobiliste m'explique : à quoi ça sert de se prendre en photo devant le panneau du col quand on est monté en voiture ? Car pour moi c'est un col connu car difficile à monter en vélo. Touristiquement, il n'a pas beaucoup d'attrait... Bref passons... Pour notre photo, c'est raté car l'appareil a déconné et nous a perdu toutes les photos qu'on a faite au sommet :( Il ne doit pas aimer l'altitude. Heureusement une photo du portable immortalisera le panneau. On approche de 12h30 et il faut donc manger. Cela se passera à la Mongie dans une pizzeria où le nombre de client atteindra... 2! Triste pour les restaurateurs, mais au moins nous avons été aux petits oignons : service rapide, garçon disponible.
Au Tourmalet
La digestion se passera dans la descente du Tourmalet vers Sainte Marie de Campan. Malgré le froid, c'est une descente peu technique où la vitesse est au rendez-vous. 49 km/h de moyenne! Et en cadeau avec la descente, quatre oreilles bouchées! Même si c'est alors difficile pour communiquer, les oreilles bouchées donnent tout de même une bonne sensation de vitesse. On a l'impression de voler... Cela doit être l'effort en altitude qui a attaqué nos neurones pour penser des trucs comme ça... Une fois à Sainte Marie, avec des oreilles débouchées et des neurones en reconstruction, on se dirige vers le col d'Aspin. Le cadet qui vit dans l'ombre du Tourmalet. Faut dire aussi que sur ce versant, il n'est pas coriace du tout. L'autre côté l'est beaucoup plus. C'est donc sans trop de difficultés, si ce n'est la fatigue, qu'on le franchit pour redescendre sur Arreau. On y fera notre halte. C'est un joli petit village fleuri avec un joli ruisseau en son milieu. On dormira à l'hôtel d'Angleterre et son très bon restaurant. Le prix (dans les 90€) nous poussera à partir le lendemain plutôt que de se reposer. Sinon l'hôtel est très bien avec piscine chauffé et chambres confortables. Le seul hic c'est la clientèle. On faisait un peu tâche au milieu pour deux raisons : l'âge et les vêtements. On n'avait pas prévu les belles chaussures et le costard pour la soirée au restaurant. Enfin on s'en fichait, on n'était pas là pour plaire à la galerie. Malgré tout, le repos se faisait de plus en plus pressant et on décide de faire une pause demain soir. Promis on l'a fait...
Sur le tandem en pleine action et Roxana au col d'Aspin