Le jour n'est pas encore levé, il est 6h30. Direction la gare de Toulouse Matabiau. On réfléchit bien à tout, être sûr de ne rien oublié, on revérifie la liste qu'on a préparé. Ca a l'air bon. On descend au garage, installons les sacoches sur le porte-bagage, allumons les lumières et c'est parti! Le trajet est court, 6 kms par le canal du midi jusqu'à Matabiau. On a prévu 30 min manière de ne pas louper le train. On ne sait jamais : une crevaison pour te rappeler que tu pars faire 800 kms en vélo est vite arrivée... 10 min plus tard, alors que le jour se lève, Roxana me glisse à l'oreille : "on a pris l'antivol ?". Aïe. Ca commence bien. C'est mieux qu'une crevaison mais dans le genre "objet à ne pas oublier", c'est assez important. Donc, un rapide coup d'oeil à l'heure, et demi-tour! On en profite pour bien re-re-penser à tout, manière de ne pas revenir encore. De toute façon on aurait plus le temps. 7h00, deuxième départ avec un goût de déjà vu.
On arrive finalement sain et sauf à la gare, à l'heure et même avec un peu d'avance. En attendant que le quai de notre train pour Bordeaux soit affiché, un cycliste nous demande si on va à Ax. Il cherchait son train qui n'était pas affiché. Ne sachant pas lui répondre, il s'adresse au personnel de la SNCF et... bonne nouvelle, il y a des grèves et des trains sont annulés. Ah. Bon pour Bordeaux le train est affiché, donc ça a l'air bon. Prions pour ne pas être bloqué dans la ville de Montesquieu pour rejoindre Hendaye. Là des raisonnements passent dans la tête : du genre, si ça continue comme ça, ce voyage sent la galère... D'autant plus qu'on appréhendait sacrément de mettre un tandem dans un train qui ne semble pas prévu pour. Et même dans deux trains puisqu'on changeait à Bordeaux (le trajet directe n'était plus réservable avec des vélos même un mois à l'avance). En parlant de réservation, petite aparté assez sympa sur la SNCF : nous nous sommes rendus en gare pour réserver nos billets. Nous partons donc sur un Toulouse-Bordeaux-Hendaye avec un tandem. La dame nous répond donc : "c'est bon pour les billets avec LES vélos". On lui répète que c'est un tandem et donc un seul vélo. Si on peut économiser une réservation de vélo... Elle retourne sur son PC et nous patientons... 10 min (montre en main)! Inquiets, on lui demande si tout va bien. En fait pas trop, car à la SNCF, si tu voyages à DEUX, tu es obligé de réserver DEUX vélos. Malin le gars qui a fait le système de réservation... Parce que sans parler du cas du tandem, si tu pars en famillle et que tu prends les vélos que pour les enfants... même problème... Mais vous me direz, on peut toujours faire deux réservations distinctes et les placer à côté. Que nenni! la personne avec un vélo est dans un compartiment bien spécifique où il faut avoir un vélo! C'est pourquoi la dame de la SNCF a mis du temps à essayer de contourner ce problème. Mais sans succès finalement car je serai avec le vélo en voiture 10, et Roxana sera en voiture 22... Merci!
Retournons à la gare de Toulouse Matabiau. Le quai est maintenant affiché. Coup de bol, c'est le quai 1 : pas d'escaliers à franchir avec le vélo et les sacoches. Le train est un corail intercités, avec des compartiments vélos à chaque bout de wagons. Missions : rentré un tandem dans le wagon, puis dans le compartiment vélo.
Problème n°1 (facile): le guidon est plus large que la porte. Solution : on tourne le guidon en même temps que l'autre soulève le tandem chargé pour passer les petites marches du wagons. Pratique en résumé.
Problème n°2 (moyen) : faire tourner le tandem une fois dans le wagon (le tandem touche les deux portes en même temps). Solution : mettre la roue dans un coin inférieur de la porte d'un côté et dans le coin supérieur de l'autre côté. Pratique aussi.
Problème n°3 (difficile) : ranger le tandem dans le compartiment vélo et faire accepter la situation au contrôleur. En vertical, c'est pas la peine. Peut-être en démontant les deux roues, mais sans les roues, on ne peut plus le suspendre aux crochets prévus à cet effet... Solution : aucune vraiment satisfaisante. Il faut le mettre en plein milieu, le décaler à chaque arrêt pour les laisser monter les gens qui sont plus sympas que le contrôleur. En ce qui concerne la partie "contrôleur", même si il n'était pas content, je l'ai renvoyé au site de la SNCF où "un tandem est considéré comme un vélo". Bon il ne se sont pas foulés sur ce cas, mais l'essentiel c'est qu'ils nous acceptent.
Finalement, nous arrivons à Bordeaux. On change de quai. Au passage notons que c'est un plaisir de monter et descendre les escaliers avec un tandem et 15 kgs de sacoches. Et on attend le TGV en direction de Hendaye qui est bien là. Ouf! C'est là qu'on se dit qu'on sera bien en vélo, pouvant rouler à volonté sans se soucier des bouchons en voiture, des trains annulés, des grèves, etc... Le TGV arrive. Quel challenge nous attend cette fois-ci. Faut dire je m'attendais au pire car j'avais souvenir que les TGV sont plus fins et moins spacieux que les Corail. Mais cette fois-ci la SNCF a bien prévu puisqu'elle a mis un compartiment vélo au fond d'un wagon 1ère classe : ici les vélos sont mis devant des strapontins et on est assis juste à côté. Donc à part le même problème de rotation dans un wagon, c'est trop facile :-) . Le trajet se passe avec un jeune limougeaud qui va faire Hendaye-Saint Jacques de Compostelle en VTT et un allemand qui en revient.
Il est midi, nous arrivons à Hendaye... prêts à rouler...