7 juin 2009 : un nouveau NON à l'Union Européenne.

Les commentateurs appointés des grands médias, glissant comme l’éclair sur le taux record d’abstention dont ils s’évertuent à masquer le sens, se contentent de distinguer des vainqueurs : l’UMP et « Europe écologie », et des vaincus, essentiellement le PS et le MoDem.

 Le tour de passe-passe est grossier : une fois énoncé le taux d’abstention (60,2%), on l’évacue pour ne plus indiquer les scores des différents partis qu’en fonction du nombre de votants. À quiconque protestera contre un tel procédé, on dira que seuls méritent d’être entendus ceux qui ont joué  le jeu démocratique, ceux qui se sont rendus dans les isoloirs, que tous les autres, en se désintéressant du scrutin, ont bien mérité qu’on les tienne hors du jeu, qu’on les ignore comme de mauvais citoyens. Pensez donc : 60 % de mauvais citoyens ; 60 % d’indifférents ; 60 % d’insouciants et d’inconscients ; 60 % de pêcheurs à la ligne , et autres "eurosceptiques" !

 Et les prétendus vainqueurs : les Fillon, Bertrand et Cie, les Cohn-Bendit, Beauvais et Cie pavoisent, les uns sur le piédestal de leurs 28 %, les autres sur la marche de leurs 16,2 %. Mais aucun ne s’aviserait de ramener ce prétendu triomphe à ses justes proportions. En effet, si l’on ramène ses résultats au nombre d’électeurs, le score de l’UMP dégringole à 11,2 % et celui d’« Europe Écologie » s’effondre à 6,45 %. Quand au PS et au MoDem, ils tombent respectivement à 6,69 % et 3,38 %, contre, on n’oubliera pas de le rappeler,  60,2 % d’abstentionnistes dont la victoire est écrasante, sans réplique et sans appel !

 L’on nous expliquera, en triturant les chiffres et en tordant les arguments que l’on ne peut, que l’on ne doit pas compter comme cela, que l’on ne peut parler du « camp » ou du « parti » des abstentionnistes , en raison de son hétérogénéité foncière ! Et l’on ajoutera que nul ne peut tirer à lui la couverture de l’abstention, personne, sur l’échiquier politique, n’ayant appelé les électeurs à déserter les urnes.

Autant d’arguments spécieux : la coalition « Europe Écologie » n’est pas précisément un modèle d’homogénéité, et pas davantage le MoDem. Que d’autre part aucun parti n’ait appelé à l’abstention rend le nombre d’abstentionnistes d’autant plus impressionnant et significatif. Tous les partis, de droite comme de gauche ont présenté l’abstention comme un péril mortel pour la démocratie, et comme la pire des choses. Or, que la démocratie soit malade sous le sarkozysme, on le savait déjà, et nul ne s’en étonnera, sauf peut-être les 11,2 % qui se sont portés sur les listes de l’UMP, aveuglés par ce qu’ils prennent pour une victoire.

En réalité, ce taux record d’abstention, c’est la défaite de tous les partis politiques qui ont voulu faire croire qu’il y  avait quelque chose à gagner dans cette élection : plus de démocratie, une Europe plus sociale, des remèdes à la crise. À cela, les électeurs, dans leur très grande majorité, ont dit qu’ils ne croyaient pas, et cette élection est en réalité une défaite cinglante pour tous ces partis, y compris ceux qui dénonçaient « l’arnaque de l’Europe » tout en présentant des listes.

Le POI, dans cette affaire, est le seul, en parfaite cohérence avec sa position de rupture avec l’Union Européenne, à n’avoir pas présenté de listes, et c’est le seul dont les médias n’ont pas parlé, jusqu’à taire son refus de participer au scrutin. Cela tend à montrer, s’il en était besoin, que c’est cette position d’abord  qui lui vaut le black out obstiné des médias. Et pourtant, par cette position, il est en adéquation avec les 60 % d’abstentionnistes. Il serait donc le mieux fondé à pavoiser, au lendemain de cette élection, non pas parce qu’il s’approprie les non-voix des abstentionnistes, mais parce qu’il voit confirmée la justesse de son  analyse politique. L’UMP a bonne mine de revendiquer sa position de premier parti de France avec 11 % des voix. Qu’il y voie une approbation de la politique de Sarkozy est d’un ridicule achevé. Que Sarkozy s’appuie sur ce piètre résultat pour accélérer sa politique de réformes rétrogrades et destructrices, alors que des dizaines de milliers d’emplois sont supprimés chaque mois est parfaitement scandaleux.

Non, les abstentionnistes n’ont pas déserté les bureaux de vote par indifférence, comme on voudrait nous le faire croire : ils se sont abstenus, pour une bonne partie d’entre eux, pour confirmer le NON au référendum sur le projet de constitution européenne, ce NON qui leur a été volé par la ratification honteuse du traité de Lisbonne. C’est cela que veulent taire les médias ; c’est pour cela qu’elles dressent un mur de silence sans précédent et sans équivalant sur les positions du POI au sujet de l’Union européenne, ainsi que sur sa campagne en faveur d’une marche unie pour interdire les licenciements.

Cette nécessité et cette urgence, les élections européennes n’auront pas réussi à les faire oublier. Nous espérons que les partis de gauche auxquels nous avons lancé notre appel à l’unité vont le réaliser pleinement.