Le sens du mot socialisme

Réponse à Manuel Valls.

Si, Monsieur Valls, le mot socialisme veut toujours dire quelque chose.

 

Vous dites que « le mot socialiste ne veut plus rien dire ». Qu’entendez-vous par là ?

Entendez-vous  que les dirigeants du PS utilisent ce nom comme un fond de commerce électoral, sans rapport avec les valeurs fondamentales du socialisme  et leur politique réelle ?

Ou encore pensez-vous que le mot socialiste est gênant s’il s’agit de mener à bien une politique en commun avec la droite dans les régions, à Bruxelles et au gouvernement ?

Les valeurs fondamentales du socialisme ce sont bien la rupture avec le capitalisme, la lutte contre l’exploitation et l’oppression, la lutte pour l’égalité, pour la mise en commun des grands moyens de productions, c’est-à-dire les nationalisations de la grande industrie et du système bancaire, la lutte pour la redistribution des richesses en faveur des travailleurs, pour le contrôle du commerce extérieur, pour l’internationalisme, la démocratie, la laïcité.

C’est cela que veut dire le mot socialisme. Et être socialiste devrait signifier être pour le socialisme…

Vous constatez que les dirigeants du Parti Socialiste, dont vous êtes , ne veulent plus du socialisme, puisqu’ils se rangent tous derrière la régulation du marché capitaliste, et vous voudriez qu’ils en acceptent la conséquence : ne plus se référer au socialisme. Il y aurait là  une forme d’honnêteté….

Mais en même temps un recul monstrueux : Michel Rocard qui s’entend comme larron en foire avec M. Sarkozy, voulait déjà en son temps « parler vrai », contre le « tenir bon » qui a permis de l’emporter en 1981. Michel Rocard voulait aussi changer le nom du parti.. Pourquoi si ce n’est pour s‘allier avec la droite, comme en Allemagne ? Est-ce que cela a servi au  SPD ? Non, c’est la débâcle de tous les partis socialistes ou sociaux-démocrates à la remorque de l’UE de Maastricht.  En France, c’est la défaite d’abord  de Mme Royal, puis celle de Martine Aubry…

Lionel Jospin n’avait-il pas déclaré que son programme n’était pas socialiste, et n’avait-il pas ainsi contribué à éliminer son parti du second tour des présidentielles ?

Lionel Jospin n’avait-il pas privatisé plus que tous les gouvernements de droite précédents ?

En 1981, n’y avait-il pas eu au contraire des nationalisations ?

L’abstention au niveau des européennes atteint 60%, avec des pics à 70, 80% dans les bureaux de vote populaires, ceux qui avaient le plus voté et le plus voté Non au référendum sur l’UE et sa politique.

N’est-ce pas d’avoir suivi Sarkozy sur le Traité de Lisbonne au lieu d’ écouter la  démocratie, qui a valu au Parti Socialiste cet échec ?

Pourquoi ne voulez-vous pas tirer les leçons des échecs successifs depuis l’abandon des valeurs fondamentales du socialisme et au contraire chercher à pousser encore plus dans le mauvais sens ?

Parce que — n’est-ce pas le sens de votre proposition — supprimer le mot socialiste, ne faciliterait-il pas l’alliance au centre et à droite ?

Mais qui veut de la politique de M. Sarkozy à gauche ? 11% des électeurs ont voté pour l’UMP. Trouvez-vous que le gouvernement est trop faible et cherchez- vous à vous ouvrir à lui, pour l’aider à continuer une politique contre les plus démunis ?

Non, Monsieur Valls, non seulement il faut maintenir le mot socialiste, mais il faut tout faire, c’est l’urgence de l’urgence, pour un retour aux valeurs fondamentales du socialisme.

 

Georges Hoffmann

Ier secrétaire fédéral du PS en 1981 à Strasbourg

Responsable du Courant national

 SOCIALISME MAINTENU du PS  de 1983 à 1986