Séance du 30.01.2024
Lecture d'une œuvre :
"Métaphysique de l'amour, Métaphysique de la mort"
d'Arthur Schopenhauer
par Didier Carsin
1/ Enregistrement de la séance
Pour accéder à l'enregistrement, cliquer sur le lien ci-après:
enregistrement séance du 30.01.2024
2/ Plan du cours
C’est notre 5ème séance de lecture. Nous commencerons par une synthèse des acquis de la lecture de la séance précédente sur la notion de Volonté.
La Volonté universelle comme « chose en soi » constitutive de tous les phénomènes de la nature
De la perception intime de notre corps à l’affirmation de la Volonté universelle (rappel)
La Volonté, substance intime de toute chose, se manifeste de manière différente selon les types de phénomènes (de la « force naturelle » aveugle comme la pesanteur à la volonté réfléchie de l’homme)
La volonté, comme chose en soi, échappe à notre représentation et au principe de raison suffisante qui la régit : elle n’est soumise ni à la causalité, ni au temps, ni à l’espace. C’est une puissance une et indivisible qui s’affirme sans limite et sans raison.
Les « degrés d’objectivation » de la Volonté
Avant de se disperser en une multiplicité d’individus, la Volonté se manifeste selon plusieurs degrés d’objectivation, qui sont les formes générales sous lesquelles se rangent ces individus (ces réalités particulières). Ces formes générales correspondent à ce que Platon appelait les Idées (telle plante est ainsi un exemplaire sensible de l’Idée de plante)
Du degré le plus simple d’objectivation (la poussée aveugle qui attire une pierre vers le sol) au degré le plus complexe et le plus élevé qu’est l’homme (par lequel « la nature arrive au plus haut degré de la conscience d’elle-même »)
Si, par son aptitude à la réflexion, l’homme est une exception, sa différence d’avec l’animal n’est pas pour autant une différence de nature, mais une différence de degré. La volonté ne doit rien à la réflexion, c’est une énergie universelle et aveugle qui s’exerce en toute chose, que la réflexion l’accompagne ou non.
D’où vient le mal qui règne dans le monde ?
Une fois l’essence du monde élucidée, on peut savoir d’où vient le mal (question qui suscite l’interrogation philosophique) : la conflictualité universelle du monde
Le mal provient du fait que la Volonté, puissance absolue, une et indivisible, et purement affirmative en son essence, se manifeste en une pluralité de phénomènes dont l’affirmation des uns passe par la négation des autres (ils s’affrontent ainsi en une lutte incessante pour l’existence). Il y a ainsi un « divorce de la Volonté avec elle-même »
De la conflictualité universelle du monde à l’examen de la condition humaine
C’est en l’homme que la conflictualité qui est à l’œuvre à toutes les échelles de la nature, s’exprime au plus haut point : « A mesure que la Volonté revêt une forme phénoménale plus accomplie, à mesure aussi la souffrance devient plus évidente »
Pourquoi la souffrance constitue-t-elle le fond de toute vie humaine ?
La vie humaine se caractérise par une somme de souffrances bien supérieure à la somme des joies. Cette supériorité a surtout pour source une dotation insuffisante des organismes pour satisfaire les besoins vitaux. Le pessimisme philosophique de Schopenhauer comme réponse à l’optimisme de Leibniz et à la thèse de la bonté naturelle de Rousseau
L’analyse du désir comme souffrance : voir § 58 : « Le manque, la privation, la douleur, voilà la chose positive, et qui sans intermédiaire s’offre à nous »