Séance du 21.11.2023
Lecture d'une œuvre :
"Métaphysique de l'amour, Métaphysique de la mort"
d'Arthur Schopenhauer
par Didier Carsin
1/ Enregistrement de la séance
Pour accéder à l'enregistrement, cliquer sur le lien ci-après:
enregistrement séance du 21.11.2023
2/ Plan du cours
C’est notre 3ème séance.
Si l’interrogation philosophique nait de l’inquiétude éprouvée devant la contingence du monde et la « stupéfaction douloureuse » devant le spectacle du mal (souffrance et injustice), de quelle manière peut-elle s’y confronter, et par quelle méthode peut-elle résoudre « l’énigme du monde » ?
« La philosophie ne se demande nullement d’où vient le monde et pourquoi il existe. La seule question qu’elle se pose, c’est : qu’est-ce que le monde ? » (MVP, Livre I, § 15). La philosophie a pour ambition d’être la science du monde.
Pourquoi les sciences ne peuvent-elles pas répondre à cette interrogation ?
Les sciences expliquent seulement les phénomènes du monde. Elles étudient « l’écorce de la nature » et non son « noyau intime».
Elles énoncent des lois, c’est-à-dire des rapports réguliers entre des phénomènes, mais ne peuvent expliquer les forces naturelles qui sont à l’œuvre dans ces phénomènes (exemple de la force de gravitation). Ces forces demeurent un mystère pour les savants.
Découvrir la nature intime des forces qui s’expriment dans les phénomènes du monde, à commencer par celle qui est à l’origine du mal, c’est l’ambition de Schopenhauer.
Cette investigation le conduit à reprendre à nouveaux frais la distinction que fait Kant entre la « chose en soi » (la chose telle qu’elle est indépendamment de la manière dont nous la percevons) et le « phénomène » (la chose telle qu’elle apparait à notre perception en fonction des structures du sujet connaissant). Pour Schopenhauer, la métaphysique entend remonter au-delà des phénomènes à l’origine cachée de ce qui apparaît, la chose en soi.
Les insuffisances constitutives de la science et sa prétention illégitime (quand elle prétend détrôner la métaphysique en érigeant le phénomène au statut de chose en soi)
L’accès à la « chose en soi » est-il possible ?
Une redéfinition de la métaphysique : celle-ci ne saurait s’abstraire de l’expérience pour prétendre s’élever à des réalités absolues. « C’est en acquérant l’intelligence du monde lui-même que l’on arrive à résoudre le problème du monde ; ainsi le devoir de la métaphysique n’est point de passer par-dessus l’expérience, en laquelle seule consiste le monde, mais au contraire d’arriver à comprendre à fond l’expérience » (MVP, « Critique de la philosophie kantienne », p-536 )
Le projet semble impossible : comment pourrions-nous sortir de notre représentation (nous percevons le monde comme phénomène) de manière à l’appréhender dans sa source, tel qu’il est en soi ?
Avant de voir par quelle « voie souterraine » Schopenhauer parvient à saisir la chose en soi comme « Volonté », il faut examiner d’abord en quoi « le monde est ma représentation » (MVP, Livre I, § 1)
Le monde comme représentation
Il apparait comme un objet à un sujet qui le perçoit.
Les conditions générales en vertu desquelles le sujet perçoit : le principe de raison suffisante
L’idéalité de l’espace et du temps, la causalité
Généalogie de la représentation, les formes de la causalité (action physique pure, excitation, motif)