Séance du 05.12.2023
Séance du 05 décembre 2023
Réflexion sur le Temps
par Didier Carsin
1/ Enregistrement de la séance
Pour accéder à l'enregistrement, cliquer sur le lien ci-après:
enregistrement séance du 05.12.2023
2/ Plan du cours
C’est notre 3ème séance sur la question. Nous poursuivrons et achèverons la lecture du Livre XI des Confessions de St Augustin
Deux perspectives sur le Temps : la perspective cosmologique et la perspective psychologique
La perspective cosmologique : le temps est lié au mouvement des corps, il en rend compte, il est « le nombre du mouvement selon l’antérieur et le postérieur » (Aristote, Physique IV).
La perspective psychologique : le temps n’a de réalité que par l’esprit. Il est « distension de l’esprit » (Augustin, Confessions Livre XI)
Comment concevoir la mesure du temps ?
La réfutation de la conception cosmologique par Augustin (chapitre 23) : le temps n’est pas le mouvement, et il ne peut avoir pour unité de mesure le mouvement des astres. C’est le temps qui mesure le mouvement, non le mouvement qui mesure le temps.
Comment mesurer le temps par le temps ?
Pour mesurer, il faut nécessairement disposer d’une unité fixe de mesure permettant de comparer des durées. Comment appréhender celle-ci ? Les règles de versification établissant des rapports de durée entre les éléments (syllabes, pieds, vers) qui composent un poème le permettent-ils ?
Puisque nous ne disposons dans l’extériorité du monde (mouvement des astres, règles de versification) d’aucune unité fixe permettant de mesurer le temps, il ne reste à la trouver que dans l’esprit : « Par suite, il m’est apparu que le temps n’est pas autre chose qu’une distension, mais de quoi ? Je ne sais, et il serait surprenant que ce ne fût pas de l’esprit lui-même ». (chapitre 26)
Le temps comme « distension de l’esprit » (chapitre 27)
Le passage de la voix qui résonne comme « espace de temps » qui rend possible la mesure
La récitation du vers « Deus creator omnium » : nous ne pouvons pas rapporter l’une à l’autre dans le présent une syllabe longue et une syllabe brève qui résonnent l’une après l’autre, pour les comparer. Ce que nous mesurons, ce sont les syllabes retenues en mémoire : « Ce n'est donc pas elles-mêmes que je mesure puisqu'elles sont passées et ne sont plus; mais je mesure quelque chose qui est dans ma mémoire, et qui y demeure fortement gravé"
Augustin peut alors reprendre la thèse du triple présent (déjà établie au chapitre 20) pour y articuler celle de la distension de l'esprit
Seul un esprit tendu peut être distendu (l’exemple du chant du psaume, chapitre 28)
La part active de l’esprit vers la totalité du psaume qui le fait progressivement passer du futur au passé
« Les forces vives de mon activité sont distendues, vers la mémoire à cause de ce que j’ai dit, et vers l’attente à cause de ce que je vais dire ». Les deux tensions concomitantes et en sens inverse de l’attente et de la mémoire engendrent dans l’esprit une distension (un écartèlement) grâce à laquelle le présent acquiert un espace de temps embrassant une partie du futur et une partie du passé
Ces deux tensions ne sont rien sans la tension de l’attention « par laquelle doit traverser, pour parler ainsi, ce qui est encore à venir et à réciter afin qu’il devienne passé, est toujours présente »
La vie de l’homme et l’histoire de l’humanité sont comme un psaume à réciter.
Le temps comme éloignement de l’éternité : se sauver du non-être du temps pour se « tendre » vers le véritable présent qui est éternité (chapitres 29 à 31)