Séance du 19.12.2023
Lecture d'une œuvre :
"Métaphysique de l'amour, Métaphysique de la mort"
d'Arthur Schopenhauer
par Didier Carsin
1/ Enregistrement de la séance
Pour accéder à l'enregistrement, cliquer sur le lien ci-après:
enregistrement séance du 19.12.2023
2/ Plan du cours
C’est notre 4ème séance consacrée à la lecture de Schopenhauer.
Comment Schopenhauer entend-il remonter des phénomènes à leur source non visible, à la « chose en soi » que Kant a pourtant déclaré inconnaissable ? Avant de voir par quelle voie il compte y parvenir, il faut comprendre en quoi le monde est notre représentation.
Le monde comme représentation (MVR, Livre I, § 1 et 4)
Le monde est ce qui apparaît comme objet (étymologiquement, ce qui posé devant) à un sujet qui le perçoit
« Le principe de raison », comme principe subjectif qui ordonne notre représentation et rend possible l’expérience que nous avons des objets du monde (les phénomènes). Il comprend ces 3 formes que sont l’espace, le temps et la causalité. Le temps et l’espace ne sont pas des structures du monde mais les structures de l’esprit par lesquelles il nous apparaît
La causalité n’est pas séparable de l’espace et du temps (Schopenhauer rompt sur ce point avec Kant). La perception implique que pour identifier un objet, nous rapportions l’impression sensorielle que nous éprouvons à cet objet localisé hors de nous et appréhendions sa matière comme la cause qui l’a provoquée comme effet.
Schopenhauer ne s’en tient pas comme Kant à une analyse des conditions qui dans le sujet rendent possible sa représentation du monde, il s’interroge encore sur les conditions biologiques qui en rendent possible l’émergence chez un animal comme l’homme
Sa réflexion sur la différence de complexité des êtres vivants le conduit à distinguer trois formes particulières de causalité : la cause au sens strict (applicable aux êtres inanimés), l’excitation (aux plantes), le motif (aux animaux et aux hommes)
Le monde comme « Volonté » (Wille, en allemand). MVR, Livre II, § 18 à 29, et chapitre 18 des Suppléments)
La perception intime du corps comme « voie souterraine » qui permet d’accéder à la chose en soi
Le corps comme volonté
Le voile de la temporalité
La perception intime du corps comme « clef pour pénétrer jusqu’à l’essence de tous les phénomènes et de tous les objets de la nature » A partir du corps, l’affirmation du caractère universel de la volonté par la voie de l’analogie : « La volonté est la substance intime, le noyau de toute chose particulière, comme de l’ensemble ; c’est elle qui se manifeste dans la force naturelle aveugle ; elle se retrouve dans la conduite raisonnée de l’homme ; si toutes deux diffèrent si profondément, c’est en degré et non en essence » (MVR, Livre II, § 21, p-152). Le caractère problématique de l’analogie (la critique de Bergson dans la Pensée et le mouvant)
Si la volonté est une tendance fondamentale qui s’exprime dans l’ensemble des êtres du monde, l’homme ne peut plus se définir d’abord et essentiellement comme un sujet conscient et intelligent
« Dans notre propre conscience la volonté se présente toujours comme l’élément primaire et fondamental, sa prédominance sur l’intellect est incontestable, celui-ci est absolument secondaire, subordonné, conditionné. Cette démonstration est d’autant plus nécessaire que tous les philosophes antérieurs à moi, du premier jusqu’au dernier, placent l’être véritable de l’homme dans la connaissance consciente » (MVR, chapitre 18 des Suppléments, p-894, lire surtout sur ce point le chapitre 19 qui a pour titre : « Du primat de la volonté dans la conscience de nous-mêmes »)