Leonard Woolf, faisant un bilan de sa vie, écrit : "I doubt whether I have a "sense of duty", but I have always felt the urge, the necessity, to work and work hard every day of my life".
Comme lui, je ne sais pas faire grand-chose d’autre que travailler. Du moins si l’on considère que c’est travailler que faire courir un stylo sur une feuille de papier, taper sur un clavier, lire et parler ... C’est ce qui m’a toujours passionné, même si l’ordre change de temps en temps.
Ce que j'ai fait, à peu près dans l'ordre
J’ai travaillé sur de multiples terrains à tous les niveaux hiérarchiques possibles. J'ai été employé, cadre, dirigeant de PME, cadre supérieur et profession libérale. J'ai aussi été soldat, pendant 16 mois, comme les copains (à un seul niveau, le plus bas).
A mes débuts, j'ai fait tous les boulots possibles dans une gare. Tenir un standard téléphonique (un métier disparu), diriger des manoeuvres (de trains, pas de corps d'armée), ou nettoyer des lanternes à carbure (ne cherchez pas ce que c'est, on peut vivre sans. Pour ceux qui ont du vocabulaire, c'est le métier du "lampiste").
J'ai aussi pratiqué la pédagogie sous toutes ses formes : la conférence, le cours magistral, les méthodes actives, l'animation de TP et de TD ; j'ai même donné des cours de pédagogie ... J'ai aussi dirigé des écoles professionnelles, pratiqué l'ingénierie de formation et participé à la création d'un institut de management à la SNCF (on ne rit pas). Enfin, j'ai dirigé pendant trois ans le département RH de la Direction Fret de la SNCF.
Parmi les nombreuses entités que j'ai encadrées ou dirigées, en dehors des écoles, on compte une PME, ce qui est très formateur, une Agence commerciale et une unité d'affaires de Fret-SNCF. Je me suis beaucoup instruit grâce à la fréquentation d'acteurs économiques aussi divers que les grossistes en boissons, les multinationales les plus cotées de l'industrie alimentaire, les grossistes du MIN de Rungis, les centrales d'achat de la grande distribution (un cauchemar dont il est agréable de parler au passé !) et les entreprises fabriquant et commercialisant des produits dits de grande consommation : la lessive, le mobilier, l'électroménager, les journaux (avant Presstalis, il y avait les NMPP, des clients très sympathiques), le tabac (le SEITA, Service d'Exploitation Industrielle des Tabacs et Allumettes, des interlocuteurs en or et des vrais professionnels).
En 1999, j'ai quitté la SNCF, et pendant une quinzaine d'années, j'ai partagé mon temps entre l'enseignement et l'accompagnement de démarches de prospective, deux activités que j'ai beaucoup aimées, mais dont je me suis retiré : tout a une fin !
Il me reste ma passion : l'écriture. Pendant près de vingt ans, ce fut pour la presse — principalement Alternatives économiques, un magazine auquel j'ai participé de différentes façons. Il me reste l'édition. J'ai plusieurs projets, dont l'un est assez avancé. Il traite de la prise de conscience de ce qu'est l'impérialisme, par Leonard Woolf, jeune intellectuel britannique frais émoulu de Trinity College, Cambridge (l'un des Colleges les plus prestigieux de l'époque, avec l'établissement voisin, King's, où étudia son ami John Maynard Keynes, et Balliol à Oxford). Recruté comme administrateur colonial par le Ceylon Civil Service, il commence à Ceylan une carrière qui s'annonce brillante. Sept ans et demi plus tard, il démissionne pour épouser Virginia Stephen, qui devient donc Mrs Virginia Woolf, signe un roman remarquable très sévère pour le colonialisme et devient un anti-impérialiste de premier plan.
Je donne aussi des textes, pour le plaisir, à la revue bimestrielle du CLEC (Cercle littéraire des écrivains cheminots), Le Dévorant. J'y ai publié six séries : (i) Les "dernières fois", (ii) L'Histoire du groupe de Bloomsbury, (iii) Le Syndrome de Cassandre, (iv) Chronique du Numérique, (v) L'émergence du design moderne, (vi) Écrire, Voyager, et deux articles sur Les Groupes Medvedkine..
Le management
C'est l'un de mes deux domaines d'étude préférés. Je l’ai beaucoup pratiqué, et j'aime toujours l'étudier. J'ai publié en 2000 le premier livre en France sur Mary Parker Follett, avec la traduction de ses principales conférences, puis Négocier, L'art et la manière, et plus récemment Les Grandes figures du management, une histoire intéressante et lisible du management, à travers 18 auteurs ou dirigeants remarquables. En novembre 2013, j'ai publié "Le Management de A à Z", sous la forme d'un hors-série poche d'Alternatives économiques. Ce petit ouvrage de 200 pages fait un tour complet des concepts du management (750 entrées entièrement inédites, un boulot énorme !). Enfin j'ai réuni 25 histoires d'entreprises marquantes.
J'ai aussi travaillé -- et publié quelques articles ou chapitres dans des ouvrages collectifs -- sur le management d'organisations "atypiques" comme l'armée de terre, une fédération syndicale, les SCOP (Sociétés coopératives et participatives).
La prospective
C'est mon autre domaine d'activité et d'étude préféré depuis plus de 25 ans. J'ai manifesté mon intérêt pour cette discipline, après avoir cessé de l'enseigner pour cause de limite d'âge, en organisant, avec Régine Monti et Philippe Durance un "Café de la prospective" et en tenant la page Facebook correspondante (voir l'onglet Café de la prospective du présent site) Je m'y suis beaucoup donné pendant 7 ans, jusqu'à la fin de l'année 2017-2018.
Le dernier livre de prospective auquel j'ai participé, La prospective stratégique en action, a été publié en février 2014.
Le vieillissement et ses conséquences
Ce thème m'a pas mal occupé pendant huit ans : de 2004 à 2012, j'ai travaillé sur toutes les questions possibles liées au vieillissement de la population. Ayant moi-même vieilli de 8 ans sur ce sujet plein d'avenir, je suis passé à autre chose, même si je me laisse encore entraîner, de temps en temps, à intervenir dans une table ronde ou dans un colloque.
Avec mon vieil ami Michel Godet, nous nous sommes intéressés au vieillissement d'une autre façon. Nous avons interviewé 17 personnes en retraite ou ayant dépassé l'âge légal de départ, et montré comment s'articule une vie avant et après la cessation de l'activité professionnelle. Le Bonheur par le travail est sorti chez Odile Jacob en mai 2017.
La créativité et l'innovation
Ce qui, dans mes activités, a pris le relais du vieillissement, en 2012, ce fut "la créativité et l'innovation dans les territoires". Un thème passionnant, dont tout le monde parle avec plus ou moins de pertinence. Comme pour beaucoup de rapports, le résultat a été frustrant : ce que nous avons apporté, avec mes complices (au premier rang desquels Philippe Durance et Michel Godet) n'était sans doute ni assez innovant ni assez drôle pour passionner les foules. J'ai tenté de me rattraper en réalisant une série d'articles sur l'innovation et les start-up pour Alternatives économiques.
Leonard Woolf
Mon cinquième centre d'intérêt, c'est Leonard Woolf et le groupe de Bloomsbury. A priori peu de rapports avec les thèmes précédents, si ce n'est que Leonard, intellectuel de gauche britannique (eh oui, ça existe !) a beaucoup travaillé avec le mouvement coopératif et laissé deux livres et de nombreux articles sur le sujet.
De Woolf, son ami E.M. Forster (plus connu grâce à l'adaptation cinématographique de Chambre avec Vue, Maurice ou La route des Indes que pour ses romans eux-mêmes) disait « Quelle vie il a eue, et comme il l’a bien menée ! ». Peu de gens connaissaient Leonard aussi bien que le grand romancier : ils ont étudié ensemble à Trinity College (Cambridge University) et sont restés amis intimes pendant 70 ans.
Très connu dans le monde anglo-saxon, où ses livres n’ont jamais cessé d’être réédités, Leonard Woolf n’est, pour les "Woolfiens" français, que le mari de Virginia. Sans aller jusqu'à affirmer par mesure de rétorsion qu'après tout Virginia n'était que la femme de Leonard, j'aimerais faire partager l'humour, l'engagement politique et la qualité humaine de cet homme que j'admire. Je l'aime pour ses qualités (et pour les défauts que nous partageons !), notamment pour avoir été jusqu'à la dernière minute de sa longue existence, d'une absolue fidélité à ses amis et à ses idées -- et à Virginia, jusqu'à sa mort à elle, survenue hélas 28 ans plus tôt.
J'ai écrit un draft de biographie de Leonard Woolf, qui n'est pas fameux (relire ses propres écrits avec un oeil critique est un exercice éprouvant). Je reprends ce projet sous une autre forme avec "Leonard Woolf à Ceylan" (titre provisoire).
Pour en savoir plus, cliquez : un site consacré à Leonard.
L'Histoire de la presse économique et sociale
Avec Christophe Fourel, nous avons réalisé une série d'entretiens avec Denis Clerc, économiste d'une étonnante érudition, pédagogue et fondateur, en 1980, du magazine Alternatives Économiques, dans lequel il est toujours éditorialiste. Ce travail, remis en forme par Denis, a donné lieu à la publication de "Défricher l'économie, Entretiens avec Christophe Fourel et Marc Mousli", aux éditions "Le Bord de l'eau", en août 2020 (entre deux confinements, ce qui n'a pas facilité sa promotion !).