Renouer avec le commun
des dimensions connectives des dynamiques ouvertes aux espaces communs d'interaction
Exposé du 23 mars 2025, 3ème colloque "mathématiques et psychanalyse" de la Lysimaque, Paris
Exposé du 23 mars 2025, 3ème colloque "mathématiques et psychanalyse" de la Lysimaque, Paris
Infos sur https://www.lysimaque.fr/colloques
Au sein d'une famille dynamique, les dynamiques ouvertes qui entrent en interaction ont chacune leur propre espace d'états. Chacun d'eux constitue alors l'un des facteurs d'un espace d'états global incorporant tous ceux en jeu dans la famille considérée. Pour constituer un espace unifié, un tel espace global n'en présente pas moins deux écueils quant à la possibilité d'une rencontre véritable entre les participants : d'une part, en tant que facteurs d'un produit, ils se trouvent a priori davantage du côté de la séparation que de la rencontre (factoriser, c'est séparer). D'autre part, en contribuant à la production d'un espace de grande dimension, ils favorisent la dissolution des structures intéressantes : trop vaste, l'espace dénoue tout. Même si l'interaction en tant que telle va permettre de limiter les possibilités des uns et des autres, limitation signifiant qu'ils tiennent effectivement comptent les uns des autres, encore faut-il que cela s'inscrive dans un espace de partage dont la structure permette d'éviter ces deux écueils, faute de quoi, comme dans la chanson de Fabienne Thibeault (Les uns contre les autres), la rencontre resterait largement illusoire. Quelles structures mettre donc en place pour un espace global favorable à la rencontre et, disons, à ce qu'il se passe des choses intéressantes ? Notre exploration nous conduit à soutenir que c'est en s'appuyant sur des espaces communs, de taille relativement modeste, que de telles structurations peuvent être élaborées. Or, renouer avec le commun a une conséquence inattendue : alors qu'il permet de faire surgir des structures d'ordre connectif élevé - ce que nous désignons comme *intéressant* - il se traduit également par la division des points. Dans un tel espace, chaque point est divisé car multiple. C'est à ce prix, semble-t-il, celui d'incorporer de la multiplicité et de l'altérité en soi, de s'assumer en somme comme sujet divisé, que la rencontre avec l'autre pourrait être envisagée.
On danse les uns avec les autres
On court les uns après les autres
On se déteste, on se déchire
On se détruit, on se désire
Mais au bout du compte
On se rend compte
Qu'on est toujours tout seul au monde
Fabienne Thibeault - Les Uns contre les Autres (1978)