ADRESSE DU BEN AUX BASES
RELATIVE A LA RENTRÉE SCOLAIRE 2015-2016
I- DES MOTIFS DE REPRISE DE LA LUTTE DE 2014 - 2015
Camarades, à la rentrée scolaire 2014-2015, faisant le point des attentes des enseignants du secondaire, la Coordination des Enseignants du Second degré de Côte d’Ivoire, la CES-CI, constatait la placidité de la lutte syndicale qui ne se justifiait guère. Et, bien évidemment, la CES-CI ne pouvait s’y accommoder longtemps, tant cela suscitait l’indignation de la masse laborieuse des enseignants qui espéraient mieux de leurs organisations syndicales.
Dans ce contexte, la CES-CI, prise par le devoir immanent, décida, à son Assemblée Générale de rentrée tenue le 11 octobre 2014, d’agir face à la réaction, en retenant les notes du deuxième trimestre pour rappeler à l’Etat la nécessité de respecter ses engagements en faveur des enseignants.
La mise en œuvre de cette opération de rétention des notes nécessitait, par soucis de plus grande efficacité, une coalition syndicale. Ce qui fut scellé avec la CODESCI et la CNES-COTE D’IVOIRE, deux structures sœurs partageant le même idéal.
C’est ainsi, camarades, que le tout premier préavis de rétention des notes au secondaire général de l’année scolaire 2014-2015, fut déposé auprès des autorités compétentes en la matière. C’était le 19 décembre 2014.
A la suite du dépôt de ce préavis, quelques rencontres ont eu lieu. Celles tenues avec notre ministère technique, au sommet, ont été tantôt des foires aux menaces, tantôt une démonstration de l’inébranlabilité de son administration, le tout mené dans un paternalisme exagérément dogmatique. Les rencontres de la Fonction Publique ont été en revanche marquées de courtoisie mais malheureusement improductives.
D’où l’exécution, avec honneur, du mot d’ordre du 05 janvier 2015 au 02 mai 2015 par toutes les bases de la CES-CI, la CODESCI, la CNES COTE D’IVOIRE et le Mouvement des Syndicats de l’Enseignement Général, Technique et Assimilés de Côte d’Ivoire qui a récupéré la lutte à partir de mars 2015.
Les conséquences de l’opération ne se sont pas fait attendre longtemps car, juste après trois semaines de rétention, l’environnement scolaire fut d’abord gravement perturbé par les élèves réclamant leurs notes, puis, dans la foulée, par d’autres organisations qui nous emboitèrent positivement le pas dans des conditions de terreau déjà fertilisé par notre initiative.
Camarades, c’est le lieu, pour le BEN de la CES-CI, de féliciter particulièrement tous les militants du trio susmentionné et en général tous les enseignants qui ont compris que pour jouir, sans complexe, des fruits d’une œuvre, il faut participer, avec responsabilité et abnégation à sa construction. Notre engagement a eu raison des nôtres qui vernissent leurs couardises par des théories pompeuses de sagesse, de rejet des méthodes de combat utilisées ou d’inopportunité de la lutte, mais, qui, étrangement sont les premiers à courir, à grand pas, au grenier après que nos blessures morales, psychologiques et physiques ont rempli en fin de compte ce grenier. L’école a été secouée par notre détermination.
Mais, malgré ce désagrégement de l’école, l’autorité continuait sa politique de l’autruche, à tout le moins en apparence. Face à un tel mépris, il fallait pousser encore.
Il était donc temps, pour la CES-CI, cristallisant l’espoir des professeurs du secondaire, d’agir, de passer à la vitesse supérieure, par la grève, afin de rester logique à sa tradition de lutte et conforme à sa mission ; le résultat par la lutte intrépide.
C’est ainsi qu’elle a fortement contribué, dans le Mouvement des Syndicats de l’Enseignement Général, Technique et Assimilés de Côte d’Ivoire à l’option de combat. D’où la grève de mars et avril 2015.
II- DU POINT DE LA LUTTE DE 2014 - 2015
Pendant la grève du Mouvement des Syndicats de l’Enseignement Général, Technique et Assimilés de Côte d’Ivoire, vous, leaders régionaux, locaux et militants de base de la CES-CI, avez assumé vos responsabilités, avec courage, dignité et honneur. Vous avez régulièrement été en première ligne, sur des terrains hostiles à la liberté syndicale dans la majorité des trente-six (36) DRENET, réaffirmant ainsi votre maturité en matière de combat syndical aguerri.
Camarades, le Bureau Exécutif National vous réitère sa profonde gratitude et vous exprime sa fierté pour votre mobilisation retenue par l’histoire. Cette mobilisation a fortement contribué à contraindre le gouvernement à :
- réviser sa position sur le paiement du stock des arriérés liés au profil de carrière de 2009 en acceptant ,verbalement, le principe de son apurement par la voix du Ministre d’Etat, Hamed Bakayoko ,le 30 avril 2015;
- reverser les salaires ponctionnés pour fait de grève de 2015 (déjà effectif) et de ceux de 2013 en attente;
- débloquer brusquement le 1er mai les avancements de salaires ;
- prendre conscience de la détermination syndicale des enseignants.
En effet, Hamed BAKAYOKO nous avait promis, le 30 avril 2015, la mise en place d’une commission chargée de discuter des modalités d’apurement des arriérés. Cela, dès le retour du Premier Ministre Kablan Duncan qui était alors absent du pays. Nous demeurons dans l’attente de cette promesse.
Même en ce qui concerne le déblocage des salaires opéré fin mai sous la pression syndicale, il convient de dénoncer ici les graves et nombreuses irrégularités constatées. Près de sept mille (7000) enseignants n’en ont pas régulièrement bénéficié. La phase de régularisation débutée depuis mai souffre d’une lenteur manifeste dont les raisons sont peu convaincantes.
Pour régler ce problème crucial relatif au déblocage, le BEN de la CES-CI n’a cessé de faire pression sur les services techniques impliqués dans le traitement de ces dossiers, brandissant parfois la menace du boycott de la rentrée scolaire.
D’où, jusqu’au 05 septembre 2015, seuls 1200 dossiers pour tous les secteurs concernés étaient effectivement parvenus aux services compétentes de la SOLDE.
Les enseignants étant en vacances, l’administration a eu beau jeu de trainer sur le traitement de ces dossiers. Heureusement que l’école ouvre à nouveau, nous apprécierons plus efficacement le développement de la question.
III- DE LA SUITE DE LA LUTTE
Depuis le 05 mai 2015, date à laquelle nous avons rencontré, dans le cadre du Mouvement des Syndicats de l’Enseignement Général, Technique et Assimilés de Côte d’Ivoire, le Ministre Hamed Bakayoko pour la dernière fois, nous n’avons cessé de l’interpeller sur le respect de l’engagement qu’il a pris. Ces actions d’interpellation ont été traduites d’abord par des courriers officiels puis des conférences de presse. Tous ces signaux sont restés sans retour jusqu’au congrès de la CES-CI tenu les 05 et 06 septembre 2015 à Agboville.
Ce congrès, après analyse de l’état des revendications sociales des enseignants, a demandé au BEN d’engager la lutte, avec vigueur, en vue de trouver diligemment, une réponse satisfaisante au paiement du stock des arriérés qui constitue l’attente la plus pressante des enseignants de Côte d’Ivoire.
Outre cette injonction particulière du congrès, le BEN de la CES-CI s’engage, conformément aux résolutions de ce congrès, à œuvrer, avec engagement et pragmatisme, à la satisfaction des revendications ainsi après citées :
Ø la revalorisation des indemnités forfaitaires contributives au logement des professeurs de lycée et collège
Ø l’intégration des intendances aux centres d’examen
Ø la revalorisation des primes liées aux examens nationaux
Ø l’intégration à la Fonction Publique des 97 enseignants ex- contractuels radiés
Pour ce faire, le BEN de la CES-CI demande :
- aux Coordinateurs Fédéraux d’effectuer dès la rentrée du 21 septembre 2015, dans des conditions favorables, une tournée d’explication et de remobilisation de toutes les bases sous leurs directions ;
- Aux Coordinateurs locaux de se préparer, avec leurs bureaux locaux, à recevoir les délégations fédérales qui seront appuyées par endroit par des nationaux résidants ;
- A tous les militants et enseignants, de se préparer financièrement, moralement, psychologiquement voire physiquement à reprendre la lutte, en temps opportun, avec regain d’énergie, pour le paiement définitif des arriérés liés au profil de carrière qui n’a que trop duré, ainsi que toutes les autres revendications;
- Pour rappel, à tous les militants que, toute lutte efficace nécessite des moyens financiers importants (frais de déplacement, communication, hébergement, restauration, soins…)
- A tous les enseignants, qu’avec le déblocage obtenu par la lutte acharnée, il est honnête voire reconnaissant de contribuer à hauteur de 1000f au financement des prochains combats, conformément à la décision de l’AGE du 06 juin 2015. Aussi, voudrions-nous rappeler à toute fin utile que, depuis 2007, la CES-CI ne fait que consentir des sacrifices qui ont fortement contribué à relever les salaires. Il est donc bon de le reconnaitre et encourager cette dynamique de lutte sociale par des actes;
- A tous les sympathisants, de faire un pas en avant en prenant effectivement leurs cartes de militants puis se faire recenser sur un fichier de militants CES-CI à toute fin utile ;
- Aux militants de payer leurs cotisations annuelles au plus tard le 05 décembre 2015 conformément à la décision du congrès d’Agboville ;
- A tous de rester à l’écoute du mot d’ordre imminent.
Aussi, le cabinet du MENET s’adonne-t-il à des mutations sanctions de nos camarades en ce début d’année scolaire. La CES-CI condamne cette pratique rétrograde de l’administration et appelle tous les enseignants à se tenir prêts pour faire barrage à cette provocation de trop.
En outre, le BEN de la CES-CI rappelle, à tous les responsables du syndicat que, la CES-CI a clairement proclamé (article 4 des statuts) son équidistance vis-à-vis de tous les partis politiques. Ce qui constitue d’ailleurs sa force.
C’est pourquoi, dans ce contexte de compétition politique qui s’ouvre dans notre pays, et en tirant les leçons des attitudes affichées par certains de nos leaders aux élections de 2010, la direction du syndicat conseille exclusivement aux leaders centraux et de base d’éviter toute action ou posture susceptible de desservir la CES-CI. Car le syndicat rassemble des militants de tout bord politique qu’il convient de respecter.
VIVE LA CES-CI !!!
Fait à Abidjan, le 20 septembre 2015
POUR LE BUREAU EXECUTIF NATIONAL DE LA CES-CI
Pacôme ATTABY
Le Coordinateur Général National