Novembre 2017: le Requiem de Verdi à Neustadt

Le 19 novembre 2017 à Neustadt-an-der-Weinstrasse, ville jumelle de Mâcon, la Cantoria a participé avec la Liedertafel de Neustadt - qui fêtait ainsi son 150ème anniversaire !! - et la Lincoln Choral Society (UK), à une grande représentation du Requiem de Verdi.

L'orchestre était le philarmonique de Weinheim, et le chef d’orchestre et des chœurs Hans-Jochen Braunstein.

La presse locale a rendu compte de la prestations des acteurs de cette manifestation en ces termes:

... et en français:

Dans l'ivresse des sonorités de Verdi

A la Saalbau de Neustadt, la Liedertafel et ses chorales partenaires ont été convaincantes dans une interprétation fulminante du Requiem de Verdi !

par Andrea Zimmermann

Neustadt. La Liedertafel de Neustadt avait convié dimanche après-midi à la Saalbau, à un grand concert avec trois chœurs, orchestre et quatre solistes, pour fêter son 150e jubilé.

Le public – dans l’auditorium pratiquement rempli - a pu vivre l’ivresse des sonorités de la Messe de Requiem de Giuseppe Verdi , qu’on a souvent désignée à raison comme ‘un opéra en habit liturgique’.

Le chef d'orchestre Hans Jochen Braunstein a réussi le miracle de réunir tous les acteurs en un ensemble largement harmonieux - et ce, en un seul jour de répétition commune !

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Les instruments de l'orchestre philharmonique de chambre de Weinheim sont bientôt accordés ;

le flot des chanteuses et chanteurs de la Liedertafel et de ses chorales partenaires - la Cantoria de Mâcon et la Lincoln Choral Society - prend en bon ordre possession de la scène.

Avec une entrée très retenue des violoncelles, Hans Jochen Braunstein donne au choeur l’indication d’une intonation tout en douceur du Requiem Eternam.

Puis avec un étonnant contraste, suit la fugue en la majeur a cappella ‘Te decet hymnus’ ;

les cuivres et les cordes s’associent même bientôt au chant de louanges.

Tension, dynamique et intensité sonore vont croissant, jusque à ce que le dernier ‘Kyrie eleison’ retentisse dans une tonalité étonnement douce.

L'orchestre de Weinheim réagit très finement à chaque nuance, accompagne également avec beaucoup de sensibilité les quatre solistes lyriques, qui l'un après l'autre rejoignent le thème.

L'œuvre de Verdi exige beaucoup de maîtrise de chacun des quatre solistes à la fois dans leurs parties solo mais aussi dans leurs différentes combinaisons.

Avec Lydia Zborschil (soprano), Edna Prochnik (mezzosprano), Reto Raphaël Rosin (ténor) et Sung Heon Ha (basse) on avait bien là des solistes lyriques tout à fait compétents et à la hauteur des exigences de l'œuvre ; mais ils n’ont pas toujours su trouver ensemble une parfaite harmonie.

Verdi a composé son Requiem de bout en bout, comme un opéra dramatique, avec un déroulement du ‘scénario’ en neuf tableaux.

L'introduction du Dies irae évoque les flammes de l’enfer, avec une descente chromatique menaçante et une intensité sonore qui envahit l’espace.

Et l’on retient avec étonnement sa respiration quand le chœur - riche de 150 personnes - reprend soudain l’antienne du ‘Jour de la Colère’ sur le mode de la ‘menace chuchotée’.

Puis tout d'un coup retentissent alors les fanfares, et des trompettes – depuis la mezzanine - renforcent encore l'impression ; le chœur et l'orchestre terminent avec une puissance équivalente à un big bang sonore !

Le très talentueux basse Song Ha a évoqué de façon très impressionnante les comptes à rendre après la mort.

La mezzosoprano Prochnik – sur le registre de l’avertissement – évoque le livre (NdT : du jugement) qui va être ouvert, et le châtiment auquel personne n'échappera.

La philharmonie réagit à la plus petite indication de la battue de Braunstein, les pupitres du chœur enchantent par leurs entames précises, leur prononciation accentuée et leur dynamique.

Dans le ‘Quid sum miser tunc dicterus’ les solistes – ici soprano, mezzosoprano et ténor – font, monter de façon très poignante la plainte des pauvres pêcheurs.

Dans la suite du déroulement de l'œuvre alternent les séquences soulignées par la pleine utilisation de l'orchestre et les coups de timbale, avec des passages beaucoup plus sereins.

L'interprétation de l’’Ingenisco’ par le ténor Rosine - qui chante ici la honte du pêcheur - est particulièrement belle et délicate.

La perspective sur les tourments de l'enfer que la basse donne ensuite de sa voix ample, n'en apparait que plus menaçante !

Après un intermezzo endiablé des cordes et des timbales, le chœur reprend ensuite après une longue pause - néanmoins très précisément et bien timbré - sur le thème principal du Dies Irae.

Le point culminant de la séquence est atteint avec l'issue très animée et en tutti du Lacrymosa – le jour des pleurs.

Le quatuor de solistes se partage l'offertoire (la présentation des offrandes) de 10 minutes, dans des registres sonores très contrastés.

Il apparaît ici que les chanteuses et chanteurs professionnels maîtrisent avec bravoure soli et duos. Malheureusement dans les trios ou les quatuors ils ne parviennent pas toujours à s’harmoniser- ce qui nuit à l’intonation.

Mais ce ne sont que de petits passages dans une œuvre très exigeante qui requiert beaucoup des instrumentistes, des solistes et des chœurs – et surtout une grande adaptabilité, le temps de répétition commune ayant été très court.

Le sanctus appartient ensuite de nouveau exclusivement au chœur, qui l’entonne à la manière d’un un coup de gong.

Dans les motifs qui suivent, avec entrées fuguées et à double chœur, les huit voix se retrouvent parfaitement synchrones, et on est impressionné par leur alternance continuelle avec des entrées précises et une grande pureté sonore, jusque dans les aigus des notes les plus hautes.

Dans l’Agnus Dei - un dialogue tout à fait prenant musicalement entre les solistes-femmes et le chœur – on retrouve une nouvelle fois la prière pour l'absolution des fautes.

La lumière éternelle de la communion lors du ‘Lux Eterna’ est allumée par un trio de solistes – sous-tendu par un léger roulement de tambour continu, tandis que les cordes rappellent musicalement le piaillement des oiseaux, le bruissement d’un ruisseau ou le chuchotement de la forêt.

C’est avec beaucoup d'engagement et d'élan que les chœurs et l'orchestre abordent enfin le dernier point culminant de l’œuvre, le ‘Libera me Domine’ – prière pour nous libérer de la mort éternelle.

Chœurs et orchestre suivent à la lettre la battue du chef Braustein, qui anime cette représentation d’une baguette précise et par une gestuelle dynamique.

La soliste Lydia Zborschil élève sa voix aiguë et portante au-dessus des plaintes exprimées par les choristes sur le mode du chuchotement.

La large dynamique de la dernière partie de l'œuvre contribue à faire monter la tension…

Après les dernières mesures fortissimo, le public retient encore sa respiration, avant que l’enthousiasme ne déferle sur ce cadeau d'anniversaire de la Liedertafel et sur la prestation de tous les acteurs, par des applaudissements prolongés.